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Jours tranquilles à Paris
2 octobre 2020

SPÉCIAL CHARLIE HEBDO - «Charlie», 50 ans et tout son mordant

charlie33

Par Frédérique Roussel — Libération

Né le 23 novembre 1970 pour prendre la relève de «l’Hebdo Hara-Kiri», interdit à la vente par le pouvoir, «Charlie Hebdo» est resté fidèle à son impertinence et à sa liberté de ton. Un copieux florilège de dessins, unes et articles relate son aventure.

Cinquante balais le mois prochain. Charlie fête son anniversaire. On dirait le titre cucul la praline d’un album pour la jeunesse. Sauf qu’avoir un demi-siècle, en général, n’a rien de léger, que celui-là est assombri par LE massacre, et qu’il tombe dans un contexte de procès des attentats de janvier 2015. N’empêche. L’équipe de Charlie Hebdo continue sa «Vie de château», comme l’a représenté sur deux pages Vuillemin le 3 janvier 2018, un dessin reproduit à la fin de Charlie Hebdo : 50 ans de liberté d’expression qui sort ce jeudi. Un château plutôt qu’un bunker, parce qu’il continue à repousser les assauts des cons de tous poils et qu’il demeure une tour inexpugnable de la liberté d’expression, et de celle de la liberté de ton aussi.

On aimerait pouvoir assister par autorisation exceptionnelle divine, si on y croyait, ou par technologie futuriste de voyage dans le temps, si elle existait, aux ires et rires qui ont propulsé le premier numéro, celui du 23 novembre 1970. Raymond Marcellin avait interdit l’Hebdo Hara-Kiri du «Bal tragique à Colombey : 1 mort». En faisant un raccourci hâtif, on peut dire que le général de Gaulle a entraîné l’Hebdo dans la tombe avec lui. Mais la bande d’alors - Cabu, Cavanna, Choron, Delfeil de Ton, Fournier, Gébé, Reiser, Willem, Wolinski - l’a ressuscité sous les oripeaux de Charlie Hebdo.

Démêlés judiciaires

Interdit d’interdire, l’antienne de 1968, coulait de source pour eux. Charlie Hebdo était un pied de nez à la censure, une solution provisoire, «une solution de désespoir», en attendant la fin de l’interdiction de la loi de 1949 (protéger la jeunesse des «mauvaises» lectures, prétexte alors à des coupes sombres dans environ 5 000 livres, revues et journaux au total) qui frappait l’Hebdo. Mais ce n’est que dix ans plus tard, en 1981, qu’un autre ministre de l’Intérieur, de gauche celui-là, Gaston Defferre, la leva. Peu de temps après cette liberté recouvrée, le 11 janvier 1982, Charlie se saborda. «Pourquoi ? Parce que tu ne l’achètes pas, mon salaud.» Du Cavanna évidemment, qui insultait copieusement ceux qui ignoraient son bébé papier bête et méchant, «des cons et des veaux qui ne savent pas ce qu’est bon». Conclusion : quand Charlie disparaît, ce n’est pas de la censure, peut-être de bas besoins financiers, de la faute aux non-lecteurs ou même à un membre qui quitte le navire, comme Siné en 2008. Mais pas de la censure, la liberté est sa raison d’être. 

Cinquante ans de liberté d’expression, c’est l’angle, comme on dit dans la presse, de l’ouvrage cadeau (d’anniversaire) de Charlie Hebdo. Y sont rassemblés des unes frappantes, des dessins, des articles, tous en rapport avec ce sujet majeur, mais aussi avec ceux qui sont censés l’exercer, autrement dit les journalistes et les médias. «La liberté de la presse sans journalistes, c’est comme un myopathe sans chaise roulante : elle ne risque pas d’aller très loin.» L’hebdo ne s’est jamais gêné pour taper ses confrères, pour critiquer la tendance de la presse à être rachetée par des industriels soucieux d’image, à être vendue aux annonceurs («La publicité nous prend pour des cons. La publicité nous rend cons», disait Cavanna, en 1994), à être pleutre («journalisme anti-vagues»). Il y a aussi dans ce florilège les dessins et articles suscités par les polémiques et les démêlés judiciaires («L’histoire de Charlie Hebdo pourrait s’écrire uniquement à travers les procès dont il fut l’objet»). On pourrait penser que la publication des caricatures en 2006, puis ses suites au tribunal, représentent un tournant dans l’histoire de Charlie. Pour les autres peut-être. Pour l’esprit Charlie, non.

Rire de tout

Car si on regarde la photo de bout en bout, rien n’a bougé philosophiquement. C’est ce que nous dit Riss en préface. La ligne a été fidèle à la lettre de ses fondateurs, comme on dit : «Mais comment un journal qui s’était battu depuis 1970 pour combattre toutes les formes de restriction à la liberté d’expression aurait pu à son tour céder à la censure en s’interdisant de publier ces dessins blasphématoires ? C’est toute l’histoire de Charlie Hebdo qui imposait de le faire.» Ce qui a été moins fidèle, c’est la capacité de la société à accepter qu’on puisse rire de tout. Des petits trucs «gribouillés» (Riss, le 25 février 2015) faits pour amuser et donner à réfléchir (pas toujours bons d’ailleurs), ont déclenché une tuerie. Le dernier chapitre de ce livre des 50 ans, c’est «Charlie vivant». Pub : le numéro 1 471 est en kiosque.

Charlie Hebdo : 50 ans de liberté d’expression Les Echappés, 328 pp., 39 €.

charlie libé

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23 septembre 2020

Tribune - « Ensemble, défendons la liberté » : l’appel inédit d’une centaine de médias français

liberte

Par Collectif

A l’initiative de Riss, directeur de la publication de « Charlie Hebdo », des représentants de journaux français se sont réunis pour débattre des menaces qui pèsent sur la liberté d’expression, cinq ans après l’attaque terroriste contre le journal satirique. S’inquiétant de la persistance de ces risques, plus d’une centaine de médias, dont « Le Monde », signent et publient concomitamment une « lettre ouverte à nos concitoyens » pour défendre la liberté d’expression.

Il n’est jamais arrivé que des médias, qui défendent souvent des points de vue divergents et dont le manifeste n’est pas la forme usuelle d’expression, décident ensemble de s’adresser à leurs publics et à leurs concitoyens d’une manière aussi solennelle.

Si nous le faisons, c’est parce qu’il nous a paru crucial de vous alerter au sujet d’une des valeurs les plus fondamentales de notre démocratie : votre liberté d’expression.

Aujourd’hui, en 2020, certains d’entre vous sont menacés de mort sur les réseaux sociaux quand ils exposent des opinions singulières. Des médias sont ouvertement désignés comme cibles par des organisations terroristes internationales. Des Etats exercent des pressions sur des journalistes français « coupables » d’avoir publié des articles critiques.

La violence des mots s’est peu à peu transformée en violence physique.

Ces cinq dernières années, des femmes et des hommes de notre pays ont été assassinés par des fanatiques, en raison de leurs origines ou de leurs opinions. Des journalistes et des dessinateurs ont été exécutés pour qu’ils cessent à tout jamais d’écrire et de dessiner librement.

« C’EST TOUT L’ÉDIFICE JURIDIQUE ÉLABORÉ PENDANT PLUS DE DEUX SIÈCLES POUR PROTÉGER VOTRE LIBERTÉ D’EXPRESSION QUI EST ATTAQUÉ, COMME JAMAIS DEPUIS SOIXANTE-QUINZE ANS »

« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », proclame l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, intégrée à notre Constitution. Cet article est immédiatement complété par le suivant : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Pourtant, c’est tout l’édifice juridique élaboré pendant plus de deux siècles pour protéger votre liberté d’expression qui est attaqué, comme jamais depuis soixante-quinze ans. Et cette fois par des idéologies totalitaires nouvelles, prétendant parfois s’inspirer de textes religieux.

Bien sûr, nous attendons des pouvoirs publics qu’ils déploient les moyens policiers nécessaires pour assurer la défense de ces libertés et qu’ils condamnent fermement les Etats qui violent les traités garants de vos droits. Mais nous redoutons que la crainte légitime de la mort n’étende son emprise et n’étouffe inexorablement les derniers esprits libres.

Que restera-t-il alors de ce dont les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 avaient rêvé ? Ces libertés nous sont tellement naturelles qu’il nous arrive d’oublier le privilège et le confort qu’elles constituent pour chacun d’entre nous. Elles sont comme l’air que l’on respire, et cet air se raréfie. Pour être dignes de nos ancêtres qui les ont arrachées et de ce qu’ils nous ont transmis, nous devons prendre la résolution de ne plus rien céder à ces idéologies mortifères.

« NOUS AVONS BESOIN DE VOUS. DE VOTRE MOBILISATION. DU REMPART DE VOS CONSCIENCES »

Les lois de notre pays offrent à chacun d’entre vous un cadre qui vous autorise à parler, écrire et dessiner comme dans peu d’autres endroits dans le monde. Il n’appartient qu’à vous de vous en emparer. Oui, vous avez le droit d’exprimer vos opinions et de critiquer celles des autres, qu’elles soient politiques, philosophiques ou religieuses, pourvu que cela reste dans les limites fixées par la loi. Rappelons ici, en solidarité avec Charlie Hebdo, qui a payé sa liberté du sang de ses collaborateurs, que, en France, le délit de blasphème n’existe pas. Certains d’entre nous sont croyants et peuvent naturellement être choqués par le blasphème. Pour autant, ils s’associent sans réserve à notre démarche. Parce que, en défendant la liberté de blasphémer, ce n’est pas le blasphème que nous défendons, mais la liberté.

Nous avons besoin de vous. De votre mobilisation. Du rempart de vos consciences. Il faut que les ennemis de la liberté comprennent que nous sommes tous ensemble leurs adversaires résolus, quelles que soient par ailleurs nos différences d’opinions ou de croyances. Citoyens, élus locaux, responsables politiques, journalistes, militants de tous les partis et de toutes les associations, plus que jamais dans cette époque incertaine, nous devons réunir nos forces pour chasser la peur et faire triompher notre amour indestructible de la liberté.

Les médias signataires de l’appel :

Alliance de la presse d’information générale, BFMTV, Canal+, Challenges, Charlie Hebdo, CNews, Courrier international, Europe 1, France Télévisions, L’Alsace, L’Angérien libre, L’Avenir de l’Artois, L’Echo de l’Ouest, L’Echo de la Lys, L’Equipe, L’Essor savoyard, L’Est-Eclair, L’Est républicain, L’Express, L’Hebdo de Charente-Maritime, L’Humanité, L’Humanité Dimanche, L’Indicateur des Flandres, L’Informateur Corse nouvelle, L’Obs, L’Opinion, L’Union, La Charente libre, La Croix, La Dépêche du Midi, La Nouvelle République, La Renaissance du Loir-et-Cher, La Renaissance lochoise, La Savoie, La Semaine dans le Boulonnais, La Tribune républicaine, La Vie, La Vie corrézienne, La Voix du Nord, Le Bien public, Le Canard enchaîné, Le Courrier français, Le Courrier de Gironde, Le Courrier de Guadeloupe, Le Courrier de l’Ouest, Le Courrier picard, Le Dauphiné libéré, Le Figaro, Le Journal d’ici, Le Journal des Flandres, Le Journal du dimanche, Le Journal du Médoc, Le Journal de Montreuil, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Maine libre, Le Messager, Le Monde, Le Parisien, Le Pays gessien, Le Phare dunkerquois, Le Point, Le Progrès, Le Républicain lorrain, Le Réveil de Berck, Le Semeur hebdo, Le Télégramme, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Les Echos, Les Echos du Touquet, LCI, Libération, Libération Champagne, M6, Marianne, Midi libre, Monaco Matin, Nice Matin, Nord Eclair, Nord Littoral, Ouest France, Paris Match, Paris Normandie, Presse Océan, Radio France, RMC, RTL, Sud Ouest, Télérama, TF1, Var Matin, Vosges Matin.

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