Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Jours tranquilles à Paris

25 avril 2019

Comment Emmanuel Macron a préparé son « grand oral »

macron

Par Virginie Malingre

Le chef de l’Etat doit dévoiler jeudi ses annonces en réponse à la crise sociale lors d’une conférence de presse.

A l’agenda du président de la République, la journée du jeudi 25 avril indique un seul événement, à 18 heures : « Conférence de presse sur les conclusions du grand débat national. » Pour le reste, dit-on à l’Elysée, des « séances de travail » sont prévues pour préparer la rencontre entre Emmanuel Macron et les médias, au cours de laquelle le chef de l’Etat dévoilera les mesures qu’il a décidé de prendre à la suite du grand débat.

Tout son cabinet est mobilisé pour préparer cet exercice délicat, auquel se sont pliés tous ses prédécesseurs mais que le jeune président expérimentera pour la première fois. « Amenez vos sandwichs parce que ça va durer longtemps », a conseillé Daniel Cohn-Bendit aux journalistes, sur le ton de la boutade, lundi sur la chaîne LCI.

Emmanuel Macron sait que ses annonces et la présentation qu’il en fera seront cruciales pour les élections européennes mais aussi pour la suite de son quinquennat. Qu’elles se révèlent « déceptives », comme le craint une partie de son entourage, et il aura du mal à redonner une impulsion à son mandat, ralenti par une succession de crises depuis l’affaire Benalla en juillet 2018.

« Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies », avait-il promis le 10 décembre 2018, après avoir présenté un plan de soutien du pouvoir d’achat de 10 milliards d’euros et le lancement du grand débat, destinés à apaiser la colère des « gilets jaunes ».

Le chef de l’Etat a beaucoup hésité sur la manière dont il devait faire connaître ses arbitrages aux Français. Finalement, il a choisi de présenter dans un « propos liminaire » les chantiers qui attendent l’exécutif pour « l’acte II du quinquennat » avant d’en détailler les tenants devant les journalistes, lors d’une conférence de presse qui doit durer au moins deux heures dans la salle des fêtes de l’Elysée.

Initialement, le président devait faire une allocution télévisée le 15 avril puis une conférence de presse trois jours plus tard. L’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, à l’heure où son visage devait apparaître sur les écrans de télévision, a chamboulé ses plans.

Fuites dans les médias

Jusqu’ici, Emmanuel Macron, désireux de se démarquer de François Hollande et de prendre ses distances avec la presse, avait refusé de se prêter à cet exercice. « Tu devais retenir les informations et entretenir le mystère », a d’ailleurs dit le président à Sibeth Ndiaye, son ancienne conseillère en communication nommée porte-parole du gouvernement. La scène s’est déroulée le 8 avril, lors de la cérémonie qu’il a organisée à l’Elysée pour remercier dix-sept conseillers élyséens ayant démissionné au cours des dernières semaines, comme le rapportent Les Echos, dans leur édition du 13 avril.

En attendant que cette dernière soit remplacée, tout comme Sylvain Fort et Ismaël Emelien, qui ont mis en œuvre la politique de communication d’Emmanuel Macron, Philippe Grangeon, son nouveau conseiller spécial, tente d’apaiser les relations entre le président et les médias, très tendues depuis le début du quinquennat.

Depuis son arrivée en février, la perspective de la fermeture de la salle de presse de l’Elysée, qui inquiétait beaucoup les agenciers accrédités au palais présidentiel, s’est d’ailleurs éloignée. Très attaché aux corps intermédiaires pour avoir notamment travaillé à la CFDT, ce marcheur de la première heure a eu à cœur de convaincre Emmanuel Macron de faire un geste envers les journalistes en organisant une conférence de presse.

Après l’incendie de Notre-Dame de Paris, le chef de l’Etat a de nouveau tergiversé. Les fuites dans les médias après sa vraie fausse « adresse aux Français » du 15 avril – elle a été enregistrée mais n’a jamais été diffusée – l’ont « passablement irrité », confie l’un de ses proches. Emmanuel Macron a décidé que l’annonce de ses mesures, attendues depuis des semaines, se ferait en fin d’après-midi, pour que le plus de Français possible aient l’occasion de s’y intéresser et que les JT puissent en rendre compte. « A 14 heures ou à 16 heures, les audiences sont plus faibles. Les médias sont le relais du président dans son face-à-face avec les Français », explique-t-on à l’Elysée.

Ces fuites qui ont tant agacé Emmanuel Macron lui ont cependant permis de tester les réactions aux annonces qu’il aurait dû faire le 15 avril. Et de reprendre sa copie, après en avoir une nouvelle fois discuté avec ses plus proches. Jeudi 18 avril, il a déjeuné avec le président du MoDem, François Bayrou. Samedi, avec celui de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand (La République en marche, LRM), avant de partir au Touquet (Pas-de-Calais) rejoindre son épouse et s’offrir un bain de foule.

Des orientations « enrichies »

Depuis, Emmanuel Macron reste en contact étroit avec ces proches, tout comme avec Philippe Grangeon et le premier ministre, Edouard Philippe, qu’il a vu mardi et avec lequel il devait de nouveau s’entretenir mercredi matin avant le conseil des ministres. Sans oublier Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères, et celui de l’intérieur, Christophe Castaner, qu’il a reçus mardi.

Faut-il y voir un signe ? Mercredi, en fin de journée, son dernier rendez-vous officiel avant la conférence de presse de jeudi a été pour Bruno Le Maire, chargé de l’économie et des finances, qui a eu à cœur ces dernières semaines de limiter les effets de la crise des « gilets jaunes » sur les finances publiques.

LE PRÉSIDENT, QUI S’EST NOTAMMENT VU REPROCHER DE NE PAS ASSEZ SE PRÉOCCUPER D’ENVIRONNEMENT ET D’ÉCOLOGIE, POURRAIT RECTIFIER LE TIR

Pour l’essentiel, que ce soit la suppression de l’ENA, la réindexation sur l’inflation des retraites de moins de 2 000 euros, la baisse de l’impôt sur le revenu des classes moyennes, la suppression de certaines niches fiscales, la restriction à vingt-quatre du nombre d’élèves par classe en maternelle, CP et CE1, le moratoire sur les fermetures d’écoles et d’hôpitaux ou encore « la nécessité de travailler davantage » pour financer la dépendance, les orientations qui étaient prévues le 15 avril devraient être confirmées. Mais elles seront « précisées et enrichies », avance l’un de ses proches.

Le président, qui s’est notamment vu reprocher de ne pas assez se préoccuper d’environnement et d’écologie, pourrait rectifier le tir. Il « se contente d’acheter la paix sociale (…) mais sans engager le début d’une politique de transition écologique et solidaire », a ainsi jugé son ancien ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, samedi, dans Libération.

Depuis quelques jours, au sein de la majorité, ils sont plusieurs à assurer que la copie de jeudi sera, de ce point de vue, plus satisfaisante. « J’attends des mesures complémentaires car, pour nous, dans la campagne européenne, c’est la première urgence, l’urgence climatique. Nous échangeons avec le président pour des mesures complémentaires », a déclaré, lundi, sur Europe 1, Pascal Canfin, l’ancien directeur général du WWF France, aujourd’hui numéro deux de la liste LRM pour le scrutin européen du 26 mai.

Publicité
25 avril 2019

Le nyotaimori (女体盛り?) (littéralement « présentation sur le corps d'une femme »)

nyo (31)

Le nyotaimori (女体盛り?) (littéralement « présentation sur le corps d'une femme »), plus connu sous le nom de « corps sushi », consiste à manger des sashimis ou des sushis présentés sur le corps d'une femme nue.

Ce sous-genre des jeux avec de la nourriture est souvent considéré comme étant une pratique typiquement japonaise attirant l'attention de nombre de médias internationaux. Le fait d'être présentés sur un corps humain conférerait aux sushis, sashimis et maki une température voisine de celui-ci. Mais l'origine du nyotaimori reste floue, aucun restaurant au Japon ne proposant ce type de service. Cette pratique est plutôt considérée au Japon comme jeu sexuel et non comme une tradition culinaire, bien qu'elle soit présentée ainsi dans les autres pays du monde.

nyo (2)

nyo (17)

nyo (27)

Photos : Petter Hegre

25 avril 2019

Milo Moiré

24 avril 2019

L'acteur Jean-Pierre Marielle, pilier du cinéma français, est mort à l'âge de 87 ans

L'inoubliable interprète de Monsieur de Sainte-Colombe dans "Tous les matins du monde" et grande figure du cinéma et du théâtre français, s'est éteint mercredi, a annoncé sa famille à l'AFP.

Sa voix chaude et caverneuse et sa gouaille inoubliable en ont fait un mythe du cinéma et du théâtre français. L'acteur Jean-Pierre Marielle est mort à l'âge de 87 ans, des suites d'une longue maladie. C'est sa famille qui l'a annoncé, mercredi 24 avril dans la soirée. "Agathe Marielle a la tristesse d'annoncer que son mari, l'acteur Jean-Pierre Marielle, s'est éteint le 24 avril à 16h24", peut-on lire dans le communiqué. Le comédien était hospitalisé à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

Cinémathèque hexagonale à lui tout seul, incarnant une France populaire, il a joué dans plus de cent films, comiques et tragiques, d'auteur et grand public, et d'innombrables pièces et téléfilms. Un de ses plus célèbres rôles au cinéma fut celui de Monsieur de Sainte-Colombe dans Tous les matins du monde, réalisé par Alain Corneau en 1991.

"J'ai été dans tous les genres avec des gens qui ont très bon genre", disait-il avec l'humour de celui qui, désabusé, prétendait être revenu de tout et de tous... Sauf des jolies femmes, comme il le montre si bien dans la tragi-comédie Les Galettes de Pont-Aven, de Joël Séria (1975).

De grande taille, larges épaules, moustache fournie, barbe poivre et sel, regard ironique, narquois, il aimait bien jouer les sales bonhommes, les beaufs bêtes et méchants, cyniques : "Pour un acteur, ce n'est pas très intéressant de jouer un type sympa. L'instabilité, le trouble sont beaucoup plus riches".

Il a été sept fois nominé aux César... sans en remporter un seul. Mais ne rien obtenir dans les "comices agricoles télévisuels" lui était indifférent, disait-il : "Les César ? J'en ai rien à foutre !"

Admettant avoir parfois joué dans des films et des pièces très "oubliables", il cultivait l'humour grinçant et intimidait ses interlocuteurs d'un grand rire et d'une voix d'ogre qui lui permettaient de justifier son caractère rugueux : "Vous aimez qu'on vous emmerde, vous ? Pas moi".

"Amateur défrayé"

Né à Paris le 12 avril 1932, ce Bourguignon fils d'un industriel de l'agroalimentaire et d'une mère couturière, qui grandira à Dijon, est aiguillé vers le théâtre par son professeur de lettres. Sorti du Conservatoire de Paris dans la même promotion que Jean-Paul Belmondo, Bruno Cremer, Claude Rich, Françoise Fabian et Jean Rochefort, l'ami de toute une vie, il décroche son premier rôle dans Le Mariage forcé (Molière) en 1953.

Stagiaire à la Comédie-française, il entame une carrière dans le théâtre léger, fait du cabaret avec Guy Bedos. Il en oublie le cinéma. La Nouvelle Vague l'ignore : il est alors catalogué acteur burlesque et de boulevard.

Pourtant, avec Claude Régy, Delphine Seyrig et Jean Rochefort, il va contribuer à populariser dans l'Hexagone les auteurs anglo-saxons comme Edward Albee ou Harold Pinter. Et, s'il apparaît dans des comédies de boulevard, il joue aussi, des années 60 aux années 2000, du Claudel, du Tchekhov ou du Pirandello.

Jusqu'à cinq films par an

Au cinéma, après de timides débuts en 1960, il lui faut attendre une décennie et une bonne vingtaine de rôles avant de se faire remarquer. C'est à partir de 1969 que ses personnages les plus consistants arrivent. On le voit dans Sex-shop de Claude Berri, La Valise de Georges Lautner, Comment réussir quand on est con et pleurnichard de Michel Audiard, ou encore dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca (dont voici un extrait vidéo).

S'ensuit une intense activité devant les caméras. Il enchaîne (comme par exemple en 1976) jusqu'à cinq films par an, tournant sous la direction de Blier, Labro, Molinaro, Mocky, Sautet, Tavernier, Miller et d'autres. A son répertoire : Que la fête commence, Dupont Lajoie, L'Imprécateur, Coup de torchon, Tenue de soirée, Uranus, Un, deux, trois, soleil, La Petite Lili, Les Ames grises...

Modeste, il adorait briser le mythe de la vocation du grand acteur : "Je ne suis sensible ni à l'odeur des éponges à maquillage ni à la poussière des coulisses. Je ne suis qu'un amateur défrayé. Je n'ai jamais rien pris au sérieux, je n'ai pas grand-chose à dire et je ne sais pas le dire". Discret sur sa vie privée, il était marié à l'actrice Agathe Natanson. Mais il avait un fils d'un précédent mariage. Il aimait le vélo, le jazz et New York.

24 avril 2019

Blacktapeproject

blacktape

Publicité
24 avril 2019

Frida Kahlo

frida

24 avril 2019

L’eau de Cologne se rafraîchit les idées

Par Claire Dhouailly

Elle avait déserté les salles de bains. De plus en plus de parfumeurs lui redonnent ses lettres de noblesse. Mixte, naturelle, plus concentrée, la fragrance rivalise avec les senteurs gourmandes en vogue.

Il fallait oser. En 2001, presque dix ans après Angel, Thierry Mugler prend le contre-pied du phénomène sucré en lançant une eau de Cologne, baptisée simplement Cologne.

Dans l’imaginaire collectif, la référence à ce type de parfums aux agrumes n’avait rien d’élégant. Signé Alberto Morillas (Acqua Di Giò, Flower by Kenzo), le jus est salué par les connaisseurs : « En réaffirmant le nom “Cologne” et en réinventant les codes olfactifs, avec des notes vertes et une overdose de muscs blancs cotonneux, Mugler a défini un nouveau style », remarque Yohan Cervi, spécialiste de l’histoire de la parfumerie et rédacteur pour la revue Nez et le site Auparfum.com.

Mais le public n’adhère pas : l’eau est un échec commercial. « Pour la plupart des gens, la cologne avait encore cette image de produit qui s’achète au supermarché. Le consommateur ne voyait pas forcément l’intérêt d’y mettre le prix », analyse le parfumeur Francis Kurkdjian.

« NOUS AVONS TENU À CONSERVER UNE ARCHITECTURE DE COLOGNE, AVEC DE LA BERGAMOTE, DU CITRUS, DE LA FLEUR D’ORANGER, DU PETIT GRAIN. » LE DIRECTEUR ARTISTIQUE OLFACTIF DE THIERRY MUGLER

Autre temps, autres mœurs. Constatant le goût actuel pour les senteurs unigenres, authentiques et d’apparence naturelle, la marque Thierry Mugler ressort la même fragrance, renommée Come Together, enrichie d’une nouvelle collection de quatre eaux conçues pour se combiner entre elles.

« Pour toutes les compositions, nous avons tenu à conserver une architecture de cologne, avec de la bergamote, du citrus, de la fleur d’oranger, du petit grain. Nous y avons ajouté d’autres facettes et de la tenue », commente Pierre Aulas, directeur artistique olfactif de la maison.

Séduire les jeunes

Avec leurs couleurs franches « instagrammables », elles sont ouvertement calibrées pour séduire les jeunes. « Certains aiment les choses très lourdes, sucrées, collantes, mais d’autres sont à la recherche de senteurs plus simples, plus fraîches, plus propres, avec une idée forte de naturalité », note Pierre Aulas.

Cette saison, d’autres maisons de parfums, comme Louis Vuitton, qui joue également

sur la séduction visuelle avec trois flacons aux couleurs pop, mais aussi Nicolaï, Mizensir ou Le Couvent des Minimes, réactualisent cette « vieille » recette. « Au départ, nous nous sommes demandé comment exprimer la fraîcheur au XXIe siècle. Nous nous sommes inspirés de ces eaux conçues il y a plusieurs siècles pour créer de véritables parfums », commente Jacques Cavallier-Belletrud, parfumeur exclusif Louis Vuitton.

A l’origine, l’« eau admirable », rebaptisée « eau de Cologne » d’après la ville où s’est installé son fondateur, est un mélange d’huiles essentielles d’agrumes et de plantes aromatiques. « C’est l’une des premières compositions que l’on apprend en tant que parfumeur. Si l’on reste sur la structure la plus simple, c’est sans risque, ça sent toujours bon », raconte Olivier Polge, parfumeur exclusif Chanel.

En splash après la toilette

Jusqu’à la fin des années 1960, les colognes pâtissent d’une image bas de gamme. Ce sont alors essentiellement des eaux de senteur peu onéreuses, peu concentrées (5 % d’huiles essentielles, contre 12 % à 20 % pour les parfums), que les coquets des classes moyenne et ouvrière appliquent en splash après la toilette. « Au moment de la révolution sexuelle, le secteur de la parfumerie s’est désembourgeoisé, et les “eaux fraîches” ont fait leur entrée au catalogue des parfumeurs », rappelle Yohan Cervi.

Elles se nomment Ô de Lancôme (1969), Eau de Rochas (1970), Eau Folle de Guy Laroche (1970) et sont inspirées par l’Eau Fraîche de Dior (1955), celle qui donna son nom à cette famille de fragrances légères. « L’idée fut d’ajouter un léger fond chypré à une eau de Cologne pour la faire tenir un peu plus longtemps », commente Francis Kurkdjian.

En 1977, la bombe olfactive Opium d’Yves Saint Laurent débarque, inaugurant une époque de parfums orientaux ultracapiteux. Les colognes et eaux fraîches n’ont plus qu’à bien se tenir. La légèreté refait surface dans les années 1990, notamment avec le succès planétaire de CK One, sorte de cologne moderne, qui préfigure celle de Mugler.

Les colognes d’aujourd’hui sont conçues pour être tenaces. Sous une apparence de naturel, elles ont besoin de la synthèse pour faire tenir la fraîcheur. « Les consommateurs en veulent pour leur argent. Ils imaginent qu’un produit qui ne tient pas n’est pas de bonne qualité, ce qui n’a en réalité rien à voir », constate Yohan Cervi.

Côté formulation, des concentrations poussées

Pour être sûres de convaincre, les marques n’hésitent pas à jouer sur le nom, en intitulant leurs collections Colognes Absolues chez Atelier Cologne, Cologne intense chez Jo Malone, Extrait de Cologne chez Roger & Gallet, Parfum de Cologne chez Louis Vuitton. Le nom le plus évocateur étant probablement celui choisi par Frédéric Malle, avec sa Cologne indélébile signée Dominique Ropion.

Côté formulation, les concentrations sont poussées pour atteindre celles de véritables parfums et les parfumeurs prolongent la tenue éphémère des hespéridés en ajoutant des notes de fond musquées, boisées, ambrées.

Les matières premières subissent également des traitements qui prolongent leur sillage. « Une essence classique de citron tient une minute sur la peau, mais, retravaillée, elle perdure deux heures », explique Jacques Cavallier-Belletrud.

De cologne, certaines fragrances n’ont parfois plus que le nom. « Légalement, rien n’oblige à faire une vraie cologne pour s’appeler cologne », souligne Olivier Polge, qui, pour la collection les Eaux de Chanel, a conservé l’idée de fraîcheur de cette composition traditionnelle, l’entrée par les agrumes, ainsi que la simplicité du geste splash, tout en adoptant une structure plus sophistiquée de parfum. Le nom cologne, jugé « trop réducteur », n’a donc pas été retenu. Signe que, malgré tous leurs efforts, les colognes n’ont pas tout à fait fini leur opération de réhabilitation.

24 avril 2019

Milo Moiré

milo 25 (2)-ANIMATION

24 avril 2019

Décryptages « Gilets jaunes » : la France rejette en bloc les critiques de l’ONU sur l’usage excessif de la force

Par Nicolas Chapuis

« Le Monde » s’est procuré la réponse française aux accusations de la haut-commissaire aux droits de l’homme. Paris y justifie l’usage d’armes de force intermédiaire et insiste sur les conditions « particulièrement difficiles » du maintien de l’ordre.

Si le ton se veut diplomatique, l’essentiel du propos ressemble à un courtois mais ferme « circulez, il n’y a rien à voir ». Mise en cause par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour son « usage violent et excessif de la force » face au mouvement des « gilets jaunes », la France a fait parvenir sa réponse à l’institution le 11 avril, via sa mission permanente à Genève.

Un argumentaire de 21 pages, abondé par les notes du ministère de l’intérieur et de la justice, que Le Monde a pu consulter. Il résume la stratégie de défense du gouvernement face aux accusations de violences policières, dont Michelle Bachelet, la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme s’était fait le relais. « Nous demandons urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force », avait-elle déclaré, lors d’un discours prononcé le 6 mars devant le Conseil des droits de l’homme à Genève.

En préambule, le document insiste sur les conditions « particulièrement difficiles » auxquelles ont été soumis policiers et gendarmes : « Ces manifestations ont été marquées par des violences graves commises par certains manifestants, à l’encontre des forces de l’ordre, des journalistes présents ou d’autres personnes. Il faut également souligner que des propos, inscriptions et agressions à caractère raciste, antisémite ou homophobe ont été constatés au cours ou en marge des mobilisations. »

Pas une « manifestation » mais un « attroupement »

Une entrée en matière nécessaire pour appuyer la thèse du gouvernement qui sous-tend l’ensemble de la réponse de la France à l’ONU : le cadre légal applicable n’est plus celui de la « manifestation » mais de « l’attroupement », à savoir « une manifestation qui a dégénéré dans la violence ». Ainsi se trouve justifié le recours massif aux « armes de force intermédiaire », les grenades lacrymogènes, de désencerclement et plus particulièrement les fameux lanceurs de balle de défense (LBD) : « A aucun moment le LBD n’est utilisé à l’encontre de manifestants, même véhéments, si ces derniers ne commettent pas de violences physiques, notamment dirigées contre les forces de l’ordre ou de graves dégradations. Mais alors il ne s’agit plus de manifestants, mais de participants à un attroupement violent et illégal. »

Quatre pages sont consacrées spécifiquement à la défense du LBD, rappelant son objectif premier : « Les policiers ont recours au LBD lorsqu’il est nécessaire de dissuader ou de stopper une personne violente ou dangereuse. » Les spécificités de l’arme sont décrites par le menu et sa dangerosité est en partie reconnue : « En fonction des munitions utilisées, le LBD 40mm est susceptible de causer des lésions importantes si le tir atteint des personnes situées à moins de 3 ou 10 mètres. »

Les nombreuses blessures engendrées par des tirs de LBD, largement répertoriées, ne sont pourtant nullement évoquées au fil du document, qui prend des pincettes avant d’évoquer de possibles dérapages : « Si des cas de mésusages sont toujours malheureusement possibles, (…) ils ne sauraient remettre en cause l’utilisation régulière de cette arme en cas de nécessité. » Et d’appeler à respecter le temps judiciaire : « Tant que les enquêtes en cours n’auront pas abouti, il n’est pas possible de déterminer, à ce jour, si les personnes blessées par des tirs de LBD l’ont été dans une situation justifiant le recours à cette arme, avec les conséquences malheureuses qui s’y attachent, ou dans une situation d’usage abusif, critiquable. »

« Contenir cette violence sans retenue »

De manière générale, le gouvernement défend tous les moyens de force intermédiaire (bâtons de défense, engins lanceurs d’eau, grenades lacrymogènes) permettant de maintenir une « distance qui est garante d’un maximum de sécurité, tant pour les forces de l’ordre que pour les personnes qui leur font face, en évitant le contact direct et les blessures subséquentes ». L’usage de ces armes « a permis de contenir cette violence sans retenue et d’éviter des morts tant dans les rangs des forces de l’ordre que dans les rangs des émeutiers ».

En revanche, il nie toute utilisation de « liquides incapacitants » démentant « formellement l’existence d’une telle arme ». La gendarmerie nationale avait reconnu le 16 mars avoir employé un « gaz poudre » lacrymogène très concentré, depuis un véhicule blindé, qui selon certaines sources aurait un fort pouvoir incapacitant.

Si la réponse de la France est datée du 11 avril, de nombreux passages sur les allégations d’entraves à la liberté d’information ne manqueront pas de faire écho aux événements de l’acte XXIII, samedi 20 avril, avec l’arrestation de deux reporters indépendants. Dans son rapport, l’ONU estimait que « de nombreux journalistes qui couvraient les manifestations ont été victimes de violences policières et d’attaques de la part de manifestants. »

S’il détaille bien les agressions de journalistes par des « gilets jaunes », le gouvernement ne s’étend en revanche pas sur celles qui seraient le fait des forces de l’ordre. Tout juste fournit-il des chiffres à fin mars : vingt-sept signalements ont été effectués par des journalistes sur la plate-forme de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) et dix enquêtes judiciaires ont été ouvertes. Par ailleurs, cinq plaintes auraient été enregistrées.

Défense de la loi anticasseurs

Parmi lesquelles celles de trois photographes de presse à Toulouse. « Il convient de préciser que les photographes étaient mêlés à des manifestants hostiles aux forces de l’ordre », affirme le document, ajoutant que l’origine des « projectiles » qui les ont frappés « reste à déterminer ». Une version qui ne correspond pas au témoignage des trois reporters qui se trouvaient à 25 mètres des manifestants, portaient des insignes « presse » bien visibles, et estiment ainsi avoir été « pris pour cible » par les forces de l’ordre, notamment par une grenade de désencerclement.

Une bonne partie du document s’attache enfin à expliquer le cadre juridique des contrôles d’identité et des interpellations réalisés en masse depuis le 17 novembre, et à défendre au passage la nouvelle loi anticasseurs, adoptée le 12 mars. Le gouvernement nie toute « pratique intimidante », renvoyant les questions de l’ONU « à une méconnaissance de la loi sinon à une description partiale de la situation ». Selon le document, « il n’a pas été procédé à des placements en garde à vue systématiques et nul en France ne saurait être arrêté et n’a été arrêté en raison de sa seule qualité de manifestant. »

Le gouvernement balaye ainsi toutes les interrogations, notamment sur l’usage très vaste du délit de « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences » pour justifier l’ensemble des gardes à vue : « Le ministère de la justice (…) n’a pas été informé de quelconques “détournements de procédures”. »

Le détail des 290 plaintes contre les forces de l’ordre. Au 19 mars, 290 plaintes avaient été déposées contre les forces de l’ordre, dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes ». 92 plaintes concernent des tirs de LBD, 37 sont dues à des grenades et dans 11 cas, un doute subsiste entre les deux armes. 41 plaintes visent des coups de matraque et 76 des violences avec une arme non identifiée. 22 personnes ont porté plainte pour des jets de projectiles, sans en préciser la nature, 6 personnes pour usage de gaz lacrymogène, 5 pour arrestation arbitraire ou violences pendant leur arrestation et une pour violence au moyen d’un véhicule. La qualification retenue est en général « violence avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ». Mais dans 54 cas, cela concerne des faits ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours et pour trois autres, c’est la « mise en danger de la vie d’autrui » qui a été retenue. 17 procédures ont été classées sans suite.

24 avril 2019

Negzzia, mannequin iranienne et SDF parisienne

Menacée de coups de fouet par la justice de son pays pour des photos jugées indécentes, elle a demandé l'asile en France mais son rêve tourne au cauchemar.

Fille unique, elle naît à Téhéran en 1990 d'un père ingénieur et d'une mère professeure de yoga. Elle ne reçoit pas d'éducation religieuse de la part de parents qui détestent le régime des mollahs. Dès l'âge de 18 ans, elle vit de sa passion en étant photographe pour le compte d'une agence. Quatre ans plus tard, elle passe de l'autre côté de l'objectif lorsqu'un contrat de mannequin lui est proposé. La jeune femme devient vite l'égérie très prisée des grandes marques et des couturiers qui l'exposent sur des panneaux 4 par 3 ou sur des podiums des défilés. 

Progressivement, Negzzia, militante pour les droits des femmes, pose dans des tenues de plus en plus provocantes ce qui déclenche la fronde des autorités religieuses. Avec des photos jugées "immorales " pour une marque de sous-vêtements, elle franchit la ligne jaune et se met hors-la-loi. Menacée de coups de fouet et de prison, elle doit fuir son pays pour échapper à la justice. En catastrophe, elle obtient un visa pour la Turquie qu'elle gagne précipitamment avec seulement 300 euros en poche. 

A Istanbul, le "mannequin iranien en fuite" suscite la curiosité de la presse qui consacre des unes à Negzzia. Sa forte notoriété dans son pays natal lui assure quelques contrats pour illustrer des campagnes de publicité mais la jeune femme ne s'épanouit pas sur les rives du Bosphore. En fait, elle caresse un rêve : conquérir Paris, la capitale de la mode ! Après avoir amassé 5000 euros, le revenu de ses séances photos, elle débarque en France en octobre 2018. 

Aujourd'hui, sept mois après son arrivée, sa demande pour obtenir le droit d'asile est toujours à l'étude. En attendant, elle ne peut pas travailler et son rêve tourne au cauchemar. Après des premières nuits passées à l'hôtel, faute de revenus, elle a dû se résoudre à dormir dans la rue ; une expérience éprouvante où elle a côtoyé la misère des SDF et la peur de s'endormir seule et vulnérable dans le froid. 

Depuis quelques semaines, elle se réfugie dans un parking plus sûr lorsqu'elle ne trouve personne pour l'héberger. Bien décidée à accomplir son ambition, elle collabore à quelques séances photo, histoire au moins de nourrir son compte Instagram qui compte plus de 130 000 abonnés. Pour elle, en tout cas, pas question de retourner dans son pays tant que perdure le régime religieux.

Publicité
Publicité