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Jours tranquilles à Paris
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17 août 2019

Greta

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23 juillet 2019

Greta Thunberg, 16 ans, divise l’Assemblée nationale

enironnement

Par Julie Carriat

Des députés se hérissent contre la venue au Palais-Bourbon, mardi, de la lycéenne suédoise, symbole de la contestation des jeunes pour le climat.

Après le Parlement européen de Strasbourg, les parlementaires britanniques, la jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg s’adresse, mardi 22 juillet, aux députés français, ou en tout cas à ceux qui voudront bien l’écouter, tant sa venue cristallise l’opposition virulente d’élus de droite et des critiques au sein même de la majorité.

Ainsi, deux députés Les Républicains (LR) en campagne pour la présidence de leur parti, Guillaume Larrivé (Yonne) et Julien Aubert (Vaucluse), sont à l’origine du mouvement d’antagonisme contre la jeune fille de 16 ans, initiatrice des grèves scolaires, devenue icône du combat des jeunes contre l’inaction climatique.

Invitée par le député (non-inscrit) de Loire-Atlantique Matthieu Orphelin, Greta Thunberg va prendre la parole hors de l’Hémicycle, mardi midi, dans l’une des plus grandes salles du Palais-Bourbon, au côté de trois jeunes activistes français issus du mouvement Youth for Climate (Ivy Fleur, Virgile Mouquet et Alicia Arquetoux). La climatologue et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) Valérie Masson-Delmotte sera également présente.

La jeune fille est ensuite conviée à assister à la séance de questions au gouvernement, depuis une tribune de l’Hémicycle. Elle sera aussi reçue en fin de matinée à l’hôtel de Lassay par le président (LRM) de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand.

« Prophétesse en culotte courte »

« J’appelle mes collègues députés à boycotter Greta Thunberg à l’Assemblée nationale, avait lancé, samedi, Guillaume Larrivé. Pour lutter intelligemment contre le réchauffement climatique, nous n’avons pas besoin de gourous apocalyptiques, mais de progrès scientifique et de courage politique. »

Après avoir l’avoir qualifiée de « prophétesse en culotte courte », Julien Aubert, sans pour sa part appeler au boycott, s’est refusé à applaudir la jeune activiste. « Le jour où vous ratifiez l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), on invite une égérie qui permet de regarder ailleurs. On nous invite à écouter une prédication qui repose sur des présupposés », déplore-t-il. « C’est du spectacle, de la mystification », poursuit le fondateur d’Oser la France, pour qui la réduction des émissions de carbone risque de mettre en danger l’économie française.

Pour sa part bien plus réservé, le président des députés LR Christian Jacob « regrette que la majorité cherche à faire des coups médiatiques ». « J’aurais préféré que l’on mette en avant les scientifiques du GIEC », dit-il. « Qu’elle [Greta Thunberg] existe sur le plan médiatique, certes, mais l’Assemblée nationale a vocation à prendre en compte l’avis d’experts. »

En plein repentir après son échec aux élections européennes, la droite républicaine se promet d’aborder les questions écologiques sous un prisme incitatif plutôt que punitif, mais les quolibets à l’égard de Greta Thunberg menacent de faire ressurgir des ressorts climatosceptiques.

« Il faut arrêter de se recroqueviller »

Pour Eric Diard (Bouches-du-Rhône), l’un des quelques députés LR prévoyant de se rendre salle Victor Hugo, les propos de ses collègues Guillaume Larrivé et Julien Aubert confinent à l’hystérie. « Il faut arrêter de se recroqueviller. Ils passent pour de vieux réactionnaires et donnent une image passéiste de la droite », estime-t-il, déplorant des emportements rendant inaudible le parti sur l’écologie.

Des députés de La République en Marche (LRM) comme Bénédicte Peyrol (Allier) ou l’élu de la Creuse Jean-Baptiste Moreau ont fait entendre une musique similaire, quoique assourdie, tandis que pour le député (LRM) de Paris Sylvain Maillard, c’est le symbole des grèves scolaires pour le climat qui pose problème : « Faire la grève de l’école, quel triste symbole », a-t-il lancé sur Twitter.

Bénédicte Peyrol, coauteur d’un rapport sur les outils encourageant l’investissement dans la transition écologique, regrette que « les médias [fassent] désormais les héros de notre siècle. Pourrait-on mettre autant à l’honneur les scientifiques, les personnes qui agissent depuis des années pour la planète ? », s’interroge-t-elle. Au Monde, elle explique qu’elle récuse les propos « violents » de ses collègues de droite et qu’elle assistera au débat. « Ce que je dénonce, c’est que mes héros à moi ne sont pas comme Greta, ce sont des agriculteurs, des chefs de PME qui essaient de trouver des solutions », dit-elle. « Les jeunes ont raison de nous interpeller mais ensuite il faut être dans l’action. J’espère qu’on ira au-delà de la simple interpellation. »

Organisateur du débat de mardi avec le regroupement transpartisan « Accélérons la transition écologique et solidaire », le député Matthieu Orphelin (Maine-et-Loire) dénonce pour sa part des attaques choquantes à l’égard de la militante atteinte du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. « C’est tellement déplacé par rapport à l’enjeu du climat. C’est indécent », déplore l’élu qui a quitté en février le groupe LRM. « Cela veut dire quelque chose de là où en sont certains. Cela leur permet de déplacer la focale par rapport à leur manque d’action. S’ils veulent continuer à se boucher les oreilles pour éviter d’entendre la jeunesse et les scientifiques, c’est leur erreur », regrette-t-il. « Le but, c’est que cet échange soit aussi éclairé par la science », assure-t-il, tout en se félicitant de la présence annoncée de représentants de tous les partis sauf du Rassemblement national (RN), pour un total provisoire de 152 députés inscrits.

« Un arrière-fond de climato-scepticisme »

A l’extrême droite, le député (RN) du Nord Sébastien Chenu avait exclu dès le 17 juillet d’« aller applaudir la Justin Bieber de l’écologie, une espèce de créature médiatique qui va énoncer des banalités ».

A gauche, le premier secrétaire du PS Olivier Faure et la présidente de Génération écologie Delphine Batho se sont émus des postures de la droite. « C’est une clarification utile parce que les masques tombent sur un arrière-fond de climato-scepticisme », a estimé, lundi, la députée des Deux-Sèvres. « C’est la colère qui devrait nous emporter tous aujourd’hui. Ce n’est pas la boycotter qu’il faut, c’est au contraire l’acclamer et dire que nous n’en faisons pas suffisamment », a réagi pour sa part M. Faure sur la chaîne CNews.

A La France insoumise (LFI), le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière a fustigé comme ses collègues LR l’« hypocrisie » consistant à faire cohabiter dans la même journée le vote sur le CETA et la venue de Greta Thunberg. « Des députés, dont une majorité d’élus LRM, vont applaudir Greta Thunberg puis voter pour la ratification du CETA, un accord climaticide. Hypocrites ! », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Valérie Masson-Delmotte, qui représentera la communauté scientifique à l’Assemblée nationale, ne partage aucune des critiques adressées aux jeunes. Elle a d’ores et déjà salué dans le Journal du dimanche leur rôle de relais des experts. « Jusqu’ici, je n’avais pas été invitée à l’Assemblée pour évoquer le rapport du GIEC sur 1,5 °C de réchauffement planétaire, rendu en octobre 2018. Ce sera le cas mardi, et j’en suis très reconnaissante au mouvement des jeunes pour le climat : grâce à eux, le message des scientifiques retient davantage l’attention. »

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15 mars 2019

Greta Thunberg

15 mars 2019

Portrait - Greta Thunberg : « Les gens dont dépend notre futur ne semblent pas prendre la question du climat au sérieux »

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Par Anne-Françoise Hivert, envoyée spéciale à Stockholm

Commencée le 20 août devant le Parlement suédois, la grève scolaire de la jeune Suédoise a inspiré des dizaines de milliers de jeunes dans le monde.

Comme chaque vendredi, elle arrive un peu après 8 heures devant le Parlement suédois. Pantalon molletonné rose, imperméable jaune poussin, ses cheveux blonds sagement tressés – comme sur les affiches accompagnées du slogan « Make the world Greta again », brandies désormais par les ados dans le monde entier. Le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, les lecteurs de deux journaux suédois ont élu « femme de l’année » cette adolescente de 16 ans, à l’origine du mouvement international de grève scolaire pour le climat du 15 mars, devenue l’icône d’une génération.

Depuis le début de son action, le 20 août, trois semaines avant les élections législatives en Suède, l’objectif de Greta Thunberg n’a pas changé : « Je me suis assise devant le Parlement, en me disant que j’allais essayer d’attirer l’attention sur le climat. Je ne pouvais pas imaginer ce que ça allait devenir. Le fait qu’une enfant accuse les adultes de ne rien faire pour garantir son avenir a réveillé les consciences. »

Depuis, la jeune fille a beaucoup voyagé. Fin novembre, Greta Thunberg a participé à la COP24 à Katowice, en Pologne. Elle en est rentrée déprimée : « J’ai réalisé à quel point les gens dont dépend notre futur ne semblent pas prendre la question au sérieux. Peut-être qu’il y a eu des avancées. Mais ce qui est important, ce sont les émissions [de gaz à effet de serre], or elles continuent d’augmenter. »

« Il faut que ça vienne d’en bas »

Le 22 février, Greta Thunberg était à Paris, où elle a été reçue par Emmanuel Macron. « Nous avons parlé de stratégies, de ce que nous voulions accomplir, dit-elle avec sa placidité habituelle. Je ne sais pas s’il m’a entendue. De toute façon, il ne peut pas faire grand-chose. C’est juste un individu, même s’il a une très grosse responsabilité. Le problème est qu’on ne remporte pas des élections en proposant une politique climatique radicale. Il faut que ça vienne d’en bas. »

En Allemagne, début mars, l’adolescente a été interpellée par le secrétaire général de la CDU, Paul Ziemiak, qui lui reprochait de ne pas aborder les conséquences de la transition écologique « sur l’emploi, la sécurité d’approvisionnement et l’économie ». De plus en plus souvent, on exige d’elle des solutions. La jeune fille botte en touche : « Ce n’est pas mon travail de dire ce qu’il faut faire. Je suis une enfant. Même les scientifiques ont peur de faire des propositions qui seraient jugées trop radicales. Alors comment pourrais-je me prononcer ? »

Etrangement, en Suède, le mouvement a tardé à décoller – même si des grèves scolaires sont annoncées dans plus de la moitié des 270 communes du royaume, le 15 mars. « Dans ma classe, certains élèves sont contents qu’il fasse plus chaud », regrette la jeune fille. A mesure que la mobilisation a pris de l’ampleur à l’étranger, des critiques ont émergé, accusant ses parents de l’avoir manipulée ou bien faisant état d’intérêts financiers supposés derrière son action. « Je savais que je susciterais de la haine, répond Greta. Car apparemment, on ne peut plus rien faire aujourd’hui sans avoir un projet caché. »

Son père, Svante Thunberg, ancien acteur, qui l’accompagne dans tous ses déplacements, raconte que lui et sa femme, la chanteuse lyrique Malena Ernman, l’ont mise en garde : « Nous lui avons dit qu’il fallait qu’elle aille à l’école, qu’on ne la soutiendrait pas. Nous étions convaincus qu’elle allait renoncer. »

« Energie dingue »

Six mois plus tard, il s’émerveille de la transformation de sa fille. Il y a quatre ans, Greta Thunberg a arrêté de jouer du piano, puis de parler et de manger, plongeant dans une dépression dont la crise climatique a été un élément déclencheur. « En fait, elle souffrait d’un immense sentiment de solitude et d’exclusion », confie son père. Les médecins ont fini par diagnostiquer le syndrome d’Asperger, un trouble du spectre autistique.

La guérison est passée par un changement de vie radical de la famille. Fin des voyages en avion pour la mère, véganisme pour le père. « A mesure que nous avons commencé à agir, son angoisse s’est atténuée, raconte-t-il. Aujourd’hui, elle va bien et elle a une énergie dingue, ce qui donne énormément d’espoir sur ce qu’il est possible d’accomplir. »

Greta Thunberg assure qu’elle rêve de pouvoir abandonner sa grève. Mais qu’elle continuera jusqu’à ce que les émissions de CO2 dans l’atmosphère diminuent. Et qu’on s’éloigne du point de bascule d’« où il ne sera plus possible de revenir ».

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