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Jours tranquilles à Paris

3 août 2019

Paris - Trottinettes mal garées : désormais, les usagers sont aussi verbalisés

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Depuis le 30 juillet à Paris, les opérateurs comme les usagers sont passibles d'une amende en cas de trottinettes mal garées. Le montant a été fixé à 35 euros.

Le ras-le-bol des piétons face aux trottinettes électriques à Paris a poussé la mairie à agir. Désormais, les utilisateurs de trottinettes électriques en libre-service vont en avoir pour leur argent. Depuis le 30 juillet, en cas de flagrant délit, ils devront payer une amende de 35 euros.

La ville a renforcé son dispositif d'"interdiction totale de stationner sur le trottoir". Désormais, l'usager est obligé de garer sa trottinette sur les places de stationnement des deux-roues et voitures.

A Paris, garer sa trottinette électrique sur le trottoir est désormais officiellement interdit 

Depuis mardi, la municipalité a dressé plus de 130 verbalisations pour stationnement gênant de trottinettes et mis en fourrière plus de 110 engins. Elle souligne toutefois que "la mise en place progressive d'emplacements dédiés a commencé, pour un objectif de 2.500 à la fin de l'année". Chaque emplacement pourra contenir "environ" 6 trottinettes - soit 15.000 places.

On ne gare pas sa trottinette électrique n'importe où.

Paris souhaite réguler davantage ce nouveau moyen de déplacement qui contribue à réduire l’usage de la voiture polluante pour assurer la sécurité routière et pacifier les rues et les trottoirs 

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15.000 trottinettes à Paris

Cette mesure sera-t-elle efficace ? Difficile de l'imaginer tant le nombre d'opérateurs et de trottinettes est important dans la capitale : 15.000 trottinettes électriques en libre-service.

Quand l'usager est pris en flagrant délit, l'amende de stationnement gênant lui est directement adressée par les policiers municipaux. Mais quand la trottinette a été abandonnée, "c'est à l'opérateur" de s'acquitter dans un premier temps de l'amende puis de retrouver le fautif, explique la mairie de Paris.

Paris lance ses premières aires de parking pour trottinettes électriques   

Prévenir plutôt que punir

Toutefois, la plupart des loueurs affirment privilégier la prévention plutôt que la répression et promettent pour l'instant de ne pas envoyer les amendes à l'utilisateur.

VOI incite ainsi les utilisateurs à garer leur trottinette aux endroits dédiés avec un système de "parking bonus", qui récompense financièrement ceux qui le font. Ces parkings sont signalés sur l'application (6.000 pour VOI, 4.500 pour Bird, par exemple). Un dispositif qui donne de "très bons résultats", notamment au Danemark, selon Lucas Bornert, directeur général de VOI France. Les opérateurs misent également sur la diffusion de messages prévenant de l'interdiction en vigueur, comme Bird qui va "contacter les utilisateurs dans les jours qui viennent"

Lime, de son côté, a "déployé une patrouille urbaine" de 50 personnes dont la mission est "de repositionner les trottinettes mal garées", indique Arthur-Louis Jacquier, responsable à Paris.

La moitié des applis de trottinettes électriques ont déjà échoué à Paris   

N'ayant à ce jour "sanctionné [aucun] utilisateur", Lime prévient: "Si, dans le futur, nous constatons que certains clients, de manière systématique, se garent mal, on serait éventuellement en mesure d'impacter cela sur les utilisateurs".

Avec, en plus de l'amende, une mise en fourrière de 49 euros pour chaque véhicule, reste à savoir si la bienveillance des loueurs va résister à l'arrivée prévue par la mairie de Paris des quelque 20.000 trottinettes supplémentaires d'ici 2020.

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3 août 2019

Franky Zapata : deuxième tentative demain dimanche... Traversée la Manche

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3 août 2019

Olivier Rousteing

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3 août 2019

Portrait : Steve Maia Caniço, un « discret » devenu emblème

liberaation steve

Illustration : la une de Libération

Par Yan Gauchard, Nantes, correspondant, Léa Sanchez

Le jeune animateur périscolaire de 24 ans avait trouvé dans les soirées techno un endroit où il pouvait s’extérioriser. Son corps a été repêché dans la Loire lundi.

Corps mince s’articulant au gré des sons, pull au motif américain et immuable sourire : dans la nuit du 21 au 22 juin, Steve Maia Caniço dansait sur le quai Wilson, à Nantes. Il participait à une soirée techno organisée à l’occasion de la Fête de la musique. Un moment qu’il n’aurait manqué pour rien au monde : la musique, c’était sa bulle, sa passion, son lâcher-prise.

« Je l’ai déjà vu pleurer parce qu’il était ému par une chanson », raconte Dorine, une des proches du jeune homme de 24 ans, dont le corps a été repéré dans la Loire, lundi 29 juillet, par le capitaine d’une navette fluviale. La fin de cinq semaines de recherches, depuis la dispersion controversée de la soirée à laquelle il participait par les forces de l’ordre – une dizaine de personnes étaient alors tombées dans la Loire.

Du théâtre à la « teuf »

Depuis plusieurs années, Steve Maia Caniço s’était glissé dans l’univers des soirées techno et des « free parties » – ces fêtes centrées sur la musique électronique et dont l’adresse est dissimulée aux non-initiés. « Il n’avait pas le permis, alors je l’emmenais les week-ends », indique Théo, « teufeur » lui aussi. L’ancien fan non avoué du chanteur Justin Bieber, qu’il écoutait durant son adolescence, y dansait sur les nouveaux genres de musique qu’il avait découverts, comme le hard style. De l’avis d’une proche, dans les « free parties », « il n’avait pas peur d’être jugé » : l’animateur périscolaire sortait alors « de sa coquille ».

« Il était très sensible, différent dans sa manière d’être. C’est peut-être pour ça qu’il était proche de beaucoup de filles. Les garçons, ça tacle beaucoup plus, et il n’aimait pas ça », estime Dorine. « C’est un peu contradictoire : Steve était très sociable mais du point de vue des sentiments amoureux, avec les filles, il se montrait timide », abonde Johanna Maia Caniço, la sœur de Steve.

Fils d’un maçon d’origine portugaise et d’une mère travaillant auprès de personnes en situation de handicap, il a longtemps été un enfant réservé : Gaëtan Ardouin, président de la compagnie de théâtre Jean Le Gallo, se rappelle du garçon brun et mince, d’une dizaine d’années, qui venait discrètement assister à ses premiers cours de théâtre. C’est sa mère, dit-il, qui l’avait inscrit là pour vaincre sa timidité. A ce moment, « il ne parlait pas beaucoup, il avait du mal à se lier à d’autres enfants », se souvient le metteur en scène. « C’était une vraie thérapie pour lui, ça lui a permis de s’extérioriser. »

« J’ai la cicatrice d’Harry Potter »

Steve Maia Caniço, aîné d’une fratrie de trois enfants, adore se glisser dans la peau des autres et, sur scène, se métamorphose – tant en jouant des rôles déjà écrits que dans l’improvisation. Ce fan de séries et des super-héros Marvel aime s’inventer des identités : « J’ai la cicatrice d’Harry Potter », se plaît-il à dire à sa sœur, à laquelle il jette les sorts du jeune sorcier avec une baguette magique fabriquée de ses mains.

Gwénola Cogrel, sa professeure de théâtre, tâche de faire jouer avec lui tous les enfants du groupe. La « pile électrique » qu’est Steve sort souvent de la trame établie. Médusés, ses camarades fixent alors leur enseignante d’un regard perdu. « Il avait une espèce de liberté qui pouvait être très déstabilisante pour les autres », explique la comédienne, qui évoque un acteur devenu « capable de passer de l’émotion au comique ».

A un moment, le jeune homme s’interroge : peut-il faire de sa passion son métier ? Il s’en ouvre à Gwénola Cogrel, envisage aussi de devenir régisseur son et lumière. Il se cherche, boucle un apprentissage. Il arrête finalement le théâtre en 2016. Il trouve des emplois par-ci par-là, travaillant notamment dans des grandes surfaces. « Il n’avait plus beaucoup de temps pour le théâtre, entre ses soirées et le début de ses activités professionnelles », explique une de ses camarades de théâtre. Steve trouve finalement sa voie dans l’animation périscolaire au sein de l’école publique Alexandre-Vincent, à Treillières, une commune de 9 000 habitants au nord de Nantes, où il résidait avec son père depuis quelques années.

« Nous avons passé de bons moments avec toi. Quand nous faisions des tours de Kapla [un jeu de construction] », raconte, d’une écriture maladroite, un enfant dans le livre d’or que la mairie a mis à disposition de ses habitants depuis le 1er août.

« Détestation du conflit et des embrouilles »

Trois jours après la fête de la musique, le lundi 24 juin, alors qu’il ne s’est pas présenté à son poste, « tout flottait », explique Anne-Claire Le Portois Girin, mère d’un enfant de 7 ans scolarisé dans l’établissement. Les enfants, raconte-t-elle, étaient très attachés au jeune diplômé du brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA).

Elle évoque un jeune homme qui « ne se droguait pas » et « buvait juste une bière de temps en temps ». Johanna Maia Caniço explique, elle, que la famille s’est « un peu inquiétée » des premiers pas de son frère en « free party » : « On sait très bien qu’il y a de la drogue qui peut circuler, mais Steve sait dire non et on avait une grande confiance dans les gens avec qui il sortait ». Dès que son frère rentrait de soirée, il lui passait les vidéos qu’il avait prises : « Il me montrait les images en me disant : “Devine combien il y a de kilos de sons ?” Et ça partait pour une heure de vidéo ».

Dans ces soirées, le fêtard s’est fait une bande de copains très fidèles, avec lesquels il partage sans arrêt les nouveaux sons qu’il a découverts via les réseaux sociaux. En restant toujours assez discret sur sa vie, sur son parcours. A de rares occasions, il s’est essayé au mixage : « Il n’arrivait pas à sortir les sons qu’il voulait et il a considéré que sa place était devant les enceintes », explique Anaïs, 24 ans. Il y sautait de toutes parts. « Quand il dansait, il ressemblait à un chef d’orchestre », ajoute Théo.

Tous ses amis mentionnent sa « joie de vivre », sa « détestation du conflit et des embrouilles » et son pacifisme – sa famille ne lui connaît aucun engagement politique et seulement une manifestation, en faveur des « free parties ». Ses proches soulignent sa générosité, aussi. « La musique lui suffit », résume Mathis, 21 ans et technicien de surface. Le soir de la Fête de la musique, Raphaël, 23 ans, l’a vu arriver un pack de bières à la main. « Il en a pris une, puis a tout distribué » à ses amis.

« Alors chantez, dansez »

Pendant cinq semaines, ses proches ont scruté la Loire, tentant d’apercevoir une trace du jeune animateur périscolaire qui ne savait pas nager. Ils ont aussi organisé plusieurs rassemblements, une grande chaîne humaine, et inondé Nantes d’affiches avec une seule question : « Où est Steve ? » Dans la ville, un imposant portrait de lui – bras croisés et sourire aux lèvres – se dessine désormais en nuances de gris sur un hangar, à deux pas de l’endroit où il a été vu pour la dernière fois. Un graff qui touche au cœur la famille du jeune homme : « Si vous voulez lui rendre hommage, alors chantez, dansez », confie Johanna Maia Caniço.

Une des dernières pièces de son grand frère avec son enseignante Gwenola Cogrel, en 2016, était une version revisitée de Littoral, une œuvre de l’auteur, comédien et metteur en scène Wajdi Mouawad. Elle relate l’expérience de Wilfrid, un jeune homme décidant d’aller enterrer son père dans son pays natal. Steve Maia Caniço y incarnait « le père du héros », se souvient Gwénola Cordrel. Un personnage « qui va hanter l’esprit de son fils » : « Steve était capable de beaucoup de sensibilité », explique sa professeure.

Dans une vidéo publiée sur le site de la troupe de théâtre, on voit le jeune acteur allongé, recouvert d’un drap mortuaire. Devant un héros sidéré, il se relève. Son « fils » n’arrive pas à y croire. « Mais tu n’es pas mort, hein ? », s’assure-t-il un peu plus tard. « Mais non, je ne suis pas mort », réplique Steve Maia Caniço.

Le week-end suivant la Fête de la musique, il devait aller au Defqon.1, un festival néerlandais de musiques électroniques, avec un couple d’amis. « Son ami a emmené sa place, c’est comme si Steve partait au festival », confie sa sœur.

3 août 2019

Anna Johansson - modèle et photographe

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3 août 2019

Castaner empêtré dans les polémiques sur les violences policières

Par Nicolas Chapuis

Le ministre de l’intérieur, qui, jusqu’à présent s’est surtout attaché à défendre pied à pied les forces de l’ordre, doit prouver qu’il est aussi en mesure de les contrôler.

La critique a été soufflée du bout des lèvres, au terme d’une semaine marquée par la découverte du corps de Steve Maia Caniço au fond de la Loire, lundi 29 juillet. « Il y a un questionnement sur l’utilisation des lacrymogènes (…) sur l’opportunité d’avoir déclenché l’usage des lacrymogènes », a lâché Christophe Castaner, vendredi 2 août, à la veille de rassemblements en hommage au jeune homme de 24 ans et de manifestations contre les violences policières.

C’est la première fois que le ministre de l’intérieur émet publiquement des réserves sur les modalités de l’intervention des forces de police pour mettre fin à une soirée « sound system », dans la nuit du 21 au 22 juin, sur le quai Wilson à Nantes, au cours de laquelle Steve Maia Caniço a disparu dans des circonstances encore inconnues à ce jour.

Le locataire de Beauvau ne fait que reprendre à son compte les critiques formulées à bas bruit dans le rapport de l’IGPN publié mardi 30 juillet, mettant en cause la stratégie décidée par le commissaire présent lors de l’opération – son obstination à faire cesser à tout prix la musique avait été génératrice de tension, écrivent les enquêteurs.

Mais alors que le premier ministre Edouard Philippe s’était servi du même document, mardi, pour écarter tout lien entre l’action des forces de l’ordre et la mort du jeune homme, la variation de ton demeure notable.

steve lien de causalité

Utilisation politique d’un rapport de l’IGPN

Christophe Castaner vient de traverser la semaine la plus compliquée depuis son arrivée au ministère de l’intérieur. Et c’est une gageure d’écrire cela tant les épisodes houleux se sont multipliés au cours de cette année marquée par les « gilets jaunes ».

L’annonce – autant pressentie que redoutée – de l’authentification de la dépouille de Steve Maia Caniço a cependant fait basculer cette affaire nantaise dans une autre dimension, de celle qui transforme les maroquins en strapontins.

M. Castaner sait que les explications données mardi par Edouard Philippe ne sauraient être suffisantes. L’utilisation politique d’un rapport de l’IGPN pour disculper les forces de l’ordre de tout soupçon, à peine quelques heures après la confirmation officielle de la mort du jeune homme, n’est pas une réponse satisfaisante. Et pas seulement pour les proches de Steve qui se sont émus via leur avocate de l’absence de délai de décence.

Ce document, sur lequel repose la communication gouvernementale, n’est qu’une enquête administrative prédisciplinaire, pour laquelle aucune des personnes présentes ce soir-là, hormis les policiers et les agents de la protection civile, n’a été entendue. Conclure publiquement à l’absence de responsabilité des forces de l’ordre sans avoir auditionné les personnes qui sont tombées à l’eau au moment de l’intervention, voilà qui jette une ombre sur la volonté d’impartialité affichée des autorités dans cette affaire.

Un crédit entamé

La question sous-jacente est celle de la confiance et Christophe Castaner doit batailler, de ce point de vue, sur trois fronts : politique, policier et populaire.

Côté gouvernemental, il semble pour le moment bénéficier de celle du couple exécutif, malgré les appels à la démission de l’opposition qui ont redoublé dans la semaine, après que le ministre de l’intérieur a qualifié le saccage d’une permanence parlementaire La République en marche d’« attentat ».

Il s’appuie sur son statut de proche d’Emmanuel Macron, même si dans l’entourage du chef de l’Etat, certains laissent entendre que la relation s’est distendue. L’épisode de la Pitié Salpêtrière – il avait assuré que des casseurs s’en étaient pris à l’hôpital parisien, avant de faire machine arrière – et celui de l’escapade filmée en boîte de nuit au soir d’une mobilisation des « gilets jaunes » ont entamé son crédit.

Edouard Philippe compose pour le moment avec cette donne. Le premier ministre a pris en main la gestion de l’affaire de Nantes lors d’une conférence de presse au langage double, destinée aussi bien à soutenir son ministre qu’à le reléguer au second plan.

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Une vision très musclée du maintien de l’ordre

Dans les rangs de la police nationale, M. Castaner conserve un certain crédit. Avec son soutien sans faille au plus fort des critiques sur l’usage de l’armement intermédiaire – lanceurs de balle de défense (LBD), grenades de désencerclement, gaz lacrymogènes – il s’est acheté quelques mois de tranquillité. L’attelage avec le secrétaire d’Etat Laurent Nunez est fonctionnel, à ceci près que ce dernier jouit parfois auprès de la troupe d’une cote plus élevée que celle de son chef, ce qui est rarement gage de durabilité.

Côté syndical, on ne voit pour le moment aucune urgence à changer un ministre qui défend les policiers et qui, surtout, a cédé sur les revendications salariales lors d’une négociation éclair en décembre 2018. Avec cinq ministres en cinq ans, les forces de l’ordre ont cessé de croire aux vertus des remaniements.

Reste le plus important, la confiance des citoyens. En la matière, Christophe Castaner part avec un capital déjà bien entamé auprès d’une partie de la population. Son déni des violences policières et sa vision très musclée du maintien de l’ordre, en réponse à la mobilisation des « gilets jaunes », elle-même empreinte de violence, a été clivante dans l’opinion : certains approuvent estimant que force doit rester à la loi même si le coût est élevé, quand d’autres considèrent qu’un cap inédit a été franchi dans la brutalité de la part des autorités.

L’affaire de Nantes vient s’inscrire dans ce contexte de polémiques devenues quotidiennes sur l’usage de la force par les policiers. Fallait-il utiliser trente-trois grenades lacrymogènes, dix grenades de désencerclement et douze cartouches de LBD pour faire cesser une fête au bord de l’eau ?

L’enquête se chargera de répondre à cette question, mais elle s’annonce longue et compliquée, tant sur le plan administratif que judiciaire. En attendant, Christophe Castaner, qui jusqu’à présent s’est surtout attaché à défendre pied à pied l’institution policière, doit prouver qu’il est également en mesure de la contrôler.

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Rassemblements à Nantes, samedi, « en mémoire de Steve », et « contre les violences policières ». La ville de Nantes est en deuil depuis la découverte, lundi 29 juillet, du corps de Steve Maia Caniço, noyé dans la Loire le 21 juin après une opération de police controversée. Pour rendre hommage au jeune homme de 24 ans, plusieurs appels à se rassembler samedi ont fleuri sur les réseaux sociaux. Sur les pages Facebook des « gilets jaunes » et du mouvement « black bloc » a été annoncée une manifestation (non déclarée) pour 13 heures en centre-ville « en mémoire de Steve », mais surtout « contre les violences policières ». Un autre rassemblement doit se tenir à 11 heures, au pied de la grue jaune à côté de laquelle le corps de Steve avait été retrouvé lundi ; cet hommage doit prendre la forme d’une marche blanche sur l’île de Nantes. Face à ces appels, le préfet de Loire-Atlantique a décidé, jeudi soir, d’interdire les rassemblements dans « une grande partie du centre-ville » samedi, de 10 heures à 20 heures, « afin de garantir l’ordre public ». Cette restriction ne devrait, cependant, pas concerner la marche blanche, et elle laisse libre d’accès la plupart des grands boulevards où peut évoluer un cortège. La Ligue des droits de l’homme avait déposé une demande en référé pour suspendre l’arrêté d’interdiction mais sa requête a été rejetée, vendredi soir, par le tribunal administratif de Nantes. L’avocate de la famille de Steve Maia Caniço, Me Cécile de Oliveira, a pour sa part confirmé vendredi que « les proches du jeune homme n’acceptent qu’un soutien amical, artistique et pacifique ». Dans un entretien à Ouest-France, elle souligne que « leur deuil est abîmé par le fait que Steve devient un enjeu politique très fort ».

3 août 2019

Des voitures amphibies...

amphibie - Copie

3 août 2019

Affichage sauvage

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3 août 2019

Chassé-croisé sur les routes : comment peut-on prévoir et mesurer les embouteillages ?

Par Anne-Aël Durand

Les réponses aux questions que vous vous posez lorsque vous êtes coincé dans un bouchon.

Les automobilistes broieront du noir samedi 3 août. Il s’agit de « la journée la plus difficile de l’été sur l’ensemble des grands axes » en France, a prévenu Bison futé, l’organe de prévision de circulation du ministère des transports.

Les prévisions de circulation du 3 août.

Mais comment peut-on prévoir les pics de trafic, et les mesurer en temps réel ? Les réponses aux principales questions qu’on a le temps de se poser lorsqu’on doit patienter dans les embouteillages.

Par quelle méthode mesure-t-on le trafic routier ?

Le système traditionnel consiste à s’installer au bord d’une route pour voir passer des voitures, mais, heureusement, d’autres instruments ont été développés :

Les boucles électromagnétiques. Pour connaître le nombre de véhicules qui circulent, des capteurs sont disposés sur la chaussée. Le bitume est découpé à la scie pour insérer un câble électrique. Le passage d’une voiture ou d’un camion, qui ont des parties métalliques, crée un champ magnétique qui envoie un signal d’occupation. Ces boucles électromagnétiques donnent des informations très utiles sur la vitesse et le nombre de véhicules en un point, mais elles restent insuffisantes, explique Christine Buisson, chercheuse en modélisation de trafic à l’Institut français des sciences et technologies des transports (Ifsttar) : « Sur le périphérique parisien on en trouve tous les 500 mètres, mais sur une autoroute il y en a plutôt tous les dix ou vingt kilomètres, ce qui reste une mesure assez grossière. »

Les systèmes GPS. Le floating car data (FCD), qui existe depuis dix ans, collecte les données des utilisateurs de systèmes de guidage connectés – TomTom, Coyote, Waze, etc. – pour obtenir des temps de parcours sur certains axes. « Ces données sont globalement fiables lorsque le nombre de véhicules est élevé, donc efficaces pour les gros bouchons, mais pas pour des événements isolés », nuance Mme Buisson. Si la mesure du temps perdu est possible grâce à ce système, ce dernier ne permet pas de connaître le débit de la route, donc le nombre total de véhicules concernés. Il faut pour cela croiser l’information avec les boucles électromagnétiques.

La vidéo. Pour repérer les événements qui créent un bouchon, des caméras sont ponctuellement implantées dans les endroits à risque, mais elles présentent l’inconvénient d’être statiques. Un autre outil efficace, mais coûteux, est le survol en hélicoptère. Les chercheurs de l’Ifsttar ont ainsi pu affiner leurs algorithmes expliquant l’apparition de bouchons en filmant depuis les airs des engorgements. La gendarmerie déploie aussi des hélicoptères sur les routes des vacances, mais plutôt pour repérer les conduites à risque.

« Kilomètres cumulés » et « heures kilomètres »

Les médias annoncent souvent les bouchons en « kilomètres cumulés », ce qui permet de convoquer des images simples comme « 800 kilomètres d’embouteillages cumulés le samedi 1er août à 12 h 30, soit la distance entre Paris et Marseille ». Dans les faits, c’est un peu trompeur, puisque les files s’additionnent : une route à quatre voies bouchée sur un kilomètre compte déjà pour quatre kilomètres cumulés.

Pour être plus précis et donner une idée de la durée, les experts mesurent plutôt le volume d’encombrements en « heures kilomètres », une unité moins significative mais plus précise, qui intègre à la fois la durée du bouchon et la longueur moyenne de chaque file bouchée. Ainsi, un bouchon qui bloque trois voies sur deux kilomètres pendant une heure mesure 3 × 2 = 6 heures kilomètres, soit autant qu’un bouchon de 2 kilomètres sur une seule voie et qui durerait trois heures.

Ce cumul global ne renseigne ni sur la densité du bouchon ni sur sa vitesse. Or, pour les automobilistes, l’essentiel est de connaître le temps total perdu, soit la différence entre le temps de parcours à vitesse normale et la réalité. Pour cela, les données du FCD sont très utiles. De son côté, l’exploitant routier – l’Etat, les collectivités ou les sociétés d’autoroute – cherche d’abord à connaître le nombre de personnes concernées par un événement routier pour limiter le nombre de mécontents.

Comment Bison futé décrète une journée « rouge » ou « noire » ?

Bison futé est la marque du Centre national d’informations routières animé par le ministère des transports, créée en 1976 pour conseiller les automobilistes. Chaque année, un calendrier annuel de prévisions de trafic est élaboré en fonction des débits mesurés les années précédentes sur les quatre cents stations de comptage, en partant de l’hypothèse que les conditions de circulation sont comparables.

Le nombre d’épisodes de « circulation très difficile » ou « extrêmement difficile » est maintenu à un niveau quasi constant. On compte chaque année une dizaine de journées « rouges » (samedis d’été, week-ends de ponts, congés d’hiver, etc.), et une à deux journées dites « noires », qui correspondent au retour des juillettistes et au départ des aoûtiens. La réglementation interdit alors le transport d’enfants en autocar, depuis un très grave accident survenu en 1982 sur l’A6.

Quelle est la fiabilité de ces prévisions ?

Des bilans sont réalisés après les pics de trafic. « Nous obtenons un taux de fiabilité des prévisions de 80 % sur les journées “colorées”. En général, les erreurs sont des surestimations volontaires pour sensibiliser les automobilistes et les inciter à décaler leurs voyages », explique Thomas Plantier, adjoint au bureau d’information routière du ministère, chargé des transports.

Ces dernières années, plusieurs pics ont été sous-estimés lors des retours des week-ends d’été. Car les comportements des Français évoluent doucement : « Notre modèle mathématique a déjà été adapté avec les 35 heures, qui ont étalé les départs le vendredi après-midi. Désormais, davantage de personnes prennent l’avion, ou partent pour des durées plus courtes, deux fois deux semaines à des endroits différents plutôt que tout le mois d’août en Espagne. Et les vacances au dernier moment ou les locations par Airbnb changent les pratiques. »

3 août 2019

Clara Morgane

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