Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Jours tranquilles à Paris

15 mai 2019

Carlos Ghosn : les images de son anniversaire « royal » au château de Versailles

Publicité
15 mai 2019

Milo Moiré

nudist-beach-2-960x640

nudist-beach-5-960x640

nudist-beach-7-960x640

15 mai 2019

Maty Chevriere - photographe

La photographe Maty Chevriere a collaboré avec les mannequins Sofia Rubio et Ayodele Neveur Melian pour ce tournage impromptu tourné dans une piscine abandonnée des îles Canaries.

«Cette piscine vide située dans le sud de l’île, à l’intérieur d’un complexe d’appartements, regarde vers l’océan Atlantique. Les filles, Sofia et Ayo, se sentaient vraiment bien dans leur peau, profitant du soleil, de la vue et de la mer. Les îles Canaries sont vraiment très amicales avec les nudités.

Presque partout où vous allez, vous pouvez trouver une plage nudiste et vous sentir à l'aise et libre dans votre peau. 

https://www.instagram.com/matychevriere/

https://www.instagram.com/sofiarubro/

https://www.instagram.com/ayodelenme/

maty22

 

maty23

 

maty24

 

maty25

 

maty26

maty27

maty28

maty29

maty30

maty31

 

15 mai 2019

Sexualité : la pénétration ne s’impose plus

sexe penetration

Par Maïa Mazaurette

Sans vouloir la bannir de nos pratiques, de plus en plus d’auteurs invitent à imaginer un « au-delà » et à s’intéresser à « tout le reste », analyse la chroniqueuse de la Matinale Maïa Mazaurette.

LE SEXE SELON MAÏA

« Le but de la pénétration au fond n’est pas vraiment le plaisir des deux partenaires, mais en premier lieu celui de l’homme, puis éventuellement celui de la femme (d’ailleurs la pénétration cesse généralement quand l’homme a atteint son plaisir). C’est l’instauration d’une relation inégalitaire comme modèle. »

Contrairement à ce que pourront penser les paranoïaques post-metoo, le paragraphe ci-dessus ne provient pas d’une bible lesbo-féministe séparatiste. Un homme en est l’auteur : le romancier Martin Page, dans un remarquable essai paru récemment aux éditions Monstrograph. Le titre annonce la couleur : Au-delà de la pénétration. Le propos est ponctué de punchlines étourdissantes : « Si la sexualité était une question de plaisir, les femmes seraient moins pénétrées et les hommes le seraient davantage ».

Car admettons-le : en 2019, la pénétration constitue toujours l’alpha et l’omega de la pratique hétérosexuelle, hermétiquement divisée entre le « vrai sexe » (celui qui consiste à fourrer son pénis dans une personne) et le « reste » (préliminaires, masturbation, fantasmes, cunnlingus, BDSM, fist-fucking, sextoys, électro-stimulation, effleurements fétichistes, tartes aux pommes).

De manière plus surprenante, la pénétration définit également les rapports gays : « qui fait le bonhomme ? » (Sous-entendu : les gays passent leur temps à s’emboîter selon des hiérarchies coulées dans le marbre – une assomption contredite par les études sur leurs pratiques.) Même chose pour les rapports lesbiens : « mais comment elles font, du coup ? » (Sous-entendu : les lesbiennes ne se pénètrent jamais. Elles sont condamnées à jouer au Scrabble avec uniquement des W et des N jusqu’à la fin des temps.)

Une performance en demi-teinte pour les femmes

Prenons donc le taureau par les cornes (quitte à rester dans les métaphores oblongues et pénétratives). A une époque où même la procréation peut passer par des seringues, la pénétration doit-elle être remise en cause ?

Du côté du plaisir féminin hétérosexuel, toutes les études mettent en lumière le caractère relativement inefficace de cette pratique (vous retrouverez tous les chiffres dans la chronique consacrée à cette question, ainsi que des techniques clitoridiennes efficaces dans cette autre chronique). 50 % des femmes aimeraient donner plus de place aux autres formes de sensualité, comme les caresses (Ifop, 2019). La pénétration peut en outre exposer à des douleurs, des grossesses ou des infections.

Cette performance en demi-teinte constitue-t-elle un motif de relégation ? Non. Les femmes ne mettent pas le feu au Fouquet’s pour demander la fin de la pénétration. 74 % d’entre elles ont eu un orgasme lors de leur dernier rapport (Ifop, 2019). On peut aussi mentionner, en sa faveur, la logistique minimale d’une pénétration : voici un assemblage attendu, pas compliqué, vite expédié (5 minutes et 40 secondes en moyenne), parfois désinvesti (on peut compter les rainures du plafond), assurant la paix des ménages.

Du côté des hommes : eh bien sans surprise, ça fonctionne. 95 % jouissent à tous les coups ou presque (Archives of Sexual Behavior, février 2017). La mécanique pénétratoire est tellement bien rôdée qu’on peut poser la question qui fâche : la pénétration constitue-t-elle une forme augmentée de masturbation ? Et quitte à vraiment finir fâchés : quid des inconvénients ?

Des contrariétés même pour les hommes

Car même pour les hommes, la pénétration génère son lot de contrariétés : l’éjaculation rapide, les angoisses de performance ou de taille, la routine. Justement parce qu’elle est efficace, cette pratique peut réduire la sexualité à un seul organe au détriment d’une sensualité plus globale.

Le phallocentrisme n’est pas qu’une question politique, il déborde sur nos terminaisons nerveuses : quand on utilise toujours les mêmes circuits cérébraux, on devient paresseux. Comme l’explique Martin Page, le renouvellement du répertoire sexuel passe à la trappe – et avec lui, d’infinies richesses physiques et fantasmatiques : « J’ai l’impression que nous sommes prisonniers de conceptions naturalistes, de représentations, et même si on sait que certaines choses pourraient nous être incroyablement jouissives, nous les refusons. »

Culturellement, la pénétration implique encore d’autres paradoxes. Côté pile, nous sommes attachés au grandiose idéal de la fusion des corps (pure construction imaginaire, soit dit en passant : quitte à fusionner comme des rubans de Möbius, il serait beaucoup plus romantique d’imaginer deux partenaires se pénétrant mutuellement avec leurs doigts).

Ne crachons cependant pas dans le gaspacho : la pénétration asymétrique porte en effet une part de transcendance. Le philosophe Vincent Cespedes y consacre des lignes émouvantes : « Le phallus entre, c’est là sa fonction, sa jouissance, c’est cette capacité d’entrer et d’y trouver délectation. Entrer en quoi ? Entrer en l’autre. […] Nous retrouvons Hermès, le dieu des routes : il s’agit de se frayer un chemin vers l’altérité. » (Le texte complet est à savourer dans Eloge de l’Erection, ouvrage collectif supervisé par Barbara Polla, éditions La Muette, paru en 2016.)

« A force de pénétrer, on oublie tout le reste »

Côté face, nous pouvons difficilement ignorer que la pénétration est systématiquement associée à des hiérarchies gagnant/perdant, à un vocabulaire de la dégradation, à un folklore de la possession dénué de toute logique effective. Comme le note la journaliste Victoire Tuaillon dans une récente émission audio dédiée à la pénétration (podcast « Les Couilles sur la table », productions Binge Audio), « on utilise le verbe prendre pour un homme qui pénètre une femme, alors que si vous prenez un caillou, ce n’est pas le caillou qui vous prend. »

Ces tensions symboliques posent la question de la compatibilité entre une sexualité phallocentrée et les valeurs contemporaines d’égalité, de plaisir, d’excitation, de nouveauté, d’intensité, ou tout simplement d’amour. Pour Martin Page, « à force de pénétrer, à force de ne penser qu’à ça, on oublie tout le reste, on ne voit pas l’étendue du corps. Pénétrer c’est passer à côté et fuir. C’est penser qu’on fait l’amour alors qu’on s’en débarrasse. J’ai le sentiment qu’on pénètre pour cacher les sexes, ne pas les voir, comme si c’était une honte. C’est un aveuglement. […] Sans pénétration, tout le reste du corps est hypersensible et délicieusement hyperactif. Faire l’amour devrait être la rencontre des corps et leur conversation. »

Cette conversation est engagée – par la politique, la technologie, la recherche, l’art, les apéros entre amis. Elle flotte dans l’air du temps, non comme une injonction, encore moins comme une condamnation ou une interdiction, mais comme une délicieuse invitation. Le Manifeste Contra-Sexuel de Béatriz Preciado, l’Au-delà de la Pénétration de Martin Page, nous proposent, certes, d’entrevoir ce qui se tapit au-delà de la pénétration… mais aussi et surtout, de voir plus loin que le bout de notre nez.

15 mai 2019

Eurovision

eurovision

Le Concours Eurovision de la chanson 2019 aura lieu à Tel Aviv, en Israël, du 14 au 18 mai 2019. L'événement sera diffusé sur France 2 à partir de 21h.

https://www.instagram.com/eurovision/

Publicité
14 mai 2019

Hommage rendu aux soldats morts au Burkina Faso

14 mai 2019

Festival de Cannes

cannes jury

Ce soir sur la scène du Grand Théâtre Lumière, Charlotte Gainsbourg et Javier Bardem ont lancé le début des projections et des festivités de la 72e édition du Festival International du Film de Cannes.

Edouard Baer, Maître de Cérémonie, accompagné à l’accordéon par Aurélien Noel, est entré en scène avec un discours plaçant l’édition sous le signe du partage : « Le cinéma c’est la salle de cinéma, être ensemble, sortir de chez soi. Le collectif, le groupe, la chaleur humaine. Au Festival de Cannes, parfois la salle est tellement spectaculaire que le film lui-même s’arrête pour regarder. »

Emaillée d’extraits de la filmographie d'Agnès Varda, à laquelle l’affiche de cette 72e édition rend hommage, la cérémonie a été enchantée par la voix de la chanteuse belge Angèle, assise au piano pour interpréter « Sans toi » de Michel Legrand.

Le Jury des Longs Métrages, composé de Kelly Reichardt, Elle Fanning, Maimouna N’Diaye, Alice Rohrwacher, Enki Bilal, Robin Campillo, Yorgos Lanthimos et Paweł Pawlikowski a été invité à rejoindre la scène avant la projection d’un montage retraçant la carrière de son Président : Alejandro Gonzalez Iñárritu. C’est en leurs noms à tous, que le réalisateur mexicain oscarisé a évoqué à son tour l’importance du cinéma comme expérience commune, et la dévotion, la passion, l’excitation avec laquelle ce Jury embrassera la Sélection pour y découvrir les joyaux de 2019.

Premier film de la Compétition, The Dead Don’t Die  qui marque le retour de Jim Jarmusch en Compétition, a été projeté à l’issue de la Cérémonie en présence de son réalisateur et de son impressionnant casting : Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton, Chloë Sevigny, Selena Gomez, Sara Driver et Luka Sabbat.

La Cérémonie a été retransmise en clair par Canal +, ainsi que dans près de 600 salles de cinéma partenaires. The Dead Don’t Die  est à découvrir dès demain dans les salles françaises.

14 mai 2019

Portrait - Cannes 2019 : pour Jim Jarmusch, « les zombies, c’est nous, le signe que l’ordre social est rompu »

cannes33

Par Laurent Carpentier

Sa farce tragicomique « The Dead Don’t Die » ouvre le Festival de Cannes, mardi. C’est la huitième fois que le réalisateur américain, habitué de la Croisette, est présent en sélection officielle. Rencontre.

Cela a commencé comme une interview normale du réalisateur qui ouvre, mardi 14 mai, le Festival de Cannes : « Qui est ce Sturgill Simpson dont la chanson donne le titre de votre film : The Dead Don’t Die [« les morts ne meurent pas »] ? » Jim Jarmusch a répondu un truc simple : « C’est un guitariste exceptionnel que j’admire depuis longtemps. Je lui ai demandé d’écrire une chanson qui répondrait à ce titre et sonnerait comme un classique de la country façon début des années 1960, un truc qu’on aurait oublié. Je lui ai donné le scénario avec mission d’en faire ce qu’il voulait. »

C’est alors qu’il a sorti un carnet de sa poche peuplé de phrases en vert, en rouge, en noir. Quèsaco ? « Ce sont des notes sur des sujets qui m’intéressent et ont à voir avec le film… » Avant d’ajouter en grimaçant : « Malheureusement pour vous et moi, je ne suis pas Tom Waits. Lui trimballe un livre, et si vous lui posez une question, il vous répond un truc qui n’a strictement rien à voir avec ce que vous lui demandez… Cela donne les meilleures interviews du monde. »

A 66 ans, treize longs-métrages au compteur, Jim Jarmusch a la voix caverneuse et l’œil malicieux, le corps en arrière et l’esprit en avance d’un coup. « Parfois je suis jaloux ou fasciné par ceux qui savent analyser ce qu’ils font, dit l’homme à la légendaire tignasse blanche, alors qu’il range le carnet. Mais au fond, ça, ce n’est pas moi. Je protège violemment le fait que je sois plus intuitif qu’analytique. Parce que c’est ma force. »

Vieil habitué du Festival de Cannes, le réalisateur y revient pour la huitième fois cette année en Sélection officielle : après Down by Law (1986), Mystery Train (1989, prix de la meilleure contribution artistique), Dead Man (1995), Ghost Dog (1999), Broken Flowers (Grand prix en 2005), Only Lovers Left Alive (2013) et Paterson (2016), voici The Dead Don’t Die, un film de zombie mi-drôle (ça canarde et égorge avec bonheur) et mi-désespéré, ce qui est une constante dans l’œuvre de Jarmusch.

« Originellement, les zombies viennent du vaudou, analyse celui qui n’aime pas analyser. C’était des entités que l’on pouvait contrôler. Du genre : “Va tuer Donald Trump”. Mais, depuis La Nuit des morts-vivants, de Georges Romero – le maître du zombie postmoderne qui a inspiré notre film –, les zombies ce n’est plus Godzilla ou Frankenstein, c’est nous. Le produit même du système, le signe que l’ordre social est rompu. Depuis Romero, les zombies sont systématiquement la conséquence d’une connerie des humains. »

Paraboles

Un moraliste moderne ? « Cela supposerait de dire aux autres comment se comporter. Ce n’est pas mon truc. Je suis un observateur. Il est assez évident que nous vivons dans un système en bout de course qui nous est imposé. Et je pense ça depuis que je suis adolescent. Je me suis tôt dit : ces adultes ne savent pas ce qu’ils font, de quel droit peuvent-ils nous dire ce que nous devons faire ? » Les films de Jim Jarmusch sont des paraboles qui font semblant de l’ignorer.

Akron, Ohio. C’est là qu’il est né en 1953. Tout le monde à l’époque travaille là-bas dans l’industrie du caoutchouc : Goodyear, Firestone, General Tyre… Son père, juriste frustré, conservateur culturellement, travaille chez BF Goodrich. A 17 ans, le jeune rebelle déserte pour New York : Columbia University, littérature. Jim Jarmusch y a pour professeurs Kenneth Koch et David Shapiro, deux poètes de l’Ecole de New York. « Des contemporains des poètes Beat, en plus drôles, moins sombres. Encore aujourd’hui ils sont des guides pour moi. »

C’est le milieu des années 1970. Au CBGB, où Jim Jarmusch traîne, émerge le mouvement punk rock. Il y croise les Talking Heads, Patti Smith, Andy Warhol, monte un groupe, The Del-Byzanteens, visite les paradis artificiels. En troisième année, Columbia lui accorde l’opportunité de poursuivre son cursus dans sa succursale parisienne, Reid Hall. « Une époque incroyable, se souvient-il. Je parcourais les rues toute la nuit sur les traces d’André Breton, son roman Nadja sous le bras. »

A Columbia, on s’étonne : mais vous n’avez pas validé toutes vos épreuves, qu’avez-vous fait à Paris ? « J’avoue, j’ai passé mon temps à la Cinémathèque. » C’est là qu’il attrape le virus. De retour à New York, il suit ses amis Amos Poe et Eric Mitchell, piliers de la scène underground (« Ils faisaient des films avec rien »). En 1979, il tourne Permanent Vacation. Il a 26 ans.

L’errance comme art de vivre

Viendront Stranger than Paradise, qui reçoit en 1984 la Caméra d’or de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Down by Law (1986)… Et toujours ces personnages qui ne savent pas où ils vont, dans des films qui se foutent de savoir où ils vont. L’errance comme art de vivre. Ou comme condamnation ? On pense à la métaphore du zombie. Il sourit : « La vie n’est pas écrite, tout peut arriver à n’importe quel moment… Les Sioux Dakota, pour désigner les forces supérieures, qu’il s’agisse de dieu ou de ce qu’on veut, ont un mot qui dans leur langue signifie “le grand mystère”. Je le trouve très juste, parce qu’en vérité, personne ne comprend rien à quoi que ce soit. »

A sa main droite, on devine une bague en forme de tête de mort. « Elle a été fabriquée par un gars tué d’un coup de tournevis dans le cou, raconte-t-il, geste à l’appui. Une longue histoire. Johnny Depp en a une aussi, d’autres amis. Je ne sais pas pourquoi on fait ça… Si la mort fait peur c’est parce que c’est un champ inconnu. Mais on peut aussi y voir un cycle. Lequel obéirait aux lois de la thermodynamique : l’énergie, expliquent les physiciens – et en ça ils sont raccord avec les bouddhistes –, ne peut pas être créée ou détruite. Je ne crois pas à la réincarnation, on meurt dans sa propre poussière, mais si nos corps sont remplis d’énergie, où va-t-elle ? »

Il a lu Freud et Jung, « sur pourquoi on rit, sur la sexualité aussi », et Wilhelm Reich. Il a connu William Burroughs : « J’étais intéressé par la façon dont il traitait son corps comme un objet d’expérience. » Lui-même un jour de 1987 a tout arrêté : viande, sucre, drogues, café, cigarette… Pour voir. « La viande n’est jamais revenue, ni les drogues, ni les alcools forts. En revanche, la caféine ! » On pense à Iggy Pop dans le film, en zombie assoiffé de café. Tout chez Jarmusch est ainsi tendu entre chaos et burlesque, qui sont sans doute synonymes : « Puisque tout est mystère, si on ne peut pas rire de ce qui nous arrive, ce serait effroyablement sinistre. »

cannes34

14 mai 2019

Molières 2019 : une cérémonie brièvement interrompue et un palmarès surprenant

Par Sandrine Blanchard

La 31e édition de la cérémonie, perturbée par des manifestants, a vu triompher « La Machine du Turing » avec quatre récompenses. « Le Canard à l’orange », cité dans sept catégories, est reparti avec une seule statuette.

« On est là, on est là, pour l’honneur des travailleurs et les droits des chômeurs » : c’est en chantant qu’une vingtaine d’intermittents « gilets jaunes » ont fait irruption, lundi 13 mai, sur la scène des Folies-Bergère à Paris en plein enregistrement de la 31e édition des Molières. Alors que la cérémonie de remise des prix du théâtre venait à peine de commencer, ils ont occupé le plateau pendant quelques minutes pour dénoncer les coupes budgétaires et remettre un « Molière du déshonneur » au gouvernement et au ministre de la culture, Franck Riester, présent dans la salle, avant de repartir sous quelques applaudissements.

Ce n’est pas la première fois que la soirée des Molières, tout comme celle des Césars, est perturbée par des manifestants. Mais cette fois, France 2 a profité que la cérémonie soit diffusée en léger différé pour couper au montage l’intégralité de cette séquence ainsi qu’une partie de l’intervention finale de Jean-Marc Dumontet. « On vous a réservé un beau baptême avec les intermittents et les gilets jaunes, a ironisé le président des Molières en s’adressant à Franck Riester. Je n’y vois pas d’hostilité, c’est un moment, il faut l’accepter. » Mais, hors antenne, à l’issue de la cérémonie, Jean-Marc Dumontet s’est dit « solidaire » de la décision de France 2 en reprenant l’argument du diffuseur : « Une action sans autorisation » qui « prend en otage l’antenne ».

Dès les premières minutes, Alex Vizorek, maître de cérémonie, ne s’était pas privé de quelques saillies politiques. « C’est toujours agréable de voir tous ces gens de gauche réunis pour une soirée de droite », a lancé l’humoriste belge, à l’aise dans son nouveau rôle, avant de remercier « le ministre de la culture Jean-Marc Dumontet et son numéro deux Franck Riester » pour leur présence. « En même temps, on sait bien qui est le plus macroniste des deux », s’est amusé Alex Vizorek avec la complicité de la salle.

Mais ce n’en était pas fini pour Franck Riester. En le regardant, Ariane Mourier, Molière de la révélation féminine pour son rôle dans Le Banquet de Mathilda May, a défendu « les révoltés d’aujourd’hui » et souhaité « un monde plus juste car on en a tous besoin ». Quant à Blanche Gardin, qui remporte pour la deuxième année consécutive le Molière de l’humour, elle constate que « dans cette période sinistre, le métier d’humoriste s’apparente plus à la médecine d’urgence qu’au divertissement ».

Surprises dans le palmarès

Alternant, comme à son habitude, des scènes réussies (notamment Monsieur Fraize, Elsa Lepoivre, Laetitia Dosch, Fary) et quelques moments d’ennui, cette cérémonie a, côté palmarès, réservé son lot de surprises. Alors que Le Canard à l’orange était cité dans sept catégories, cette comédie boulevardière de William Douglas Home, mise en scène par Nicolas Briançon, n’a obtenu qu’un seul Molière, celui du comédien dans un second rôle pour François Vincentelli.

En revanche La Machine du Turing a fait carton plein en remportant quatre Molières du théâtre privé : meilleur spectacle, auteur francophone vivant et comédien pour Benoît Solès – devenu l’homme de la soirée –, et meilleur metteur en scène pour Tristan Petitgirard. Cette pluie de récompenses intervient après une petite polémique sur la frontière entre adaptateur et auteur sur laquelle Benoît Solès s’est justifié dans le magazine Profession Spectacle.

Contre toute attente, pour le théâtre public, c’est Mathilda May qui a décroché le Molière du meilleur metteur en scène pour Le Banquet. Fort heureusement, Thomas Ostermeier a obtenu le Molière du meilleur spectacle pour son adaptation de La Nuit des Rois, Marina Foïs celui de meilleure comédienne pour son rôle dans Les idoles de Christophe Honoré et François Morel s’est vu décerner celui de meilleur comédien pour J’ai des doutes, son formidable hommage à Raymond Devos.

LE PALMARÈS DES MOLIÈRES 2019 :

Spectacle dans un théâtre public :

La Nuit des Rois, mis en scène par Thomas Ostermeier

Spectacle dans un théâtre privé :

La Machine de Turing de Benoît Solès

Auteur francophone vivant :

Benoît Solès pour La machine de Turing

Spectacle d’humour :

Blanche Gardin pour Bonne nuit Blanche

Révélation masculine :

Valentin de Charbonnières dans 7 morts sur ordonnance

Révélation féminine :

Ariane Mourier dans Le Banquet

Comédien dans un spectacle de théâtre public :

François Morel dans J’ai des doutes

Comédien dans un spectacle de théâtre privé :

Benoît Solès dans La Machine de Turing

Comédienne dans un spectacle de théâtre public :

Marina Foïs, dans Les Idoles

Comédienne dans un spectacle de théâtre privé :

Anne Bouvier dans Mademoiselle Molière

Comédien dans un second rôle :

François Vincentelli dans Le Canard à l’orange

Comédienne dans un second rôle :

Ophélia Kolb dans La Ménagerie de Verre

Metteur en scène d’un spectacle de théâtre public :

Mathilda May pour Le Banquet

Metteur en scène d’un spectacle de théâtre privé :

Tristan Petitgirard, pour La Machine de Turing

Seul(e) en scène :

Constance Dollé dans Girls and Boys de Denis Kelley

Comédie :

La dégustation, d’Ivan Calbérac

Spectacle musical :

Chance ! d’Hervé Devolder

Spectacle Jeune public :

M comme Méliès, d’Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo, Comédie de Caen, CDN de Normandie

Création visuelle :

Chapître XII, de Sébastien Azopardi et Sacha Danimo, mise en scène Sébastien Azopardi, Tristan Bernard.

14 mai 2019

Vu sur internet

unnamed (16)

Publicité
Publicité