Paris dans le métro
VINCENT PFLIEGER
Gens endormis, policiers et travailleurs en col blanc : un bestiaire souterrain de la capitale française.
Dans toutes les grandes métropoles, il existe un monde souterrain à la fois ouvert et caché – c'est sur ce monde que je me suis penché pendant six mois, durant l'hiver 2014. En passant le plus clair de mon temps dans les transports, j'ai décidé de commencer ma première série argentique en noir et blanc – à l'aide de l'appareil de mon père – sur le métro parisien. Qu'ils soient étudiants, travailleurs en cols blancs ou bleus, touristes ou sans-abri en quête de refuge, ses usagers sont multiples. Pour connaître la diversité de la population d'une ville, il n'y a pas de meilleur indicateur que son métro.
La première chose que je fais lorsque je rentre dans une rame est de contempler tout ce petit monde qui m'entoure, collectant les expressions, cherchant un visage familier. C'est un spectacle dont je ne me suis jamais lassé. Je les regarde, je spécule sur leur vie en essayant d'imaginer l'avant et l'après de ce moment. Certains usagers sont endormis ou rêvent les yeux ouverts, d'autres lisent ou discutent. Lorsque je trouve quelqu'un qui me paraît intéressant, j'essaie de la photographier sans me faire repérer pour l'ajouter à mon bestiaire souterrain. Dans le cadre de cette série, je me suis concentré sur les lignes que j'empruntais le plus pour sortir, aller en cours ou travailler – à savoir le RER A et les lignes 1, 3, 9, 7 et 8.
Tatiana Shvetsova-Yaperova, Thaw
Je reviens à nouveau sur le corps nu dans la série « Thaw ». J’ai quitté la sentimentalité excessive, j’espère. Le corps est représenté comme un objet de l’environnement, du matériau, de la texture de certaines photographies. Il est difficile de se sentir comme une continuation de la ligne inanimée. En outre, ça prend vie. Le corps est expressif, c’est notre coquille, il ressent des douleurs et des changements se produisent. La vie est inestimable et fragile. L’humain est beau sans excès.
Tatiana Shvetsova-Yaperova
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Nouvelle ère
L'édito de Charles de Saint-Sauveur - Le Parisien
Demain soir, la France connaîtra son nouveau président de la République. Son visage, quel qu’il soit, sera une révolution en soi. Si c’est Emmanuel Macron ? Il sera le plus jeune chef de l’Etat de l’histoire de notre République, et plus encore, un ovni qui aura su se faufiler entre des partis moribonds pour décrocher le pompon. Si c’est Marine Le Pen, les Français auront pour la première fois une femme à l’Elysée, mais le séisme sera évidemment ailleurs : une figure issue de l’extrême-droite (même édulcorée, comme le regrette son propre père) dirigera le pays avec un parti qui s’était jusque-là cantonné au rôle de trouble-fête. Une chose est sûre, l’histoire de cette présidentielle ne s’achèvera pas dimanche à 20h. En fonction du résultat, commencera à cette heure précise un chambardement politique tel que la France n’en a pas connu depuis 1958 et la « fin du régime des partis». Le troisième tour passera par les législatives (dont l’issue est totalement incertaine) et - qui sait ? - la rue où se déversera peut-être la colère venue des urnes. Demain soir, la France entre dans une nouvelle ère.