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Jours tranquilles à Paris

20 septembre 2019

La politique incendiaire de Bolsonaro en Amazonie

La multiplication des feux amazoniens est la face visible de la politique du président brésilien, analyse le journaliste du « Monde » Nicolas Bourcier.

Par Nicolas Bourcier  

Analyse. Pour une fois, nous avons regardé la maison brûler. Dix-sept ans, presque jour pour jour, après la harangue de Jacques Chirac au IVe Sommet de la Terre à Johannesburg, en Afrique du Sud, où le président français avait appelé à ne pas regarder « ailleurs », le monde s’est soudainement pris de convulsions pour l’Amazonie. Les feux de forêt ont fait la « une » des journaux quasi quotidiennement depuis la mi-août. Les plus hauts responsables politiques de la planète se sont exprimés sur le sujet. Des aides ont été proposées. De l’argent aussi.

Qu’on en juge. Pour la seule journée du 2 septembre, 1 284 départs de feux ont été enregistrés rien qu’en Amazonie brésilienne. Ils s’élèvent à plus de 45 000 depuis le début de l’année. D’après les chiffres publiés la semaine dernière, le taux de déforestation au Brésil a augmenté en août de 222 % par rapport à la même période de 2018. Soit un stade de football de forêt rasé par minute. Près de 400 000 arbres par jour. Certes, ces chiffres vertigineux restent en deçà des pics de déboisement enregistrés au début des années 1990 et 2000, mais l’accélération de ces dernières semaines est plus que préoccupante. Peut-être parce que la planète n’a jamais eu autant besoin qu’aujourd’hui de ce poumon vert et de sa biodiversité.

Un homme a pourtant regardé ailleurs, Jair Bolsonaro, le président brésilien, élu haut la main en octobre 2018 et suivi dans un bel élan d’unanimité par l’ensemble de son gouvernement. Plusieurs fois, l’homme fort de Brasilia a affirmé que les statistiques étaient biaisées. Longtemps, cet adepte de la théorie du complot a soutenu que les incendies avaient été provoqués par les ONG, qu’il a accusées d’avoir elles-mêmes mis le feu à la forêt pour se venger d’avoir perdu leurs subventions publiques. Ce n’est que récemment qu’il a accepté une aide internationale, choisie et au compte-gouttes.

Changement de paradigme

Pour nous ôter le moindre doute sur le sujet, le ministre des affaires étrangères, Ernesto Araujo, vient d’affirmer que les images satellites ne faisaient pas la différence entre « un feu de campement » et un incendie, frappant encore un peu plus de stupeur et d’indignation la communauté scientifique. Le ministre de l’environnement, Ricardo Salles, ancien avocat des milieux d’affaires, a prévu, lui, de s’entretenir avec des responsables d’un think tank nord-américain climatosceptique, le Competitive Enterprise Institute, peu avant le sommet de l’ONU du 27 septembre où la question des feux amazoniens devrait occuper une place importante.

De fait, M. Bolsonaro n’a jamais caché que la forêt amazonienne était pour lui une ressource naturelle parfaitement exploitable. Député à l’aile la plus droitière de l’échiquier politique brésilien pendant plus de vingt-cinq ans, cet ex-capitaine a régulièrement soutenu l’idée d’une ouverture de ces terres aux intérêts commerciaux. Comme nombre de militaires, il a toujours considéré les inquiétudes internationales au sujet de l’Amazonie comme autant d’efforts déguisés des pays riches pour empêcher le développement du Brésil.

« Les petits fermiers, les exploitants agricoles, les industriels et les bandes de criminels qui brûlent la forêt savent que personne n’ira les arrêter », explique un responsable fédéral de l’environnement

Depuis son investiture le 1er janvier, il n’a pas dévié. Au contraire. « Il n’y a eu aucune mesure ni action répressive depuis son arrivée au pouvoir, et maintenant, c’est la forêt qui en paie le prix, explique un responsable fédéral de l’environnement du bassin amazonien. Les petits fermiers, les exploitants agricoles, les industriels et les bandes de criminels qui brûlent la forêt savent que personne n’ira les arrêter. » Et pour cause. Dès le premier jour de son mandat, M. Bolsonaro a placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture – et non plus de la Fondation nationale de l’Indien (Funai), organisme public chapeauté par le ministère de la justice – la démarcation des terres attribuées aux peuples autochtones. Un ministère confié à Tereza Cristina da Costa, leader du groupe parlementaire « ruraliste », qui défend les intérêts de l’agrobusiness. Démoniaque changement de paradigme.

Le véritable marqueur est toutefois survenu à peine deux semaines plus tard, le 25 janvier. Ce jour-là, un barrage du géant minier brésilien Vale, dans le Minas Gerais, près de Brumadinho, cède, entraînant la mort de plus de 200 personnes et une centaine de disparus. Le tsunami de boue toxique contamine la rivière Paraopeba jusqu’au fleuve Sao Francisco. Près de 350 km de cours d’eau sont pollués ; la flore et les rives, souillées. Là encore, les images font le tour du monde. On en appelle aux dirigeants, on pousse à ce que les licences des barrages soient mieux contrôlées, à ce que la gestion des dommages devienne une priorité du gouvernement.

Peine perdue : M. Bolsonaro et ses équipes s’engageront à assouplir les règles d’attribution des licences de construction et d’exploration minière. Ils diminueront même drastiquement le nombre de procès-verbaux en matière d’infractions environnementales. Jamais autant d’atteintes à la loi n’auront été aussi peu verbalisées. A l’inverse, le gouvernement prendra pour cible le Fond Amazonie, principal financier, depuis 2008, des projets de préservation des écosystèmes et de lutte contre la déforestation. Il paralysera son action, accusant même, sans preuves, certains acteurs de la société civile d’irrégularités dans la gestion de l’institution.

La multiplication des feux amazoniens est bien la face visible de la politique incendiaire de M. Bolsonaro. D’autres sinistres suivront, tant le sentiment d’impunité semble s’être durablement installé sur le territoire. Intimidations, menaces, assassinats de caciques et de défenseurs de l’environnement, incursions dans les terres indiennes, où le défrichement a également augmenté. Bûcherons et fermiers, orpailleurs et hommes de main se sentent comme libérés par la parole présidentielle. La spirale est mortifère ; elle se déroule sous nos yeux.

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20 septembre 2019

Dans l'ombre de Cédric Villani, une équipe de choc

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Son équipe n’est pas encore officiellement constituée, mais Cédric Villani est déjà bien entouré. Qui sont ceux qui façonnent ce candidat qui pourrait créer la surprise durant la campagne des municipales ?

Les premiers jours, personne ne prenait vraiment sa candidature au sérieux. Qui pouvait croire aux chances de celui que l'on a longtemps surnommé la « Lady Gaga des mathématiques » dans la très sérieuse campagne des municipales ? Mais dimanche 15 septembre, les premières estimations de vote (effectuées par Ifop-Fiducial pour le JDD) ont été publiées : Cédric Villani arrive en troisième position avec 15%, soit seulement deux petits points derrière Benjamin Griveaux. Il pourrait bien être le troisième homme lors de cette élection, celui qui fera pencher la balance entre la maire sortante, Anne Hidalgo, et le candidat officiellement investi par la République en Marche. Ou pourrait-il être la surprise de ce scrutin et arriver au second tour ? Cédric Villani a compris que pour mener cette campagne jusqu’au bout, il devait bien s’entourer. S’il doit dévoiler l’ensemble de son équipe d’ici quelques jours, le candidat compte déjà sur des fidèles de la première heure. Pour constituer son équipe proche, il a surtout choisi des personnalités jeunes, souvent élues et ayant un parcours plutôt socialiste ou écologiste.

Baptiste Fournier

Cédric Villani, 45 ans, veut s’inscrire dans la tendance de renouvellement, esquissée par Emmanuel Macron, le premier à lui avoir fait confiance. Il a donc nommé Baptiste Fournier, 33 ans, directeur de sa campagne. Cet ex-socialiste, passé par le cabinet ministériel de Marylise Lebranchu sous François Hollande, est le suppléant du député Villani à l’Assemblée nationale depuis juin 2017. Sur son compte Twitter, où il est plutôt actif, Baptiste Fournier a commencé la campagne depuis plusieurs mois.

Rayan Nezzar

Dans une longue enquête, Vanity Fair avait retracé la gloire et la chute de Rayan Nezzar, pur produit du macronisme. Ce jeune énarque de 28 ans avait été nommé porte-parole de La République en Marche en janvier 2018, mais avait dû démissionner quatre jours plus tard, empêtré dans un scandale politico-médiatique. Le site Buzzfeed avait en effet ressorti une série de tweets injurieux envers plusieurs personnalités politiques, qu’il avait écrits quand il était étudiant. Depuis cette éviction, Rayan Nezzar se faisait discret ; il revient sur le devant de la scène en tant que porte-parole de Cédric Villani. Un choix audacieux pour le candidat à la Mairie de Paris, qui devrait tout de même s’entourer de deux autres porte-paroles : Anne-Christine Lang, députée à Paris, et Anne Lebreton, adjointe au maire du IVe arrondissement. Trois figures qui seront chargées de courir les matinales radio et les plateaux télé.

Matthieu Orphelin

C’est la grosse prise de Cédric Villani. Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire, est un déçu de la Macronie, qui en a même démissionné en février dernier. Très proche de Nicolas Hulot, cet ancien militant EELV devrait, tout naturellement, être le « Monsieur Écologie » de Villani. Un poste primordial puisque la question environnementale prend une place de plus en plus importante dans le quotidien des Parisiens. Le défi est d’autant plus grand que la maire sortante, Anne Hidalgo, est déjà considérée comme la candidate la plus verte.

Paula Forteza

Députée LREM des Français de l’étranger (Amérique latine et Caraïbes), Paula Forteza a, elle aussi, choisi de soutenir Cédric Villani plutôt que Benjamin Griveaux. Un temps pressentie pour succéder à Mounir Mahjoubi au secrétariat d’État au Numérique, elle est une spécialiste de la protection des données. Jeune (33 ans) et engagée, elle sera certainement l’une des valeurs sûres de cette campagne.

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20 septembre 2019

Ren Hang

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20 septembre 2019

L’ONU au chevet de la planète lors d’un sommet exceptionnel sur le climat

Par Audrey Garric, New York (envoyée spéciale)

Le secrétaire général des Nations unies a convoqué les Etats à New York, du 21 au 23 septembre, pour leur demander d’accroître leurs efforts dans la lutte contre le dérèglement climatique.

« Le dérèglement climatique est plus rapide que nous. » Depuis des mois, Antonio Guterres n’a de cesse de répéter cet avertissement. Le secrétaire général des Nations unies l’assène à chaque rendez-vous diplomatique, lors du G20 ou du G7, après chaque catastrophe, comme l’ouragan Dorian qui a ravagé les Bahamas, ou à chaque déplacement, par exemple lorsqu’il visite les petites îles du Pacifique menacées par la montée des eaux. Mais, refusant de céder à la fatalité, il assure également que « cette bataille pour nos vies, nous pouvons la gagner ».

Pour remporter ce combat contre les émissions de gaz à effet de serre, il a convié les Etats du monde entier à New York, du samedi 21 au lundi 23 septembre, pour un sommet exceptionnel sur le climat. Avec une condition : que les dirigeants arrivent avec des « plans concrets et réalistes et non pas des discours », dans le but de véritablement accélérer la décarbonation de l’économie.

L’hôte de la cérémonie, dont il maîtrise l’agenda puisqu’elle ne relève pas des négociations climatiques à proprement parler, s’est même permis d’adresser des requêtes plus spécifiques à la centaine de pays qui seront présents. Il demande aux dirigeants de s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, et à indiquer clairement qu’ils présenteront des objectifs climatiques nationaux plus ambitieux en 2020.

Ce n’est pas tout. Antonio Guterres a également appelé les gouvernements à abaisser leurs rejets carbonés de 45 % d’ici à 2030, à stopper tout nouveau projet de centrale à charbon après 2020 et à mettre fin aux subventions aux énergies fossiles. Du jamais-vu pour un secrétaire général de l’ONU.

Coup d’accélérateur de ce processus

« Antonio Guterres a mis la barre haut, exactement là où elle doit être, juge Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat. C’est un moment de vérité pour l’accord de Paris, à un an d’une échéance cruciale. » L’accord de Paris de 2015, conçu comme un processus dynamique, prévoit que les Etats soumettent de nouveaux plans de réduction des émissions, plus ambitieux, tous les cinq ans.

La première échéance survient en 2020, année de la mise en œuvre effective de leurs promesses. A un moment où les élans nationalistes freinent toute velléité de leadership climatique, le sommet de New York se veut donc être le coup d’accélérateur de ce processus.

Car les jours sont comptés. Alors que les scientifiques appellent à réduire immédiatement les gaz à effet de serre, les engagements pris par les 196 pays signataires de l’accord de Paris pour faire décroître leurs émissions sont insuffisants : ils mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3,2 °C d’ici à la fin du siècle – à supposer qu’ils soient tenus, puisque les émissions continuent d’augmenter année après année. Respecter ce traité international, qui vise à maintenir le réchauffement bien en deçà de 2 °C, et si possible 1,5 °C, implique donc de tripler, voire de quintupler le niveau d’effort.

« Nous vivons un moment critique. La population sent, comprend et même désormais vit l’urgence climatique », analyse Pierre Cannet, codirecteur des programmes du Fonds mondial pour la nature (WWF) France. En 2014, Ban Ki-moon, le prédécesseur d’Antonio Guterres, avait organisé un grand sommet similaire pour faire pression sur les dirigeants avant l’adoption de l’accord de Paris. Depuis cinq ans, la mobilisation citoyenne a gagné en ampleur et en poids.

Plusieurs millions de citoyens dans les rues

Vendredi 20 septembre, dans plus de 150 pays, plusieurs millions de citoyens, en particulier des jeunes, ont prévu de descendre dans les rues pour une « grève globale » pour le climat. En particulier à New York, où les manifestants seront rejoints par Greta Thunberg, la jeune Suédoise devenue une icône de la lutte contre le réchauffement.

Samedi, plus de 600 de ces jeunes se réuniront à l’ONU pour un sommet de la jeunesse pour le climat – une première. Ils devront émettre des propositions de solutions, qu’ils soumettront aux dirigeants lundi. Ce jour-là, lors du sommet pour l’action climatique, une soixantaine de pays, choisis pour avoir élaboré les stratégies les plus ambitieuses, présenteront leurs plans. Parmi eux, figurent la France (le président Emmanuel Macron fera le déplacement avec la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, et sa secrétaire d’Etat, Brune Poirson), le Royaume-Uni (avec le premier ministre Boris Johnson), l’Allemagne (avec la chancelière Angela Merkel), l’Inde (avec le premier ministre Narendra Modi), la Chine (représentée à un niveau ministériel) ou encore le Chili, qui accueillera la COP25 en décembre.

Des coalitions de pays, de villes, de régions, d’entreprises et d’autres représentants de la société civile exposeront également des initiatives, « susceptibles d’être mises en œuvre tout de suite et répliquées », précise le Mexicain Luis Alfonso de Alba, l’envoyé spécial du secrétaire général pour le sommet. Il s’agira par exemple de s’engager à se passer du charbon, à améliorer l’efficacité énergétique ou à effectuer une transition vers une ville verte. Ces coalitions ont été formées dans le cadre de neuf pistes de travail dirigées par différents pays, qui comprennent la transition énergétique, la transition industrielle, la résilience et l’adaptation, les solutions fondées sur la nature ou le financement climatique.

Comment juger du succès de ce sommet qui risque de cumuler réelles avancées et effets d’annonce ? « Il s’agira de voir si beaucoup de pays, notamment parmi les gros émetteurs, s’engagent sérieusement à rehausser leurs efforts d’ici à 2020, répond Luis Alfonso de Alba. Et si des initiatives substantielles émergent des coalitions, notamment en ce qui concerne la fin du charbon. »

La trajectoire doit être revue à la hausse

Selon un décompte du programme des Nations unies pour le développement, publié le 18 septembre, 75 pays, représentant 37 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, seraient prêts à relever leur contribution à l’accord de Paris. Ce panel, dont la moitié est représentée par les petits Etats insulaires, ne compte toutefois pas les nations les plus émettrices. Alors que les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie et du Brésil ne feront pas le déplacement, l’attente est forte envers la Chine et l’Union européenne.

En marge du G20 de juin, la Chine s’était engagée, dans une déclaration commune avec la France et Antonio Guterres, à « accroître ses efforts » et à publier d’ici à 2020 sa « stratégie à long terme de développement à faibles émissions de gaz à effet de serre ». Pékin reste toutefois très flou sur la nature de son intervention à la tribune de New York.

De son côté, l’Union européenne, troisième pollueur mondial après la Chine et les Etats-Unis, a échoué, lors d’un conseil de juin, à adopter un objectif de neutralité carbone en 2050, malgré le soutien de 24 pays. Le Conseil européen espère obtenir un consensus « dans les prochains mois », afin que l’UE puisse présenter à l’ONU sa stratégie à long terme « début 2020 ».

Pour beaucoup d’observateurs, si la neutralité carbone est un bon point d’arrivée, la trajectoire doit être revue à la hausse. « A New York, la France doit annoncer son soutien à la relève de l’ambition européenne sur le climat pour 2030, comme l’Allemagne est en train de le faire », indique Neil Makaroff, responsable des politiques européennes au Réseau Action Climat. Alors que l’Europe a promis de réduire ses émissions d’au moins 40 % d’ici à 2030, Antonio Guterres l’appelle à passer à − 55 % à cette date, et les ONG à − 65 %.

La question du financement, pour permettre notamment l’adaptation des pays les plus vulnérables, sera également au cœur des enjeux du sommet. Selon les dernières données de l’OCDE, les pays développés ont versé 71 milliards de dollars (64 milliards d’euros) aux pays en développement en 2017, un montant en progression, mais encore loin de l’objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. A New York, certains pays pourraient s’engager à augmenter leur contribution au Fonds vert pour le climat, l’un des mécanismes financiers créés pour mobiliser l’argent des pays du Nord en faveur de ceux du Sud, en cours de recapitalisation.

Dans deux communiqués séparés, mardi, la Chine et l’Inde ont demandé aux pays développés de leur fournir l’aide financière nécessaire à l’accroissement de leurs plans climatiques. Une manière de mettre la pression, à la veille du sommet de l’ONU.

20 septembre 2019

Emmanuel Macron en couverture du Time (pour la seconde fois)

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20 septembre 2019

Biennale de Paris

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Photo : J. Snap

20 septembre 2019

'LIGHT MY FIRE' DE FILTHYMOUTHCREATIVE {NSFW / EXCLUSIVE EDITORIAL}

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20 septembre 2019

Pour les FARC, la tentation du maquis

Marie Delcas

Face à l’insécurité et au manque de terres, les ex-guerilleros s’interrogent sur leur avenir
REPORTAGE

Il y a ceux qui croient encore à la paix et ceux qui ont repris les armes. Carlos Alberto, qui a passé vingt-quatre ans dans la guérilla colombienne, fait partie des premiers, « les plus nombreux », précise-t-il. Il refuse toutefois de juger ses anciens camarades. « Je comprends leurs raisons, mais je ne partage pas leur analyse, poursuit l’ancien guérillero. La guerre n’a plus sa place en Colombie. C’est parce que nous l’avons compris que nous avons décidé de déposer les armes et de poursuivre la lutte sur le terrain politique. »

Le 29 août, dans une vidéo diffusée sur Internet, Ivan Marquez, le négociateur de l’accord de paix de 2016, et plusieurs commandants historiques des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont annoncé qu’ils reprenaient le maquis et appelé leurs anciens compagnons d’armes à les rejoindre. « C’est vrai que le gouvernement ne tient pas ses engagements, note Carlos Alberto. Rien n’a été fait en matière de développement rural. » L’autre grand sujet d’inquiétude des démobilisés est la sécurité : 137 d’entre eux ont été assassinés depuis la signature de l’accord, en novembre 2016.

Carlos Alberto est responsable régional du parti de la Force alternative révolutionnaire commune (qui a conservé l’acronyme historique de FARC) et membre de la direction du camp d’Icononzo, un des vingt-quatre « espaces territoriaux de formation et de réincorporation » (ETCR) où se sont regroupés les guérilleros à leur sortie du maquis. A quatre heures de route de Bogota, le lotissement d’Icononzo qui surplombe une vaste et verte vallée a été, comme les autres, construit à la va-vite. Sur les murs des baraquements, les portraits des leaders historiques de la guérilla rappellent que les anciens combattants n’ont rien renié de leur passé.

Gonzalo, qui a troqué son fusil AK-47 pour une machine à coudre, critique la réaction du gouvernement qui a mis à prix la tête des commandants guérilleros dissidents : « Ivan Duque a offert 3 milliards de pesos (805 5 21 euros) pour chacun d’entre eux. Il ferait mieux de mettre tout cet argent dans les programmes de réincorporation des guérilleros à la vie civile et dans les politiques de développement, pour éviter que d’autres ne repartent dans le maquis. »

« Le coup a été dur »

« Les médias font tout un foin de la vidéo de Marquez, soupire Gonzalo. Les chiffres parlent pourtant. » Selon l’Agence nationale pour la réintégration (ANR), sur les 13 086 membres des FARC (combattants et miliciens civils) qui ont abandonné la lutte armée, 12 036 sont toujours enregistrés auprès de cette administration qui sait où ils se trouvent. « Nous avons tenu parole, nous », insiste Gonzalo, qui travaille dans l’atelier de confection du camp d’Icononzo.

Toujours selon l’ANR, quelque 3 000 anciens guérilleros vivent encore dans ces ETCR, les autres sont rentrés dans leur famille ou partis tenter leur chance à l’extérieur. A Icononzo, les anciens combattants – et combattantes – sont officiellement 298. Mais, précise le responsable du camp, Diego Suarez, « beaucoup vont et viennent » au gré des saisons et des emplois temporaires.

Deux commandants qui vivaient à Icononzo sont apparus sur la vidéo aux côtés d’Ivan Marquez. Jhon Jairo Bedoya, alias Rumba, avait disparu il y a plusieurs mois ; Julio Rincon, alias Nelson Robles, s’est absenté en mai « pour des raisons familiales ». Ont-ils essayé d’entraîner avec eux une partie des troupes ? Non, répondent, laconiques, les démobilisés d’Icononzo qui préfèrent, semble-t-il, éviter le sujet. « Chaque individu décide de sa vie comme il l’entend », expliquent-ils à l’unisson. Qu’il résulte d’un consensus ou d’une consigne, le discours concernant les dissidents de la vidéo est bien huilé. « C’est vrai que le coup a été dur, admet cependant Diego. Mais nous savions que le chemin de la paix serait difficile. » Les autorités colombiennes ne doutent pas que les dissidents ont trouvé refuge au Venezuela, et que la vidéo y a été tournée.

Les ex-guérilleros perçoivent de l’Etat une petite pension, équivalente à 90 % du salaire minimum. Tous ou presque travaillent, la plupart dans les champs environnants. Mais les terres manquent. Et les projets productifs promis tardent à se mettre en place. Certains font des études, comme Wilson, qui rêve de passer l’équivalent du bac et de devenir architecte. D’autres savourent la liberté, comme son voisin sorti de prison grâce à l’accord de paix. Tous jurent qu’ils ne reprendront jamais le maquis. Mais Wilmer admet que certains de ses camarades y pensent sérieusement : « Il y en a qui aiment la vie en armes et qui ne s’habituent pas, ici », explique-t-il.

Valentina Beltran est, elle, candidate à la mairie d’Icononzo. A huit semaines des élections, l’apparition d’une dissidence ne facilite pas la tâche des militants des FARC. « Tout le travail que nous avons fait, tout ce que nous avons construit d’espérance semble tout à coup démoli », soupire Valentina. Ce n’est pas à Ivan Marquez qu’elle en veut, mais aux responsables politiques et aux médias. Il faut dire que, dans les discours officiels et les journaux, le vocable « martial » a repris ses droits : le pouvoir a déclaré la guerre aux « criminels » et aux « narcoterroristes » que sont désormais Ivan Marquez et tous les dissidents de l’accord de paix. « De nouveau, nous sommes montrés du doigt. C’est ce que je sens, se désole Valentina. Pourtant, seuls quelques-uns d’entre nous ont décidé de reprendre les armes. » Elle retrouve son enthousiasme pour raconter son engagement féministe et le dialogue noué avec les autres candidates de la municipalité. « Le travail politique avance, se réjouit l’ancienne combattante à la voix douce. Notre message est mieux compris aujourd’hui. »

« Grande capacité »

Adrian, que les plus jeunes appellent grand-père, a perdu le compte des années passées dans la guérilla. Que regrette-t-il du maquis ? « La solidarité qui nous unissait. La nature qui nous accueillait. Tout quoi », répond l’homme de 61 ans. Adrian rêve de finir ses jours « dans une petite maison, là-bas, dans la jungle ». Sans armes.

Interrogés sur l’avenir d’une nouvelle guérilla FARC, les démobilisés se gardent de tout pronostic. « Trouver des armes est facile en Colombie, recruter aussi. Mais structurer et former une guérilla est une autre affaire », considère Carlos Alberto. « Quand nous étions dans la montagne, il y avait des dizaines de jeunes qui demandaient à nous suivre, raconte Gonzalo. Les commandants qui sont repartis dans le maquis ont une grande capacité intellectuelle, politique et militaire. Et c’est vrai qu’ils pourront recruter. Mais les FARC ne redeviendront jamais ce qu’elles ont été. »

20 septembre 2019

Pauline Moulettes

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20 septembre 2019

Les couleurs et l'énergie de Hassan Hajjaj investissent la Maison européenne de la photographie à Paris

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La photographie kitsch et colorée du photographe londonien d'origine marocaine Hassan Hajjaj investit toute la Maison européenne de la photographie jusqu'au 17 novembre 2019.

On avait remarqué les tableaux colorés et kitsch de Hassan Hajjaj à la première foire d'art africain AKAA, en 2016. Pour sa première grande exposition parisienne, la Maison européenne de la photographie donne carte blanche au photographe londonien d'origine marocaine. Dans le cadre de la 3e Biennale des photographes du monde arabe, ses images investissent l'ensemble des locaux de la MEP qui se transforme en "Maison marocaine de la photographie".

Dès l'entrée, le ton est donné : les sièges sont couverts de coussins en plastique fabriqués avec des sacs de couscous. Un peu plus loin, bras dessus bras dessous, une bande de filles hilares avec sur le nez de (faux) foulards siglés Louis Vuitton nous regardent depuis un cadre orné de bouteilles rouges de Coca Cola. Des tables basses en plastique indiquent la sortie ou proclamant "Stop" en arabe sont posées à côté de caisses de soda en forme de siège, sous une "interdiction d'uriner" (toujours en arabe) en lettres dorées.

Du design au studio photo
Né en 1961 à Larache, sur l'Océan Atlantique, il a émigré à Londres avec sa famille à l'âge de 12 ans. Il a baigné dans les milieux hip-hop et reggae et travaillé dans le design avant de devenir photographe à la fin des années 1980. Il est aujourd'hui dans les collections du Brooklyn Museum, du Victoria and Albert Museum de Londres, du Los Angeles Museum of Contemporary Art.

Sur trois étages de la MEP, Hassan Hajjaj décline à peu près la même formule : des portraits de personnages assez kitsch habillés de couleurs vives, sur un fond également vif. Il les photographie dans la rue. Il les saisit aussi souvent en studio, à la façon des grands maîtres africains (Malick Sidibé, Seydou Keita), avec comme décor un tapis en plastique comme ceux que son oncle tissait.

Parodie des photos de mode
Au début, l'artiste s'est amusé à parodier les séances de photographie de mode réalisées avec des mannequins occidentaux dans les rues de Marrakech ou de Casablanca. Lui, il a fait poser des Marocaines, dans ses propres créations textiles, des djellabas ou des caftans aux couleurs vives à pois, aux motifs léopard ou camouflage, ou encore portant le sigle de marques de luxe, imitant les poses des mannequins. Leurs babouches aux motifs originaux sont souvent projetées au premier plan. Il les prend en contreplongée, comme pour leur donner de l'importance.

Ses modèles sont voilées ou pas car, dit-il, "je comprends qu'on puisse trouver dérangeant que certaines des femmes que je photographie soient voilées, mais regardez comme elles sont modernes et provocantes ! Elles mêlent tradition et mode pop ; je les trouve d'une force et d'une puissance inouïes, absolument magnifiques".

Pop-art d'aujourd'hui
Et comme presque toujours, il encadre ses photographies avec des conserves, des boites de Coca, de harissa, de sauce tomate, de saucisses de poulet… Il crée une espèce de pop-art d'aujourd'hui, interrogeant la société de consommation, le monde de la mode et de la contrefaçon. D'ailleurs, pour rigoler, Rachid Taha l'avait baptisé Andy Wahloo ("Andy rien" en arabe marocain).

Il y a quelques variantes, des portraits en gros plan sont détourés à la peinture acrylique, avec un cadre en bois ou en pneu de moto.

On se dit que, à force, on va se lasser de la formule. Mais l'énergie et la bonne humeur qui se dégage de ses images l'emporte. On est quand même séduit par les couleurs de ses Gnawi Riders, maîtres gnawa (membres de confréries d'origine sub-saharienne célèbres pour leur musique) qui trônent sur leurs motos. Ou par les Kesh Angels : là ce sont des femmes, artistes du tatouage au henné, qui nous toisent du haut de leur deux-roues, voilées et affublées de lunettes noires en forme de cœur.

"Rockstars"
"Je veux partager avec le monde entier ce que je connais du Maroc : une énergie et une attitude ; l'inventivité et le glamour de la mode de rue ; le graphisme étonnant véhiculé par les objets du quotidien ; la jovialité et la force de caractère des gens", dit Hassan Hajjaj.

Mais navigant entre son pays natal et Londres, il ne parle pas que du Maroc. On aime bien aussi ses portraits d'artistes, ceux qu'il appelle ses "rockstars" : pour ceux-ci, il a poussé au maximum l'outrance des couleurs et des contrastes entre les fonds et les vêtements créés par lui et qu'il fait endosser à JR, à Rachid Taha, au danseur Loic Mabanza, aux Libanais de Mashrou' Leila, au Ghetto Gastro, sorte de gang de cuistots du Bronx…

Hassan Hajjaj
Maison européenne de la photographie
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
tous les jours sauf lundi et mardi, le mercredi et le jeudi 11h-20h, le vendredi 11h-22h, le week-end 10h-20h
Tarifs : 10 € / 6 €
Du 11 septembre au 17 novembre 2019

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