C’est fait. Nicolas Sarkozy a officialisé hier soir le nouveau nom de son parti. À la veille d’un congrès de lancement où il compte bien passer du statut d’ancien Président à celui de constructeur d’avenir.
Analyse
Soixante discours, et même pas un coup à boire ! Car si Nicolas Sarkozy peut se payer un avion privé, suivi de sa voiture officielle à vide, pour aller tenir meeting au Havre, à 170 km de Paris, il est conseillé aux 20 000 militants conviés ce samedi à La Villette d’apporter leur sandwich. L’UMP affiche en effet encore une dette de 68 millions d’euros, que seul le financement public d’une victoire en 2017 permettrait de réduire. Cette victoire se ferait sous la bannière des « Républicains ». Les militants ont approuvé, hier soir, à 83,28 % le nouveau nom de leur parti. En revanche, le nombre de votants à la consultation n’a été que de 45,74 %, selon la Haute autorité de l’UMP. Le congrès fondateur d’aujourd’hui sera un triomphe pour Nicolas Sarkozy. Lui, dont on pouvait douter d’un retour gagnant, a réussi, en six mois, à faire d’une UMP minée par les affaires et menacée d’implos ion un parti où chacun a trouvé place autour de la table.
Le plus difficile reste à faire
Étonnant de patience, il a réussi à asseoir son leadership – en déminant et en œuvrant au rassemblement – et à se faire élire président dans les mêmes proportions que Jean-Christophe Cambadélis, au PS. Cerise sur le gâteau, il a fait adopter par les militants le nouveau nom – même s’il reste discuté – et des statuts qui permettront une implication plus active dans une formation culturellement dévouée au chef. Seule inconnue, levée ce matin : la participation, qu’un résultat couru d’avance peut décourager. Nicolas Sarkozy est donc content de lui. Il qualifie même cette séquence de « miracle ». Et ne cache pas sa confiance pour celle qui s’ouvre. Il est convaincu que François Hollande est dans la nasse. Convaincu qu’il est le seul rempart anti-FN dans une société qui se droitise. Convaincu que les embrouilles de François Fillon et « l’âge d’Alain » (Juppé) lui offrent, par contraste, jeunesse et respectabilité. Convaincu que les Français ont voulu qu’il revienne. Pourtant, pour la première fois, un sondage Odoxa donne Juppé vainqueur possible de la primaire, grâce aux centristes. Dans l’opinion, le nom de Nicolas Sarkozy et les hypothèques judiciaires continuent de susciter un puissant rejet. Si l’unanimité pour réclamer le départ de François Hollande est très facile aujourd’hui, la confrontation en 2016 de projets dont on ignore la substance présente un risque. Ses plus proches et lui-même conviennent qu’il ne pourra pas être candidat en toutes circonstances. Ce samedi, Nicolas Sarkozy réalise le moins difficile. Article de Michel URVOY.