Le calendrier Pirelli fête ses cinquante bougies avec la récupération de clichés inédits d’Helmut Newton : l’occasion de revenir sur cinq décennies de photos glamour.
“The Cal”TM fut à l’origine un projet exclusif de Pirelli UK Limited, la filiale anglaise du groupe de la Bicocca qui disposait d’une grande latitude à cet égard. En quête d’une stratégie marketing pour contrer la concurrence domestique des autres fabricants de pneus britanniques, les Anglais - en effet – chargèrent le portraitiste des Beatles - le photographe anglais Robert Freeman - d’animer, sous la direction de Derek Forsyth, un projet qui se voulait extrêmement innovant à l‘époque.
Ainsi voit le jour un produit éditorial raffiné et exclusif, aux valeurs artistiques et culturelles qui dépasseraient immédiatement le plan de la mode et du “ glamour ”.
Depuis 50 ans “The Cal”TM scande le passage des mois en offrant - à travers les images des photographes les plus acclamés du moment - une lecture et une interprétation des us et coutumes qui présagent souvent les nouvelles tendances.
Les trois vies de “The Cal”TM
L’histoire du Calendrier Pirelli se divise en trois périodes distinctes :
- la première décennie, de 1964 à 1974, à laquelle fait suite une longue interruption des
publications (neuf ans) à cause de la récession économique mondiale provoquée par
la guerre du Kippour et le choc pétrolier ;
– la deuxième décennie, de 1984 à 1994, qui débute avec la renaissance du Calendrier
et son progressif retour sur le devant de la scène ;
– depuis 1994, à cheval sur deux siècles avec l’affirmation de “The Cal”TM en tant
qu’objet “ cult ”, qui dicte la tendance.
La décennie 1964 - 1974
Les années de jeunesse de “The Cal”TM sont rythmées par le succès croissant des Beatles, de la musique rock, de la minijupe mais aussi par la contestation de la jeunesse et par la mobilisation des pacifistes contre la guerre au Vietnam. Le Calendrier s’affranchit de sa vocation initiale de “ corporate gadget ” réservé aux clients principaux et se transforme en un objet exclusif réservé à quelques élus.
Les modèles, dans la plupart des cas, sont des jeunes à leurs débuts, photographiées avec pour toile de fond des plages exotiques et des cadres naturels au nombre des plus suggestifs et exclusifs. Toutefois, de ces images recherchées affleure de temps à autres l’authentique vocation du Calendrier, qui se veut esthétique et culturelle à la fois : “The Cal”TM souhaite être un signe de l’évolution des temps. Ainsi, en 1968, Harri Peccinotti s’inspire des poésies d’Elizabeth Barret Browning, Allen Ginsberg, Ronsard ; un an plus tard ce même photographe refuse de faire poser les mannequins pour leur “ voler ” des clichés sur les plages ensoleillées de la Californie. L’année 1972 marque la première fois d’une photographe, Sarah Moon, qui brise certains tabous de l’époque.
L’interruption des publications, annoncée en mars 1974, fait beaucoup plus de bruit dans les médias britanniques et internationaux que leurs débuts, témoignant ainsi du succès grandissant du Calendrier Pirelli qui continue de vivre au cours des dix années successives dans une série de livres, recueils et anthologies publiés en différentes langues. Le volume le plus célèbre de ces dix ans de “The Cal”TM, avec une préface nostalgique de David Niven, fut publié en 1975.
La décennie 1984 – 1994
Se profile alors la renaissance, très attendue, du Calendrier, sous la direction du nouvel art director, Martyn Walsh. Souhaitant revenir aux origines celui-ci intègre dans les photos une “ citation ” discrète, subliminale presque du principal produit du groupe : le pneu. Près des splendides mannequins photographiés par Uwe Ommer pour le Calendrier 1984 fait son apparition, sur les plages des Bahamas, une empreinte pour beaucoup mystérieuse : la bande de roulement du P6, le dernier-né de la maison Pirelli. Une ombre légère, une esquisse à peine, omniprésente toutefois, une allusion à la technologie qui imprègne toute notre époque.
En 1987 Terence Donovan crée le premier Calendrier entièrement consacré aux Vénus de couleur : parmi les protagonistes figure une Naomi Campbell à ses débuts, âgée de 16 ans à peine.
Un an plus tard Barry Lategan inclut pour la première fois, dans cette “ vitrine ” que la tradition a réservée aux femmes, un protagoniste masculin. En 1990 Arthur Elgort réalise le premier Calendrier Pirelli entièrement en noir et blanc, consacré aux Jeux Olympiques et à la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl.
Depuis 1994
L’année du grand tournant, 1993, s’inscrit encore une fois à la fin d’une décennie et à l’issue d’un changement de direction à la tête du groupe. La communication Pirelli s’impose à l’international avec des campagnes publicitaires couronnées d’un énorme succès (celle du sprinteur noir Carl Lewis est célèbre, avec ses chaussures rouges à talons aiguille) et le Calendrier devient l’un des instruments clés de communication de la nouvelle image du Groupe. La direction artistique du Calendrier est à présent basée au quartier général de Milan et la décision est prise d’abandonner toute référence aux pneus. “The Cal”TM est à nouveau, fidèle à lui-même, une expression artistique pure en l’absence de contraintes ou de conditionnements, hormis le style et le bon goût. D’ailleurs “ P lunga ” est une marque internationale qui ne s’identifie pas avec une seule famille de produits mais évoque une vaste palette de valeurs et de significations, l’innovation continue et la recherche de l’excellence en premier, qui ont toujours été l’un des axes porteurs du Calendrier.
Herb Ritts, en 1994, inaugure la nouvelle saison de “The Cal”TM avec un défilé exceptionnel de top modèles : Cindy Crawford, Helena Christensen, Kate Moss et Karen Alexander. Son calendrier, du nom “ A Homage to Women ”, souhaite figer à travers l’image “ les femmes des années quatre-vingt-dix et leur place dans le monde : des femmes fières et séduisantes, belles à l’intérieur ”. Bien plus encore qu’auparavant le talent créatif des photographes et le charme des mannequins deviennent la clé de voûte du succès du Calendrier Pirelli. C’est ainsi que se resserre le lien avec l’univers de la mode et du “ glamour ” : pour les stars de la passerelle, une photo sur “The Cal”TM est synonyme de consécration et la compétition se fait de plus en plus aguerrie entre les jeunes débutantes.
Parmi les protagonistes les plus “ glamour ” des dernières éditions du siècle figurent : Christie Turlington et (à nouveau) Naomi Campbell en 1995 (photos de Richard Avedon) ; Carré Otis, Eva Herzigova et Nastassja Kinsky en 1996 (photos de Peter Lindbergh); Inés Sastre et Monica Bellucci (premier modèle italien) en 1997. Bruce Weber, en 1998, consacre quelques clichés à des vedettes au masculin du cinéma et de la chanson tels que Robert Mitchum, John Malkowich, Kris Kristofferson, B.B.King et Bono. Alec Wek et Laetitia Casta sont les femmes iconiques de 1999 d’Herb Ritts et de 2000 d’Annie Leibovitz.
Le vingt et unième siècle s’ouvre sur un Calendrier Pirelli réalisé à Naples par Mario Testino avec, au nombre des protagonistes, Gisèle Bunchen et Frankie Ryder. Dans l’édition 2002 figurent de nombreuses actrices et deux petites-filles célèbres : Lauren Bush (17 ans, petite- fille de George) et Kiera Chaplin (petite-fille du grand Charlie). Le casting de 2003, de Bruce Weber encore une fois, est d’une très grande richesse : on y dénombre trois italiennes (Mariacarla Boscono, Eva Riccobono et Valentina Stilla) aux côtés de top modèles célèbres tels que Sophie Dahl, Heidi Klum, Karolina Kurkova et Natalia Vodianova et à nouveau des personnages masculins du cinéma et du sport (Alessandro Gassman, Stéphane Ferrara, Richie La Montagne).
L’édition 2004, des quarante ans, confiée à la créativité technologique du photographe Nick Knight se concentre sur les rêves et les désirs de femmes célèbres telles Catherine Deneuve et Isabella Rossellini. 2005 porte la signature de Patrick Demarchelier qui représente dans “ O espirito do Brazil ” des modèles du calibre de Naomi Campbell et de jeunes débutantes comme Adriana Lima sur les plages ensoleillées d’Ipanema et de Copacabana.
L’édition 2006 a été réalisée par le duo rodé anglo-turc Mert et Marcus, dans le cadre suggestif années 60 de la Côte d’Azur avec pour interprètes des femmes d’une beauté et d’une sensualité extraordinaires : Jennifer Lopez, Kate Moss et Gisele Bundchen. Vient ensuite 2007, l’année des stars, 5 parmi les plus connues et appréciées d’Hollywood : Sophia Loren, Penelope Cruz, Hilary Swank, Naomi Watts et Lou Doillon à ses débuts, photographiées par le duo hollandais Ines et Vinoodh Matadin en Californie.
L’édition 2008 de Patrick Demarchelier, qui signe The CalTM pour la deuxième fois, est la première réalisée en Asie.
Shanghai lui sert de cadre avec un casting mixte, à cheval entre l’Occident et l’Orient, dont les protagonistes sont l’actrice chinoise Maggie Cheung et le top modèle Doutzen Kroes. 2009 est l’année du Botswana où le célèbre artiste Peter Beard immortalise des modèles célèbres à l’international telles Daria Werbowy, Lara Stone et Mariacarla Boscono. Beard, qui a passé trente ans au Kenya, est l’un des plus grands interprètes mondiaux du mystère et du charme du continent africain. L’édition 2010 est confiée au photographe américain Terry Richardson, célèbre “ enfant terrible ” connu pour son style provocant et transgressif qui représente des jeunes aguichantes et désinvoltes telles que Miranda Kerr, Lily Cole, Rosie Huntington et Ana Beatriz. 2011 porte la signature du génie créatif de Karl Lagerfeld, artiste, esthète et personnage aux multiples facettes. Dans son studio parisien Lagerfeld conçoit “ Mythology ”, un calendrier qui reflète sa passion pour les légendes et la mythologie gréco- romaine. Y figurent des interprètes masculins et féminins dont les modèles Baptiste Giabiconi et Brad Kroenig, ou l’actrice Julianne Moore. 2012 est confié à Mario Sorrenti, le premier photographe italien qui fait le choix de la Corse pour concevoir “ swoon ”, l’extase capturée à travers les images avec un casting d’exception réunissant Milla Jovovich, Kate Moss, Isabeli Fontana.
L’auteur de l’édition 2013 de “The Cal”TM est Steve McCurry, l’un des reporteurs photographes les plus célèbres au monde, qui a su raconter la transformation sociale et économique du Brésil. Parmi les protagonistes, toutes engagées en faveur d‘Organisations non gouvernementales, de Fondations et de projets humanitaires, figurent l’actrice brésilienne Sonia Braga, la chanteuse Marisa Monte, les modèles Adriana Lima, Petra Nemcova et Summer Rayne Oakes.