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Jours tranquilles à Paris

1 août 2019

Fanny Müller

fanny

yoga

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31 juillet 2019

Russie: Paris demande à Moscou de libérer Navalny et les manifestants arrêtés

Samedi 27 juillet, plus d'un millier de participants à une manifestation interdite réclamant des "élections libres" ont été interpellés par les forces de l'ordre.

Le HuffPost avec AFP

moscou

Durant une manifestation interdite par les autorités, samedi 27 juillet à Moscou, des centaines d'opposants pacifistes ont été arrêtés par les forces de l'ordre russes.

RUSSIE - La France a appelé ce lundi 29 juillet au soir à la “libération rapide” du millier de manifestants arrêtés ce week-end à Moscou et d’Alexeï Navalny, exprimant “sa profonde préoccupation devant ces évolutions récentes”.

“Un nombre important d’arrestations et de détentions ont suivi les manifestations pacifiques de ces derniers jours à Moscou. L’état de santé d’Alexeï Navalny, incarcéré depuis le 23 juillet, s’est également brutalement dégradé. La France appelle à leur libération rapide et exprime sa profonde préoccupation devant ces évolutions récentes”, a indiqué le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

Un peu plus tôt ce lundi, Berlin avait déjà fait la même demande aux autorités russes. “Le gouvernement allemand attend la libération rapide des personnes arrêtées”, a dit lors d’un point presse une porte-parole d’Angela Merkel, Ulrike Demmer, rappelant Moscou à ses obligations en matière de respect des “libertés de rassemblement et d’expression”. L’Allemagne “a pris connaissance, avec une grande inquiétude, de la dureté disproportionnée de l’intervention policière”, a-t-elle ajouté. En revanche, aucune mention spécifique n’était faite de l’opposant Navalny.

L’opposant numéro un au Kremlin Alexeï Navalny est justement traité à l’hôpital pour un mal mystérieux avant d’être renvoyé vers la prison où il est incarcéré. Ce lundi, il n’a pas exclu la possibilité d’avoir été “empoisonné”, sur fond de répression du mouvement de contestation. Condamné la semaine dernière à 30 jours d’emprisonnement, il a été hospitalisé dimanche en raison d’une “grave réaction allergique”, selon les autorités, avant d’être renvoyé en cellule dans la journée de lundi.

Le comportement douteux des médecins de Navalny

“Je n’ai jamais eu d’allergie”, a rétorqué l’opposant dans un message diffusé sur son blog, dans lequel il explique ses symptômes. “Lors d’une promenade, mes compagnons de cellule ont remarqué que j’avais le cou rouge. (...) En une heure, je sens mon front et la peau autour des yeux qui me brûlent.”

“La nuit, je me réveillais du fait que mon visage, mes oreilles, mon cou me brûlaient et me piquaient”, poursuit-il. “L’idée m’est venue: peut-être m’ont-ils empoisonné?”, ajoute Alexeï Navalny, qui accompagne son message d’une photo le montrant à l’hôpital avec le visage boursouflé. Il affirme que les médecins se comportaient “comme s’ils avaient quelque chose à cacher”.

S’il dit douter de la version de l’allergie, Alexeï Navalny exclut d’avoir été empoisonné par les gardiens de la prison, selon lui “encore plus choqués” par son apparence. Mais il n’exclut pas que quelqu’un se soit introduit dans sa cellule lorsque les détenus ne s’y trouvaient pas et appelle à examiner les images de vidéosurveillance.

Les autorités russes déterminées à faire taire la contestation

L’entourage de ce blogueur anticorruption s’était immédiatement inquiété du mal “bizarre” d’Alexeï Navalny, intervenu au lendemain d’une manifestation marquée par près de 1.400 arrestations, du jamais-vu depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012. Après avoir pu lui rendre visite dans l’établissement hospitalier moscovite où il avait été admis, son avocate Olga Mikhaïlova a assuré lundi aux journalistes que l’opposant avait été “empoisonné”.

Cette affaire intervient à un moment où les autorités semblent déterminées à tuer dans l’œuf toute contestation liée aux élections locales du 8 septembre, auxquelles la plupart des figures de l’opposition moscovite ont été empêchées de participer. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont condamné les très nombreuses arrestations d’opposants lors de la manifestation de samedi, dénonçant l’usage “disproportionné de la force” contre les manifestants. Berlin a appelé à “la libération rapide des personnes arrêtées”.

Mercredi, trois jours avant ce rassemblement, Alexeï Navalny avait été renvoyé en prison pour des infractions aux “règles des manifestations”. Quant aux opposants dont la candidature avait été rejetée, parmi lesquels se trouvent plusieurs alliés d’Alexeï Navalny, ils avaient tous été la cible de perquisitions et convoqués la semaine dernière par la police.

L’opposition dénonce depuis plusieurs semaines le rejet des candidatures indépendantes en vue des élections locales, qui s’annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale. Les candidats indépendants étaient censés obtenir les signatures d’au moins 3% des membres du corps électoral dans la circonscription où ils se présentaient. Mais la commission électorale a rejeté la candidature de toutes les figures de l’opposition ayant franchi cet obstacle, arguant d’irrégularités dans la collecte de leurs signatures.

31 juillet 2019

Russie: l'opposant Alexeï Navalny vraisemblablement empoisonné après son arrestation

Arrêté et emprisonné lors des manifestations pour des élections libres en Russie, le dissident a vu subitement ses yeux gonfler et découvert des abcès sur son corps.

navalny

L'opposant Alexeï Navalny lors d'une manifestation à Moscou le 20 juillet avant son arrestation.

RUSSIE - D’un coup, ses yeux ont gonflé et de multiples abcès sont apparus sur son corps. L’opposant numéro un au Kremlin Alexeï Navalny, hospitalisé dimanche 28 juillet depuis sa cellule de prison, a été vraisemblablement victime d’un “agent toxique”, a estimé ce lundi 29 juillet son médecin personnel dans un contexte de regain de répression du mouvement de contestation.

“Je présume que la cause de la ‘maladie’ d’Alexeï Navalny peut être un certain agent toxique”, a écrit la docteure Anastasia Vassilieva sur sa page Facebook.

“C’est véritablement un empoisonnement, par une matière chimique inconnue”, a déclaré aux journalistes un peu plus tard son avocate devant l’hôpital où Alexeï Navalny a été admis. La docteure a ajouté peu après que l’opposant a été renvoyé en prison alors qu’il n’est “pas totalement rétabli”.

Elle a expliqué se baser sur les informations dont elle dispose sur ses symptômes, ainsi que sur l’attitude “bizarrement nerveuse” du personnel de l’hôpital, qui l’a laissé voir son patient mais pas l’examiner. ll a été hospitalisé au motif officiel d’une réaction allergique.

Contacté par l’AFP, un représentant de l’hôpital s’est contenté d’indiquer que son état était “satisfaisant” et sa température normale.

Opposant numéro un à Poutine, Alexeï Navalny, 43 ans, a été renvoyé en prison mercredi dernier, à deux jours d’un rassemblement de l’opposition pour des élections libres, qui s’est soldé par plus de 1.400 arrestations à Moscou, selon une ONG spécialisée dans le suivi des manifestations.

Selon son médecin, Alexeï Navalny souffre notamment d’un gonflement des paupières et a de multiples abcès sur le cou, le dos, le torse et les coudes.

“L’origine de la réaction allergique n’a pas été détectée. Toute sa vie durant, Alexeï n’a jamais eu de réaction allergique”, a relevé la porte-parole de l’opposant, Kira Iarmych, sur Twitter.

Actuellement en Russie, des militants affrontent le pouvoir lors de manifestations interdites et durement réprimées nées à la suite du rejet des candidatures de l’opposition pour les élections locales de septembre.

31 juillet 2019

Libérons E.T. !

hom vert

31 juillet 2019

Vu sur internet - Portrait - j'aime beaucoup

jaime21

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31 juillet 2019

Dinard

dinard

31 juillet 2019

Enquête - A Milan, le retour en grâce du Duomo

Par Jérôme Gautheret, Milan, envoyé spécial

Places d’Italie 1/6. Des grandes villes aux plus petites, les places italiennes racontent le pays dans toute sa richesse et toute sa complexité. Aujourd’hui, celle du Duomo, à Milan, capitale économique et fief du ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini.

Il peut faire une chaleur infernale à Milan en été. Une chaleur à raser les murs en quête d’un peu d’ombre, et à fuir comme la peste les espaces ensoleillés. En ces moments-là, on se faufile d’un lieu climatisé à un autre. En évitant le plus pos­sible la traversée de la Piazza del Duomo, qui, aux heures les plus chaudes, peut se transformer en fournaise.

Pourtant, en cet après-midi étouffant de juin, la large esplanade est noire de monde. On croise des groupes scolaires, des cohortes de visiteurs asiatiques, quelques couples d’amoureux en voyage… A vue d’œil, les habitants de la ville sont très minoritaires. On les distingue à leur tenue – veste obligatoire pour les hommes, même par 40 °C, tenue plus légère pour les femmes –, et parce qu’ils n’ont pas un regard pour cette cathédrale qu’ils connaissent par cœur.

Dans n’importe quelle autre ville d’Italie, le phénomène ne mériterait même pas d’être signalé. A Milan, c’est différent. La métropole lombarde se veut le cœur de l’Italie productive, ce pays où l’éthique du travail a ­valeur de principe cardinal ; le contraire de Rome la langoureuse, belle mais invivable, où le temps s’écoule plus doucement et où les problèmes ne sont jamais résolus. Ici, on raconte que les travaux de restauration du théâtre de la Scala, bombardé par les Américains en 1944, avaient commencé avant même la fin de la guerre…

« Destination touristique »

Naguère, les touristes ne mettaient pas les pieds dans cette ville aux charmes secrets, pas assez méditerranéenne, trop éloignée de la carte postale d’Italie. Mais depuis quelque temps, les choses ont changé. « Cela remonte à une dizaine d’années environ, pas plus », confie l’archiprêtre Gianantonio Borgonovo, qui veille sur la cathédrale depuis le siège de l’évêché, situé lui aussi sur la place. « Et depuis l’Exposition universelle de 2015, Milan est vraiment devenue une destination touristique. » Pour l’heure, le phénomène est si neuf que les habitants semblent encore s’en amuser, tout surpris de découvrir leur ville séduisante.

Reste que la place est devenue un « spot » incontournable, et qu’on photographie la cathédrale comme la tour de Pise ou Saint-Marc à Venise. « Comment pourrait-il en être autrement ? Le Duomo, c’est Milan », assure doucement l’archiprêtre.

Il faut dire que les proportions du lieu en imposent : grande de plus d’un hectare et demi, la place est un grand rectangle, dessiné dans les années 1860 pour mettre en valeur cette cathédrale unique en Italie. Face à elle, le Palazzo Carminati, un bâtiment un peu irrégulier, construit au XIXe siècle, longtemps célèbre pour ses immenses enseignes publicitaires lumineuses – les dernières ont été démontées en 1999, à la demande de la mairie. Sur les côtés, les faces nord et sud ont été pensées de façon presque symétrique, avec deux rangées de porches. Le porche nord, situé à gauche lorsqu’on regarde le bâtiment, s’ouvre sur la luxueuse galerie Victor-Emmanuel-II, qui mène à la Scala et à la mairie. Au centre a été posée une statue équestre un peu pompeuse du même Victor-Emmanuel-II, le roi qui fit l’unité italienne.

Mais vu que l’édifice religieux attire tous les regards, attardons-nous un instant sur lui. Gigantesque dans ses proportions (elle est la troisième plus grande au monde, après la basilique Saint-Pierre de Rome et la cathédrale de Séville, en Espagne), la cathédrale de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge présente une autre particularité flagrante : celle de ne pas du tout ressembler à un monument religieux italien.

« CONFIER DIRECTEMENT LE DUOMO À L’EGLISE, C’EST L’ASSURANCE QU’IL FERA FAILLITE EN SIX MOIS ! »

GIANANTONIO BORGONOVO, ARCHIPRÊTRE

La remarque fait sourire l’archiprêtre, Gianantonio Borgonovo, mais elle ne le surprend pas du tout. « En 1386, l’archevêque avait décidé de détruire l’ancienne cathédrale pour en construire une nouvelle, commence-t-il, mais le gouverneur – et bientôt duc – de la ville, Gian Galeazzo Visconti, a vite repris le chantier en main, et décidé de construire autre chose qu’une église italienne, une église gothique, du Nord. Il voulait se constituer un royaume en Italie du Nord et c’est aux souverains de France ou d’Angleterre qu’il voulait se comparer. »

Ainsi est né le Duomo, comme un être hybride aux fondations solidement plantées dans le sol lombard, tourné tout entier vers les brumes du nord. Comment mieux résumer, au fond, ce que c’est qu’être milanais ?

Visconti est en proie à une véritable folie des grandeurs, mais ça ne l’empêche pas de prendre des décisions sensées. Parmi elles, celle de créer une structure laïque, la Fabbrica del Duomo, pour recueillir les dons et entreprendre les travaux – jusqu’à 9 000 personnes travailleront sur le chantier. L’institution existe toujours, c’est elle qui possède le bâtiment. Ses bureaux, abritant les richissimes archives de la cathédrale, font face au chevet. « Et c’est beaucoup mieux comme ça, admet l’archiprêtre, avec l’air de plaisanter à moitié. Confier directement le Duomo à l’Eglise, c’est l’assurance qu’il fera faillite en six mois ! »

L’Inter et le Milan AC

Le Duomo appartient donc aux Milanais, pas à l’Eglise. Et la place lui faisant face, dessinée au moment de l’unification du pays, est tout naturellement le lieu des fêtes et des grandes célébrations, que ce soit pour les succès des deux clubs de football de la ville, l’Inter et le Milan AC, ou pour ceux de l’équipe nationale.

C’est là aussi que le ministre de l’intérieur et leader de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, entré au conseil municipal de Milan en 1993, a organisé deux événements fondateurs de son ascension. Le 24 février 2018, lors d’un meeting monstre devant l’église, à quelques jours des élections législatives qui allaient consacrer la poussée de son parti, il prête serment sur un évangile et un exemplaire de la Constitution.

Plus d’un an après, le 18 mai, alors qu’il est entre-temps devenu le ministre de l’intérieur et l’homme politique le plus populaire du pays, il organise une deuxième manifestation, sur les mêmes lieux, entouré de plusieurs dirigeants d’extrême droite européens, dont Marine Le Pen. Cette fois-ci, il exhibe un rosaire et cite les six « saints patrons » de l’Europe, avant de vouer l’Italie au « cœur immaculé de la Vierge ».

LA TRADITION LOCALE EST AUX ANTIPODES DU CATHOLICISME THÉÂTRAL ET IDENTITAIRE VANTÉ PAR MATTEO SALVINI, L’ENFANT DU PAYS CHEZ LEQUEL PERSONNE N’AVAIT JUSQUE-LÀ REMARQUÉ LA MOINDRE ONCE DE RELIGIOSITÉ

A Milan, ces manifestations passent assez mal. D’ailleurs, si la ­Ligue règne dans les périphéries, elle est peu présente dans le centre (elle a obtenu 26 % des voix aux européennes, contre 35 % au niveau national). C’est que la tradition locale est aux antipodes du catholicisme théâtral et identitaire vanté par Matteo Salvini, l’enfant du pays chez lequel personne n’avait jusque-là remarqué la moindre once de religiosité

L’archidiocèse de Milan (5,2 millions de baptisés) est de très loin le plus important d’Europe. Il a son rite propre, hérité de saint Ambroise, et il a la fierté d’avoir donné au XXe siècle deux papes au Vatican (Pie XI et Paul VI), et d’avoir compté plusieurs évêques marquants, com­me les cardinaux Andrea Ferrari (1894-1921), Alfredo Schuster (1929-1954), et Carlo Maria Martini (1983-2012). Ouvert et accueil­lant, traditionnellement tourné vers l’action sociale, l’archidiocèse est un Etat dans l’Etat, jaloux de son autonomie et à l’impressionnante force de frappe : chaque été, près de 500 000 jeunes de tous les milieux suivent gratui­tement les activités de l’Oratorio. Mais il ne se mêle pas ouvertement de politique. Enfin le moins possible.

Ambiance de dialogue et de modération

Ancien maire de la ville, de 1976 à 1986, et ancien ministre, Carlo Tognoli, 81 ans aujourd’hui, est une figure familière des Milanais. Parler avec lui dans un café du centre, c’est s’exposer à être arrêté toutes les cinq minutes par des habitants qui ont oublié depuis longtemps son implication dans le scandale Tangentopoli (système de financement illicite des partis politiques mis au jour au début des années 1990), dévastateur pour une génération de décideurs italiens. Il a contribué à lancer le mouvement de transformation de cette esplanade encombrée de voitures en grande promenade aérée, main dans la main avec l’archidiocèse. « Vous savez, le centre de Milan est tout petit. Il y a la place du Duomo et, à 100 mètres à peine, les deux autres lieux importants, la mairie et le théâtre de la Scala. Les deux sont reliés par une galerie… c’est assez facile, tout se déroule dans ce périmètre. »

Là se décide le devenir de la ville la plus riche d’Italie, dans une ambiance de dialogue et de modération qui tranche avec les passions politiques à l’œuvre ailleurs dans le pays. « Au fond, conclut Carlo Tognoli, la force de Milan, c’est d’être autonome sans être une capitale. Ainsi, elle n’a ni le poids de l’Etat ni celui du Vatican. »

31 juillet 2019

Extrait d'un shooting

shoot885

shoot886

31 juillet 2019

Motel

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31 juillet 2019

Midsommar

Après l'impressionnant Hérédité, deuxième coup de force du prodige du cinéma d'épouvante : une extase mi-morbide, mi-dionysiaque, là où le soleil ne se couche jamais.

“Bordel, il y a là-dedans quelques-unes des images les plus atrocement dérangeantes que j’ai jamais vues sur un écran”, avertissait Jordan Peel (Get Out, Us) après avoir vu Midsommar. Venant d’un des réalisateurs de films d’horreur les plus cotés du moment, ce constat avait tout de louanges, d’autant qu’il était adressé à Ari Aster, devenu en un long métrage (Hérédité, sorti l’an dernier) l’un des plus sûrs espoirs du cinéma horrifique contemporain.

Si l’on ne contredira pas Jordan Peel – il y a dans Midsommar des images atrocement dérangeantes –, le deuxième film d'Ari Aster emprunte pourtant une trajectoire bien différente de celle d’Hérédité. Du cauchemar abyssal du premier film, qui revisitait avec maestria le concept éprouvé de la maison hantée et du récit de possession, le cinéaste passe à une épopée baroque et convulsée, qui délaisse progressivement l’horreur païenne pour muter en une expérience cathartique hallucinatoire.

Un enfer diurne

S’y raconte l’histoire de Dani (Florence Pugh), une Américaine d’une vingtaine d’années, victime d’une abominable tragédie familiale. Alors qu’il était sur le point de la quitter, son petit ami Christian (Jack Reynor) lui propose finalement de l’accompagner dans un trip en Europe. Avec un groupe d’amis, ils rejoignent une communauté isolée du nord de la Suède – là où le soleil ne se couche jamais – qui fête pendant neuf jours le solstice d’été selon des rituels ancestraux. Passé le conte de fées new-age et post-hippie initial – où les journées sont rythmées par de curieuses cérémonies païennes dans une prairie idyllique –, le groupe d’Américains va être aspiré dans un enfer diurne et découvrir les mœurs interlopes (pour ne pas dire macabres) de ces étranges énergumènes tout de blanc vêtus, dévoués à un panthéisme séculaire.

Un folk horror movie perverti

Reprenant l’ossature d’un folk horror movie (sous-genre horrifique popularisé par The Wicker Man dans les années 1970), Midsommar en suit d’abord le programme rigoureux : des visiteurs pris au piège d’une communauté autarcique, s’adonnant à des rites sacrificiels d’un autre âge. Mais à l’horizon funèbre qui cloisonne ordinairement le genre, Ari Aster oppose son goût pour la transmutation et inocule à son récit une perversité d’un autre genre.

Avant d’être un film d’horreur, Midsommar est surtout un film de rupture, dont l’échelle (maboule) reflète la terreur intérieure de ses deux protagonistes, voués à une séparation inéluctable. Les rites païens qu’ils observeront malgré eux, entre cérémonies sacrificielles effroyables et danses folkloriques fiévreuses, deviendront les étapes ritualisées du délitement de leur propre histoire, répondant au totémisme bizarroïde de leurs hôtes.

L’une des trouvailles du film est d’introduire, dès son ouverture, une toile divinatoire, entre la peinture rupestre et l’enluminure primitive, où chaque élément fait écho au suivant, et annonce programmatiquement la notion de cycle vital au cœur du récit. La fin d’un amour s’envisage alors comme une procession funèbre conjuratoire, à laquelle succède une renaissance virginale. Entre lesquelles il faut bien faire quelques sacrifices (de préférence humains).

Cauchemar dionysiaque

Cette odyssée macabre (à la terminaison curieusement solaire) charrie son lot de visions ébouriffantes : des corps chutent d’une falaise, un jeune homme au visage difforme prophétise l’avenir, une farandole endiablée s’éreinte sous le soleil de minuit... Cet ésotérisme foutraque, fruit de longues recherches sur les traditions ancestrales du solstice scandinave, donne sa pleine mesure au formalisme ravageur d'Ari Aster : son sens prodigieux de la composition et du vertige par le son, porté par un montage syncopé obsédant. En faisant le pari d'une horreur en plein jour, le cinéaste irradie sa photo d'une lumière criarde, par moments aveuglante, qui rend cruellement lisible le cauchemar dionysiaque à l'œuvre.

Objet filmique non identifié, et trip hallucinatoire envoûtant, Midsommar fait l'effet d'une petite bombe dans le paysage formaté du cinéma d'horreur contemporain, et acte, un an après la sortie d'Hérédité, la montée en puissance de son réalisateur prodige, mais aussi de son actrice principale. Déjà impressionnante dans The Little Drummer Girl (superbe série d'espionnage diffusée sur Canal + en début d'année), Florence Pugh éblouit une fois de plus dans le rôle de Dani. Comme le personnage à la mélancolie diaphane campé par Kirsten Dunst dans Melancholia – qui retrouvait la force de vivre une fois confrontée à la fin du monde –, la déréliction de Dani fait place à un empowerment conquérant à mesure que son cauchemar éveillé s'opacifie. Jusqu'à un final incandescent.

Midsommar d'Ari Aster, avec Florence Pugh, Jack Reynor, Will Poulter (E.-U., 2019, 2h27) En salle le 31 juillet

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