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Jours tranquilles à Paris
12 janvier 2018

« Les années en 8 ont scandé avec une saisissante régularité notre histoire contemporaine »

Par Gérard Courtois, éditorialiste au Monde

1958, 1968, 2008… « Difficile, devant les soubresauts ou les tumultes des années en 8, d’imaginer de quoi 2018 sera porteuse », estime l’éditorialiste au « Monde » Gérard Courtois dans sa chronique hebdomadaire.

Emmanuel Macron a attendu le 8 janvier 2018 pour aller à la rencontre de la Chine. Sage précaution si l’on en croit la symbolique des chiffres, fort prisée dans l’empire du Milieu : signe de plénitude et de prospérité, le 8 y est considéré comme un porte-bonheur. Pékin n’avait-elle pas mis un point d’honneur, il y a dix ans, à inaugurer « ses » Jeux olympiques le 8 août, autrement dit le 8/8/8…

Il sera bien temps de vérifier si 2018 confirme, à Paris, les prédictions de la numérologie chinoise. Une chose est sûre, cependant. Même si elles furent loin de garantir à tout coup réussite et sérénité, les années en 8 ont scandé avec une saisissante régularité notre histoire contemporaine.

Prenez 1958, date évidemment inscrite à l’agenda des commémorations officielles des prochains mois. Nul ne doutait, en janvier de cette année-là, que la IVe République était à bout de souffle, minée par la guerre d’Algérie et empêtrée dans l’écheveau de ses intrigues. Mais le jeune Félix Gaillard, président du conseil depuis quelques semaines, tentait encore un énième rafistolage. Hormis chez les gaullistes les plus activistes, l’hypothèse d’en appeler à l’homme du 18 juin pour sortir le pays de l’ornière était encore évanescente.

En peu de temps, pourtant, l’Histoire bascula. Le 13 mai, c’est l’insurrection, à Alger, des partisans de l’Algérie française. Le 15 mai, le général de Gaulle se dit « prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Le 1er juin, il est investi président du conseil par l’Assemblée nationale avec, pendant six mois, les pleins pouvoirs. Le 28 septembre, par référendum, les Français approuvent à 85 % la Constitution de la Ve République. Le 21 décembre, de Gaulle est élu président de la République. Beaucoup, alors, croyaient le régime taillé aux seules mesures du « général ». Soixante ans plus tard, consolidé par l’élection présidentielle au suffrage universel, il a démontré une plasticité à toute épreuve. Emmanuel Macron, à son tour, y puise son autorité.

1968 et 1978 ont laissé des traces

Dix ans passent. « La France s’ennuie… », écrit Pierre Viansson-Ponté dans ces colonnes, le 15 mars 1968. Et d’un coup, la tornade du mois de mai balaie tout sur son passage, enflamme l’université et la jeunesse, hérisse de barricades les rues de Paris, déborde les syndicats, provoque une grève générale digne du Front populaire, paralyse l’Etat et ébranle son vieux chef. Un ultime sursaut permettra à de Gaulle de reprendre la main. Ultime sursis en réalité : moins d’un an plus tard, après un dernier référendum perdu, il jette l’éponge.

En attendant, les valeurs et hiérarchies du vieux monde ont été assez contestées et bousculées pour que, aujourd’hui encore, une droite revancharde feigne de voir dans ce mois de mai libertaire la source de tous nos maux, ou presque. Nicolas Sarkozy, en 2007, fustigeait le « relativisme intellectuel et moral » de Mai 68 et voulait en « liquider l’héritage » pernicieux. Laurent Wauquiez a repris l’antienne il y a peu, datant de ces événements « le début de la déconstruction »…

Moins présente dans les mémoires, la trace de 1978 n’en fut pas moins profonde. Depuis quatre ans, la crise économique avait douché les espoirs portés par Valéry Giscard d’Estaing et la gauche, vent en poupe, paraissait en mesure de remporter les élections législatives. Las, le leader communiste, Georges Marchais, finit par comprendre le piège patiemment tendu par François Mitterrand : l’union de la gauche risquait d’assurer aux socialistes un ascendant irrémédiable (et inédit depuis des décennies) sur les communistes. Marchais se mit donc à tirer à boulets rouges contre les rivaux socialistes et cette désunion suffit pour que la droite sauve sa majorité.

L’habile Mitterrand sut en tirer le bénéfice trois ans plus tard. Unitaire pour deux mais libéré du compagnonnage avec le Parti communiste et ses encombrants parrains soviétiques, il remporta l’élection présidentielle de 1981, imposa l’hégémonie du PS sur la gauche, réconcilia celle-ci avec le pouvoir et fixa le cadre du système politique – droite et socialistes alternant au pouvoir – dans lequel la France a vécu jusqu’en 2017.

Aléas de la numérologie politique

Et l’on peut poursuivre cette déambulation décennale. 1988 ? Le triomphe de Mitterrand, réélu haut la main après deux ans de cohabitation avec la droite de Jacques Chirac, certes. Mais aussi le début du crépuscule d’un trop long règne, miné par l’âge et la maladie du capitaine, et plus encore par les scandales financiers, la corrosion du pouvoir et le renoncement aux ambitions transformatrices de la gauche. Comme quoi les seconds mandats, quand ils adviennent, sont à haut risque…

1998 ? La démonstration que la glorieuse incertitude de la politique n’a rien à envier à celle du sport, en l’occurrence de la coupe du monde de football que la France accueillait. Au printemps, le modeste entraîneur de l’équipe nationale, Aimé Jacquet, était cloué au pilori ; le 12 juillet, après la victoire de Zidane et des siens, il était porté aux nues et les Français clamaient leur bonheur devant cette France « black-blanc-beur » réconciliée et triomphante. Dans les banlieues actuelles, c’est peu dire que cette illusion a fait long feu.

2008, enfin ? Une crise financière puis économique mondiale sans précédent depuis les années 1930 et dont nous sortons à peine. Difficile dans ces conditions, devant les soubresauts ou les tumultes des années en 8, d’imaginer de quoi 2018 sera porteuse. D’autant qu’un autre chiffre magique pour les uns, fatidique pour les autres s’est imposé ces derniers temps. Le 7, comme 1997 et la victoire inattendue de Lionel Jospin, 2007 et le triomphe annoncé de Nicolas Sarkozy, 2017 et la réussite stupéfiante d’Emmanuel Macron. C’est dire les aléas de la numérologie politique.

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12 janvier 2018

Audiovisuel : Nyssen tente de reprendre la main

La ministre de la culture se sépare de son directeur de cabinet alors qu'elle prépare deux projets de loi

Je suis à la manœuvre ", a assuré plusieurs fois Françoise Nyssen, mardi 9  janvier, en marge d'un déplacement à Londres pour rencontrer, notamment, des dirigeants de la BBC, l'audiovisuel public britannique. Le matin, la ministre de la culture a annoncé la mise à l'écart de son directeur de cabinet Marc Schwartz, bon connaisseur de l'audiovisuel public, au contraire de la ministre. M.  Schwartz avait alimenté la campagne du candidat Emmanuel Macron. Ancien médiateur dans les secteurs de l'édition et des médias, il se voit confier une " mission sur l'avenir de la distribution de la presse ", où certains prônent une remise à plat complète, alors que le distributeur Presstalis est en grande difficulté.

" Marc Schwartz a toute ma confiance pour cette mission ", prend le soin d'ajouter Mme Nyssen, qui précise toutefois : " depuis le début, je décide moi-même de la composition de mon cabinet. " Une façon de nier des pressions extérieures, de Matignon ou de l'Elysée. Contactée, la présidence de la République renvoie vers le ministère de la culture, comme elle le fait ces dernières semaines sur les questions d'audiovisuel public.

Pourquoi se séparer de son directeur de cabinet ? Avec la ministre, les relations de travail n'étaient pas fluides. Mais surtout, la mise à l'écart vise à combattre l'idée que l'action du ministère de la culture manque de lisibilité et de dynamisme. Ce changement de casting succède d'ailleurs à un autre, survenu fin novembre 2017 : le départ du conseiller chargé des relations avec la presse, Gaël Hamayon, remplacé par Marianne Zalc-Muller, ancienne collaboratrice du médiatique ministre du redressement productif Arnaud Montebourg.

Le poste de Marc Schwartz sera désormais occupé par son ancienne adjointe, Laurence Tison-Vuillaume. Moins connue que son prédécesseur, celle-ci ne passe pas pour une spécialiste de l'audiovisuel public mais le ministère précise qu'elle a été chargée d'affaires au bureau " audiovisuel-défense " à l'agence des participations de l'Etat.

" Je suis le chef d'orchestre "

Récemment, un certain flottement a semblé régner au ministère de la culture de Mme Nyssen, notamment sur les sujets de l'audiovisuel public, un de ses sujets phare. Le 21  décembre 2017, alors qu'elle avait convié à la presse, à l'issue d'une réunion avec les dirigeants de France Télévisions, Radio France ou France Médias Monde, la ministre avait refusé de répondre aux questions des journalistes.

Le flou avait été accru par les deux prises de parole d'Emmanuel Macron, en décembre, très critique sur France Télévisions. Le président de la République avait alors annoncé pour 2018 une réflexion associant les parlementaires, alors que Mme Nyssen avait déjà exigé pour décembre des pistes de synergies de la part des dirigeants des sociétés concernées. Et en parallèle, le premier ministre Edouard Philippe a confié une mission sur l'audiovisuel public au comité action publique 2022 (CAP 2022), pour fin mars.

Aujourd'hui, Françoise Nyssen cherche à se placer au centre de ces différents canaux. " Je suis le chef d'orchestre ", assure-t-elle. Un groupe de travail interministériel associe le ministère de la culture et ceux de l'économie et du budget. Et Mme Nyssen est en contact avec les deux chargés de l'audiovisuel au CAP 2022, l'ancien président de France Télévisions, Marc Tessier, et le conseiller maître à la Cour des comptes Roch-Olivier Maistre. La ministre assure aussi qu'elle intégrera les réflexions des parlementaires des commissions des affaires culturelles. Mme Nyssen doit rendre des axes de réformes vers fin mars.

C'est pour préparer ces changements que la ministre a organisé, mardi 9 janvier, un déplacement à la BBC, auquel étaient conviés des journalistes. Ce choix fait inévitablement penser à l'idée de créer une " BBC à la française " qui rassemble France Télévisions, Radio France, voire France Médias Monde – en effet, la visite à Londres a commencé par BBC Afrique et BBC en arabe, qui rappellent les chaînes en langues étrangères de France 24 ou RFI. " Il n'y a pas qu'un modèle ", précise pourtant Mme Nyssen : la création d'une structure " holding " de l'audiovisuel public n'est qu'une option, assure la ministre, qui a visité en décembre 2017 la RTBF belge, qui rassemble également télévisions et radios.

De son rendez-vous avec Sir David Clementi, le président de la BBC, Mme Nyssen a notamment retenu la composition " tripartite " de son nouveau conseil d'administration, qui mêle représentants de l'Etat, de la BBC et personnalités extérieures. En effet, le gouvernement veut retirer au conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) le pouvoir de nomination des dirigeants d'audiovisuel public, qui serait confié aux conseils d'administration concernés. A ce sujet, une question stratégique de calendrier se pose : faut-il faire voter dès le printemps une " petite loi " pour régler ces questions de gouvernance, sans attendre une " grande loi " audiovisuelle fin 2018 ou début 2019 ? Cette option n'est pas exclue, reconnaît Mme Nyssen. Derrière ce débat, se cache la question sensible de l'éventuelle fin anticipée des mandats de Delphine Ernotte à France Télévisions ou Mathieu Gallet à Radio France…

D'ici là, Françoise Nyssen aura à gérer un autre dossier épineux : la loi sur les fausses nouvelles annoncée par Emmanuel Macron. Mardi, elle a rencontré Damian Collins, qui dirige la commission d'enquête sur les interférences dans le référendum sur le Brexit. Le parlementaire a jugé les intentions françaises intéressantes, tout en précisant qu'une loi n'était pas prévue à ce stade au Royaume-Uni. Article de Alexandre Piquard. Le Monde

9 janvier 2018

Le « parler vrai » de Macron à l’épreuve des autocrates

Le 5 janvier face à Recep Tayyip Erdogan, le chef de l’Etat a choisi, comme en mai 2017 face à Vladimir Poutine, d’adresser à voix haute certaines critiques à celui qu’il recevait en grande pompe.

Comment gérer les dictateurs ? Le nombre croissant d’autocrates sur la scène internationale pose un problème de plus en plus épineux aux dirigeants des pays démocratiques. Plusieurs attitudes sont possibles : il y a l’option gel des relations, pour ceux qui sont vraiment infréquentables. Il y a la rencontre discrète en se pinçant le nez, si possible en marge de grandes conférences internationales. Il y a la posture « realpolitik », qui assume un dialogue pas forcément glorieux, mais adouci par la signature d’énormes contrats réparateurs pour la balance commerciale.

Et puis il y a la méthode Macron. Elle consiste à recevoir avec tous les honneurs les autocrates de haut rang, ou à aller leur rendre visite en grande pompe, mais à se servir de la rituelle conférence de presse conjointe pour désamorcer, par quelques vérités assénées la tête haute, les critiques de ceux qui l’accusent de se compromettre. Dans son activisme diplomatique, le président français, dont on sait maintenant combien il aime parler, ne veut exclure personne : il souhaite rencontrer « tout le monde », y compris ceux avec lesquels le dialogue n’est pas forcément « cool », comme il le confiait au Point en septembre 2017 à propos de Recep Tayyip Erdogan. Mais il affirme aussi leur parler sans détour, et sans rougir.

Cette méthode a été inaugurée le 29 mai face à Vladimir Poutine, reçu dans le faste de Versailles pour s’entendre dire devant les journalistes que les médias officiels russes n’étaient que des organes d’influence et de propagande. Le président russe écouta stoïquement, le visage fermé : Versailles vaut bien une leçon.

Quels bénéfices ?

Emmanuel Macron a voulu rééditer l’exploit, vendredi 5 janvier, avec le président turc, dont la dérive autoritaire et répressive est dénoncée dans toute l’Europe. Il a souhaité, au cours « d’une discussion très franche », mettre fin à « l’hypocrisie » d’éternels pourparlers sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne : « Il est clair que les évolutions récentes et les choix de la Turquie ne permettent aucune avancée du processus engagé », a dit M. Macron au côté de M. Erdogan. Franc aussi sur leurs « désaccords sur la vision des libertés individuelles », le président français a soumis au président turc une liste de personnes que la France, et notamment les ONG, considère comme injustement poursuivies en Turquie, et a rappelé que la liberté d’expression est « un bloc qui ne se divise ni ne se détricote ».

La question, bien sûr, est la contrepartie espérée. Sortir de ces rencontres la tête haute est une chose, en tirer les bénéfices attendus en est une autre. L’avenir dira si l’accueil de M. Poutine et de M. Erdogan permet d’avancer, notamment, sur le déblocage du dossier syrien.

La méthode Macron semble, en outre, souffrir déjà des exceptions : recevant, le 24 octobre à l’Elysée, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, dont le pays abrite quelque 60 000 prisonniers politiques, le chef de l’Etat a refusé « de donner des leçons hors de tout contexte » – le contexte étant, en l’occurrence, la lutte commune contre le djihadisme.

Cette méthode sera à nouveau mise à l’épreuve cette semaine lorsque M. Macron rencontrera en Chine le plus puissant de tous les autocrates, le président Xi Jinping. Sur la réciprocité des ouvertures commerciales, sur les libertés individuelles et sur la protection des intérêts stratégiques européens, le président français aura, à Pékin, plus d’une occasion de tester son « parler vrai ».

8 janvier 2018

Il faut virer le soldat Rayan - l'édito de Didier Micoine - Le Parisien

La République en marche peut-elle garder comme porte-parole Rayan Nezzar ? Certes, ce jeune professeur d’économie est sûrement brillant, et il s’est excusé quand ont été révélés les nombreux tweets envoyés lorsqu’il était étudiant à l’ENA où il traitait Alain Juppé de « fiotte », Jean-François Copé de « petite pute » ou une journaliste de « pouffiasse ». Du vocabulaire de « jeune de Montreuil », aurait tenté de minimiser Christophe Castaner, le délégué général de LREM, qui visiblement n’a aucune intention de mettre un terme aux fonctions de Nezzar. Pourtant, le nouveau porte-parole de son mouvement, tout brillant qu’il soit, vient de perdre toute sa crédibilité. A Montreuil, Brest ou Forcalquier, on n’est pas censé injurier de cette façon des personnalités. Et l’âge ne fait rien à l’affaire. Même si on n’est pas sérieux quand on a 17 ans, on ne parle pas ici d’un lycéen, mais d’un élève de l’ENA, payé par l’Etat, pour exercer ensuite des responsabilités dans la haute fonction publique. Mais pour Castaner, le respect doit être une valeur de l’ancien monde…

ryan

Castaner sur les tweets injurieux de Ryan Nezzar : "Son vocabulaire de jeune de Montreuil le rattrape"

Par Hadrien Mathoux - Marianne

Le patron de La République en marche a regretté de voir les "propos d'étudiant" injurieux de Rayan Nezzar ressurgir sur Internet. En privé, il aurait loué le "parcours génial" de son nouveau porte-parole, déplorant que "son vocabulaire de jeune de Montreuil le rattrape".

"Pouffiasse", "fiotte", "couille molle"... Le combat politique est souvent rude, mais on n'a pas l'habitude de voir de telles insultes proférées par l'un de ses acteurs. Le tout frais porte-parole de La République en marche (LREM), Rayan Nezzar, nommé le 4 janvier dernier, est au coeur d'une désagréable polémique : le site Buzzfeed a fouillé son prolifique compte Twitter (plus de 50.000 tweets dont plus de 5.000 ont été supprimés) et y a déniché des propos peu amènes rédigés à l'encontre de plusieurs dirigeants politiques de premier plan.

Les tweets datent de 2012 et 2013, lorsque Rayan Nezzar n'était qu'un anonyme étudiant à l'ENA. Visiblement, il en avait gros sur la patate. Jean-François Copé, qualifié de "petite pute", est invité à aller "niquer sa mère" ; Alain Juppé est traité de "fiotte", Marine Le Pen de "pute". Bruno Le Maire est désigné comme un "couilles molles", tandis que Manuel Valls aurait lui "zéro couille" (on ne sait ce qui est le pire aux yeux de Rayan Nezzar). Ironiquement, ces deux derniers responsables politiques insultés sont aujourd'hui d'éminents membres de la majorité.

Face à l'opprobre médiatique, Rayan Nezzar s'est platement excusé, regrettant des "propos irréfléchis" tenus "lorsqu'il était étudiant". Mis à part le député LREM François-Michel Lambert, qui a demandé à Christophe Castaner de "revenir sur cette nomination", la majorité a choisi le silence… voire le soutien envers le nouveau porte-parole du parti.

Invitée ce dimanche 7 janvier sur Europe 1, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a plaidé l'indulgence : "Je pense que beaucoup de jeunes qui ont 18 ou 15 ans aujourd'hui, ils croient qu'ils sont dans une culture de l'immédiateté et quand ils chattent ou quand ils font un tweet, ils croient que c'est pour tout de suite et que ça n'a pas beaucoup de valeur". C'est donc la ligne du pardon qui semble être choisie, même si Rayan Nezzar avait 22 ans à l'époque de ses messages injurieux et qu'il était tout de même déjà énarque.

Les explications "off" de Christophe Castaner

Christophe Castaner, qui a choisi de nommer le jeune haut fonctionnaire au porte-parolat du parti, tient pour l'instant un silence prudent… brisé par la journaliste de RTL Pauline de Saint-Rémy, qui révèle des propos que le secrétaire d'Etat aurait tenus en privé : "C'était un propos d'étudiant pour lequel il s'est excusé." Avant d'aller plus loin : "Ce qui m'agace, c'est qu'il a un parcours génial, rare en politique, du talent, et là son vocabulaire de jeune de Montreuil le rattrape."

La destinée de Rayan Nezzar est certes peu commune en politique, puisqu'il a effectivement grandi dans une banlieue parisienne défavorisée avant d'intégrer Sciences Po, puis l'ENA, et de devenir porte-parole d'En Marche à 26 ans. Un beau symbole de méritocratie républicaine, entaché par ces insultes numériques, et immédiatement reliées à ses origines sociales par Christophe Castaner.

5 janvier 2018

SOS PS

L'édito de Didier Micoine - Le Parisien

Y a-t-il encore une place pour le PS dans le « nouveau monde » cher à Emmanuel Macron ? Sept mois après l’élection du nouveau locataire de l’Elysée, on peut se poser la question. Le chef de l’Etat continue de vouloir dynamiter le parti de François Mitterrand, et les socialistes eux-mêmes l’aident à saborder leur vieille maison ! L’année 2017 aura été catastrophique : il y a eu les 6,3 % de Benoît Hamon à la présidentielle, éliminé dès le 1er tour et qui depuis a quitté le navire, les élus partis en nombre chez Macron ou dans la nature, le groupe à l’Assemblée réduit comme peau de chagrin (et qui préfère se faire appeler Nouvelle gauche), le siège national de Solférino qui a été vendu… Et 2018 s’annonce morose. Alors qu’un congrès est programmé pour avril, aucun leader ne semble vouloir succéder à Jean-Christophe Cambadélis à la tête du parti. Le renoncement de Najat Vallaud-Belkacem, qui semblait pourtant dans les starting-blocks, mais préfère finalement rester à l’extérieur, montre peut-être que le parti en tant que tel est effectivement une structure à bout de souffle. Cela ne doit pas empêcher les socialistes de reconstruire et de travailler pour retrouver une ligne politique et une cohérence. Macron, quoi qu’il en pense, n’a pas vocation à occuper l’ensemble de l’espace politique, à l’exception des extrêmes. La gauche et la droite peuvent encore avoir un avenir possible. A condition de s’en donner les moyens.

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4 janvier 2018

Macron : circulez, il n'y a rien à voir

La lettre politique de Laurent Joffrin

En formulant ses vœux à la presse, le président de la République a disserté avec brio sur la montée des démocraties «illibérales», sur la prolifération des «fake news» et sur les problèmes économiques des médias. Il a émis plusieurs idées justes ou intéressantes, même si elles se heurteront à des difficultés d’application considérables, par exemple dans la définition des «fausses nouvelles» qu’il voudrait sanctionner en période électorale, sachant qu’il existe déjà des lois réprimant la diffamation. Un passage de son intervention a été moins commenté, celui où il stigmatise la «confidence» pratiquée dans les «antichambres», intimement liée selon lui à la «connivence» qu’on reproche souvent aux journalistes dans leurs rapports avec les hommes politiques. Seule compte, dit-il, «la parole officielle», et non «le contexte» dans lequel elle est prononcée. S’il s’agit de stigmatiser les anecdotes futiles ou insignifiantes dont se repaît parfois la presse, pourquoi pas? Les rumeurs, les ragots, les historiettes émanant de l’Elysée n’ont pas forcément l’intérêt qu’on leur prête, même elles donnent parfois une épaisseur humaine à l’exercice du pouvoir.

En revanche, ce monopole donné à «la parole officielle» pose problème. Bannies seraient donc les confidences livrées par des conseillers ou des ministres sur le fonctionnement interne du pouvoir, au nom d’un refus de la connivence et de la «petite phrase» anonyme sujette à caution et à scepticisme. La question est plus grave qu’on pourrait le penser. Cette opacité revendiquée dans la prise de décision est-elle légitime? Prenons un ou deux exemples. Dans l’affaire de Notre-Dame-des-Landes, est-il seulement futile ou anecdotique de savoir où en est le débat interne sur le futur projet? Savoir si Nicolas Hulot, hostile au projet, l’emporte sur Jean-Yves Le Drian, avocat historique du même projet, si l’un ou l’autre envisage de démissionner si l’arbitrage lui est défavorable, n’est-ce pas une interrogation politique légitime? La description des débats internes au gouvernement sur cette question n’est-elle pas utile à la formatio n du jugement public? D’autant que ces rapports de force politiques peuvent aussi éclairer la décision finale.

Autre exemple: les circulaires Collomb sur l’intervention de la police dans les centres d’accueil pour migrants peuvent susciter des oppositions internes à l’équipe Macron-Philippe. Certaines se sont déjà exprimées au Parlement. Il faudrait donc s’abstenir d’essayer d’en savoir plus sur les arguments des uns et des autres, sachant qu’une opposition aux circulaires prend plus de poids si elle apparaît à l’intérieur même du gouvernement? N’est-ce pas le rôle de la presse, justement, que de rechercher sur ce point des confidences internes qui nourriraient l’information du public?

Emmanuel Macron répond: circulez, il n’y a rien à voir. C’est le réflexe compréhensible de tout responsable d’organisation qui ne souhaite pas voir étaler en place publique les dissensions qu’il rencontre à l’intérieur de son équipe. Cela se comprend. Est-ce pour autant légitime? Le Président dénonce les artifices de la confidence politique et la vacuité des propos de coulisse. Est-ce pour assainir la relation presse-pouvoir? Ou bien, plus prosaïquement, pour protéger le pouvoir de la curiosité de la presse?

4 janvier 2018

Annie Genevard: "Françoise Nyssen n'incarne pas la fonction"

Annie Genevard était l'invitée de Jean-Pierre Elkabbach dans La Matinale sur CNEWS. Pour la nouvelle secrétaire générale de Les Républicains, la ministre de la Culture n'a pas pris sa place dans ce ministère.

2 janvier 2018

Street Art à l’Élysée : quand la Marianne d’Obey s’invite aux vœux présidentiels

street art elysées

Ce dimanche 31 décembre, le président Emmanuel Macron a choisi d’associer l’image de la Marianne conçue par le Street Artiste américain Shepard Fairey, alias Obey, aux premiers vœux de son quinquennat.

Obey, Liberté, Égalité, Fraternité, 2015 © Obey Giant.

De l’art de s’approprier une tradition ou le solennel version Street Art. Des esprits les plus conservateurs aux exaltés de l’art urbain, en passant par les partisans désenchantés et les noceurs en puissance, tous ceux qui, par inadvertance ou par devoir, ont assisté ce dimanche aux premiers vœux du Nouvel An d’Emmanuel Macron se sont posé la même question : « Mais quel est donc ce tableau ? ». Difficile, en effet, de ne pas remarquer, tout au long du discours présidentiel, l’obsédante Marianne du Street Artiste Obey qui, toute auréolée de la devise républicaine, s’affichait fièrement à l’arrière-plan, sur le mur du salon d’angle du Palais de l’Élysée.

En réalité, il s’agit d’une reproduction de l’image (en libre téléchargement) élaborée par l’artiste Shepard Fairey, plus connu sous le nom de Obey, en témoignage de son empathie avec le peuple français au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Sobrement intitulé Liberté, Égalité, Fraternité, le projet avait notamment été décliné sous forme d’une fresque monumentale sur le mur d’un immeuble situé au 186 rue Nationale dans le XIIIe arrondissement à Paris. Né en 1970 à Charleston, en Caroline du Sud, Shepard Fairey se forme à la Rhode Island School of Design avant de créer ses premières campagnes de stickers parodiques, destinées à dénoncer la propagande américaine. Considéré comme l’un des artistes Street Art les plus provocateurs et les plus influents du moment, il s’est notamment rendu célèbre en 2008 en réalisant HOPE, l’affiche de campagne de Barack Obama. La même année, il dévoilait à Paris son œuvre Earth Crisis, un globe géant de 8 mètres de diamètre placé au cœur de la Tour Eiffel en l’honneur de la COP21.

Obey a créé Liberté, Égalité, Fraternité en fusionnant son célèbre projet Make Art Not War avec le drapeau français qui avait envahi les réseaux sociaux après les attentats de 2015. L’image, dont le style et le graphisme empruntent aussi bien au poster publicitaire qu’au prospectus politique et à l’affiche Art Nouveau, associe ainsi la figure stylisée de Marianne, icône de la Nation, aux deux grands symboles républicains (hérités de la période révolutionnaire) que sont le drapeau tricolore et la devise de la République française. D’autres motifs viennent enrichir la portée universelle de cette représentation, en particulier le symbole « Peace & Love » qui, dans la partie basse de la cocarde, abrite la signature de l’artiste, ou encore les deux pinceaux qui, en lieu et place des très martiales épées croisées de l’héraldique militaire, viennent encadrer le médaillon. Différents éléments végétaux stylisés (hibiscus placés dans la coiffure de Marianne, palmettes, marguerites, etc.) animent également cette composition très hiératique comme autant de symboles de vie, d’abondance et de renouveau. Dès lors, on comprend mieux la présence, ce 31 décembre aux côtés du président Macron, de cette œuvre qui, d’une part, manifeste immédiatement le non-conservatisme du chef de l’État, et, d’autre part, réaffirme le nécessaire renouvellement du pacte républicain pour faire face, notamment, à la menace terroriste.

street art elysées 1

1 janvier 2018

Emmanuel Macron... again (en version courte)

Avec un air  de plagiat ? non ?

"Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays."

John Fitzgerald Kennedy

1 janvier 2018

"À quoi bon ce discours amphigourique?", demande Mélenchon après les voeux de Macron

La signification de ce mot a éveillé la curiosité des internautes.

POLITIQUE - "Amphigourique". Un mot dont la signification n'est pas forcément connue de tous, mais bel et bien de Jean-Luc Mélenchon. C'est ainsi que le leader de la France Insoumise a qualifié les voeux d'Emmanuel Macron, diffusés ce 31 décembre à 20 heures, comme le veut la tradition.

Dans un tweet, le député s'indigne: "Quelqu'un lui dit que c'est réveillon? À quoi bon ce discours amphigourique?". Et grâce à ce dernier, plusieurs internautes ont indiqué avoir appris la définition de ce mot.

Selon la définition du Larousse, "amphigourique" se dit "d'un style, d'un écrivain embrouillé et obscur". Plus précisément, il s'agit d'une "figure de rhétorique qui consiste à écrire un discours ou un texte de manière volontairement burlesque, obscure ou inintelligible. Par extension, écrit ou discours dont les phrases, contre l'intention de l'auteur, ne présentent que des idées sans suite et n'ont aucun sens raisonnable".

Ce n'est pas la première fois que le député insoumis emploie ce terme. Dans un billet publié sur son blog en 2012, intitulé "Cette fois ci, c'est la bonne?", il qualifie également un discours de François Hollande portant sur les questions de défense de la même manière: "Le discours suinte surtout un ennui profond. L'utilisation amphigourique des mots 'déterminé' et 'détermination', encadre un empilement de phrases creuses. Cependant sur les questions de fond, le ton monocorde et pâlichon est aussi un habile camouflage pour un tournant atlantiste sans précédent chez les socialistes".

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