Les handicapés défilent pour un "revenu décent"
Pour cette manifestation
"historique", rebaptisé "Marche sur l'Elysée", le
collectif, qui regroupe une centaine d'associations, avait affrété 13 trains, 5
avions et 700 autocars et minibus. Certains manifestants se déplaçaient à fauteuils
roulants, d'autres arboraient des cannes blanches, beaucoup avaient revêtu les
couleurs du mouvement "Ni pauvre ni soumis", à savoir le jaune et
noir, avec des panneaux portant les slogans : "628 euros par mois, pouvoir
d'achat, pouvoir de rien !", ou encore "handicap, maladie =
pauvreté".
Parmi les manifestants figuraient
notamment le secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, et le
porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire, Olivier Besancenot. "Ces allocations
permettent aux handicapés d'acquérir une autonomie", a souligné
Jean-Claude Mailly. "Il faut aussi pouvoir montrer qu'un travailleur
handicapé peut être productif dans un milieu ordinaire de travail". Une
délégation d'une dizaine de personnes, adhérents d'associations, a été reçue à
l'Elysée pour remettre une pétition.
"Une activité de
survie"
La question des ressources des
personnes handicapées a été insuffisamment traitée par la loi handicap de février 2005, estiment les associations.
Elle a certes créé une "prestation de compensation" destinée aux
aides matérielles et humaines, mais n'a
pas amélioré les revenus d'existence, déplorent-elles. "On peut avoir une aide 24H/24 mais être réduit à
une activité de survie", explique-t-elles. Quelque 810.000 handicapés, qui
ne peuvent pas ou plus travailler, vivent avec les 628,10 euros de leur
allocation adulte handicapé (AAH).
La confirmation par Nicolas Sarkozy mardi, quatre jours avant la manifestation, de revaloriser l'AAH de 5% en 2008, conformément à sa promesse électorale, "n'a fait que mobiliser les gens", souligne Arnaud de Broca. "On rend d'un côté ce qu'on prend de l'autre", dit-il, rappelant que les bénéficiaires de l'AAH ne sont pas exonérés des franchises médicales créées par le gouvernement. Les associations craignent aussi que l'accent mis par le gouvernement et le chef de l'Etat sur l'emploi des handicapés, avec une conférence nationale le 10 juin centrée sur ce thème, n'ait pour effet de "culpabiliser" ceux qui ne peuvent travailler. Vendredi, le ministre du Travail Xavier Bertrand a déclaré que la manifestation était le "signe d'une attente légitime" et qu'il allait recevoir les associations mardi, avec Valérie Létard.(D'après agence)