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Jours tranquilles à Paris
otan
26 octobre 2019

L’OTAN en crise face à Trump et Erdogan

Par Nathalie Guibert, Jean-Pierre Stroobants, Bruxelles, bureau européen

Divisée et affaiblie par le retrait américain de Syrie, l’Alliance atlantique voit ses principes fondamentaux remis en cause.

L’habituel discours formaté du secrétaire général de l’OTAN n’aura trompé personne. Ce ne fut pas seulement une discussion « franche et ouverte », comme l’a indiqué Jens Stoltenberg, au premier jour de la réunion des vingt-neuf ministres de la défense de l’Alliance, à Bruxelles, jeudi 24 octobre. Mais bien un débat profond, virulent, provoqué par le retrait des Etats-Unis de la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) dans le Nord-Est syrien, et l’offensive consécutive de la Turquie contre les Kurdes.

Un « débat majeur » s’est ouvert, confirme un diplomate. Il illustre une des plus graves crises vécues par l’OTAN, déjà fortement secouée depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. Et ce, à six semaines d’un sommet des chefs d’Etat censé célébrer, au Royaume-Uni, les 70 ans de l’organisation politico-militaire.

LES ETATS-UNIS ONT BAFOUÉ LA RÈGLE QU’ILS ONT EUX-MÊMES MARTELÉE : « ON ENTRE ENSEMBLE, ON SORT ENSEMBLE »

Pour tenter de calmer et rassurer, M. Stoltenberg a affirmé d’emblée que l’organisation allait « continuer à soutenir une coalition internationale contre le terrorisme », notamment en continuant de former l’armée irakienne. Mais le secrétaire général a minimisé le coup de force turc au nom des « préoccupations légitimes du pays pour sa sécurité ». « Pour Stoltenberg, c’est un réflexe de survie, il fait passer la cohésion de l’Alliance avant tout », décode une source otanienne.

Cette cohésion est en danger, bien au-delà des habituelles divergences mises sur le compte des saines contradictions démocratiques du monde occidental. Les Etats-Unis viennent, en effet, de bafouer la règle qu’ils ont eux-mêmes martelée, afin de mobiliser, puis de tenir, les coalitions militaires qu’ils dirigent en Afghanistan, ainsi qu’en Irak et en Syrie : « On entre ensemble, on sort ensemble. »

Discussion « inhabituelle »

La France, notamment, a fait part de ses vives inquiétudes. « L’EI se reforme. Qui va l’empêcher ? Où sont les Américains ? Nous avons besoin d’une discussion stratégique avec nos alliés. Il faut réinventer un business model », a indiqué l’entourage de la ministre Florence Parly. Il est apparu toutefois impossible de réunir la coalition anti-EI réclamée par Paris. Un colloque à trois (France, Allemagne, Royaume-Uni), jeudi soir, n’a pu qu’acter une volonté assez floue d’agir, face au blocage du Conseil de sécurité de l’ONU sur le dossier syrien.

« Les Kurdes sont en sécurité et les combattants de l’EI prisonniers sont à l’abri dans les centres de détention », avait claironné Donald Trump, mercredi, alors que son secrétaire à la défense, Mark Esper, déplorait, le lendemain, « la situation terrible » dans laquelle « l’opération injustifiée » d’Ankara avait plongé Washington et ses alliés. Selon M. Esper, il convient de travailler avec la Turquie « pour qu’elle redevienne un allié fort et fiable ». Un propos assorti de l’idée que Washington n’avait vocation ni à protéger les forces kurdes, ni à les aider à créer un Etat autonome.

Pas un mot, en revanche, sur la gravité du problème sécuritaire posé à des alliés qui n’avaient, jeudi, connaissance ni des annexes de l’accord russo-turc passé cette semaine à Sotchi, ni des plans scellés entre les Kurdes, les alliés jusqu’alors contre les djihadistes, et le régime de Bachar Al-Assad, appuyé par Moscou.

« Nous allons nous dire les choses de manière extrêmement franche », avait-on indiqué à Paris. Et cela a été le cas. Ce fut « inhabituel », confesse une source bruxelloise. Trois camps se sont dégagés, jeudi. La France et les Pays-Bas, appuyés par une Allemagne plus discrète, ont clairement dénoncé l’intervention turque, soulignant qu’elle mettait directement en cause leur sécurité. Deuxième camp, celui des Etats qui ont prôné la modération compte tenu de leurs priorités nationales : éviter de nouveaux flux migratoires (pour l’Italie), ne pas s’aliéner un autre allié important à l’heure du Brexit (pour le Royaume-Uni).

« Autonomie stratégique européenne »

Le troisième groupe, celui des pays de l’est de l’Europe et des Etats baltes, tétanisés par la menace russe, aurait offert une victoire à Ankara si la France n’avait pas mis le pied dans la porte. Soucieux d’obtenir l’approbation des « plans de réponse graduée » (les projets de défense établis par l’OTAN pour les différentes aires géographiques qu’elle couvre, dont sa frontière est), ils semblaient prêts à céder aux pressions d’Ankara : la Turquie proposait d’approuver tous les plans, en échange d’une mention du Parti de l’union démocratique (PYD), une formation kurde syrienne, comme « organisation terroriste »…

Au-delà d’une condamnation unanime de l’offensive menée à la frontière syrienne, aucun consensus ne rassemble donc l’OTAN sur la façon de traiter l’impossible allié turc. La France a précisé qu’elle était « absolument opposée à la relocalisation de demandeurs d’asile et réfugiés » et que « l’UE n’allait pas payer pour appuyer une possible violation massive du droit international humanitaire ». L’ambassadrice américaine à l’OTAN, Kay Bailey Hutchison, a demandé une enquête sur les éventuels crimes de guerre des forces liées à la Turquie lors de l’offensive.

Mais Mark Esper a insisté plutôt sur le fait que la stratégie turque risquait de détourner les alliés des vraies priorités américaines : la Chine, la Russie, et surtout l’Iran. Alors qu’ils quittent la Syrie, les Etats-Unis ont envoyé 3 000 soldats en Arabie saoudite après le raid présumé iranien du 14 septembre contre Aramco, et renforcé de 14 000 hommes au total leur contingent dans la région du Golfe depuis six mois.

Sur ces sujets, le hiatus stratégique est profond, au-delà de la Syrie. La France se retrouve particulièrement isolée. Le président Macron, qui tente de promouvoir une « autonomie stratégique européenne », veut relancer le dialogue avec Moscou et maintenir la discussion avec Téhéran, reste incompris de ses partenaires. Ceux-ci le soupçonnent de vouloir précipiter la fin de l’OTAN au profit de l’UE, sans offrir la garantie que celle-ci soit en mesure d’assurer la sécurité du continent.

« Nous devons arrêter de sous-traiter notre sécurité et notre réflexion stratégique collective », admet un diplomate européen, un autre invitant à bien prendre en compte « l’évidente dynamique de retrait américain de tout le Moyen-Orient ».

Mais comme le note Jan Techau, directeur du programme Europe au German Marshall Fund of the United States, un think tank, « cette sécurité [européenne] suppose un leadership fort et réclame précisément ce que l’Europe tente absolument d’éviter : de gros muscles, un processus décisionnel simple et rapide, des structures de pouvoir hiérarchisées ».

La Turquie « pas dans une logique de rupture »

Dans ce contexte, Ankara veut pousser son avantage. Son ministre est arrivé jeudi en faisant le salut militaire. Selon un cadre de l’Alliance, la Turquie « n’est pas du tout dans une logique de rupture avec l’OTAN, en dépit de son attitude insupportable », mais « se sent plus forte que jamais en interne pour négocier sur des dossiers qui étaient bloqués ». La question de la base d’Incirlik, et, partant, celle des armes nucléaires américaines qui y sont entreposées, n’est pas véritablement sur la table.

Tandis que les Etats membres les plus dépendants des Etats-Unis – Pologne, Etats baltes, notamment – pensent tirer leur épingle du jeu en négociant de façon bilatérale avec Washington, la stratégie russe de division des Européens peut continuer de se déployer. Moscou, comme à la veille de chaque réunion importante de l’OTAN, a effectué une démonstration de force en annonçant le déploiement de ses défenses antimissiles S-400 en Serbie pour des exercices. Le même système S-400 qu’a acheté la Turquie et qui est, semble-t-il, le seul sujet sur lequel le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a haussé le ton, ces derniers jours, à l’égard d’Ankara dans les échanges préparatoires du Conseil de l’Atlantique Nord.

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7 mars 2019

De Gaulle tourne le dos à l'OTAN

07 MARS 1966 De Gaulle tourne le dos à l'OTAN

Dans une lettre au président Jonhson, le général de Gaulle annonce que la France va quitter le commandement intégré de l'OTAN. Plus de 26 000 soldats américains devront plier bagage. Paris ouvre ainsi une crise majeure au sein de l'Alliance atlantique.

12 juillet 2018

L'ÉDITO de Henri Vernet - Le Parisien - Trump Imperator

Quels que soient les pays visités, quel que soit l’ordre du jour, Donald Trump débarque avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ainsi du sommet de l’Otan, qui s’est achevé ce jeudi à Bruxelles et réunissait la puissante Amérique et ses alliés canadien et européens. Trump Imperator commence par une bonne engueulade : « De nombreux pays ne paient pas ce qu’ils devraient et, franchement, de nombreux pays nous doivent un énorme paquet d’argent depuis des années ». Il aurait pu dire un « pognon de dingue »… En clair, l’Oncle Sam en a assez d’assurer à grands frais la défense d’une Europe qui ne prendrait pas assez sa part. C’est oublier qu’après le 11 septembre 2001, les alliés européens activèrent sans barguigner l’article 5 du Traité prévoyant la solidarité des membres de l’Alliance en cas d’attaque contre l’un d’entre eux. Deuxième charge trumpienne : « Nous protégeons l’Allemagne, nous protégeons la France… » Non, Mister President. La France est certes une alliée fidèle des Etats-Unis, mais depuis de Gaulle et la politique de dissuasion nucléaire, maintenue par tous les successeurs du général à l’Elysée, elle ne s’en remet qu’à elle-même pour ce qui concerne sa sécurité ultime. De plus, elle n’a pas attendu les foudres donaldesques pour hausser son effort de défense, Emmanuel Macron s’étant engagé, dès l’an dernier, à le porter à 2 % du PIB. Mais qu’importent les faits, l’essentiel pour Trump, déjà passé à un autre sujet, est de faire le buzz planétaire.

trump otan

25 mai 2017

Trump-Macron : le bal des débutants

Diplomatie Le président français et son homologue américain vont se découvrir aujourd’hui au sommet de l’Otan à Bruxelles.

Ava Djamshidi

La poignée de main va rester gravée, le jeu de miroir fera jaser. Emmanuel Macron et Donald Trump vont se rencontrer pour la première fois aujourd’hui lors du sommet de l’Otan qui se tient sous haute surveillance (lire ci-dessous) à Bruxelles. C’est là que les deux chefs d’Etat vont participer à leur première réunion internationale au milieu des autres dirigeants de l’Alliance atlantique. Les deux « nouveaux » auront aussi l’occasion de se découvrir et de se jauger : ils partageront un déjeuner à l’ambassade des Etats-Unis sise dans la capitale belge. Une heure et quinze minutes pour amorcer la relation entre le président français et son homologue américain. Sauf imprévu, ils devront composer ensemble pendant quatre ans (au moins), durée d’un mandat présidentiel aux Etats-Unis.

Les échanges s’annoncent savoureux entre ces personnalités si contrastées. Du haut de ses 39 ans, Macron pourrait être le fils de Trump, 71 ans en juin. Le Français est aussi libéral et favorable aux échanges mondialisés que l’Américain est protectionniste. Le premier pèse au trébuchet le moindre terme qu’il prononce toujours solennellement quand le second s’épanche sans filet sur les réseaux sociaux.

Deux ovnis de la politique qui ont chamboulé l’échiquier de leur pays

Tant de différences… et pourtant que de points communs ! Ces deux ovnis de la politique ont conquis le pouvoir à l’issue de campagnes où ils ont chamboulé l’échiquier de leurs pays. Ils sont entrés dans l’histoire par la grande porte. Auparavant, ni l’un ni l’autre n’avait été élu : familiers des milieux d’affaires, le banquier chez Rothschild et le milliardaire ont prospéré — et fait fortune pour Trump — dans le privé.

Autre similitude relevée par les magazines people, les deux hommes ont chacun 24 ans d’écart avec leurs épouses, Brigitte et Melania, devenues les proies privilégiées des paparazzis. C’est donc peu dire que ce bal des débutants sera scruté. Les deux dirigeants ont déjà échangé quelques mots par téléphone, au lendemain de la victoire de Macron. « Cela s’est déroulé sur une tonalité conviviale, rapporte une source à l’Elysée. On va essayer de profiter de cette dynamique. »

Trump a entamé il y a quatre jours sa première tournée à l’étranger. Macron, qui a déjà fréquenté l’univers des sommets internationaux lorsqu’il était secrétaire général adjoint à l’Elysée, va nouer dès aujourd’hui des contacts directs avec des dirigeants de premier plan. Entre lui et l’Américain, les sujets à évoquer sont nombreux. L’avenir de cette Alliance atlantique, jugée il y a peu dépassée par Trump, les crises qui secouent le Proche-Orient et l’Afrique, l’accord de Paris sur le climat… L’Elysée promet des échanges « concis et directs ». « Ce sont des moments essentiels, se souvient un ancien conseiller de François Hollande. Au milieu de ses congénères, un homme entame sa mue et devient président. » Drôle de bal où les faux pas n’ont pas leur place.

7 mars 2016

HISTOIRE : De Gaulle et l'OTAN...

07 MARS 1966 De Gaulle tourne le dos à l'OTAN Dans une lettre au président Jonhson, le général de Gaulle annonce que la France va quitter le commandement intégré de l'OTAN. Plus de 26 000 soldats américains devront plier bagage. Paris ouvre ainsi une crise majeure au sein de l'Alliance atlantique. 

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10 février 2015

La Russie envoie ses bombardiers près des côtes françaises en signe de provocation

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a réagi sur le passage à proximité de l'espace aérien de la France et du Royaume-Uni d'avions militaires russes. Des provocations en augmentation.

Alors que la guerre continue dans l'est de l'Ukraine entre les forces de Kiev et les séparatistes prorusses, Moscou joue de plus en plus avec les espaces aériens européens. Dimanche, le ministre de la Défense a confirmé que des avions militaires russes s'étaient approchés des côtes françaises et britanniques le 28 janvier.

"J'ai constaté en tant que ministre de la Défense cette présence un peu intempestive de chasseurs, d'avions russes, qui sont venus se promener pour des raisons que j'ignore à proximité de nos côtes, a ironisé Jean-Yves Le Drian lors de l'interview dominicale d'Itélé/Le Monde/Europe 1. Nous leur avons fait savoir que nous les avions vus et qu'il était souhaitable qu'ils se retirent, c'est ce qu'ils ont fait."

Des bombardiers russes près de la Manche

L'incident fait référence à deux bombardiers russes Tu-95, dits "Bears", des appareils conçus à l'époque soviétique et capables de transporter de l'armement nucléaire. Ils ont longé l'espace aérien norvégien jusqu'au niveau de la Manche, mettant en alerte les forces aériennes norvégiennes, britanniques et françaises.

Ce n'est pas la première fois depuis un an que des bombardiers "Bears" sont poussés à s'éloigner de l'espace aérien de la couronne, et donc celui de l'OTAN, qu'ils frôlent sans y pénétrer. De telles manoeuvres ont valu l'intervention de chasseurs basés en Ecosse en avril, en novembre et même le lendemain de la convocation de l'ambassadeur russe par Londres, le 29 janvier, pour des explications.

Une cinquantaine d'incident en Europe en 11 mois

Samedi, Le Monde a rapporté que l'OTAN, ainsi que la Suède et la Finlande, qui n'en sont pas membres, ont recensé une cinquantaine d'incidents avec des avions russes sur les onze derniers mois. "On note plus d'activité que par le passé et des vols de plus en plus longs", a ainsi déclaré une source de l'organisation militaire au quotidien. Seule l'Estonie, à huit reprises, a constaté officiellement la violation de l'espace aérien de l'OTAN.

Dans les autres cas, comme celui évoqué par Le Drian, les avions russes se sont limités aux régions d'information de vol (FIR) surveillées par un ou plusieurs Etat, à l'exclusion de l'espace aérien souverain, jusqu'à 12 milles nautiques (22,22 km) des côtes. Il est admis qu'une autorité peut éloigner un appareil de sa FIR. Une partie de la FIR de la Manche est conjointement surveillée par la France et le Royaume-Uni. Source : site l'Express

5 septembre 2014

OTAN : la défense collective du bloc occidental

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a été créée en 1949 pour assurer la sécurité collective du bloc occidental après la Seconde Guerre mondiale. Alliance de pays d’Europe et d’Amérique du Nord, elle regroupe actuellement 28 pays membres, dont les États-Unis, le Canada, la France, l’Allemagne ou encore la Turquie. Si les voies diplomatiques s’avèrent inopérantes pour gérer une crise, l’Otan peut mettre en œuvre des capacités militaires qui lui permettent de conduire des opérations multinationales. L’article 5 du Traité de Washington, traité fondateur de l’Otan, prévoit que l’attaque de l’un ou plusieurs de ses membres doit être considérée comme une attaque dirigée contre tous, ce qui implique de répondre par une défense collective.

4 septembre 2014

Faut-il craindre une guerre avec la Russie ?

Les Etats baltes redoutent de subir le même sort que l'est de l'Ukraine. L'Otan, dont les pays se réunissent jeudi, au pays de Galles, se dit prête à réagir.

"On peut véritablement imaginer, maintenant, des scénarios très noirs." La mise en garde est signée Didier Burkhalter, le président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Alors que la Russie nie toute implication dans le conflit en Ukraine, la perspective d'un nouveau front à la frontière russo-balte inquiète les pays occidentaux. "Moscou est pratiquement en guerre contre l'Europe", a avancé la présidence lituanienne, le 30 août.

Un sommet de l'Otan s'ouvre, jeudi 4 septembre, à Newport (pays de Galles). Il devrait notamment acter la naissance d'un "plan de réactivité" permettant d'envoyer rapidement plusieurs milliers de soldats dans l'est de l'Europe. Le spectre d'un conflit entre la Russie et les pays membres de l'Alliance atlantique se précise-t-il ?

Oui, la Russie montre ses muscles

"Si je le veux, en deux semaines, je prends Kiev." La petite phrase du président russe, Vladimir Poutine, rapportée par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, apparaît comme une nouvelle démonstration de force de Moscou. Après avoir annexé la Crimée, la Russie est accusée d'être à la manœuvre dans l'est de l'Ukraine, aux côtés des séparatistes, ce qu'elle dément.

"Mieux vaut ne pas nous chercher", a prévenu le président russe, le 29 août, devant de jeunes militants réunis près de Moscou. "Je vous rappelle que la Russie est l'une des premières puissances nucléaires mondiales", a-t-il ajouté, avant de révéler "un renforcement de la force de dissuasion nucléaire" du pays. Le 14 août, il avait déjà promis à l'Occident une "surprise" avec "de nouvelles armes nucléaires offensives", selon le site américain Salon (en anglais).

Quelles sont ses intentions ? "Poutine envisage vraiment la possibilité de frappes nucléaires ciblées, peut-être contre une capitale balte ou une ville polonaise, pour prouver que l'Otan est une coquille vide qui n'osera pas répliquer par peur d'une plus grande catastrophe", avance une chroniqueuse du Washington Post (en anglais), citant l'analyste et dissident russe Andreï Piontkovski.

Une incursion dans les pays baltes constituerait une nouvelle manœuvre de la Russie pour étendre sa zone d'influence. Après l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud, la Crimée et l'est de l'Ukraine, Moscou pourrait chercher à reprendre dans son giron les minorités russes vivant dans l'est de l'Union européenne. Vladimir Poutine "clame haut et fort que la Russie a le droit de protéger les minorités russes 'menacées' hors de ses frontières", rappelle Libération (article payant).

Oui, l'Otan se prépare à intervenir

A la veille du sommet de l'Otan, le président américain, Barack Obama, s'est rendu, mercredi, en Estonie, où vit une importante minorité russe. Le Premier ministre estonien, Taavi Roivas, a demandé à être "sûr à 101% que tous les membres de l'Alliance seront également et fortement protégés". A Tallinn, Barack Obama a assuré que "l'Estonie ne serait jamais seule". Il a réaffirmé l'importance de l'article 5 de l'Alliance atlantique, selon lequel les Etats membres sont tenus de porter secours à l'un des leurs s'il est attaqué.

L'Alliance atlantique, qui estime que la Russie a déployé plus de 1 000 hommes en territoire ukrainien, envisage d'adopter un "Readiness Action Plan" pour pouvoir déployer "en quelques jours" des milliers de soldats des armées de l'air, de terre, et de la marine, appuyés par des forces spéciales, selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen. "Il s'agit d'être plus visible et de frapper fort si nécessaire", a-t-il expliqué. Des manœuvres de l'Otan ont déjà eu lieu, en juin, dans les pays baltes, et la Pologne a annoncé, mercredi, un exercice militaire international, courant septembre, en Ukraine.

"Nous courons le risque de répéter les erreurs commises à Munich en 1938", quand la passivité des Français et des Britanniques face à l'Allemagne nazie avait conduit à la seconde guerre mondiale, a affirmé le Premier ministre britannique, David Cameron, au sujet de l'Ukraine, selon des propos rapportés par La Repubblica (en italien). "Nous ne savons pas ce qui peut se produire ensuite, a-t-il ajouté. Vladimir Poutine a déjà pris la Crimée, nous ne pouvons pas le laisser prendre tout le pays."

Non, l'escalade est surtout dans les discours

Vladimir Poutine envisage-t-il vraiment de cibler des pays membres de l'Otan ? "La Russie est loin d'être impliquée dans un conflit à grande échelle, nous ne le souhaitons pas, ni ne l'envisageons", a assuré le président russe, le 29 août, tout en se disant "prêt à repousser toute agression contre la Russie". Toujours dans la nuance, le président russe reste "irrationnel et imprévisible", estime la chancelière allemande, Angela Merkel, citée par La Repubblica.

Dans le dossier ukrainien, Vladimir Poutine a présenté, mercredi, un plan en sept points de règlement de la crise, disant espérer un "accord final" entre Kiev et les rebelles pro-russes vendredi. Plus tôt dans la journée, l'Ukraine et la Russie ont fait état de progrès sur la voie d'un arrêt des hostilités. En affichant cette posture pacifiste et en gelant le conflit en Ukraine, Moscou peut espérer un statu quo et le maintien d'une présence pro-russe dans l'est du pays. Il éviterait surtout une confrontation militaire directe avec l'Occident.

"Vladimir Poutine espère que le cauchemar d'une longue guerre et de l'anarchie fera peur à l'Occident, l'obligeant à accepter ses faits accomplis", explique à La Repubblica l'ancien dissident polonais Adam Michnik. La menace sur les pays baltes, purement rhétorique, pourrait ainsi relever de cette stratégie.

Non, l'économie russe est vulnérable

En s'exposant sur un nouveau front, la Russie risquerait des sanctions occidentales et ferait face à une hausse de ses dépenses militaires. Or, le pays souffre d'une grave crise économique. Le rouble est tombé, fin août, à un niveau jamais vu face au dollar, ce qui menace d'accentuer l'inflation, déjà à plus de 7%. La hausse des prix devrait en outre être dopée par l'embargo décrété par Moscou sur la plupart des produits alimentaires des pays qui sanctionnent la Russie.

L'escalade des sanctions déjà prises contre la Russie a provoqué d'importantes fuites de capitaux, et limite l'accès de certaines entreprises, dont les grandes banques publiques, aux marchés financiers occidentaux. Les investisseurs russes pourraient ainsi faire pression sur Vladimir Poutine pour éviter une aggravation de la situation.

Enfin, "la croissance, qui a atteint 4,5% en 2010 et 4,3% en 2011, est retombée à 3,4% en 2012 et même à 1,3% en 2013", avant de friser 0% en 2014, note le site Slate, qui estime que "la Russie n'a pas les moyens de ses menaces".

4 septembre 2014

OTAN

7 mars 2013

C’EST ARRIVÉ UN 7 MARS : LA FRANCE QUITTE L’OTAN

Le 7 mars 1966, le président américain Lyndon Johnson reçoit une lettre du général de Gaulle, lui signifiant que la France se retire du commandement intégré de l’Otan. Il s’appuie sur «les changement accomplis depuis 1949» et «l’évolution des forces françaises». Dès lors, les militaires américains présents en France ont un an pour quitter le pays. C’est en 2009, que Nicolas Sarkozy décidera de réintégrer la France dans l’Otan.

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