"Des Jeunes Gens Mödernes" - Galerie du Jour Agnès B - rue Quincampoix
Vu le 11 avril. Exposition jusqu'au 17 mai
Sur les vestiges de la déferlante
punk, et parallèlement à des musiques comme le disco, le funk, le ska ou le
reggae, se développe en France, entre la fin des années 70 et le milieu des
années 80, une scène musicale prolifique et chaotique, associant énergie rock,
nihilisme punk et expérimentations électroniques. Plombée par la double menace
de la crise économique et de la guerre froide qui plane sur cette fin de
décennie, l'époque n'est globalement pas à l’optimisme ni à la joie, mais incite plutôt a la désillusion
et au constat lucide d'une impasse générationnelle inévitable à court terme.
Cependant, malgré la froideur et
le cynisme de rigueur, on décèle aussi dans ces années-là une forme d'espoir et
un dynamisme forcené, tous deux alimentés par une sorte d'utopie moderniste -
parfois volontiers ironique - fondée pour une grande part sur une certaine
fascination pour le progrès technique, et par extension, sur une croyance
teintée de méfiance dans les perspectives infinies que semblent désormais
offrir les nouvelles technologies. Sur le plan musical, ce phénomène se
manifeste notamment par l'usage d'instruments nouveaux ou jusque-là peu
utilisés dans le registre pop.
Ainsi les synthétiseurs, boîtes à
rythme et les premiers modèles de séquenceurs, souvent associés à des
formations rock plus traditionnelles, vont-Ils façonner le son de la décennie
à venir.
Confrontée aux contradictions de
son temps, écartelée entre la sensation de se trouver au bord du gouffre et
l'espérance dans l'avènement d'un monde nouveau, dépourvue de repères
idéologiques tangibles et réfractaire aux utopies post hippies de la génération précédente,
toute une partie de la jeunesse française en quête d'identité se reconnaît
alors dans les textes sombres, la musique synthétique froide et l’attitude
désinvolte des nouveaux groupes qui éclosent un peu partout sur le territoire,
tant à Paris qu’en province.
Avec une trentaine d'années de
recul, « Des Jeunes Gens Mödernes » réactive cette scène post punk / novo disko
/ new & cold wave hexagonale, dont l'existence fut brève mais fulgurante, à
travers une exposition collective à la galerie du Jour agnès b, un catalogue et
une double compilation CD coédités par Naïve et agnès b, une compilation vinyle
en coédition Born Bad/agnès b, ainsi qu'un documentaire réalisé par Emmanuel
Bovet et Jean-François Sanz, produit par Love Streams Productions.
Le titre Des Jeunes Gens Modernes
fait référence à un article de Patrick Zerblb paru dans le numéro 4 de la
nouvelle formule du magazine Actuel en 1980. Ce papier, qui s'attache à décrire
quelques figures incontournables de cette scène émergente, constitue plus ou
moins un bidonnage mais révèle néanmoins un certain nombre d'évolutions
significatives des mentalités et du paysage rock français. Les membres du
groupe, Marquis de Sade, cravatés pour la plupart, posent sagement avec leurs
mères respectives en couverture du magazine Ils sont décrits, de même que Jean
Ternisien d'Artefact et Jacno, ex leader du