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Jours tranquilles à Paris

27 septembre 2020

Ploemeur - Élection de Miss Bretagne - AUJOURD'HUI...

miss

Les 19 candidates, âgées de 18 à 24 ans, vont concourir pour le titre de Miss Bretagne 2020 aujourd’hui. Les Bretonnes en lice sont : Heimiti Peeters, Julie Foricher, Chloé Servile, Sarah Leduc, Jessica La Corte, Kassandra Quibaka, Lauren Fontaine, Zofia Jouhier, Léa Lecler, Laura Caron, Jade Vigour, Maëlyse Auzenou, Julie Nicolas, Gwendolyn Laquia, Océane Jacob, Fanny Themista, Ornella Berthou, Élizée Le Gall et Jade Ollivier. Elles défileront salle de l’Océanis à Ploemeur, à partir de 16 h. Clémence Botino, Miss France 2020, couronnera celle qui remportera l’élection aux côtés de Romane Édern, de Cléder (Miss Bretagne 2019). La gagnante concourra pour le titre de Miss France le 12 décembre, événement qui sera diffusé sur TF1 en direct du Puy du Fou, en Vendée.

Salle de l’Océanis à Ploemeur (56), à 16 h. Entrée : 26 €.

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27 septembre 2020

Autoportraits

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27 septembre 2020

En Turquie, la justice ordonne l’arrestation de 82 cadres de l’opposition kurde

Par Jean-François Chapelle, Istanbul, correspondance - Le Monde

Le parquet d’Ankara accuse les anciens dirigeants du parti kurde HDP d’avoir encouragé des manifestations meurtrières en 2014 pour dénoncer l’offensive de l’organisation Etat islamique contre la ville syrienne de Kobané.

Pas à pas, la justice turque poursuit son œuvre d’éradication du deuxième parti d’opposition du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP), de gauche et prokurde. Vendredi 25 septembre, le parquet d’Ankara a ordonné l’arrestation de 82 personnes dont le point commun est d’avoir exercé des fonctions de direction au sein du HDP durant l’automne 2014.

Parmi elles, on retrouve des figures de premier plan du mouvement, comme l’ancien député Sirri Süreyya Önder, qui, entre 2013 et 2015, s’est rendu à plusieurs reprises sur l’île-prison d’Imrali (nord-ouest de la Turquie) pour y rencontrer Abdullah Öcalan, le chef emprisonné de la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans le cadre d’un processus de paix désormais abandonné.

La police a également procédé, sous les huées de la population, à l’arrestation d’Ayhan Bilgen, le maire de Kars (Nord-Est), dernier chef-lieu de département encore aux mains du HDP après une vague d’évictions et de remplacements par des administrateurs judiciaires.

Le ministère public a justifié ce coup de filet en liant les suspects à des incidents violents survenus en 2014 dans le Sud-Est anatolien, majoritairement peuplé de Kurdes. La région était alors sous tension en raison de l’offensive de l’organisation Etat islamique (EI) sur la ville kurde syrienne de Kobané et de l’inaction d’Ankara, renvoyant dos à dos EI et PKK, face à cette opération meurtrière.

Geste politique

Entre le 6 et le 8 octobre 2014, les manifestations de soutien à Kobané ont dégénéré en affrontements avec les forces de sécurité, mais aussi avec les militants d’une formation islamiste locale, le Parti de la cause libre. Plusieurs bilans contradictoires font état de 31 à 54 morts, ainsi que de plusieurs centaines de blessés et d’arrestations.

Dans un communiqué publié vendredi, le parquet d’Ankara accuse les 82 suspects d’avoir « lancé de nombreux appels à la population lui enjoignant de sortir dans la rue et de mener des actions terroristes ».

La décision d’exhumer un dossier vieux de six ans pour justifier ces arrestations a été condamnée par un large spectre de partis politiques et d’organisations de la société civile d’opposition, qui dénoncent un geste politique. Le barreau de Diyarbakir a rappelé, dans un communiqué, qu’une grande partie des personnes actuellement visées par un mandat d’arrêt avaient déjà été interrogées par le parquet après les incidents de 2014.

« Cependant, allant à l’encontre du droit, il a décidé de monter une opération pour arrêter à nouveau les personnes qu’il avait déjà entendues, affirme-t-il. L’objectif de cette opération n’est pas de s’acquitter d’une obligation légale mais d’appliquer une décision politique et arbitraire. »

« Cadeau de mariage »

Özgür Özel, vice-président du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche), a apporté son soutien aux membres du HDP en interpellant le parquet lors d’une conférence de presse : « Six ans sont passés depuis les événements des 6-8 octobre. Nous voulons savoir quelles sont les nouvelles preuves. A notre connaissance, il n’y en a pas. »

« Les arrestations de ce matin sont un cadeau de mariage au palais présidentiel », a commenté sur Twitter le député CHP Sezgin Tanrikulu, faisant référence à la récente visite du procureur général de la République, Yüksel Kocaman, chargé de l’enquête, au siège du pouvoir. La presse rapporte qu’il est allé saluer le président Recep Tayyip Erdogan avec son nouveau gendre, sitôt le mariage célébré.

Le coprésident du HDP, Mithat Sancar, a quant à lui dénoncé un « génocide politique » visant son parti. « Ce pouvoir mène depuis cinq ans des opérations de génocide politique de manière systématique, a-t-il déclaré en conférence de presse. Ce matin encore, il a frappé la politique démocratique et l’espoir de la démocratie à travers notre parti. » « Notre parti n’est pas responsable des événements des 6-8 octobre, a ajouté M. Sancar. C’est au contraire le gouvernement qui en est responsable en annonçant les attaques de l’EI contre Kobané comme une bonne nouvelle et en préparant le terrain pour la violence. »

En perte de vitesse depuis les élections législatives de juin 2015, qui l’ont contraint de faire alliance avec l’extrême droite nationaliste, le gouvernement islamo-conservateur du président Erdogan a multiplié au cours des dernières années les opérations contre le HDP, et son parti frère, le DBP, implanté dans le sud-est du pays.

A l’automne 2016, le chef de l’Etat a dépossédé le DBP de 95 des 102 municipalités qu’il administrait au motif de collusions avec le PKK, et a remplacé les maires par des administrateurs judiciaires nommés par le ministère de l’intérieur.

Après les municipales de mars 2019, il a bafoué le choix des électeurs dans 47 des 65 villes reprises par le HDP ou le DBP. Une vingtaine de maires, plusieurs députés et les ex-présidents du HDP, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, sont sous les verrous.

27 septembre 2020

Vu sur internet

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27 septembre 2020

Auray - Des couleurs à la page :le huitième salon dimanche à Saint-Goustan

Le quai Franklin accueille dimanche la huitième édition du salon Des couleurs à la page, organisée par Auray pays d’artistes (APA). Il réunit des artistes qui ont aussi le statut d’auteurs-illustrateurs. Sept artistes de l’APA y participent : les cinq auteurs du « Carnet de bord », coffret collectif réalisé par Michel Caillibot (peintre), Françoise Duprat (peintre), Jean-Pierre Dupuich (carnets de voyage), Elisabeth Faucheur (sculpteure) et Francis Kerjouan (plasticien), ainsi que les peintres Marc Chaubaron (Clotilde, Poilponce…) et Jean-Marc Simon (« Les chemins bleus »).

Il y a aussi quatre invités : Johanne Gicquel, photographe et aquarelliste, Guilia Sina Deniau, peintre et auteur d’albums jeunesse, Pascale Noaille-Degorce, poésie illustrée (« Parfums de Celtie »), et Michel Philippo, romancier (« Un été au paradis »).

Des concerts (le duo Blue Swing et le chanteur Olivier Rech), ainsi que des lectures poétiques (Raoul Harivoie) animeront le quai l’après-midi.

Pratique : Dimanche 27 septembre de 10 h à 18 h, quai Franklin. Animations à partir de 14 h 30. Gratuit.

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27 septembre 2020

Milo Moiré

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milo 90 (2)

27 septembre 2020

« Les Apparences » : jeu de pistes diabolique

apparences film

Il n’est pas nécessaire d’avoir été soi-même expatrié dans une capitale étrangère pour apprécier dans toutes ses nuances la société où évoluent les protagonistes des Apparences. Mais ça aide. Eve (Karin Viard) et Henri (Benjamin Biolay) sont deux parfaits exemplaires de cette coterie. Ils ont chacun une BMW. Elle s’occupe bénévolement de la bibliothèque française, il est chef d’orchestre. Elle cache des origines modestes, lui sa liaison avec Tina (Laetitia Dosch), l’institutrice de leur fils. Mais les apparences, sociales, conjugales, familiales sont sauves. Jouant à saute-mouton avec les genres, Marc Fitoussi (Copacabana, Pauline détective) engage d’abord son long-métrage sur les rails d’une étude de mœurs à la Chabrol, avant de le faire dévier vers le film noir à la Clouzot (Les Diaboliques) mâtiné de quelques scènes que n’aurait pas reniées Hitchcock.

Tout le monde ment dans cette histoire, et pas seulement le mari volage. Quel passé inavouable est venu enfouir Tina dans les parages du Prater ? A quoi Eve joue-t-elle avec Jonas (Lucas Englander), ce jeune homme dégingandé et impulsif que son bracelet électronique à la cheville désigne comme un prisonnier en liberté surveillée. De quel méfait s’est-il rendu coupable ? Pendant que le spectateur s’interroge, Fitoussi a déjà fait faire un nouveau détour à son scénario. Philippe Ridet

Film belge et français de Marc Fitoussi. Avec Karin Viard, Benjamin Biolay, Lucas Englander, Laetitia Dosch (1 h 50).

27 septembre 2020

Extrait d'un shooting

shoot fleur censure

27 septembre 2020

Rimbaud et Verlaine, le Panthéon contre l’ordre moral

rimbaud

Initiateurs d’une pétition en faveur de la panthéonisation des deux poètes, l’éditeur Jean-Luc Barré et l’universitaire Frédéric Martel, soutenus par trois écrivains et par le dramaturge Olivier Py, répondent à leurs détracteurs

Arthur Rimbaud et Paul Verlaine sont parmi les plus grands − sinon les plus grands − poètes de notre langue. Il se trouve qu’ils étaient aussi amants. Voilà pourquoi nous avons suggéré, avec un collectif d’intellectuels et d’écrivains du monde entier, leur entrée au Panthéon. La pétition initiale, soutenue par Roselyne Bachelot et neuf anciens ministres de la culture, a déjà été signée par plus de 5 000 personnes sur le site Change.org. Nous savions qu’une telle initiative ferait débat, comme ce fut le cas pour Albert Camus. Mais nous n’imaginions pas qu’elle nous ramènerait un siècle en arrière, lorsque le beau-frère d’Arthur, Paterne Berrichon, s’évertuait à christianiser Rimbaud et à « hétéro sexualiser » nos deux « poètes maudits ».

Une « contre-pétition » lancée, le 17 septembre, dans Le Monde par quelques soixante-huitards forcément attardés et cosignée par un petit collectif de professeurs émérites, de catholiques et d’écrivains − certains fort respectables, au demeurant −, s’oppose aujourd’hui à cette « panthéonisation ». Fort bien ! Que l’on nous permette cependant de rappeler quelques-uns des arguments qui ont justifié cette démarche à l’esprit « zutique », laquelle a été depuis lors dénaturée et falsifiée à dessein.

Deux poètes maudits au Panthéon. Lieu censé accueillir les grandes figures de notre patrimoine national, pourquoi le Panthéon ne pourrait-il pas être également celui des poètes ? D’aucuns nous diront Voltaire, Rousseau et Hugo, certainement, mais pas la bohème ! Les amants débraillés et vagabonds interdits de Panthéon parce qu’ils « conchiaient » les institutions ? Cet argument est facile à retourner : il ne s’agit pas, à nos yeux, d’institutionnaliser Rimbaud et Verlaine ; il s’agit de « désinstitutionnaliser » le Panthéon ! La vie artiste, l’esprit critique, le blasphème, c’est aussi la France et son histoire. Ce n’est pas assagir Rimbaud et Verlaine, ni les récupérer à des fins partisanes, que de les y faire entrer ; c’est vouloir que ce temple laïque et républicain soit « multiplicateur de progrès ».

Nul besoin d’être trotskiste pour savoir qu’il faut toujours investir les institutions pour les faire évoluer de l’intérieur. Et s’il était interdit que nos auteurs fussent célébrés, il faudrait débaptiser sur-le-champ les collèges Rimbaud et les lycées Verlaine. Des formules antipatriotiques écrites à 16 ans, des armes vendues à 30 (mais ni trafic d’armes ni vente d’esclaves), un peu trop d’absinthe, et voilà les gardiens du temple qui s’agitent. L’effet inattendu de leur contre-pétition est qu’elle est, à leur corps défendant, un outil fallacieux et anachronique servant la « cancel culture », cette maladie du déboulonnage de statues.

Au lieu de défendre l’ordre établi, ne pourrait-on faire évoluer le Panthéon comme on l’a fait pour le Nobel de littérature en l’attribuant à Bob Dylan ? C’est d’ailleurs inévitable. La République doit accueillir plus de femmes, mieux représenter les différences. Ce mouvement est en marche, comme le montrent les panthéonisations d’Alexandre Dumas, de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, de Simone Veil ou d’Aimé Césaire, dont certaines se sont faites symboliquement par une poignée de terre prélevée sur la tombe et par une plaque, sans le déplacement du corps. C’est à ce type de panthéonisation que nous rêvons : elle ferait joie aux instituteurs, hussards de la République, et illuminerait la jeunesse du monde entier qui le chante, de Santiago du Chili à la bande de Gaza. Rimbaud symboliquement rendu « à son état primitif de fils du soleil ».

Drôle de ménage

Sans vouloir attenter au tourisme municipal du maire de Charleville-Mézières, il convient quand même de rappeler l’amour singulier de Rimbaud envers sa ville de naissance, « cet atroce Charlestown » comme il la qualifiait. A son professeur, il écrit : « Vous êtes heureux, vous, de ne plus habiter Charleville ! − ma ville natale est supérieurement idiote entre les petites villes de province ». Que Rimbaud ait été enterré à Charleville contre son gré, qui en douterait ? Qu’il y demeure dans un caveau avec son ennemi, le farfelu Paterne Berrichon, est une cruauté de l’histoire. Pour cette seule raison, tout rimbaldien sincère devrait vouloir éloigner Rimbaud de Berrichon et de sa prison perpétuelle de Charleville.

Christ a souillé ses haleines ; il a aussi souillé ses reliques. Car la bataille qui se joue depuis sa mort est celle de son prétendu catholicisme. On rend Rimbaud esclave de son baptême ! Pour les contre-pétitionnaires, enlever un corps enterré et béni par le prêtre pour le placer dans le temple de la République est en soi un scandale. Nos débats sont un nouvel épisode de la vieille querelle entre Paul Claudel et André Breton.

Les écrivains rimbaldiens homosexuels (Aragon, Gide, Cocteau, Green, plus tard Pasolini ou Yourcenar) se sont élevés contre la lecture strictement catholique de l’œuvre. Face à eux, François Mauriac ou Jacques Maritain, aux mœurs moins avouées, obscurcissaient la sexualité de Rimbaud et Verlaine – exactement comme nos contradicteurs d’aujourd’hui. Rien de bien nouveau : cette contre-pétition est signée par les héritiers de Paterne Berrichon !

Qu’une arrière-arrière-petite-nièce de Frédéric Rimbaud, le frère d’Arthur, se découvre une mission de salut familial à cette occasion est assez cocasse. C’est pourtant sans rire qu’elle se dit chagrinée de voir son lointain ancêtre taxé de mauvaises mœurs. En tout cas, si hommage il doit y avoir, elle pose une condition : que ce soit sans Verlaine ! On la comprend, un « inverti » dans la famille c’est déjà beaucoup, mais deux au Panthéon, ça pourrait bien finir par faire couple.

Le plus loufoque, ici, est que cette prétendue représentante de la « famille Rimbaud » n’a, en réalité, aucun droit moral sur l’œuvre. De famille Rimbaud, il n’y a pas ! Cette dame appartient à la lointaine lignée du frère et pas à celle d’Arthur. Or c’est sa sœur, Isabelle, qui a hérité du droit moral, puis à sa mort, en 1917, son mari, le trop fameux Berrichon. Depuis 1922, ses héritiers détiennent le droit moral ; s’il n’en existe plus, il revient au Centre national du livre. « Et c’est ta famille ! » comme disait Rimbaud dans Age d’or.

Ne nous cachons pas la vérité : les arguments contre l’entrée de Rimbaud et Verlaine au Panthéon tiennent pour l’essentiel à la question homosexuelle. C’est l’obsession de la majorité des contre-pétitionnaires, dont plusieurs sont proches de l’esprit de La Manif pour tous. Il s’agit de minorer, et parfois de nier, la sexualité de Rimbaud et la réalité de sa relation avec Verlaine. Lisons-les : ils nous accusent de vouloir imposer à Rimbaud et Verlaine un « pacs morbide » − l’expression, ignoble, rappelle le « sida mental » du regretté Louis Pauwels. Comment de présumés rimbaldiens et verlainiens peuvent-ils se laisser aller à une formule relevant de la pure homophobie ?

Alain Borer assure, péremptoire, dans le journal La Croix le 15 septembre :« Il n’est pas un chercheur honnête qui affirme que Rimbaud fût homosexuel. Les faits s’y opposent. » Et Olivier Bivort, « spécialiste » de Verlaine, de certifier de son côté à la RTBF : « On ne trouve rien dans leur œuvre qui soit une exaltation de la différence sexuelle (…). Ni Rimbaud ni Verlaine n’ont été dénoncés pour leurs préférences sexuelles. » Pierre Brunel, autre signataire, reste célèbre pour cette formule indépassable, que l’on trouve dans sa préface des Poésies complètes (Le Livre de poche, 1998) : « L’homosexualité [de Rimbaud], trop complaisamment invoquée par la critique, n’explique rien, ou pas grand-chose. »

L’homosexualité de Rimbaud serait donc anecdotique, accidentelle, littéraire. Un égarement d’adolescent. Que nous révèlent les textes ? Toute son œuvre, depuis Un cœur sous une soutane jusqu’à Vagabonds, en passant par Le Cœur volé, Bottom, Fairy, H, Parade, Antique et, bien sûr, Une saison en enfer, en particulier Vierge folle − le texte le plus important sur l’amour entre hommes de notre littérature −, est marquée par des références ou des préoccupations de cet ordre. D’Yves Bonnefoy à Pierre Michon, de Robert Goffin à Steve Murphy ou Max Kramer, les rimbaldiens d’une autre « chapelle » universitaire l’assurent. La formule célèbre : « Je n’aime pas les femmes. L’amour est à réinventer, on le sait » ne dit pas autre chose. Qui relit l’Album zutique, par exemple le Sonnet du trou du cul, Jeune goinfre, Les Remembrances du vieillard idiot ou Les Stupra, sera édifié une fois pour toutes.

Le « concert d’enfers » de Verlaine avec Rimbaud est également un véritable « contrat d’alliance » sur ce sujet. Leur liaison est établie par d’innombrables témoignages et documents, dont le poème Le Bon Disciple. Dans les lettres « Reviens », de juillet 1873, Rimbaud écrit deux fois « Je t’aime » à Verlaine − une grande première entre deux écrivains dans l’histoire des lettres françaises.

Chacun sa stèle et sa plaque

Après leur relation, Rimbaud fut l’amant de Germain Nouveau ; Verlaine, qui fut marié, a connu une longue passion pour le tendre Lucien Létinois. Rimbaud aurait eu une « femme » en Abyssinie ? Il s’agit plutôt d’une domestique dont il écrit : « J’ai renvoyé cette femme sans rémission. (…) J’ai eu assez longtemps cette mascarade devant moi. » La magistrale biographie de Jean-Jacques Lefrère, Arthur Rimbaud (Fayard, 2001), nous apporte bien des clés : l’homosexualité de Rimbaud est attestée ; son hétérosexualité, non. Verlaine, encore : « Le roman de vivre à deux hommes/Mieux que non pas d’époux modèles (…) Scandaleux sans savoir pourquoi/(Peut-être que c’était trop beau)/Mais notre couple restait coi/Comme deux bons porte-drapeaux. » En réalité, le dossier est clair pour qui sait lire. Avant la lettre, Rimbaud et Verlaine ont chanté l’« amour encore mal défini ».

Rappelons enfin qu’il n’a jamais été question pour nous de faire entrer Rimbaud et Verlaine au Panthéon « en couple ». S’il s’est agi, comme nous le pensons, d’un amour fou et durable, il reste vrai que les amants se sont blessés et perdus de vue. Rimbaud s’est éloigné de son « Loyola ». Voilà pourquoi nous avons suggéré leur arrivée au Panthéon « en même temps », mais non pas « en couple ». Chacun aurait sa stèle ou sa plaque. Ce sont deux libertés en mouvement que nous voulons honorer. Par-delà notre pétition, qui aura au moins permis de révéler au grand jour ce camp du déni et de l’ordre moral, une page blanche s’ouvre pour les études rimbaldiennes et verlainiennes. A nous maintenant, et à de nouvelles générations de chercheurs, de produire sans préjugés les recherches nouvelles que, « ô future vigueur », nos deux plus grands poètes méritent.

Jean-Luc Barré, écrivain et éditeur ; Michel Braudeau, écrivain, membre du jury du prix Médicis ; Frédéric Martel, écrivain et universitaire ; Olivier Py, metteur en scène, directeur du Festival d’Avignon ; Angelo Rinaldi, écrivain, membre de l’Académie française ; Edmund White, écrivain

27 septembre 2020

Exposition Pompéi actuellement au Grand Palais

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