Ce soir les Voeux du Président de la République
L'exercice est traditionnel, mais il s'annonce d'ores et déjà délicat pour le chef de l'État : François Hollande s'efforcera mardi soir lors de ses deuxièmes voeux aux Français, de les convaincre du bien-fondé de la voie qu'il suit, et ce, en dépit des incertitudes sur le front du chômage et de la croissance. Le tout à la veille d'une année électorale difficile et alors qu'il est crédité de la cote de popularité la plus faible des présidents de la Ve République.
Il y a un an, François Hollande avait fait le pari de parvenir, "coûte que coûte" à inverser la courbe du chômage fin 2013, faisant ainsi de cet indicateur le marqueur de son action. Las, douze mois plus tard, le retournement n'est pas avéré, malgré les explications du gouvernement pour tenter de démontrer que tel est bien le cas. Fin décembre, la publication des chiffres du chômage de novembre a montré une nouvelle hausse (+ 17 800), après une baisse en octobre (- 20 500). Il faudra cependant attendre fin janvier et les chiffres de décembre pour savoir si le pari présidentiel est gagné ou perdu.
Une réforme fiscale encore floue
Depuis Riyad où il était en déplacement dimanche, le chef de l'État a affirmé qu'il continuerait "cette bataille pour que le chômage recule et recule encore dans l'année 2014". Manière de décliner l'argumentaire du gouvernement selon lequel arithmétiquement la courbe de l'inversion est "bien amorcée" mais surtout de demander du temps. "François Hollande va s'appuyer sur les premiers résultats enregistrés, sur sa volonté de parvenir à un recul durable du chômage, qui a tout juste commencé à reculer, sur sa volonté que la croissance qui repart tout juste, progresse davantage", affirme à l'AFP un proche du président. Les économistes tablent sur une hausse du PIB de 1 % en 2014 après + 0,2 en 2013, insuffisante pour permettre une création d'emplois, autres que les emplois aidés.
Le chef de l'État est attendu en outre sur le dossier fiscal, devenu au fil des derniers mois confus. À la "pause fiscale" décrétée à la fin de l'été par François Hollande a répondu cet automne le ras-le-bol fiscal des Français, puis l'annonce d'une "remise à plat du système fiscal" par Jean-Marc Ayrault, au nom de la nécessité d'un environnement fiscal stable et juste. Avec pour résultat un peu plus de flou, sur les contours de la réforme et son calendrier. Le président a depuis précisé qu'il n'était pas question de toucher à ce qui avait été fait depuis le début de son quinquennat, comme le crédit d'impôt compétitivité emploi.
La montée du populisme
Lundi à Riyad, devant un aréopage de chefs d'entreprise français et saoudiens, il a pris l'engagement "d'assurer" la "stabilité fiscale et des normes". "La stabilité fiscale doit être la règle, la simplification doit être le comportement quotidien de l'administration française et l'attractivité doit être la priorité", a-t-il dit. Selon un de ses proches, cela signifie qu'on ne touchera pas à la fiscalité des entreprises, si ce n'est dans le sens de la baisse. "La priorité, c'est l'économie elle-même", a ajouté ce dernier. Pour les particuliers, en revanche, mystère. Mais déjà, les hausses de TVA au 1er janvier pourraient, une fois en application, ranimer la fronde fiscale.
Côté front électoral, si le Parti socialiste affiche peu d'inquiétudes pour les municipales, il se fait plus de soucis pour les européennes, avec la montée des populismes. À cet égard, François Hollande devrait prendre le contre-pied et vanter les mérites de l'Union européenne. Il pourrait ainsi insister, selon un proche, sur l'accord relatif à l'union bancaire pour démontrer que "l'Europe se protège de ses banques", sur les avancées concernant les travailleurs détachés.... Mais en moins de dix minutes - le format classique des voeux présidentiels -, François Hollande ne pourra pas balayer tous les sujets et répondre aux inquiétudes. Ce qu'il devrait faire le 14 janvier, lors de sa conférence de presse. Source : AFP