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Jours tranquilles à Paris
edouard philippe
29 janvier 2020

L'ÉDITO de Charles de Saint Sauveur

La longue marche d’Édouard Philippe         

La faiblesse des cortèges du jour, ce mercredi, pour la huitième journée interprofessionnelle contre la réforme des retraites, donne le top-départ symbolique à la candidature d’Édouard Philippe au Havre, qu’il doit annoncer sur place vendredi. Il ne s’agit pas de prétendre ici que la messe sociale est dite : c’est loin d’être le cas dans un pays où bouillonnent - et parfois débordent - en permanence la colère et l’inquiétude. Dans ce fleuve tout sauf tranquille, on peut reconnaître au Premier ministre de tenir la barre. Il a réussi à garder la main sur la réforme, en lâchant des concessions mais en préservant l’esprit de son projet. Le gros vent de la contestation semblant derrière lui, il peut désormais descendre plus tranquillement le cours de la Seine, de Paris au Havre. Ce faisant, il risque de voir sa campagne parasitée par le mouvement social. Mais le pari vaut sans doute le coup d’être tenté : s’il gagne et reçoit l’onction des Havrais, il en tirera un regain de légitimité. Et s’installera pour de bon comme l’héritier naturel - lui qui n’est même pas membre d’En Marche ! - d’Emmanuel Macron. Le Parisien

edouard

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22 janvier 2020

« Qui aujourd’hui oserait prétendre qu’Edouard Philippe ne fait plus l’affaire à Matignon ? Il en est la clef de voûte »

Par Françoise Fressoz

Le premier ministre symbolise ce qu’il advient du quinquennat : la droite continue d’être vampirisée tandis que la gauche donne l’impression de s’éloigner de plus en plus du bloc central, explique dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

Regard de tueur, l’homme qui fait la « une » de l’hebdomadaire Marianne du 17 janvier n’est autre que le premier ministre, Edouard Philippe, affublé de ce titre radical : « L’exécuteur ». Le propos vaut la peine qu’on s’y arrête car, au sein de la droite dont il est issu, Edouard Philippe n’a jamais eu l’image d’un homme violent. Compagnon de route d’Alain Juppé, il était plutôt étiqueté droite modérée, droite humaniste. Depuis qu’il a rallié Emmanuel Macron, il appartient à la coalition centrale qui s’est formée en 2017 sur les décombres de la droite et de la gauche de gouvernement pour tenter de réformer le pays et contenir la progression populiste.

Marianne le traite de « Thatcher à barbe » et l’accuse d’être au sein de l’exécutif celui qui aura, de bout en bout, mené le jeu sur la réforme des retraites, imposé le bras de fer avec les syndicats autour de l’âge pivot, dénaturé le projet initial, braqué l’opinion et imposé aux Franciliens, notamment, un mois et de demi de marche forcée. Rien que ça !

Un rôle clair, net et précis

Vendredi 24 janvier, la réforme des retraites devrait être présentée en conseil des ministres. Compte tenu du rapport de forces à l’Assemblée nationale, l’adoption du texte au printemps ne fait plus guère de doute. Le moment crucial dans le conflit s’est joué samedi 11 janvier lorsque le premier ministre, après avoir obtenu l’accord du président de la République et des responsables de la majorité, a écrit aux partenaires sociaux pour leur dire qu’il retirait provisoirement l’âge pivot à 64 ans du texte de loi à condition qu’un autre mode de financement soit trouvé par leur soin excluant la baisse des pensions et la hausse du coût du travail.

La CFDT et l’UNSA ont topé, ouvrant la voie à une reprise massive du travail. C’est ce qu’oublie de mentionner Marianne dans son réquisitoire contre Edouard Philippe et c’est ce qui change tout : contrairement à la « Dame de fer », « l’exécuteur » sait quand il faut ployer l’échine.

Depuis qu’il a été nommé à Matignon, le rôle de l’ancien maire du Havre est clair, net et précis : empêcher le camp dont il est issu de se reconstituer et de faire émerger un leader capable de concurrencer le chef de l’Etat en 2022. Après le mouvement des « gilets jaunes » qui les a laissés sans prise, les ténors de la droite républicaine ont vu arriver avec gourmandise la réforme des retraites.

Tous étaient persuadés que le gouvernement ne parviendrait pas à venir à bout des régimes spéciaux, ni à allonger la durée de la vie active, seule façon à leurs yeux de financer le régime des retraites dans un pays promis au vieillissement. C’est l’une des raisons pour lesquelles le premier ministre s’est tellement accroché à l’âge pivot, l’autre étant son intime conviction qu’on ne peut mener à bien une réforme systémique sans se préoccuper de son financement.

Pour contenir la droite, il fallait qu’Edouard Philippe ait son étendard, quitte à en rabattre au fil du conflit. De fait, à chaque concession faite, Xavier Bertrand, Gérard Larcher, Bruno Retailleau, Valérie Pécresse ont pointé « les renoncements », dénoncé « le coût exorbitant » de la réforme, fustigé la transformation des régimes spéciaux en « régimes spécifiques », pronostiqué « le naufrage » En vain : la réforme va se faire, une partie non négligeable de l’électorat de droite la soutient et plus le mouvement de contestation se radicalise, plus elle est encline à le faire, le leader de la CGT, Philippe Martinez, jouant auprès d’elle le rôle de puissant repoussoir.

Pour Edouard Philippe, il était néanmoins impératif de couper court au procès que lui intente aujourd’hui Marianne et qui a existé à bas bruit au sein de la majorité pendant toute la durée du conflit : être celui qui, par son extrême focalisation sur une mesure d’âge, aurait dénaturé, voire compromis, une réforme d’abord conçue par ses partisans comme un changement de société.

edouard22

« M. Age pivot »

Durant la campagne présidentielle de 2017, le système de retraite universel par points était, de fait, vendu aux électeurs comme la possibilité donnée à chacun de construire librement son parcours professionnel et de choisir librement sa date de départ à la retraite, une fois jugé suffisant le nombre de points accumulés. La réforme se voulait émancipatrice et de gauche.

C’est d’ailleurs ainsi que Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, continue de la vendre et de la soutenir, au risque de se faire taxer de « traître » par les syndicats les plus radicaux. Et c’est bien le deal conclu entre les deux hommes, l’accord Philippe-Berger, qui a scellé, le 11 janvier, le sort de la réforme, transformant l’intransigeant « M. Age pivot » en pivot du quinquennat. Qui aujourd’hui oserait prétendre qu’Edouard Philippe ne fait plus l’affaire à Matignon ? Il en est la clef de voûte.

L’ancien juppéiste symbolise de fait ce qu’il advient du quinquennat : la droite continue d’être vampirisée tandis que la gauche donne l’impression de s’éloigner de plus en plus du bloc central, sans que l’exécutif en soit totalement responsable : l’aile sociale-démocrate a à ce point disparu du paysage de l’opposition que Laurent Berger s’est retrouvé pratiquement le seul, à gauche, à défendre la réforme par points. Seule Marisol Touraine, l’ancienne ministre des affaires sociales de François Hollande, l’a soutenue. Ce qu’il reste du PS a préféré jouer l’opposition radicale à la réforme.

Du coup, c’est toute la gauche qui a le sentiment d’avoir perdu la partie et qui se trouve entraînée dans le jeu de la radicalité, au risque de conforter un peu plus la dérive qu’elle dénonce. Car plus des actes violents sont commis, plus la droite a tendance à faire corps derrière l’exécutif. Edouard Philippe a encore de beaux jours devant lui.

12 janvier 2020

Retraites : le gouvernement prêt à renoncer à l’idée d’un âge pivot de 64 ans en 2027

Par Raphaëlle Besse Desmoulières

Dans une lettre aux partenaires sociaux, Edouard Philippe propose de retirer cette mesure controversée du projet de loi. Syndicats et patronat ont jusqu’à fin avril pour identifier une solution alternative afin d’équilibrer les comptes d’ici à 2027.

Le gouvernement fait un geste envers les syndicats dits réformistes. Dans un courrier adressé, samedi 11 janvier, aux partenaires sociaux, le premier ministre, Edouard Philippe, se dit « disposé à retirer » l’âge pivot fixé à 64 ans en 2027 du projet de loi sur la réforme des retraites. L’objectif d’une telle mesure est de faire travailler les actifs plus longtemps afin de remettre les comptes dans le vert. Le texte envoyé au Conseil d’Etat permet de régler ce paramètre pour qu’il entre en vigueur dès 2022 à 62 ans et quatre mois et atteigne progressivement 64 ans en 2027. Une disposition rejetée par l’ensemble des syndicats et dont la CFDT a fait sa ligne rouge.

L’ex-maire du Havre propose désormais que soit mise en place une « conférence sur l’équilibre et le financement du système de retraite », à laquelle les partenaires sociaux sont invités à participer. Elle aura pour mission d’arrêter les « mesures permettant d’atteindre l’équilibre financier en 2027, en s’inscrivant dans le cadre des projections du Conseil d’orientations des retraites ». En novembre 2019, cette instance avait évalué que le déficit du système se situerait entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros en 2025.

Un « âge d’équilibre » sera bien créé dans le futur système

La conférence, précise M. Philippe dans sa lettre, devra remettre « ses conclusions d’ici la fin du mois d’avril 2020 », c’est-à-dire « avant le vote du projet de loi en seconde lecture ». Si les participants à cette conférence parviennent à s’entendre d’ici là, comme l’« espère » le premier ministre, « le Parlement pourra en tenir compte lors de la seconde lecture et le gouvernement prendra une ordonnance transcrivant cet accord dans la loi ». Dans l’hypothèse où ce ne serait pas le cas, l’exécutif, « éclairé par les travaux de la conférence », « prendra par ordonnance les mesures nécessaires pour atteindre l’équilibre en 2027 et financer les nouvelles mesures de progrès social ». « Je veux être parfaitement clair sur ce point : je prendrai mes responsabilités », insiste M. Philippe.

Ce dernier trace également la feuille de route qu’il donne à la conférence. « Les mesures destinées à rétablir l’équilibre ne devront entraîner ni baisse des pensions pour préserver le pouvoir d’achat des retraités ni hausse du coût du travail pour garantir la compétitivité de notre économie », insiste-t-il. Si la conférence rassemble « un nombre suffisant de partenaires sociaux », M. Philippe procédera « dès mardi à une saisine rectificative du projet de loi actuellement soumis au Conseil d’Etat » et recommandera qu’elle se réunisse d’ici « la fin du mois de janvier ».

Le premier ministre réaffirme par ailleurs que le futur système comportera un « âge d’équilibre ». Ce dispositif « constituera un des leviers de pilotage collectif du système dans la durée ». Concrètement, les départs avant l’âge pivot donneront droit à une pension frappée d’un malus, et ceux après cette borne donneront à l’inverse droit à une retraite majorée.

La CFDT et l’UNSA saluent l’annonce

La CFDT a « salué » dans un communiqué « le retrait de l’âge pivot du projet de loi sur les retraites » qu’elle dit avoir « obtenu ». La centrale de Laurent Berger, favorable à la retraite par points mais fermement opposée à un âge pivot à 64 ans assorti de bonus-malus, salue un « retrait qui marque la volonté de compromis ». « Le gouvernement a fait un geste, et nul ne peut le contester », a réagi Laurent Berger dans les colonnes du Journal du dimanche. « Mais ce retrait n’est pas un chèque en blanc. Pour la CFDT, le retrait de l’âge pivot est une victoire, mais c’est aussi une part de risque. Maintenant, le travail commence et il va falloir poursuivre notre action pour faire valoir nos propositions et revendications. On a perdu un temps précieux depuis un mois », regrette-t-il.

L’UNSA approuve également cette « avancée majeure » et assure que « les échanges peuvent enfin démarrer ». Le syndicat assure qu’il « apportera ses solutions » pour obtenir « l’équilibre financier, dès 2027 et à long terme, de notre régime de retraites ».

La CGT constate pour sa part « le maintien du projet de loi en l’état » et se dit « plus que jamais déterminée à obtenir le retrait de ce texte et à améliorer le système actuel », soulignant les « propositions concrètes faites depuis plusieurs mois ».

Enfin, le Medef a de son côté rappelé que l’impératif d’équilibre financier d’ici à 2027, défendu par M. Philippe, est un point que le syndicat patronal « a appelé de ses vœux », et s’est satisfait de la méthode employée par le premier ministre dans laquelle l’organisation dit vouloir « s’engager pleinement ».

Philippe défend un « compromis solide »

Dans un courrier adressé aux parlementaires de la majorité, Edouard Philippe a estimé qu’« il s’agit d’un vrai compromis, transparent et solide », et a précisé que « les partenaires sociaux acceptent que le futur système comporte un âge d’équilibre ».

M. Philippe, critiqué depuis le début du quinquennat pour sa rigidité, a justifié la suppression d’un âge pivot fixé à 64 ans en 2027 pour « donner toute sa chance au dialogue social » et « démontrer sa confiance dans les partenaires sociaux ». Le premier ministre a conclu en appelant les parlementaires à construire avec lui « sur la base de ce compromis (…) une belle réforme au Parlement », finissant sa lettre par « Haut les cœurs ! ».

edouard22

Réforme des retraites en France - Abandon de l’âge pivot : “reculade majeure” ou “ruse” d’Édouard Philippe ?

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Au 38e jour de grève contre le projet de réforme des retraites, Édouard Philippe a annoncé samedi le retrait de sa proposition visant à instaurer un âge pivot à 64 ans. Pour une partie de la presse internationale, c’est une “reculade majeure” de l’exécutif. Pour d’autres, ce pourrait être une “ruse” pour diviser et affaiblir les syndicats.

“Le gouvernement français a opéré une reculade majeure dans sa bataille contre les syndicats sur la réforme du complexe système de retraites du pays, qui a entraîné des grèves nationales et le chaos dans les transports depuis plus d’un mois”, écrit The Guardian.

Plus modéré, Le Soir qualifie la lettre d’Édouard Philippe aux syndicats, dans laquelle il se déclare “disposé à retirer” l’âge pivot, de simple “geste” envers ses opposants, soulignant que “le gouvernement ne renoncera pas pour autant au principe d’un âge d’équilibre pour le futur système universel”.

C’est sur ce point qu’insiste également le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Car si le Premier ministre français est prêt à renoncer provisoirement au fameux âge pivot, il demande en échange aux syndicats de s’asseoir à la table du gouvernement pour trouver avant avril la manière “d’ajuster le déficit du système de retraites d’ici 2027” – espérant les convaincre que le principe de l’âge d’équilibre est bel et bien la seule solution.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, premier syndicat de France, avait fait du retrait de l’âge pivot le préalable à toute négociation et la lettre d’Édouard Philippe “lui offre l’opportunité de crier victoire et de cesser de soutenir les grèves du secteur public”, observe le Financial Times. Mais elle “force le syndicat à faire le choix difficile d’une augmentation des cotisations pour les travailleurs et les entreprises, s’il ne souscrit pas à la nécessité d’augmenter l’âge de la retraite”.

“Main tendue”

El País s’interroge sur les conséquences de la volte-face du Premier ministre. “En reculant, M. Philippe pourrait renforcer l’aile dure des grévistes et des manifestants”, estime le quotidien. Mais son annonce “accentue également la division des syndicats à un moment où les grèves et les manifestations montrent des signes d’essoufflement. Elle pourrait aussi servir à persuader l’opinion publique, où les grévistes bénéficient de nombreux soutiens, de la bonne volonté du gouvernement”.

Le Corriere della Sera penche pour cette dernière hypothèse, assurant que “la main tendue” d’Édouard Philippe “a été saluée par la plupart comme une ruse du Premier ministre pour se montrer disposé à dialoguer”.

Pour le titre transalpin, la division des syndicats est désormais inévitable. “Laurent Berger, le chef du syndicat majoritaire et modéré de la CFDT, est le seul à exulter”, écrit le quotidien. “Et c’est pour cela qu’il est traité de traître par les autres (syndicats), les vrais architectes de la contestation”.

De l’autre côté de l’Atlantique, le New York Times estime “peu probable que les concessions du gouvernement mettent fin à la grève et aux manifestations” et semble considérer que la réforme est déjà un échec.

“Confronté à des semaines de grèves et de manifestations massives qui ont saigné l’économie, le gouvernement de M. Macron a été obligé d’offrir une série de concessions à plusieurs professions ces derniers jours – la police, les danseurs de l’Opéra de Paris, les infirmières, les hôtesses de l’air et les pilotes –, revenant précisément aux mêmes retraites sur mesure auxquelles la réforme voulait mettre fin”, observe le quotidien.

15 décembre 2019

Edouard Philippe - Premier Ministre

premierministre

premier

2 août 2019

A Paris, Edouard Philippe tente de calmer le jeu avant les municipales

Par Denis Cosnard

Le premier ministre a reçu Benjamin Griveaux et ses concurrents malheureux à l’investiture LRM pour, selon des proches, « faire retomber la tension ».

A tous ceux qui le pressent depuis des mois d’être candidat à la Mairie de Paris, Edouard Philippe a longtemps répété : « Je suis à Matignon. Les municipales, ce n’est pas mon actualité. » Ces deux dernières semaines, le premier ministre a cependant dû plonger dans le chaudron bouillonnant de la politique parisienne. Non pas comme candidat, mais comme pompier.

Mercredi 31 juillet, il a longuement reçu Benjamin Griveaux, son ancien ministre désigné par La République en marche (LRM) pour les prochaines élections municipales dans la capitale. Un rendez-vous qui n’était pas inscrit à l’agenda officiel. L’ex-porte-parole du gouvernement a effectué pour l’occasion un aller-retour depuis ses vacances en Bourgogne.

« Nous avons notamment discuté des rapports entre Paris et l’Etat, aujourd’hui dégradés, précise Benjamin Griveaux. On ne peut pas continuer à dire tous les matins, comme Anne Hidalgo : “C’est la faute du préfet, du ministre, etc.” Il faut sortir de cette défiance mortifère. Le prochain maire devra renouer une relation normale avec le gouvernement. »

Durant les quinze jours précédents, Edouard Philippe s’était déjà entretenu avec deux des concurrents malheureux de Benjamin Griveaux dans la course à l’investiture, les députés Hugues Renson et Cédric Villani, ainsi que l’a indiqué Le Canard enchaîné. Le premier ministre a revu le mathématicien, élu de l’Essonne, mercredi matin, à l’occasion d’une visite aux Ulis. Une rencontre discrète a également eu lieu à Matignon avec Pierre-Yves Bournazel, un député de la droite macroniste qui veut se présenter sans étiquette partisane à la Mairie de Paris.

« Faire retomber les tensions, en écoutant chacun »

Objectif d’Edouard Philippe : « Faire retomber les tensions, en écoutant chacun », confie un de ses proches. « En tant que chef de la majorité, il doit parler à tous et calmer le jeu quand il le faut », ajoute un autre.

Or c’est peu dire que les tensions sont fortes. Après des mois d’une compétition interne de plus en plus vive, l’investiture accordée le 10 juillet par la direction de LRM aurait dû aboutir à ce que tous les partisans parisiens d’Emmanuel Macron se regroupent derrière Benjamin Griveaux. Et qu’ils se mettent en ordre de bataille pour faire tomber la maire socialiste, Anne Hidalgo, en mars 2020.

Tel n’est pas le cas. Le 10 juillet au soir, il n’a pas été possible d’obtenir la traditionnelle poignée de mains entre anciens concurrents ni la « photo de famille » montrant l’unité retrouvée. Cédric Villani, le principal rival de Benjamin Griveaux, n’a au contraire pas caché son dépit. Son sentiment que les dés étaient pipés de longue date en faveur du favori de l’Elysée. Son amertume devant le retour des « habitudes d’appareil » au sein d’un mouvement censé « faire de la politique autrement ». Au lieu de féliciter son concurrent, le scientifique a laissé planer le doute sur ses intentions, y compris sur une possible candidature dissidente.

La colère aurait pu retomber. C’est alors qu’a explosé une petite bombe : la publication par Le Point, le 17 juillet, de propos tenus en privé par Benjamin Griveaux quelques semaines plus tôt. L’ancien ministre était semble-t-il dans un taxi et téléphonait à un interlocuteur auprès duquel il s’est lâché, qualifiant tous ses concurrents d’« abrutis ». Hugues Renson ? Un « fils de pute ». Mounir Mahjoubi ? « Bon… no comment. » Cédric Villani ? « Il n’a pas les épaules pour encaisser une campagne de cette nature. Il ne verra pas venir les balles, il va se faire désosser ! » Quant à Pierre-Yves Bournazel, Benjamin Griveaux s’est vanté de le tenir « par les couilles »…

Un homme sûr de lui, arrogant

Qui a enregistré cette discussion ? Comment s’est-elle retrouvée dans la presse ? Mystère. Malgré le caractère clandestin de l’enregistrement, Benjamin Griveaux n’a pas l’intention de porter plainte, ce qui aurait pu permettre d’y voir plus clair. Seule certitude : cette grosse « boule puante » a produit de l’effet. Pareils propos ont conforté dans leur opinion tous ceux qui voient en l’ancien ministre un homme sûr de lui, arrogant, un Janus capable d’être aussi violent qu’il peut se montrer charmeur. « En privé, il peut être colérique et parler vraiment comme cela », témoigne un de ceux qui ont eu maille à partir avec lui.

Le candidat a beau s’être immédiatement excusé auprès de tous ceux qu’il avait maltraités, l’affaire a aussi compliqué les retrouvailles au sein de LRM. Le lendemain, aucun de ses ex-rivaux ne participait au meeting de lancement de sa campagne.

Quelques jours plus tard, Cédric Villani et Benjamin Griveaux ont fini par se revoir dans un café, chacun avec un proche. Sans enterrer la hache de guerre pour autant. Ce n’est qu’en septembre que le scientifique compte dévoiler ses batteries. « Toutes les hypothèses peuvent être envisagées », glisse-t-on dans son entourage. Pas question de rallier Anne Hidalgo. En revanche, l’idée de listes dissidentes n’est pas écartée. Surtout, Cédric Villani pourrait constituer un recours si, à la rentrée ou à l’automne, Emmanuel Macron et les dirigeants de LRM jugent que Benjamin Griveaux ne fait pas l’affaire et qu’il faut changer de candidat, avancent certains.

Simples péripéties

Pour l’heure, l’ex-ministre assure que ces péripéties ne perturbent guère sa campagne. N’a-t-il pas intégré dans son équipe Benjamin Baudry, un proche de Mounir Mahjoubi ? Affiché sa proximité avec Delphine Bürkli, la maire (ex-LR) du 9e arrondissement ? Déposé des cartes postales dans plus de 1 million de boîtes à lettres, pour inciter les Parisiens à lui souffler des idées ? Ceux qui voudraient être candidats sur ses listes ont jusqu’au 15 août pour se faire connaître.

D’autres se montrent plus sévères. « Ça patine », observe un soutien de Cédric Villani. « Les sondages sont clairs : Benjamin Griveaux séduit à droite, mais ne plaît pas aux quartiers populaires de l’est et ne paraît donc pas en mesure de gagner Paris, surtout sans alliance », estime Anne Lebreton, une ancienne candidate à l’investiture qui a rejoint le mathématicien.

« Au sein même de LRM, il y a une sérieuse interrogation sur la capacité de Benjamin Griveaux à rassembler, confirme une figure parisienne de la macronie. A lui de fournir rapidement des preuves qu’il peut gagner. » Sinon, l’hypothèse Villani risque de revenir en force. Mais aussi celle d’une candidature d’Edouard Philippe, puisque celui-ci n’a jamais exclu formellement ce scénario et qu’il suit le dossier de très près.

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7 décembre 2018

La cote de popularité de Macron et de Philippe en chute libre

Un sondage YouGov révèle qu'Emmanuel Macron perd 3 points et son Premier ministre, Édouard Philippe, 6 points. Ils sont à leur plus bas niveau. Source AFP

Le président et le Premier ministre sont au plus bas dans les sondages depuis leur entrée en fonction.

Emmanuel Macron et Édouard Philippe ne cessent de chuter dans les sondages. Le dernier, publié jeudi, révèle que la cote de popularité du chef de l'État baisse de 3 points pour atteindre les 18 %. Celle du Premier ministre chute de 6 points, à 21 %. Les deux courbes atteignent leur plus bas niveau depuis leur entrée en fonction, d'après le sondage YouGov*.

Le chef de l'État a cédé 7 points en deux mois dans ce baromètre et 76 % (+ 7) des Français interrogés portent désormais un jugement « défavorable » sur son action. Trois semaines après le début du mouvement des Gilets jaunes, il perd notamment 6 points auprès des sympathisants du centre et 5 chez ceux de la droite, selon cette enquête pour CNews et Le Huffpost.

Une action jugée négative

Le Premier ministre, qui avait évité jusque-là les chutes brutales, voit son image dégradée avec l'aggravation de la crise. Il perd 14 points auprès des proches de la droite et 70 % (+ 13) des personnes interrogées jugent négativement son action.

Le couple exécutif entraîne le gouvernement dans l'impopularité, avec 17 % seulement (- 3) d'avis favorables sur son action et 77 % (+ 6) d'avis contraires. L'équipe gouvernementale perd notamment 11 points chez les sympathisants de droite et en gagne, au contraire, 3 auprès de ceux de gauche. 73 % (+ 5) des Français interrogés considèrent en particulier que l'exécutif a une « mauvaise » gestion de l'économie.

*Enquête réalisée les 28 et 29 novembre auprès de 1 006 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1,4 à 3,1 points.

23 juillet 2017

Forte baisse de popularité pour Emmanuel Macron et Edouard Philippe

Un début d'été houleux pour le tandem Macron-Philippe. La cote de popularité d’Emmanuel Macron est en forte baisse en juillet, avec 54 % de satisfaits, soit dix points de moins qu’en juin, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche. Le Premier ministre Edouard Philippe enregistre également un reflux de huit points sur la même période, passant de 64 % à 56 % de satisfaits.

Pour le président Macron, 47 % des sondés se disent « plutôt satisfaits (54 % en juin) et 7 % sont « très satisfaits » (10 % en juin). Simultanément, le total des mécontents passe de 35 % à 43 % de juin à juillet, se répartissant entre « très mécontents » (15 % en juillet, contre 12 % en juin) et « plutôt mécontents » (de 23 % à 28 %). 3 % des sondés ne se prononcent pas contre 1 % le mois dernier.

4 % des sondés se disent « très satisfaits » d’Edouard Philippe

Pour le chef du gouvernement Edouard Philippe, 52 % des sondés se montrent « plutôt satisfaits » (59 % un mois plus tôt) et 4 % se disent « très satisfaits » (-1 %). Chez les mécontents, 27 % se disent « plutôt mécontents (+3 %) et 10 % « très mécontents » (+2 %). Le taux des personnes interrogées ne se prononçant pas passe de 4 % à 7 %.

L’enquête a été réalisée par l’Ifop auprès d’un échantillon de 1.947 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas du 17 au 22 juillet par questionnaire auto-administré en ligne et par téléphone

17 mai 2017

Premier Conseil des Ministres - Emmanuel Macron - Edouard philippe

Premier Conseil des ministres. Au travail avec ce nouveau gouvernement de renouvellement et de rassemblement !

Une publication partagée par Emmanuel Macron (@emmanuelmacron) le 18 Mai 2017 à 7h24 PDT

15 mai 2017

Dans la presse

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15 mai 2017

Le coût du risque

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L'édito  de Didier Micoine - Le Parisien

Edouard Philippe a sans doute bien pesé le pour et le contre, et calculé les risques de sa décision. Accepter le poste de Premier ministre que lui a offert Emmanuel Macron est en tout cas un sacré pari pour le maire LR du Havre. Certes, il avait appelé le nouveau chef de l’Etat à oser la transgression, et il est donc cohérent en plongeant lui-même dans le bain. Mais à un mois des élections législatives dont le résultat est imprévisible, cela ressemble à un saut dans le vide. Si la droite l’emporte le 18 juin, les dirigeants des Républicains ne voudront certainement pas laisser les clés de Matignon à celui qu’ils considèrent désormais comme un traitre. François Baroin, qui aura mené la bataille, réclamera la place. Et vu la façon dont Macron a imposé sa candidature à l’Elysée (contraignant au final Hollande à renoncer à se représenter), on peut penser que le nouveau président n’hésitera pas beaucoup à sacrifier son tout récent Premier ministre. Pour qu’Edouard Philippe aille au-delà du mois d’essai à Matignon, il faudra vraiment que La République en Marche casse la baraque aux législatives.      

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