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Jours tranquilles à Paris

29 septembre 2019

Chirac arrive au Ciel...

chirac fraude

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29 septembre 2019

Le Parisien Dimanche

le parisien dimanche

29 septembre 2019

Enquête « Bernadette », « dissolution », « Kyoto »... Jacques Chirac de A à Z

Par Raphaëlle Bacqué et Béatrice Gurrey

Le 7 mai 1995, il réalisait enfin son rêve et devenait président de la République. Succès, victoires, erreurs, dérapages et renoncements : dix ans de pouvoir au fil d’un abécédaire iconoclaste.

Age

« Je ne suis pas un homme d’anniversaires. De temps en temps, on fête le mien, pas toujours… » Celui que Jacques Chirac, né le 29 novembre 1932, ne veut surtout pas fêter, est celui de ses dix ans à l’Elysée, le moment d’un bilan.

Il réalise le rêve de sa vie, le 7 mai 1995, en devenant, à 62 ans, le 22e président de la République, après deux tentatives manquées. Il arpentait depuis trente ans la vie politique française… Mais c’est son rival malheureux à l’élection de 2002, Lionel Jospin, qui a « daté » le candidat Chirac, en le jugeant pendant la campagne « vieilli, usé, fatigué ».

Un essaim de guêpes n’aurait pas piqué plus cruellement cet homme qui court après une éternelle jeunesse. Chirac, ou l’art de la séduction. La belle allure – qui fait office de bulletin de santé, car il a décidé dès 1995 de n’en pas en publier –­ n’y change rien.

C’est l’homme d’une génération qui a grandi pendant la guerre, alors que la plupart des dirigeants européens sont nés dans les années 1950. « Il les connaît tous, et même quelquefois leur père », ont répété ses conseillers pour vendre l’image de l’expérience et de la sagesse, quand il a fallu, en novembre 2002, passer le cap délicat des 70 ans. Ce qu’il redoute ? Qu’on l’appelle « le Vieux » et non plus « le Grand », comme naguère au RPR.

Bernadette

Lui c’est lui, elle c’est elle. Même si pour Jacques, elle a tout supporté. Jusqu’aux spectacles de sumo – le nom de son (petit) chien –­, qui l’ennuient.

A Osaka, en mars, au sumo, Bernadette a bien dormi. Elle avait laissé une chaise entre le président et elle, pour y poser confortablement son sac Vuitton. Un blanc, d’une collection de printemps qui s’est arrachée. Elle l’avait voulu tout de suite et Bernard Arnault, PDG de LVMH, le lui avait fait porter dans l’heure.

On aurait pourtant tort de réduire la première dame de France à un accessoire, fût-il de mode. C’est le meilleur agent électoral du président, sur sa droite. Elle l’a prouvé et personne ne lui fait plus d’ombre. Chirac ne s’y est pas trompé. Au soir de sa réélection, il lui a dit merci pour le « demi-point » qu’elle lui avait fait gagner.

Elle connaît l’importance de la politique intérieure, quand le président se laisse dévorer par le vaste monde. « Au déjeuner, chez mes parents, il disait pis que pendre des diplomates. Mon pauvre père devenait rouge et ne disait rien. Aujourd’hui, il n’y en a plus que pour ces génies sur pied. » Une fille de diplomates, donc, qui n’a pas sa langue dans sa poche. L’Elysée lui va comme un gant. Elle prolongerait bien le bail au-delà de douze ans, maintenant qu’elle mène sa barque comme elle l’entend.

Claude

Fontaine de jouvence du président, dont la présence à ses côtés n’est, selon le mot célèbre de son père, « pas négociable ». Déteste les technocrates, les intellectuels et ceux qui approchent trop près de son père. A connu des rapports tendus avec Bernadette qu’elle a considérée, depuis l’arrivée à l’Elysée, comme un élément d’image, qu’elle craignait ringarde, plutôt que comme une mère. Garde le président sur sa gauche.

L’enfant de la télé a appris ce qu’était un président, dans l’imaginaire collectif, au côté de Jacques Pilhan, l’ancien conseiller en communication de François Mitterrand.

Elle en a gardé le goût du mystère et du secret. Dix ans donc, qu’elle veille au moindre détail de l’image de son père. Au 14-Juillet, il lui arrive de porter tee-shirt rouge, jeans bleu et baskets blanches. Sa spécialité ? Les jeunes.

Mais sa dernière trouvaille s’est retournée contre son père. Une émission catastrophe, le 14 avril, pour défendre la Constitution européenne, où Chirac, essoré, a dit aux jeunes au bout de deux heures : « Je ne vous comprends pas. Cela me fait de la peine. » Dure au mal, Claude a lâché : « Il n’y a pas mort d’homme. »

Dissolution

Indéniablement, le « coup » politique le plus spectaculaire du président et son cauchemar. En 1995, tous ses amis le pressent de dissoudre l’Assemblée nationale, élue deux ans plus tôt. Les deux tiers des députés RPR, et presque tous les UDF, ont fait campagne pour Edouard Balladur. Autant dire que la confiance règne.

Jacques Chirac a pourtant toujours balayé l’hypothèse d’une dissolution d’un revers de main : « C’est une arme constitutionnelle dont le président de la République ne peut pas user pour convenance personnelle mais seulement pour résoudre des crises graves », dit-il.

Deux ans plus tard, il a changé d’avis. Son premier ministre, Alain Juppé, est impopulaire et le pays n’a jamais connu autant de grèves. Dominique de Villepin l’a convaincu que des législatives lancées par surprise peuvent être gagnées.

Quelques jours avant le 21 avril 1997, jour de l’annonce officielle de la dissolution, le secrétaire général de l’Elysée exulte encore : « Les quatre semaines de campagne prendront tout le monde de court. La majorité devra se ranger en rang serré derrière Juppé. Et on entubera d’un coup Jospin, Séguin, Balladur et Madelin. » Ensuite ? L’apocalypse s’est déclenchée, la droite s’est suicidée, Alain Juppé a explosé et les « entubés » ont bien ri.

Europe

La fonction présidentielle passe par la case Europe, voilà sa conviction. C’est même pour cela que Chirac lance le fameux appel de Cochin, en 1978 : il faut faire pièce à la vision de l’Europe de Valéry Giscard d’Estaing, qu’il ne sera plus temps de combattre aux élections européennes de juin 1979, sous peine d’apparaître guidé par l’ambition personnelle dans la course à l’Elysée. Mauvaise pioche.

En 1987, premier ministre, il a viré sa cuti. Il soutient l’Acte unique. Mais il s’est opposé à l’entrée de l’Espagne et du Portugal dans la Communauté européenne, qui chagrine les paysans autant que l’ancien ministre de l’agriculture. L’Elysée toujours dans le collimateur, il appelle à voter oui à Maastricht, contre son parti, le RPR. Il n’a pas varié depuis, formant un duo parfait avec Lionel Jospin sur l’Europe pendant la cohabitation, de 1997 à 2002. « Jamais il n’y a eu de divergences de vue entre nous sur les affaires européennes. C’est une approche qui était la même, je peux en porter témoignage », il le dit lui-même.

Il joue la fin de son deuxième mandat, et même la relecture de sa carrière politique, sur le référendum du 29 mai, qu’il a convoqué, pour que les Français approuvent ou désapprouvent la nouvelle Constitution européenne. L’Elysée passe toujours par la case Europe.

Fracture sociale

Elle l’a fait élire en 1995. Le perdra-t-elle en 2005 ? L’expression, inventée par un anti-maastrichtien de gauche, Emmanuel Todd, portée par un républicain social, Philippe Seguin, fait le bonheur du candidat. C’est le thème de sa campagne, qui emprunte le langage de la lutte des classes.

Un Chirac de gauche propose aux Français de « renoncer au renoncement ». Pour… renoncer lui-même à la politique qu’il avait annoncée, cinq mois après son élection. Retour à l’orthodoxie budgétaire et monétaire, sous la férule d’Alain Juppé. Il a le temps de réfléchir, en cinq ans de cohabitation avec le socialiste Jospin, après sa dissolution manquée de 1997.

Nouveau « coup de génie » en 2002, le président fait campagne sur la sécurité, terrain abandonné par la gauche. Car c’est bien sur l’insécurité que prospèrent les peurs de toutes sortes. Mais une partie des électeurs, préférant toujours l’original à la copie, propulsent Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle.

Miraculeusement réélu, de ce fait, avec 82,21 % des voix, le président remet la fracture sociale sur la table. En octobre 2002 d’abord, à Troyes, avec un grand discours sur la cohésion nationale, puis, plus tard, à Valenciennes (Nord), déplorant « ces difficultés, ces drames, cette fracture sociale qui menace de s’élargir en fracture urbaine, ethnique et parfois même religieuse ». En mai 1995, il se sentait « dépositaire d’une espérance ». Dix ans pour quoi ?

Giscard d’Estaing

Meilleur ennemi de Jacques Chirac. Grande longévité, cruauté intacte, « un cobra » disent ses adversaires. « Si vous vous présentez contre moi, vous laisserez du venin », avait dit Giscard à Chirac, en 1981. Il ne croyait pas si bien dire. Il tient toujours Chirac pour responsable de sa défaite d’alors. Entre eux, il n’y a que six ans d’écart, autant dire un mandat, et VGE ne supporte pas de voir son rival à l’Elysée.

Pendant les premières années de la présidence chiraquienne, Giscard s’est donc répandu partout : « Sept ans, c’est vraiment trop long… » Au plus fort des « affaires », il soupirait encore, faussement affligé : « Il terminera comme Kohl », lui aussi cerné par les juges après son départ de la chancellerie allemande.

Chirac, croyant sans doute le neutraliser, a poussé sa candidature à la tête de la convention européenne chargée de rédiger la Constitution des vingt-cinq pays de l’Union. Mais le mépris de Giscard pour son ancien rival est implacable. Désormais, l’ancien président ne perd jamais une occasion de dire de son rival : « Il n’est pas crédible. »

Haines

Aucune famille politique n’a autant parlé d’union et de rassemblement, tout en pratiquant le meurtre à tout-va. Et Jacques Chirac reste le chef de cette droite-là.

La grande œuvre de son ami Jérôme Monod, l’UMP, censée rassembler les droites, est passée aux mains de Nicolas Sarkozy. Il n’y a plus de parti du président, mais un parti du candidat qui s’apprête à la guerre des clans.

Chirac a maintenant des moments de lassitude, devant l’énoncé des vacheries de ses disciples. Mais il peut appeler un indécrottable adversaire d’Alain Juppé, qui a sombré dans le procès du financement du RPR en janvier 2004, pour lui enjoindre d’être « gentil avec Alain ». Il sait encore manier admirablement l’hypocrisie lorsque les rivalités au sein de son propre camp peuvent le servir. Il a ainsi beaucoup joué des haines entre Philippe Douste-Blazy et François Bayrou, du mépris de Dominique de Villepin pour Jean-Pierre Raffarin, des médiocrités des uns et des autres. Aujourd’hui, son seul vrai sujet d’exaspération n’a qu’un nom : Sarkozy.

Inuits

Inuits, arts premiers, Asie et civilisations lointaines ou les passions autrefois secrètes du président. La nouveauté du quinquennat, c’est qu’il ne s’en cache plus. Lassé peut-être, lui qui fait toujours preuve d’une étonnante humilité, qu’on le prenne pour un inculte ?

L’un de ses accompagnateurs au Japon raconte la visite d’un antique cimetière, en 1996 : « Il discutaillait, à cinq cents ans près, sur l’âge d’une tombe, avec le conservateur. On parlait de sépultures vieilles de dix mille ans et plus, n’est-ce pas ! En fait, il avait raison. »

Volonté de construire sa propre légende ? Evasion dans un monde moins trivial que la politique ? Ou dévoilement consenti de cette facette de sa personnalité pour mieux cacher les autres ? Malgré cette mise en scène acceptée, les proches s’accordent à dire que le président vieillissant est de plus en plus renfermé, mystérieux et impénétrable, comme si, in fine, la comédie du pouvoir le lassait.

Juges

Les premières inquiétudes sont apparues en 1994. Des affaires de fausses factures, trop complexes pour créer l’émoi dans l’opinion. « Des histoires de corne-cul », disait Jacques Chirac. Et puis, en quelques mois, une dizaine de personnes ont été mises en examen et un juge, Eric Halphen, s’est penché sur les HLM d’Ile-de-France.

Les ennuis ont commencé. Avant l’élection présidentielle, Michel Roussin, son ancien directeur de cabinet, est mis en examen, comme le promoteur Jean-Claude Méry, proche du RPR. Quelques jours après son investiture à l’Elysée, le nouveau président voit son ami corrézien Georges Pérol à son tour inquiété. En juillet, le RPR est perquisitionné et Louise-Yvonne Casetta, qui faisait figure de trésorière du parti, mise en garde à vue.

Depuis, les juges sont devenus les bêtes noires de Jacques Chirac. Tous ses proches, d’Alain Juppé à Jean Tiberi, vont être pris dans un maelström judiciaire qui n’a jamais cessé, tout au long de ces dix ans, jusqu’au procès des marchés publics d’Ile-de-France qui s’est ouvert le 21 mars à Paris.

Le 22 janvier 1999, pourtant, le Conseil constitutionnel bloque la machine infernale pour le président de la République : « Pendant la durée de ses fonctions, sa responsabilité pénale ne peut être mise en cause que devant la Haute Cour de justice. »

Ni les aveux posthumes de Jean-Claude Méry, ni les tentatives du député socialiste Arnaud Montebourg n’y pourront rien. Reste à gérer médiatiquement la menace. Il le fera à coup de formules, qualifiant d’« abracadabrantesque » la cassette de Jean-Claude Méry ou assurant, alors que surgit une affaire de voyages payés en liquide : « Ces sommes, ce n’est pas qu’elles se dégonflent, c’est qu’elles font pschitt. »

Kyoto

Kyoto, comme le protocole du même nom, signé en 1997, visant à réduire les gaz à effet de serre. C’est la « voie propre » de Jacques Chirac, premier président écologiste de France.

Ministre de l’agriculture productiviste, premier ministre du tout-nucléaire, maire de Paris du tout-voiture dans la capitale, le président s’est métamorphosé, à Orléans, en « écologiste humaniste ». C’est, en effet, dans cette ville qu’il se refait une virginité, en prononçant, le 3 mai 2001, son « discours fondateur ».

Ceux qui en ont discuté avec lui, au premier rang desquels l’aventurier Nicolas Hulot, n’ont aucun doute : c’est une conviction profonde. Et une fine stratégie politique : le président a saisi l’air du temps et se montre prêt à répondre aux peurs d’aujourd’hui et de demain, captant l’héritage d’une gauche en panne d’écologie. Il laisse la Charte de l’environnement « adossée » à la Constitution par le Parlement, le 28 février 2005, malgré les cris d’orfraie du Medef et d’une partie des juristes.

Libéralisme

« Je ne suis pas un libéral. » La phrase, d’abord discrètement glissée pour faire oublier le premier ministre qui privatisa à tours de bras de 1986 à 1988, est devenue, sous d’autres formes, un gimmick des discours présidentiels.

A l’approche d’un référendum à risques sur la Constitution européenne, Jacques Chirac commence même à parler d’ultralibéralisme, considéré peu ou prou comme une maladie honteuse des pays anglo-saxons. Il est depuis longtemps convaincu que le libéralisme ne remplit plus les urnes en France et même qu’il les vide. Et c’est son propre penchant.

« Le Chi », tiers-mondiste, ami des pauvres et des opprimés, sommeille toujours en lui. Son « coup » mondial ? Une version édulcorée de la taxe Tobin pour financer le développement, qu’il défend, en septembre 2004, à l’ONU, avec son secrétaire général, Kofi Annan et le président brésilien Lula.

Marionnette

La sienne reste le chef-d’œuvre des « Guignols de l’info », sur Canal+. Lorsqu’il la découvre en 1993, il est pourtant effaré : il y a désormais deux Chirac et sa marionnette dit tout haut ce qu’il s’applique à cacher : « Putain, deux ans ! » avant d’arriver à l’Elysée.

« Les Guignols font de Chirac un loser complètement disjoncté », se plaint sa fille Claude. Elle envisage de demander grâce à Canal+, avant de se raviser : le Chirac de latex est un formidable instrument de propagande auprès des jeunes, qui le trouvent « sympa ».

Sept ans plus tard, Claude Chirac a pourtant de nouveau froncé le nez : en pleine campagne électorale pour la réélection de son père, sa marionnette le figurait en « Supermenteur ». Ravageur dans les banlieues… Depuis, la marionnette s’est cependant assagie. Mais en dix ans, l’Elysée n’a jamais manqué de jeter un œil sur le best of des « Guignols », dont l’audience a toutefois baissé. Et Jacques Chirac s’est fait à sa propre caricature.

Nominations

Quand tout le lasse, quand il juge la politique française infiniment plus médiocre que le jeu des grands de ce monde, Jacques Chirac garde intact son goût pour ce qui est la vraie marque du pouvoir : faire et défaire les carrières des autres.

Il met donc un soin tout particulier à nommer ses amis politiques aux postes importants. Et, en dix ans, aucune nomination de diplomates, de préfets, de directeurs d’administrations centrales et surtout de procureurs n’a échappé au président.

Parfois, il promet sans tenir. « Nicole, tu as été présidente du Parlement européen, tu seras parfaite en tête de liste aux européennes », dit-il à Nicole Fontaine, qu’il s’apprête à virer du gouvernement entre les régionales et les européennes. Mais c’est Patrick Gaubert, président de la Licra, qui obtient la place, au nom de la société civile.

Oreille

Le président est sourd ! La nouvelle a fait grand bruit. En novembre 2003, une indiscrétion de L’Express révèle que Jacques Chirac porte une oreillette.

L’Elysée, qui redoute l’amalgame entre vieillesse et surdité, dément maladroitement. Les conseillers du palais auraient plutôt dû craindre le glissement métaphorique : le président n’entend pas les Français. Car c’est ce qui finit par se produire, insensiblement, dans l’opinion, depuis l’épisode de la canicule (été 2003). Malgré les milliers de morts, le président était resté au frais en vacances au Canada.

Premiers ministres

Le premier, Alain Juppé, est l’enfant chéri du président. Celui dont il ne veut pas se séparer. A tous ceux qui viennent demander la tête de chef de gouvernement si impopulaire, il répond invariablement : « Oui, mais qui ? » Irremplaçable au point qu’il met en branle un mécanisme infernal, la dissolution, qui lui amène Lionel Jospin.

Cinq ans d’impuissance. Cinq ans à ronger son frein. « Quand il y a cohabitation, il faut beaucoup de sang-froid et de respect de part et d’autre. Je peux vous le dire comme président et comme ancien premier ministre », observe aujourd’hui Jacques Chirac.

Les nerfs de Jospin… son point faible, pensait-il, dans cette cohabitation sans merci. Le président, pour l’avoir beaucoup pratiqué, beaucoup observé, l’a assuré à Jean-Pierre Raffarin : il est sûr que « l’austère qui se marre » reviendra pour la compétition de 2007.

Quant à Raffarin… il fut choisi pour sa fidélité, sa loyauté, pour sa capacité escomptée à « durer et endurer », comme disait Raymond Barre. « Quelqu’un qui ne lui plantera pas un couteau dans le dos », affirmait Jérôme Monod. Le seul calcul qui compte, au fond, pour un homme qui a beaucoup tué, beaucoup trahi et auquel les vilenies de la vie politique ont été rendues au centuple.

« L’expérience m’a appris quelque chose qui s’impose, dit Jacques Chirac, après quarante ans de vie politique. Nos institutions ne peuvent fonctionner convenablement que s’il y a un lien de confiance sans réserve entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement. Si la défiance apparaît, tout le système se grippe. » L’ancien premier ministre de VGE, qui alla jusqu’à démissionner, a là-dessus des paroles définitives : « La confiance ne s’écrit pas, ce n’est pas un article constitutionnel. C’est une nécessité impérative. » Une indication pour l’avenir.

Quinquennat

Très vite après son arrivée à l’Elysée, en 1995, il a pensé à sa réélection. Mais comment convaincre les électeurs de réélire, en 2002, un homme de 69 ans pour sept années supplémentaires ? Jacques Chirac a pourtant longtemps repoussé l’hypothèse du quinquennat, « par fidélité au gaullisme », disait-il.

C’est son vieux rival de toujours, Valéry Giscard d’Estaing, qui a redit tout haut qu’il faudrait en passer par là. Le 12 juillet 1999, dans un entretien au Monde, VGE lâche : « Le quinquennat, souhaité par le maître à penser de Jacques Chirac, Georges Pompidou, et voulu par une majorité de Français, est une façon de revenir à la Ve République. Et de permettre au président de la cohabitation de redevenir le président de l’élection. »

Le 14 juillet 2000, les tabous chiraquiens tombent et le président explique sans ciller : « J’ai beaucoup réfléchi (…) et j’en ai conclu qu’on pouvait aujourd’hui raccourcir le mandat présidentiel sans arrière-pensées et sans changer nos institutions et, à partir de là, j’y deviens naturellement favorable. » Son discours télévisé lançant le référendum sur le quinquennat laisse cependant des doutes : « Nous posons une question aux Français, dit-il en effet. Qu’ils y répondent. Ils répondent oui, c’est très bien, ils répondent non, c’est très bien. »

On ne comprendra que plus tard que le quinquennat « sec », qui s’applique dès le prochain mandat présidentiel, modifie en profondeur le rôle du premier ministre et celui de la majorité parlementaire, élue pour la même durée que le président. La cohabitation paraît désormais derrière nous.

Réformes

Après la cohabitation, il a voulu mettre les bouchées doubles, comme pour rattraper le temps perdu. Armée, police, justice, protection sociale, école, tout y est passé, avec des bonheurs inégaux. Il rétablit les essais nucléaires dans le Pacifique, en 1995, puis les arrête définitivement en 1996, avant de supprimer le service militaire obligatoire en 1997.

Soucieux de l’Etat-providence, il réforme les retraites en 2003 et l’Assurance-maladie en 2004. Père Fouettard, il multiplie les effectifs de policiers et de gendarmes et promeut deux lois assez répressives sur la sécurité et sur la justice. En matière d’éducation, c’est un amoureux déçu : une histoire de renoncements, du référendum à la commission Fauroux, en passant par la réforme des universités. Pour arriver à une loi d’orientation sur l’école, sérieusement rabotée par le Conseil constitutionnel.

Ennemi de l’impôt, il promet de les baisser de 30 % en cinq ans, mais décrète la pause en 2004. Chantre de la laïcité, il fait voter une loi interdisant le port de signes religieux « ostensibles » à l’école. Son plus gros échec reste l’emploi : 10,1 % de chômeurs, dont 23 % chez les jeunes. Il désespère de voir un jour les effets du plan de cohésion sociale, voté en janvier 2005.

Dans son jargon inimitable, Claude explique qu’il n’a pas voulu laisser des « chantiers de pierre », comprendre des monuments : le président préfère lancer, le 14 juillet 2002, trois grands chantiers consensuels : la sécurité routière, le cancer et le handicap.

Sarkozy

Petite fable éternelle. « Il faut lui marcher dessus, cela porte bonheur », disait l’heureux élu. Ayant purgé sa peine, le banni au pouvoir, à nouveau, fut admis. Après deux ans à peine, il sent pousser des ailes. Le monarque en colère le renvoie aux enfers. Il n’a pas tout perdu, il a pris le parti. Et veut devenir roi. Chirac et Sarkozy, deux monstres d’ambition, de pouvoir, de combat, semblent avoir tout perdu. L’amitié, la confiance, et le goût du contrat.

Téléphone

« Allô, c’est Jacques Chirac. » Il est 8 h 30 et la secrétaire du directeur d’un grand institut de sondage, qui, tôt arrivée, prend la ligne manque de s’étrangler.

L’Elysée n’a pas guéri Jacques Chirac de sa manie du téléphone, bien au contraire. Un conseil à prendre ou à donner, un avis, un ordre, un échange diplomatique, un salut amical à un malade, la ligne chauffe toujours pour le président. Même le chancelier allemand Gerhard Schröder l’a remarqué : « Chirac ? Il n’arrête pas de téléphoner à ma femme. »

Ultime

Ultime mandat… C’est la question qui agite politiques et médias. « Il va devoir faire un choix pour lui-même. Toute la question est de savoir dans quelles conditions il décide d’aborder cette fin de quinquennat », dit son fidèle grognard, Jean-Louis Debré.

Jacques Chirac, qui fait souffler le chaud et le froid, affecte de prendre la question à la légère. « Pourquoi un seul nouveau mandat ? Cette idée de vouloir me limiter est contrariante et agaçante », ironise-t-il. En réalité, talonné par Nicolas Sarkozy, il parvient, après quarante ans, au terme d’une carrière d’une incroyable longévité.

Selon deux sondages publiés en avril 2005, 72 % des Français pensent qu’il ne devrait pas démissionner si le non l’emporte au référendum sur la Constitution européenne, mais 27 % seulement souhaitent qu’il soit le candidat de la droite en 2007.

Il aura alors bientôt 75 ans. Bernadette, désormais énigmatique, a déclaré au quotidien Sankei Shimbun, le 22 mars : « Ceux qui savent ne parlent pas, ceux qui parlent ne savent pas. » Proverbe japonais.

Voyages

Son meilleur remède contre les ennuis de l’Hexagone. En dix ans, le président a sillonné 269 fois la planète, sur tous les continents. Il en a retiré une image internationale solide, que toutes les enquêtes d’opinion confirment : Jacques Chirac représente bien la France à l’étranger.

Deux images fortes ont marqué la décennie, celle d’une algarade dans la vieille ville de Jérusalem, en 1996, avec des gardes du corps israéliens qui jouaient les Rambo : « Qu’est-ce que vous voulez ? Que je reprenne l’avion ? Je commence à en avoir assez ! » La colère fuse, dans un anglais impeccable.

L’image du bonheur, c’est celle d’Alger, en mars 2003, où le chef de l’Etat prend l’un des plus beaux bains de foule de sa carrière, en présence du président Bouteflika. Une des seules fois où on le vit comme ivre de joie.

Les plongées dans la France profonde, méticuleusement préparées par Claude, ont aussi eu leur part : 285 au compteur, mais le total des poignées de main s’est perdu depuis longtemps.

Washington

Le plus beau rôle du président, celui qui l’opposa à l’Amérique avant la guerre d’Irak et qui lui donna des accents gaulliens. Chirac aime les Etats-Unis et moyennement George W. Bush, auquel il préfère son père.

Gauche et droite confondues, tous ont salué le Français qui voulait dire non, allant jusqu’à oublier qu’il reçut de manière affable le dictateur Saddam Hussein.

Xénophobie

Sa bête noire, confondue avec l’ennemi de toujours, le Front national. Dieu sait s’il s’est donné du mal, et Claude avec lui, pour faire oublier deux taches qui ont maculé son blason : une poignée de main à Jean-Marie Le Pen et la stigmatisation du « bruit » et des « odeurs » des familles immigrées.

Le vrai Chirac est sans doute celui qui aime l’humanité et toutes les civilisations, même s’il lui est arrivé de déraper.

Yaka

Combien de millions de mots a-t-il prononcés depuis qu’il est président ? La glose chiraquienne finit par tourner à vide. Ses « plumes » l’avouent elles-mêmes : le discours présidentiel est un exercice contraint, qui procède par allusions, incompréhensibles hors contexte. Quand il ne sert pas à passer des commandes à la machine administrative. Des mots qui ne sont rien sans l’action, sans le souffle, qui souvent lui manquent. Longuement, il se les met en bouche, les joue, les répète, dans une mise en scène soigneusement orchestrée. Et, souvent, il ennuie, ce président de cire, aux gestes mécaniques.

L’un de ces discours, au moins, a marqué : celui qu’il prononça, sur les lieux mêmes du Vél’d’Hiv, où il reconnut, en 1995, la faute de l’Etat français à l’égard des juifs.

Zen

Quel est ce président sur qui un jeune d’extrême droite tira le 14 juillet 2002 et qui s’exclama devant un ami : « Mais non, je n’ai pas eu peur. J’ai cru que c’était un pétard ! »

Zen, le président. Secret surtout, et pudique sur ses maux, lui qui confia un jour : « J’ai laissé ma première peau aux ronces du chemin, j’ai maintenant une peau de pachyderme. J’ai saigné, souffert, eu mal, enduré. Il a fallu que je me protège. »

29 septembre 2019

Le JDD

jdd de ce dimanche

29 septembre 2019

Laetitia Casta

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Laetitia Casta a fait sensation au festival du film de Saint Sébastien avec une robe courte et simplement coiffée d'une queue de cheval, une coiffure simple de plus en plus tendance.

Souriante sur ses escarpins très chics noirs et sa robe courte couture, Laetitia Casta rayonne le 26 septembre 2019 au festival du film de Saint-Sébastien. Elle vient présenter Le milieu de l'horizon, son nouveau film et ne se départit pas d'un large sourire. Joliment maquillée, elle a opté pour un rose nude sur la bouche et d'un style très travaillé sur ses yeux bleus. Fard irisé dans le coin interne de l'œil qui se transforme en fard sur le coin externe et doublé d'un trait de liner et de mascara noir. Teint nude et légèrement glossy, elle affiche un teint frais parfait.

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Elle a noué ses cheveux coupés au carré en une queue de cheval, la coiffure tendance par excellence et cela lui va bien. Stylée, la queue de cheval dégage le visage et affine les visages ronds comme celui de Laetitia Casta. Chaine en or autour du cou et petites créoles dorées complètement ce look à la fois couture et relativement sobre. L'ex-top parfaitement reconvertie en actrice à succès, prouve une fois de plus, qu'elle maitrise le style comme personne.

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29 septembre 2019

Petter Hegre - photographe

Hegre (1)

Hegre (2)

Hegre (3)

29 septembre 2019

Cactus contestataire

cactus

29 septembre 2019

Sam Haskins : Cowboy Kate & Other Stories

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«Il était une fois Kate. Elle était blanche comme les fleurs, chaude comme un soleil, sauvage comme un whisky et marchait en se balançant. »- Desmond Skirrow

La galerie Atlas présente une sélection de tirages cinématographiques en noir et blanc de l’ouvrage photographique historique Cowboy Kate & Other Stories (1964), réalisés par le photographe sud-africain et britannique Sam Haskins. Haskins et son épouse, Alida, ont imaginé l’enthousiaste Cowboy Kate après qu’une mannequin ait posé dans le studio de Haskins avec son propre chapeau en daim noir. Les photographies dynamiques de Haskins racontent l’histoire des aventures juvéniles de Kate se battant pour la justice dans le Old West alors qu’elle saute légèrement de page en page d’un pas vif et léger.

Cowboy Kate est une référence dans l’histoire de la photographie. Ses photographies étaient réalisées avec une grande maîtrise technique, l’approche cinématographique de Haskin et sa sensibilité au sujet ont fait du livre l’un des développements photographiques les plus originaux des années soixante. C’était le premier livre de photos à offrir un récit purement visuel de fiction, transformant ainsi un modèle inconnu en une icône de l’industrie de la mode.

Situé dans un cadre de western traditionnel, Haskins cré un récit engageant et subtile utilisant des accessoires théâtraux. Sa manipulation du grain et du flou transmet différents degrés de mouvement et d’émotions de pages en pages avec un sentiment omniprésent de plaisir. Le livre démontre le talent de Haskins pour la conception d’images, la séquence en double pages créant tension et tempo. Le récit, mis en forme par Desmond Skirrow après l’achèvement du livre, raconte l’histoire de Kate avec une touche poétique qui capture le sens de l’effervescence des photographies de Haskins.

Le conte léger et lyrique de Cowboy Kate sur sa jeunesse, son audace et ses aventures dans le Far West attirent le flair naturel de Haskins pour le divertissement qui est toujours resté ancré dans une approche hautement disciplinée et artisanale de la photographie créative. La fantaisie sportive de Cowboy Kate, avec ses cheveux ébouriffés et son chapeau incliné, a captivé son auditoire original des années 1960; L’esthétique libérée de Haskins s’adressant au Zeitgeist émergent de cette période. Sa réinvention sensible du nu a créé un livre célébrant l’innocence de la jeunesse et de la beauté saine avec un appel intemporel.

“Kate était totalement à l’aise dans sa peau”, écrivait Philippe Garner, ancien responsable des photographies chez Christie’s, dans l’introduction de l’édition 2006. «… Une pose qui ne pourrait découler que d’une stratégie informelle, bien que soigneusement réfléchie, et d’un rapport intuitif entre le photographe et le sujet. Il [Haskins] développe ensuite le flux des spreads avec la sensibilité du directeur de la photographie au rythme, à l’énergie à l’allure. ”

Cowboy Kate & Other Stories est l’un des projets les plus importants de Haskins du début de sa carrière, avec Five Girls (1962), November Girl (1967) et African Image (1967). Cowboy Kate est la réalisation la plus influente d’entre elles et, en tant que référence dans la photographie d’après-guerre, elle continue d’influencer les artistes, les photographes, les maquilleurs, les pop stars et les créateurs de mode internationaux.

Cowboy Kate et Other Stories ou «Kate», comme on le dit souvent dans le livre, ont trouvé une place de choix dans l’histoire de la photographie en 2005 lorsque le Centre international de la photographie de New York a inclus le livre dans son exposition, Le livre ouvert: une histoire du Livre photographique de 1878 à nos jours. Quand il a été publié en 1964, Cowboy Kate et Other Stories ont remporté le prestigieux Prix Nadar en France et se sont depuis vendus à près d’un million d’exemplaires dans le monde.

Une édition limitée du livre Cowboy Kate & Other Stories sera publiée pour coïncider avec l’exposition.
La galerie Atlas exposera les travaux de Sam Haskins, dont Cowboy Kate, à Paris Photo (6-10 novembre 2019).

Cowboy Kate & Other Stories

PHOTOGRAPHIES DE SAM HASKINS

16 septembre – 18 novembre 2019

GALERIE D’ATLAS

49 Dorset Street, Londres W1U 7NF

www.atlasgallery.com

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29 septembre 2019

ETAM Live Show 2019

Chaque année, inspiré du fameux défilé Victoria’s Secret, le Live Show d’Etam fait toujours sensation. La 12ème édition n’a pas failli à sa réputation : le défilé qui s’est déroulé à Paris mardi dernier, dans l’enceinte Roland-Garros, était à la hauteur de toutes les attentes. Déco géniale, ambiance musicale endiablée orchestrée par la très populaire Aya Nakamura, accompagnée des chanteuses Angèle et Ava Max,  parterre de stars et influenceuses, collection chic et sensuelle…tous les ingrédients croustillants étaient au rendez-vous pour rendre cette soirée magique. Avec sa collection « Feel Free », Etam a annoncé la couleur en glissant le message aux femmes « d’oser être soi ». Body positive oblige, la griffe a misé sur des modèles hétéroclites pour satisfaire tout le monde. Des silhouettes, minces et plus voluptueuses, aux looks variés, ont foulé le catwalk. Côté lingerie, il y en avait pour tous les goûts, du simple deux-pièces aux ensembles plus extravagants, en passant par des pièces sulfureuses aux nuisettes façon tutu. Les mannequins vedettes, à l’instar de Constance Jablonski, Cindy Bruna, Laetitia Casta ou encore Lena Simonne, ont bien-sûr mis le feu sur le podium.  Enfin, dans le public, était de la partie un palmarès de personnalités publiques comme le top Tina Kunakey, la blogueuse Caroline Receveur, le comédien Laurent Lafitte, la très enceinte Nabilla Benattia, l’animatrice Karine Ferry ou encore les Miss France Iris Mittenaere et Flora Coquerel. Surprise : via de nombreux clichés sur Instagram, on a également constaté la présence de nos compatriotes marocaines, notamment l’influenceuse Yasmina Olfi, notre styliste nationale Leila Hadioui ou encore Laila Aziz, épouse du célèbre producteur RedOne, qui cartonne à  Los Angeles avec sa marque de fringues « Kayat Design ».

29 septembre 2019

Défilé Balmain - Fashion Week - Olivier Rousteing

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