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Jours tranquilles à Paris
28 juin 2017

Le street art grimpe sept étageshttp://rehab2.fr/

Des artistes ont relooké une résidence de la Cité universitaire avant sa rénovation. A découvrir jusqu’au 16 juillet.

Par  Léa Sanchez

«Peu importe les portes », « les princes ont-ils des principes  ?  » Sur le mur repeint en gris, en lettres blanches entourées de noirs, les inscriptions du peintre et chanteur Charlélie Couture attirent l’œil. Derrière elles, seule une poignée de porte rappelle que l’exposition de street art « Rehab2 » a lieu jusqu’au 16 juillet dans une résidence étudiante, la Maison des arts et métiers de la Cité Internationale Universitaire (XIV e). Des travaux de rénovation y commenceront par la suite.

L’année dernière, une première exposition avait eu lieu dans l’autre bâtiment de la Maison des arts et métiers, qui devait lui aussi être réhabilité. Sur la suggestion d’un résident, l’équipe du label d’art urbain Bitume - dont deux anciens des Arts et métiers - monte en quelques semaines une exposition qui dure 3 jours et attire 1 500 visiteurs.

3 000 bombes et 800 litres de peinture

Une expérience que les organisateurs ont voulu réitérer. Cette année, 3 000 bombes et 800 litres de peintures ont été utilisées pour réaliser des fresques, des graffitis ou encore des pochoirs sur les sept étages de la résidence. Les visiteurs découvrent les univers d’une centaine d’artistes venus recouvrir aussi bien les couloirs et les plafonds que les escaliers. « Il y en a partout. Ce ne sont pas simplement des fresques posées sur des murs mais une véritable immersion », estime Hugo Di Carlo, responsable commercial de Bitume.

Maria, Colombienne de 20 ans, fait partie des étudiants qui vivent encore dans la résidence. Elle regrette d’avoir eu à supporter les effluves de peintures pendant les trois semaines où les artistes ont travaillé. Mais, au vu du résultat, elle considère l’idée « géniale » : « On découvre plein de façons de s’exprimer. » Dans le hall, elle montre l’une de ses œuvres favorites : un gorille installé entre des boîtes à lettres d’étudiants. « Rien que l’entrée est impressionnante », approuve Yann, un visiteur de 27 ans, en grimpant l’escalier. Quelques marches plus loin, d’autres surprises l’attendent : une installation représentant l’intérieur du corps d’une baleine et les déchets qu’elle absorbe, une autre qui nous emmène sur les toits de Paris… A l’extérieur du bâtiment, un « village » propose également des animations - concerts, battles de graff… - durant les week-ends.

Adresse : Maison des arts et métiers, Cité internationale universitaire, 17, boulevard Jourdan, RER Cité Universitaire. Horaires : jusqu’au 16 juillet, chaque jour de 10 heures à 22 heures. Tarif : entrée libre. Rens. : www.rehab2.fr

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28 juin 2017

Varda et JR sur les routes de France

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Par Mathieu Macheret

La réalisatrice octogénaire et le photographe-street-artiste filment leur balade de village en village.

Il y avait sans doute beau jeu d’ironiser sur l’alliance incongrue entre Agnès Varda, faiseuse d’images multisupports, et le photographe JR, réputé pour coller ses tirages monumentaux sur les parois du monde entier, pour ce qui semblait s’annoncer comme une simple bande autopromotionnelle vouée à mettre leurs travaux en avant.

A l’arrivée, Visages Villages, fruit de leur collaboration, financé en partie sur une plate-forme de financement participatif, est un objet beaucoup plus composite que prévu, ouvert aux quatre vents, s’évadant sans cesse du cinéma pour y revenir par la bande, offrant finalement une réflexion décousue sur le regard, cette sécrétion immatérielle de l’œil qui jaillit vers les autres et refaçonne le monde à sa guise.

Après une brève introduction, sous l’égide des peintures murales de Los Angeles que Varda avait filmées dans Murs, murs (1981), celle-ci embarque dans la camionnette de JR, et les voilà partis sur les routes de France, sans plan de bataille, pour dénicher des sujets à photographier et des façades à badigeonner.

Leur promenade improvisée les mène dans un coron du Pas-de-Calais, dans une usine chimique des Alpes, sur le port du Havre (Seine-Maritime) et dans un village fantôme de la Manche. Les projets de collages occasionnent une multitude de saynètes avec les habitants du coin, dont les portraits géants sont placardés sur les murs.

Une mémoire active

A l’image, l’octogénaire et le jeune histrion forment une sorte de duo comique se cherchant gentiment des noises : l’un taquine l’autre sur son âge vénérable et l’autre cherche à faire tomber les éternelles lunettes noires de l’un, pour filmer son regard, comme elle l’avait fait jadis avec Jean-Luc Godard dans Les Fiancés du pont Mac Donald (1961).

Le film navigue ainsi à vue entre reportage télé bucolique (parfois un peu gnangnan) et scènes où l’émotion cinématographique affleure inopinément, comme avec le carillonneur de Bonnieux (Vaucluse), dont les gestes occasionnent un montage ébouriffant, ou devant un blockhaus échoué de Sainte-Marguerite-sur-Mer (Seine-Maritime), repeint au souvenir du photographe Guy Bourdin (1928-1991), dont l’image sera bientôt emportée par la marée.

Visages Villages nous rappelle surtout qu’un film ne naît pas nécessairement d’un scénario, ni même d’un sujet préétabli, mais peut sortir de rien du tout, d’un geste, d’une idée, d’une balade dominicale – les collages géants servant surtout de dispositif transitoire pour collectionner les portraits passagers et les rencontres fugaces.

La beauté du film tient aussi au fait qu’il fonctionne comme une mémoire active, Varda ne cessant de puiser dans son passé de photographe ou dans ses archives filmées pour éclairer le présent. Au bout du chemin, quelque part dans le canton vaudois, se niche pourtant un souvenir plus ingrat que les autres, aux retombées véritablement bouleversantes, mais qui ne disqualifie en rien le plaisir de partir sans bagage à l’aventure.

« Visages Villages », documentaire français d’Agnès Varda et JR (1 h 29). A voir.

28 juin 2017

SOLDES du 28 juin au 8 août....

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27 juin 2017

Emmanuel Macron a invité Donald Trump au défilé du 14-Juillet

Emmanuel Macron a convié Donald Trump au défilé du 14-Juillet, a annoncé l'Elysée, mardi 27 juin. Le chef de l'Etat français "a renouvelé son invitation au président Trump et à son épouse de venir assister" à cet événement, qui célébrera "les 100 ans de l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des troupes françaises pendant la première guerre mondiale", a ajouté la présidence. Le président américain lui a répondu qu'il allait "examiner la faisabilité" de ce déplacement, a précisé l'Elysée.

Mon avis : c'est une connerie. Donald Trump ne viendra pas et la France aura la honte !

27 juin 2017

TREATS Magazine

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27 juin 2017

David LaChapelle - photographe

La série New World de David LaChapelle est exposée lors d’une première mondiale à Venise : onze œuvres qui marquent le retour de l’artiste à la figure humaine, centrées sur des notions comme le paradis et les représentations de la joie, la nature et l’âme. La Casa dei Tre Oci les accueille aux côtés de cent autres images de l’univers surréaliste, baroque et pop de David LaChapelle : Lost+Found est une exposition solo qui suit la carrière de l’un des photographes contemporains les plus irrévérencieux.

Selon LaChapelle, la série New World – inspirée par les peintres symbolistes Odilon Redon et William Blake, par Michel-Ange et par la musique de Pharell Williams – vise à méditer sur des questions métaphysiques. C’est une fantaisie colorée et cosmique, un rêve exotique, un lieu de désir sans aucune aliénation, où le lien intime avec l’esprit de la nature et les autres êtres humains est montré comme une vraie chance.

Le début de sa carrière à New York est représenté par les images de la période où Andy Warhol lui a offert sa première commande photographique professionnelle pour Interview Magazine. « Outre la série b&w exposée dans Good News en 1984 pour le Modern Man Show, avec ses portraits de célébrité, les visiteurs peuvent voir certaines de ses œuvres les plus signifiantes commandées par les magazines de mode. Dans ses compositions excentriques et imaginaires, LaChapelle chorégraphie un monde coloré fait de beauté, de folie créative et d’analyse critique », explique le conservateur Reiner Opoku. « En fouillant dans les viscères les plus profondes du système de communication complexe de la publicité et du show business, David LaChapelle a commencé à considérer les ‘icônes’ comme les vrais germes d’un style qui renvoie à la recherche autant qu’au contenu. Il a trouvé dans le Pop Art l’inspiration pour penser l’infinie reproductibilité des images et dans la mode et le merchandising, l’excès de réalisme et de commercialisation transformé en rêve », déclare Denis Curti, commissaire de l’exposition.

L’œuvre du photographe renvoie également aux sujets classiques de l’histoire de l’art, notamment les tableaux de la Renaissance (Earth Laughs in Flowers, 2008-2011), dont il réinterprète les traits esthétiques à la lumière du temps présent. Son voyage à Rome en 2006 a constitué un tournant : LaChapelle a été transfiguré par les fresques de Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine et par la pompe du pouvoir religieux. Le Déluge de Michel-Ange lui a soufflé la création de son propre Déluge, où les références au chef d’œuvre du maître italien se mêlent aux logos de la société de consommation.

L’exposition se poursuit avec After the Deluge (Après le Déluge) et Awakened (Réveillé), où l’artiste représente des êtres immergés dans l’eau à l’état embryonnaire, comme une résurrection après le déluge. Ses séries post-2006 sont reliées entre elles par un équilibre subtil entre le sacré et le profane, faisant alterner divers sujets sur le thème des Vanités. Ses photos dénoncent également les obsessions contemporaines, la relation au plaisir, à la richesse et au superflu. Il entoure tout de couleurs électriques et de surfaces laquées, produisant des images qui pourraient être à juste titre citées dans certains essais de Gilles Dorfles, philosophe et critique d’art théoricien du kitsch et des changements de goût. David LaChapelle explique d’ailleurs : « J’adore créer à partir du fantasme, en faisant des images de mes rêves ».

Depuis 2013, la photographie de paysage est également pour lui une source d’intérêt particulier : l’exposition inclut des photos des séries Gas Station et LandScape, dans lesquelles il a reconstruit des modèles à l’échelle de stations services et de raffineries, en utilisant des matériaux recyclés comme des boîtes d’œufs, de friseurs à cheveux ou des pailles, sommant les êtres humains de faire un usage responsable des ressources naturelles.

Paola Sammartano

Paola Sammartano est une journaliste spécialisée dans les arts et la photographie, basée à Milan en Italie.

David LaChapelle, Lost + Found

Du 12 avril au 10 septembre 2017

Casa dei Tre Oci

Fondamenta delle Zitelle 43

30133 Giudecca, Venise

Italie

http://www.treoci.org/index.php/it/

 

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Cette exposition est organisée par la Fondation de Venise et par Civita Tre Veneziz. Catalogue par Masilio editeurs.

Voir mes anciens billets sur David LaChapelle

27 juin 2017

3 raisons de se rendre à la rétrospective David Hockney au Centre Pompidou

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La file d'attente à l'entrée du Centre Pompidou

David Hockney soufflera ses 80 bougies le 9 juillet 2017 et aura passé ainsi les soixante dernières années à créer. L'occasion pour le Centre Pompidou d'organiser une grande retrospective autour de son oeuvre.

Connu avant tout pour ses piscines colorées californiennes, l’artiste britannique cache une oeuvre foisonnante, érudite et complexe, nourrie de nombreuses influences. Il est devenu, pour de nombreux artistes contemporains, une référence incontournable.

L'art de croiser les influences

Jean Dubuffet pour un art universellement accessible, Matisse pour son hédonisme coloré, Francis Bacon pour son audace visuelle et son affirmation érotique, Rembrandt pour ses autoportraits vieillissants, Vermeer pour ses scènes de vie quotidienne, Edward Hopper pour ses portraits grand format, mais aussi Pablo Picasso et son ouverture stylistique. Comme ce dernier, David Hockney a choisi de ne pas s'enfermer dans un style unique grâce à de nombreuses influences.

Le résultat ? Une oeuvre originale aussi empreinte de cubisme et de jeux de points de vue que de réalismes, d’abstractions ou d’expériences optiques. A travers les 160 oeuvres exposées à Pompidou, de ses tableaux de jeunesse réalistes jusqu’aux assemblages d’images imprimées, le public pourra se rendre compte de l’extraordinaire diversité de l’art de David Hockney.

Entre voyages et nouvelles technologies : une curiosité insatiable

Devenu l’un des plus célèbres représentant du Pop Art des années 1960, Hockney mène un style de vie très californien, dans son atelier perché sur les hauteurs de Los Angeles. Il témoigne aussi d’un goût pour le voyage qui nourrit son art depuis ses débuts. L’exposition relate ainsi ses découvertes, de Bradford à Londres, puis depuis la France jusqu'aux grands parcs de l'Ouest américain, en passant par la campagne anglaise.

Ainsi, l'exposition montre son travail sur les perspectives des parcs aménagés à la française, ses clins d'oeil aux paysages chers à Claude Monet ou même à Van Gogh, se servant de la lumière de Californie pour en distiller un peu dans ses autres tableaux. Le peintre empreinte également à la cinématique chinoise pour son célèbre «Nichols Canyon» peint depuis différents points de vue.

Le même procédé est utilisé pour les étonnantes images de campagnes anglaises réalisées sur IPad. L'artiste se sert inlassablement des nouveaux outils de reproduction des images : photos, vidéos, fax, photocopies... Tout peut devenir un outil de son art. «Je voulais montrer sa préoccupation pour la survie de la peinture ou comment il met la technique au service de la peinture», explique le commissaire de l'exposition, Didier Ottinger

Joie de recevoir, plaisir d'offrir

David Hockney assume ses influences mais au fil du temps, de nombreux artistes se sont interessés à ses techniques et à ses oeuvres. Désormais, le Britannique trône aux côtés des plus grands de l'art contemporain. Décoré par la Couronne britannique, peint par Lucian Freud en 2003, David Hockney est aujourd’hui internationalement reconnu. En 1969, lorsque l’insolence de l’artiste avait fait dire au théoricien Clément Greenberg que ces oeuvres d’art «ne devraient pas avoir le droit de cité dans une galerie qui se respecte», qui aurait pu prévoir que le peintre allait devenir l’un des plus influents du vingtième siècle ? «Comme Dubuffet, David Hockney conçoit l'art dans son universalité. Il se positionne pour un art qui parle à tous», explique Didier Ottinger. Il est fort à parier, d’ailleurs, que cette exposition sera l’incontournable de l’été.

David Hockney, du 21 juin au 23 octobre 2017 au Centre pompidou, Paris (4e),  centrepompidou.fr

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27 juin 2017

Sur l'Avenue des Champs Elysées

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27 juin 2017

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27 juin 2017

François Pinault dévoile in situ la «Collection Pinault-Paris»

Branle-bas de combat, ce lundi 26 juin à 11 heures du matin, à la Bourse de Commerce avec son entrée monumentale qui donne sur la rue du Louvre. François Pinault dévoile in situ le projet de réhabilitation de ce bâtiment du patrimoine parisien qui «embrasse quatre siècles de prouesses architecturales et techniques» - de la première colonne isolée de Paris, construite au XVIe siècle, à la première coupole en fonte et fer de grande portée du début du XIXe siècle - dans lequel s'installera, fin 2018, le nouveau musée de la «Collection Pinault -Paris», son nom de travail et, peut-être, son nom de baptême.

C'est l'acte II de ce nouveau chapitre parisien qui mise sur le renouveau du quartier des Halles et la carte culturelle. Ce faisant, François Pinault se place au cœur stratégique du vieux Paris, à portée des touristes et des passants, à quelques pas du Louvre et de la merveilleuse église de Saint-Germain l'Auxerrois, à courte distance du Centre Pompidou qui fête ses 40 ans et du Musée d'Orsay, comme des flots de passagers de ce carrefour vital du métro et du RER pour toute l'Île-de-France et sa jeunesse.

L'acte I remonte déjà à avril 2016 à l'Hôtel de Ville.

Le nouveau musée parisien de la Collection Pinault.

Les acteurs sont les mêmes, en ce lundi matin d'été.

● François Pinault, à peine sorti du triomphe public et commercial de sa double exposition Damien Hirst au Palazzo Grassi et à la Pointe de la Douane à Venise; le collectionneur et homme d'affaires breton est déjà pressé de lancer son projet parisien et de confier à 400 ouvriers dès la mi-juillet les travaux «fast and furious» qui seront conduits tambour battant.

● La Maire de Paris, Anne Hidalgo, décidément très engagée auprès des grands mécènes et entrepreneurs français, après les feux verts accordés à La Samaritaine et au Musée des Arts et Traditions Populaires, les deux derniers projets chers à Bernard Arnault.

● Jean-Jacques Aillagon, le conseiller de François Pinault, qui apporte sa légitimité culturelle d'ex-Président du Centre Pompidou et d'ex-Ministre de la Culture à cette vaste entreprise privée qui se veut muséale.

● Tadao Ando, l'architecte japonais né à Osaka en 1941, qui a pris d'assaut les versants de sa périlleuse ville de Kobe par l'escalade audacieuse de ses constructions antisismiques et qui a transformé l'île de Naoshima en paradis de l'art contemporain ( de Walter de Maria à Monet, de Yayoi Kusama à James Turrell).

● Martin Béthenod, directeur général délégué de «Collection Pinault—Paris» qui fait déjà depuis des mois mille allers et retours entre Venise et Paris pour garantir une unité de ton et une logique contemporaine dans cette petite constellation européenne.

● Et enfin les jeunes Lucie Niney et Thibault Marca, NeM Architectes, pour le réaménagement du bâtiment en musée.

«Le 27 avril dernier, j'annonçais avec Anne Hidalgo ma décision d'ouvrir un nouveau site de présentation de ma collection, à Paris, dans le magnifique édifice de la Bourse de Commerce. Bâtiment emblématique par son histoire qui remonte au XVIe siècle, par son architecture remarquable et par son emplacement unique, au cœur même de Paris, il nécessitait cependant une restauration complète et une transformation d'ampleur pour être adapté à la fonction de musée d'art contemporain. Face à un tel défi, le choix de Tadao Ando s'est imposé comme une évidence», souligne aussitôt François Pinault.

Et de résumer son projet: «L'extérieur du bâtiment et ses éléments classés — façades intérieures, verrières, peintures — seront restaurés dans le respect strict de leur état historique. L'intérieur sera entièrement repensé avec la création d'un élément architectural central, de forme circulaire, qui abrite un espace d'exposition ouvert sous la coupole et qui rythme la circulation depuis un auditorium, au sous-sol, jusqu'aux galeries d'expositions sur les trois niveaux de l'édifice».

«Atmosphère anxiogène»

Est-ce bien nécessaire, un lieu de plus? «Au cours des dernières décennies, la géographie parisienne de l'art contemporain n'a cessé de s'enrichir. On est loin de l'époque — antérieure à l'ouverture du Centre Pompidou, il y a quarante ans — où, à part quelques galeries, rares étaient les lieux ouverts au public qui s'engageaient dans la prospection de la création du temps présent. Aujourd'hui, Paris offre un remarquable panorama de la création contemporaine», analyse Jean-Jacques Aillagon. Outre le Centre Pompidou et le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, ces modernes de plus en plus tournés vers l'art contemporain, ce diplomate cite le Palais de Tokyo, la Galerie du Jeu de Paume, Le Plateau, mais reste plus sélectif sur les fondations privées et n'évoque que «l'ouverture de la Fondation Cartier, en 1984, qui a joué un rôle majeur». La Fondation Vuitton, inaugurée en octobre 2014, a pourtant changé la donne de l'art contemporain et allongé le circuit déjà dense des visites dans la capitale jusqu'au jardin d'Acclimatation.

L'escalier contourne le cylindre de béton et donne accès aux galeries circulaires.

Les projets, surtout quand ils sont ambitieux, sont-ils toniques pour la culture, comme pour la société? «L'Europe connaît actuellement de lourds bouleversements. Dans une atmosphère anxiogène, provoquée par des attentats réitérés ou par le Brexit, les États comme les individus semblent tâtonner pour retrouver leur identité. Défiant ces circonstances, François Pinault a décidé de lancer son nouveau musée à Paris, à la Bourse de Commerce. Ce projet, porteur d'espoir, fait écho au rayonnement de la France dans le domaine de la culture et de l'art dont les Français peuvent être fiers», répond Tadao Ando. Faute d'avoir pu réaliser son projet paquebot de l'Île Seguin, il s'est de plus en plus exprimé à Venise en réhabilitant successivement le Palazzo Grassi et la vaste Pointe de la Douane, puis en incrustant le Teatrino au volume futuriste dans le paysage si dense et si beau de la Cité des Doges.

«Pour répondre à l'objectif, qui était de transformer l'ancienne douane en musée, j'ai proposé une architecture qui instaure un dialogue entre l'ancien et le nouveau. Un cube encastré au cœur du bâtiment en est le symbole, et fait office de galerie principale, de «cour centrale». L'édifice de la Bourse de Commerce est, lui aussi, un monument historique remarquable. En hommage à la mémoire de la ville gravée dans ses murs, j'ai créé un nouvel espace qui s'emboîte à l'intérieur de celui existant, pour revitaliser l'ensemble du volume qui sera dédié à l'art contemporain. Le thème est, là encore, l'architecture comme trait d'union entre le passé, le présent et le futur», explique l'architecte star. Il est étroitement associé au monde de l'art contemporain, à ses codes et à ses désirs les plus fastueux. En témoignent le site de 70.000 m2 du Hansol Museum en Corée du Sud et, notamment, ses espaces conçus comme des bories en pierre sèche pour accueillir les œuvres célestes, toutes de lumière, de l'Américain James Turrell.

Escalier enroulé dans le vide

Un cube de béton à Venise, un cylindre de béton à Paris. «La Bourse de Commerce dispose d'un plan circulaire et se distingue par une rotonde emblématique. Un cylindre en béton, de neuf mètres de haut et trente mètres de diamètre, y sera inséré afin de réorganiser les volumes. Ce geste donnera naissance à un espace d'exposition principal sous la coupole, doté d'une force centripète menant à un auditorium et à un foyer aménagés en sous-sol. Le cylindre contribue à créer une sorte de galerie-couloir entre son mur extérieur et le mur intérieur de la façade dessinée par Blondel. Ce nouvel espace, où s'insèrent les escaliers, desservira aussi bien les deux niveaux de salles d'exposition qui encerclent la rotonde que l'auditorium situé au sous-sol», promet Tadao Ando, très à l'aise dans cet exercice. Il a composé un paysage de landes et de béton pour accéder au Lee Ufan Museum à Naoshima ou camouflé le large parking du public de Château La Coste sous un restaurant paisible comme un temple.

Concrètement, cet énorme cylindre en béton s'ouvrira directement sur l'espace de la coupole, sa double galerie de fenêtres, ses immenses peintures d'histoire et sa haute verrière qui donne sur le ciel de Paris. Un escalier s'enroulera autour de lui pour accéder aux étages, au promenoir et à leurs galeries circulaires dans un geste très minimal qui rappelle son musée de la mémoire à Kobe. Au rez-de-chaussée, s'organiseront des espaces d'exposition latéraux qui permettront de diversifier ou d'affiner le propos général d'un accrochage. Les céramiques du sol font partie du patrimoine de la Bourse de Commerce: elles seront restaurées et réinstallées.

Une fois au cœur de ce cylindre, le visiteur pourra jouir du premier plan des sculptures et des œuvres qui y seront exposées (les maquettes montrent des puits de verre cristallin de l'Américaine Roni Horn, des géants signés de l'artiste allemand Thomas Schütte ou du sculpteur britannique de Los Angeles, Thomas Houseago) et de toute la hauteur sous la coupole. Après la conférence de presse in situ de ce lundi matin, la maquette de la Bourse de Commerce revue par Tadao Ando ira rejoindre l'exposition sur les Architectures japonaises à Paris, 1867-2017 au Pavillon de l'Arsenal (inauguration le 27 juin, ouverture au public le 28 juin).

Peinture, sculpture et vidéo

«Le projet architectural de la Bourse de Commerce consacre à la programmation et à l'accueil du public le plus d'espace possible, les bureaux, espaces techniques ou de réserves étant réduits au minimum, et presque entièrement localisés à l'extérieur du site. Il propose ainsi environ 3000 m2 d'espaces d'expositions, aux surfaces variées (modules de 100 à 600 m2), utilisables de manière autonome ou combinée pour pouvoir, le cas échéant, accueillir des projets nécessitant un déploiement de grande ampleur. Les volumes allant de l'intime au monumental, sont pensés pour accueillir le plus justement possible des œuvres de techniques et de formats divers, de la photographie aux grandes installations en passant par la peinture, la sculpture ou la vidéo», explique Martin Béthenod qui a étudié la logique des flux sur les trois sites vénitiens de la Collection Pinault pour réussir au mieux ce «changement d'échelle». Il s'agit, dit-il, de «renforcer son réseau de sites culturels permanents, tout en préservant l'identité de chacune de ses composantes».

«Une nouvelle étape est franchie dans la mise en œuvre de mon projet culturel. Celui-ci vise à partager ma passion pour l'art de mon temps avec le plus grand nombre. Il a vu le jour à Venise, il y a plus de dix ans, avec l'ouverture de Palazzo Grassi puis de la Pointe de la Douane. Ces deux espaces seront en relation constante avec le site parisien. Comme pour Venise, ma démarche relève d'un engagement personnel auquel j'ai souhaité associer les membres de ma famille, mes enfants, et en particulier François-Henri Pinault. Tous m'accompagnent dans cette aventure qui, je l'espère, permettra à Paris de renforcer sa place unique sur la scène artistique internationale», a conclu François Pinault, enfin aux portes de Paris.

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