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Jours tranquilles à Paris

21 septembre 2020

Côte Sauvage - Presqu'ile de Quiberon

cote sauvage (1)

cote sauvage (2)

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21 septembre 2020

Sur l’île de Berder, zizanie autour d’un projet hôtelier

Par Robin Richardot - Le Monde

Depuis qu’un promoteur immobilier veut construire un complexe de luxe sur l’île, qui dépend de Larmor-Baden, dans le golfe du Morbihan, la commune est déchirée entre pro-retombées économiques et anti, soucieux de préserver l’environnement.

A Larmor-Baden, dans le Morbihan, il suffit d’un mot pour lancer des débats houleux entre voisins : Giboire. Cela fait quatre ans que ce promoteur immobilier rennais ambitionne d’installer un complexe hôtelier quatre étoiles de 80 chambres avec piscine sur l’île de Berder. Un bout de terre privé, accessible par un gois à marée basse, qui accueille jusqu’à 3 000 visiteurs certains jours sur son sentier ouvert au public. « C’est notre Mont-Saint-Michel à nous », se vantent les Larmoriens. Mais ces dernières semaines, l’île divise les 858 habitants de la commune.

Quatre associations de défense de l’environnement ont déposé des recours judiciaires en juillet afin de bloquer le projet immobilier. Elles craignent que ce dernier ne dénature le cadre de l’île, sa végétation, ses plages que l’on découvre le long du sentier côtier et ses bâtiments datant du XIXe siècle. Il y a donc d’un côté les pro-Giboire, qui ont manifesté leur soutien le 23 août, et de l’autre, les anti-Giboire, réunis le 6 septembre pour un « pique-nique joyeux » sur l’île.

Lors de ce dernier rassemblement, le ton est monté entre les deux camps. « Bande de salopards ! », « cocus ! », ont invectivé les uns, quand les autres n’en peuvent plus de « ces assos de vieux énervés qui n’ont rien d’autre à faire que scruter les permis de construire ». Selon « Mousse », pro-Giboire et gérant du bar juste en face de l’île, un manifestant l’aurait menacé de brûler son établissement. D’ailleurs, certains Larmoriens défendent mordicus avoir vu des black blocs à la manifestation du 6 septembre.

Vente à Yves Rocher

Un niveau de tension jamais atteint dans la commune alors que les premiers différends autour de l’île de Berder datent des années 1980. A l’époque, le terrain appartient à des bonnes sœurs qui le vendent à Yves Rocher. « On a dû batailler pour que l’industriel maintienne une activité à caractère social sur l’île », resitue Eugène Riguidel, navigateur. L’entrepreneur breton abandonne ses ambitions hôtelières et loue ses 25 hectares à un centre de vacances pour jeunes.

L’histoire aurait pu se terminer là, mais Yves Rocher meurt en 2009 et ses descendants mettent en vente l’île en 2012. Marc Chapiro, un militant de Baden (la commune juste au nord de Larmor-Baden), lance alors un collectif et une pétition pour que Berder devienne un parc départemental. Des grands noms apportent leur signature : la navigatrice Florence Arthaud, le député José Bové et le chanteur Renaud. Le groupe immobilier rennais Giboire acquiert finalement l’île et prévoit dès 2016 l’installation d’un complexe de luxe.

En réaction aux recours des associations, Christophe Guyomard a lui aussi créé un collectif. Ce conseiller municipal, ancien navigateur dans la marine, craignait que Giboire imite Yves Rocher et abandonne le projet. « On a un investisseur breton qui investit en Bretagne, qui promet 47 emplois minimum, qui s’engage à rénover les lieux, tout ça pour zéro euro de subventions publiques, et on est en train de laisser filer cette opportunité », fulmine celui qui joue les porte-parole de la mairie dans l’histoire.

Guerre d’arguments

Les deux camps se livrent alors une guerre ­d’arguments, avec une légère ­tendance à l’exagération. « Giboire construira un pont ou un tunnel pour accéder à l’île à toute heure », imagine Eugène Riguidel. Le marin prédit même un héliport. « Et puis ça sera une base de lancement pour la fusée Ariane, des fois qu’en Guyane ça ne marcherait plus », lui renvoie Christophe Guyomard, dénonçant des « fake news ».

Entre deux piques, on se dispute les chiffres et l’adhésion des Larmoriens. La pétition des anti-Giboire assure l’emporter avec près de 13 000 signatures (contre 1 300 pour le texte adverse, disponible seulement depuis août). Mais dans l’autre camp, on revendique « 80 % de signataires locaux ». « A leur manifestation il n’y avait qu’une quinzaine de Larmoriens, contre-attaque Christophe Guyomard. Les autres étaient des activistes écolos de Rennes ou Nantes. »

Ce débat pourrait s’inviter en mars aux élections départementales. Jusque-là, François Goulard, président du conseil départemental, a rejeté les demandes des militants écologistes. « Le département n’a rien à voir dans cette histoire, balaie-t-il. L’achat, la rénovation et l’entretien de l’île représenteraient plusieurs millions d’euros. C’est plus d’une année du budget du département qui y passerait. » Certains Larmoriens craignent que l’île ne devienne une nouvelle ZAD (« zone à défendre ») dans la région.

Signer la pétition

A la mairie, on a surtout peur que Giboire jette l’éponge. Entre la cour d’appel et le Conseil d’Etat, les anti-complexe ont sans doute bloqué le projet immobilier pour cinq ans minimum. Contacté, le groupe Giboire n’a pas souhaité répondre à nos questions mais assure qu’une vente de l’île n’est pas à l’ordre du jour. « Au moins, c’est un groupe breton », soulignent Manuela et Benoît, gérants du seul hôtel de la commune.

Sur le port de Larmor-Baden, un couple de touristes écoute Eugène Riguidel défendre ses arguments puis demande l’adresse du site pour signer la pétition. Un autre homme indique qu’il en parlera à ses amis lorientais. « Tu peux leur dire de rester chez eux, gronde alors un Larmorien. Si on continue de bloquer tous les projets, dans dix ans, on ne visitera plus que des ruines sur cette île. »

21 septembre 2020

Le saviez-vous ?

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21 septembre 2020

Activités de TikTok aux Etats-Unis : Donald Trump a donné son feu vert à un accord d’Oracle et Walmart

tik tpk usa

Selon le président américain, cet accord répond aux préoccupations de sécurité nationale. L’interdiction de télécharger l’application aux Etats-Unis est donc reportée jusqu’au 27 septembre.

Le président américain Donald Trump a évoqué, samedi 19 septembre, un possible accord « fantastique » avec Oracle et Walmart concernant les activités de l’application chinoise TikTok sur le sol américain. La société, filiale d’un groupe chinois, a confirmé peu après avoir préparé un projet impliquant Oracle en tant que partenaire technologique aux Etats-Unis et Walmart en tant que partenaire commercial.

« J’ai donné mon approbation à l’accord. S’ils le concrétisent tant mieux. Si ce n’est pas le cas, ça ira aussi », a déclaré le président républicain, avant de s’envoler pour un meeting de campagne en Caroline du Nord. Il a précisé que « la sécurité sera à 100 % » et que les entreprises utiliseront « des serveurs séparés ». « Conceptuellement, c’est un très bon accord pour l’Amérique. »

L’accord prévoit que les deux entreprises américaines puissent acheter jusqu’à 20 % de parts dans TikTok avant une future entrée en Bourse. Oracle pourrait acheter 12,5 % des parts de TikTok avant une future entrée en Bourse et Walmart 7,5 %.

Selon une source proche du dossier, ByteDance garderait le reste du capital. Mais la société chinoise étant possédée à hauteur de 40 % par des investisseurs américains, la majorité de l’application passerait in fine sous pavillon américain.

Un siège au Texas inclut dans l’accord

Le groupe informatique Oracle serait en charge de l’hébergement de toutes les données des utilisateurs américains et de la sécurité des systèmes informatiques associés. « Nous sommes convaincus à 100 % de notre capacité à fournir un environnement hautement sécurisé à TikTok et à garantir la confidentialité des données des utilisateurs américains de TikTok et des utilisateurs du monde entier », a commenté la directrice générale d’Oracle, Safra Catz, dans un communiqué.

Walmart fournirait ses services de ventes en ligne, de gestion des commandes et de paiements tandis que son directeur général, Doug McMillon, deviendrait l’un des cinq membres du conseil d’administration.

L’accord prévoit, selon le président américain, l’embauche « d’au moins 25 000 personnes » aux Etats-Unis et la création d’un siège au Texas pour une entreprise « qui n’aura rien à voir avec la Chine » mais continuera de s’appeler TikTok.

Les sociétés impliquées feront par ailleurs « une donation d’environ 5 milliards de dollars [4,2 milliards d’euros] » pour « l’éducation des jeunes Américains », a ajouté Donald Trump qui avait insisté pour que le gouvernement soit rémunéré pour avoir autorisé l’accord.

En réaction à cette annonce, le département américain du commerce a décidé de reporter au moins jusqu’au 27 septembre l’interdiction de télécharger aux Etats-Unis la populaire application TikTok. Une décision prise « au vu des développements positifs récents », stipule un communiqué.

Un délai jusqu’au 12 novembre

Le locataire de la Maison Blanche affirme depuis des semaines que TikTok, dont la maison mère est l’entreprise chinoise ByteDance, espionne pour le compte de Pékin, sans avoir rendu publics des éléments de preuve.

Il avait pris début août un décret donnant à ByteDance jusqu’au 20 septembre, soit dimanche, pour céder les activités de TikTok sur le sol américain à une entreprise « made in USA ». Washington avait cependant laissé une porte ouverte à l’application en lui laissant jusqu’au 12 novembre avant de lui interdire complètement d’opérer sur son sol.

L’application, qui permet de diffuser de courtes vidéos, est très populaire chez les jeunes ; elle compte quelque 100 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis.

S’il se concrétise, un tel dénouement pourrait permettre d’éteindre un des nombreux feux couvant actuellement entre Washington et Pékin.

21 septembre 2020

C'est dit !!!

eelv

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21 septembre 2020

Chronique - La beauté et l’attraction sexuelle vont-elles toujours de pair ?

Par Maïa Mazaurette - Le Monde

Même si l’apparence physique joue un rôle crucial, nous conservons un pouvoir d’action sur nos modes de séduction, constate Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale ».

LE SEXE SELON MAÏA

Lors de sa publication, le chiffre avait surpris, amusé, consterné : sur les sites de rencontre, nous recherchons des partenaires 25 % plus beaux que nous (revue Science Advances, 2018). C’est-à-dire que nous avons furieusement tendance à désirer des personnes qui ne nous désireront pas… occupées qu’elles sont à séduire des personnes encore plus attrayantes. Faut-il en conclure que l’expérience du désir humain se résume fatalement à un enchaînement de déceptions et de renoncements ? C’est plus compliqué que ça.

Contrairement à ce que nous aimons nous raconter, la beauté nous met d’accord. Ce constat se situe au cœur d’un ouvrage paru en février, Psychologie des beaux et des moches (Editions Sciences humaines), regroupant une vingtaine d’articles de vulgarisation académique. On peut y lire sous la plume de Lubomir Lamy, professeur de psychologie sociale à l’université de Paris, cette sentence sans appel : « A la lumière des données expérimentales, les différences interindividuelles et interculturelles [concernant la perception de la beauté] restent minimes, et un large consensus émerge quels que soient le milieu social, la culture, le sexe et l’âge. »

On a longtemps affirmé que seuls les hommes étaient intéressés par le physique de leurs partenaires, parce qu’ils seraient plus visuels. A ce sujet, il faut lire un article de Béatrice Damian-Gaillard, professeure en sciences de l’information et de la communication, consacré au prince charmant : « Il existe des diktats concernant la beauté des héros des romans sentimentaux Harlequin, fondés en partie sur l’impératif de jeunesse, avec des seuils plus élevés que leurs partenaires féminines. (…) L’image de la virilité s’accorde davantage avec les cheveux bruns, les yeux noirs (de braise), ou gris/bleus (regard glacial et indéchiffrable). Que ceux qui ne correspondent pas à ces attentes n’entretiennent pas d’illusion sur leurs ressources et leurs opportunités amoureuses. »

Concrètement, les standards de beauté reposent sur la combinaison de trois éléments principaux : la symétrie, la néoténie (des traits juvéniles) et la banalité (plus un visage est proche de la moyenne, plus il nous plaît). La personne la plus attirante possède des traits familiers, des sourcils fins surmontant de grands yeux, des pommettes saillantes, des lèvres charnues et un petit nez.

Association millénaire entre « le beau » et « le bon »

Quid des autres sens ? En termes d’efficacité sexuelle pure et dure, l’odorat prime : en cas d’anosmie (quand on ne sent plus rien, ce qui peut se produire lors d’une contamination au Covid-19), la libido et les érections trinquent. En 2018, une étude de l’université de Dresde a d’ailleurs démontré que les personnes à l’odorat le plus développé ressentaient plus de plaisir sexuel que les autres – les hommes y seraient particulièrement sensibles. Rien n’empêche donc d’être séduit par le nez, le goût, l’écoute, la personnalité, le contact…

Et pourtant, société du spectacle oblige, le barème du désir demeure essentiellement visuel. Il s’agit, entre autres, d’une question de primeur chronologique. Comme l’expliquent Peggy Chekroun, professeure en psychologie sociale à Paris Nanterre, et Jean-Baptiste Légal, maître de conférences à Paris Nanterre, « l’apparence physique est bien souvent la première information dont nous disposons sur autrui. A partir de ce jugement, en quelques centaines de millisecondes seulement, nous inférons spontanément les traits de personnalité d’un individu. »

Ce jugement peut aller jusqu’au coup de foudre, et déborde largement des questions purement sexuelles. En vertu d’une association millénaire entre « le beau » et « le bon » (association qui informe également notre rapport à la nourriture), nous prêtons inconsciemment aux belles et aux beaux tout un tas de valeurs enviables : d’ailleurs, quand on parle de « belles personnes », la connotation est morale. On se les représente comme plus sociables, plus sensibles, prospères, efficaces, à l’aise ; les « belles personnes » obtiennent de meilleurs salaires, des promotions plus rapides… Et elles écopent même de peines de prison plus légères.

Ces stéréotypes fonctionnent, par renforcement positif, comme des prophéties autoréalisatrices : si vous traitez quelqu’un avec des égards, si vous l’encouragez à longueur de temps tout en lui pardonnant ses erreurs, alors, effectivement, ses chances de réussir sont plus élevées. Les gagnant(e)s à la loterie génétique ont donc tendance à gagner à toutes les autres loteries. Y compris amoureuses et sexuelles.

Préférences culturelles

Chekroun et Légal rappellent à ce sujet que « les personnes n’ayant pas un physique jugé agréable font davantage l’objet de comportements d’évitement, et sont globalement moins choisies ou désirées. Dans le cadre des relations intimes, il existe un lien entre le degré d’attractivité physique des femmes et leur probabilité de trouver un mari ayant un degré d’éducation et des revenus élevés ».

Faut-il en déduire que nous autres simples mortels, dotés d’un grand nez et d’une petite bouche, sommes fichus pour la grande aventure érotique ? Pas si vite, camarades. En effet, parler de « la » rencontre au singulier constitue un raccourci injuste. Comme l’explique Jean-François Marmion, sous la direction duquel Psychologie des beaux et des moches a été publié, « c’est une deuxième rencontre qui prend place par la conversation, l’émotion, l’attention. Une deuxième chance. Et là, tout est possible ».

Cette deuxième rencontre permet de passer du tout-visuel à d’autres formes de cristallisations sexuelles (par exemple, sont qualifiées de « sapiosexuelles » les personnes pour lesquelles l’intelligence prime sur l’apparence). Notons par ailleurs que les beaux gosses et les sublimes princesses subissent leurs propres discriminations. On les suspecte volontiers d’être stupides. Et puis, sexuellement, leur privilège peut se retourner en fiasco : il y a des physiques tellement intimidants que les érections ne tiennent pas du tout, ou pas longtemps.

Par ailleurs, la situation n’est pas aussi manichéenne que les grandes études sur l’attractivité le laissent entendre. La beauté résulte peut-être de facteurs évolutionnaires (la symétrie et la néoténie expriment le potentiel reproducteur), mais elle n’est pas pour autant étanche à nos préférences culturelles. Si vous êtes bon chic bon genre, le charme des punks à chiens vous laissera de marbre. Si vous vivez en communauté dans le Larzac, les codes kitsch de la beauté Instagram (avec ses poses, ses filtres) vous révulseront sans doute.

« Body positive »

L’attraction repose également sur une habituation : un visage « moyen » l’est nécessairement dans un contexte donné. Ce qui signifie qu’en plaçant sur le devant de la scène des personnes pour l’instant exclues des représentations (parce qu’elles sont grosses, vieilles, en situation de handicap, etc.) nous pouvons faire bouger certaines lignes.

Il ne s’agit pas de déplacer les codes esthétiques (donc de remplacer de l’arbitraire par de l’arbitraire), mais de les étendre. C’est cette petite révolution qu’essaie de produire le mouvement « body positive ».

Que conclure de tout cela ? Que l’apparence est cruciale, mais que nous conservons un pouvoir d’action sur nos modes de séduction, autant que sur la manière de limiter les discriminations. A une condition : laisser tomber le déni et les bonnes intentions. Renoncer, donc, à la pirouette poétique voulant que « la beauté n’existe que dans l’œil de celui qui l’observe »…

20 septembre 2020

Journées du Patrimoine - musée des Thoniers à Etel

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20 septembre 2020

Hitler sous amphétamine....

20 septembre 2020

Tribune - « La panthéonisation de Rimbaud et Verlaine relève d’une idéologie bien pensante et communautariste »

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Par Collectif

Dans une tribune au « Monde », des artistes, écrivains, poètes et rimbaldiens, tous « fous du poète », donnent cinq arguments au président de la République pour refuser ce qu’ils considèrent comme « une démarche sociétale, et non mémoriale ».

Permettez à quelques écrivains, poètes, rimbaldiens, artistes et intellectuels, permettez à tout passant de vous exhorter, Monsieur le président de la République, à ne pas faire entrer au Panthéon les cendres d’Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine, comme vous le suggèrent, en une pétition récemment diffusée, quelques signatures illustres – qui n’ont pas, il est vrai, forcément, toujours clarté de tout.

Pour notre part, également « fous du poète », comme disait Verlaine à propos d’Arthur Rimbaud, et dans une égale ouverture d’esprit aux questions sociétales, nous tenons à vous aviser de l’erreur que constituerait, à notre avis, l’entrée forcée au Panthéon d’Arthur Rimbaud (si jamais ces termes ne sonnaient pas immédiatement comme un oxymoron) et de Paul Verlaine, pour peu que vous voudrez bien examiner ces cinq raisons de bon sens.

Rimbaud le « patrouillote »

Faut-il rappeler quelles provocations retentissantes de l’adolescent rebelle s’entendraient au fronton de « la patrie reconnaissante » ? « Ma patrie se lève ! Moi, j’aime mieux la voir assise ; ne remuez pas les bottes, c’est mon principe. » Pourquoi ne pas respecter les vociférations grandioses d’Une saison en enfer, refuser d’entendre à quel point elles ne se destinent pas aux cryptes de notre Panthéon : « Je suis de race inférieure », « Je ne suis pas de ce peuple-ci… »

Telles sont quelques-unes des citations que rappelaient déjà, en 1927, André Breton et Louis Aragon, dans le tract intitulé « Permettez ! », qu’ils distribuèrent à Charleville (Ardennes) lors de l’inauguration d’un buste de Rimbaud, avec les signatures de Robert Desnos, Paul Eluard, Max Ernst, Michel Leiris, Jacques Prévert, Raymond Queneau, beaucoup d’autres encore, tous indignés par cette ridicule tentative de récupération bien-pensante, celle-là même qui prendrait aujourd’hui une dimension nationale et irréversible !

Comment expliquer à la nation que le Panthéon abriterait, aux côtés de Pierre Brossolette et de René Cassin, un jeune Rimbaud sarcastique qui, pendant l’occupation prussienne [de 1870 à 1873], ironisait : « Je souhaite fort que l’Ardenne soit occupée et pressurée de plus en plus immodérément » ? Son « patrouillotisme » serait-il dans la manière de Jean Moulin ? N’entre pas au Panthéon qui veut. Mais quand on ne veut pas ?

Faites entrer à reculons, s’il vous plaît, le cercueil de Paul Verlaine, qui demandait à ses amis communards de retourner leurs canons contre le Panthéon.

« COMMENT EXPLIQUEREZ-VOUS QUE RIMBAUD, À SON CORPS OU À SES CENDRES DÉFENDANT, SOIT ADMIS À CET HONNEUR QU’IL AURAIT DÉTESTÉ ? »

Comment réprimerez-vous les inscriptions « sauvages » qui ne manqueront pas de dégrader régulièrement les murs du Panthéon, quand celui qui serait honoré à l’intérieur parmi les grandes figures aux actes édifiants écrivait jadis « merde à Dieu » sur les bancs des promenades ? Comment expliquerez-vous que Rimbaud, à son corps ou à ses cendres défendant, soit admis à cet honneur qu’il aurait détesté et dont ne sont toujours pas jugés dignes, par exemple, Charles Péguy, bouleversant écrivain et patriote mort au champ d’honneur ? Ou Guillaume Apollinaire, blessé dans les tranchées, et qui terminait ses soupers avec le douanier Rousseau en chantant La Marseillaise ? Ou encore Missak Manouchian, poète, immigré arménien mort pour la France ?

Les premiers signataires ci-dessous réagissent comme les intellectuels et artistes de 1927, mais en considérant que la situation est infiniment plus grave parce qu’il s’agit de la France tout entière, notre pays, qui présenterait, dans la confusion des valeurs, une significative image d’elle-même.

Hugo et les autres

Un seul poète, immense, repose au Panthéon, jusqu’à présent, sur 78 personnalités… Si l’Etat songe enfin à réparer cet oubli, il importerait de faire entrer préalablement et d’urgence aux côtés de Victor Hugo, Baudelaire, Racine, Molière, La Fontaine, Marceline Desbordes-Valmore, Léopold Sédar Senghor, Saint-John Perse, tant d’autres poètes et écrivains ! Et n’oubliez pas Poussin ! Debussy !

Fonction du Panthéon

Dans l’histoire prestigieuse du Panthéon survient une nouveauté remarquable, qui tient au projet de faire entrer non pas exactement un « poète », mais, tacitement, un couple « homosexuel ». Une internaute le comprend bien : « Leur panthéonisation, c’est pour leur œuvre ou bien pour leur relation ? »

Associer les deux noms de Rimbaud et Verlaine – ce qui est une simplification biographique et une erreur littéraire, car ils ne sont pas de la même taille – et forcer publiquement, en une sorte de pacs morbide, des retrouvailles, auxquelles d’ailleurs Rimbaud se refusait absolument, une telle opération constitue en effet une démarche sociétale, et non mémoriale, qui n’est pas dans la vocation du Panthéon. Il ne s’agit que de faire passer pour une transgression (admettre un rebelle) ce qui est fondamentalement une démarche politiquement correcte.

En cela nous voyons un acte supplémentaire de l’américanisation, par ce communautarisme (qui peut mener loin dans les admissions au Panthéon), qui envahit la culture française et qui la compromet chaque jour jusque dans notre langue française. Et l’on passe ainsi de la culture (lire la poésie, qui nous interroge, nous éclaire) au culturel, du livre au spectacle, de l’œuvre à l’instrumentalisation du poète en un acte de communication.

« Drôle de ménage »

Un tel changement de registre intellectuel oblige à faire le point sur les aspects intimes de la relation de ces deux poètes : en l’état actuel de la recherche rimbaldienne, il est impossible d’affirmer que Rimbaud fut homosexuel toute sa vie ; tout porte à croire que sa relation amoureuse avec Verlaine (« des amours de tigre », « un mauvais rêve », dira Verlaine) participe de la provocation antibourgeoise, si l’on veut bien se placer dans le contexte moral de son époque, et de ce qu’il nomme « l’encrapulement » nécessaire à son entreprise poétique.

Plusieurs jeunes femmes sont attestées dans sa vie et ses poèmes à cette même époque ; Rimbaud vécut six mois avec une femme abyssine à Aden [dans l’actuel Yémen] en 1884 ; il envisage, en 1890, d’épouser une femme qui consentirait à le suivre dans ses errances (laquelle restait introuvable, et il en allait de même pour ses compagnons d’infortune).

Le couple Verlaine et la jeune Mathilde, de son côté, fut l’un des premiers à bénéficier de la nouvelle loi favorisant le divorce, après s’être séparé en 1873 ; et le poète de Sagesse, qui vécut avec deux femmes à la fin de sa vie, est l’auteur de deux recueils, sommets de la poésie érotique française, symboliquement intitulés Femmes et Hombres…

Un dépassement de la séparation

Une toute petite coterie est en fait à l’origine de la pétition militante qui demande la panthéonisation de Rimbaud et Verlaine ; elle relève d’une idéologie bien pensante et communautariste ; elle promeut une biographie de Rimbaud, en vente à cette occasion, très documentée, mais dont la particularité consiste à ne développer que l’infinie platitude des faits, c’est-à-dire à se débarrasser enfin de la poésie et des remises en question qu’elle porte depuis cent cinquante ans. Or ce qui caractérise les problématiques de l’amour chez Rimbaud ne se comprend que par la poésie – dans sa recherche désespérée, au-delà même des qualifications sexuelles, d’un nouveau corps amoureux.

Monsieur le président de la République, vous qui êtes attentif aux symboles, ne commettez pas cette erreur, pire : cette gaffe ! N’arrachez pas Rimbaud à sa terre natale ! Laissez Rimbaud reposer parmi les siens, comme le réclament le maire de Charleville et tous les Ardennais, avec nous et tant d’autres amoureux des poètes ! Respectons Césaire dans son île, Chateaubriand en son Grand Bé, solitaires face à l’océan ! Laissons libres les poètes, tels qu’ils ont vécu et, par-dessus tout, respectez Arthur Rimbaud qui, pour avoir abandonné la Poésie, n’a jamais cessé d’adorer ce qu’il appelait la « liberté libre ! »

Signataires : en cours

Poètes, écrivains, artistes : Adonis, Muriel Barbery, Stéphane Barsacq,Tahar Ben Jelloun, Claudine Bertrand, Zéno Bianu, Jean-Marie Blas de Roblès, Alain Blottière, Alain Borer, Denise Boucher, Frédéric Boyer, Bernard Cerquiglini, Jean Clair (Académie française), Francis Combes, Antoine Compagnon, Michel Deguy, Florence Delay (Académie française), Guy Goffette, Anouk Grinberg, Stéphanie Hochet, Mark Irwin, Pierre Jourde, François Jullien, Abdellatif Laabi, Jean-Marie Laclavetine, Michel LeBris, Erri de Luca, François L’Yvonnet, Gérard Macé, Eric Marty, Gérard Mordillat, Sophie Nauleau, Nimrod, Bernard Noël, Xavier North, Valère Novarina, Gabriel Okoundji, Christian Olivier, Jean-Baptiste Para, Jean-Noël Pancrazi, Serge Pey, Ernest Pignon-Ernest, Denis Podalydès, Bernard Pozier, Jacques Réda, Robin Renucci, Olivier Rolin, Jean Rouaud, Jacques Roubaud, Rodney Saint-Eloi, David St. John, Christian Schiaretti, Gilles Sebhan, Jean-Pierre Siméon, Sylvain Tesson, André Velter, Marci Vogel.

Rimbaldiens : Jacques Bienvenu, Olivier Bivort, Pierre Brunel, André Guyaux, Yanny Hureaux, Boris Ravignon (maire de Charleville-Mézières), Henri Scepi, Jean-Luc Steinmetz, Jacqueline Teissier Rimbaud, Alain Tourneux, et les cent dix-neuf adhérents des Amis de Rimbaud-Association internationale.

20 septembre 2020

Milo Moiré

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