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Jours tranquilles à Paris
13 avril 2008

"Des Jeunes Gens Mödernes" - Galerie du Jour Agnès B - rue Quincampoix

Vu le 11 avril. Exposition jusqu'au 17 mai

Sur les vestiges de la déferlante punk, et parallèlement à des musiques comme le disco, le funk, le ska ou le reggae, se développe en France, entre la fin des années 70 et le milieu des années 80, une scène musicale prolifique et chaotique, associant énergie rock, nihilisme punk et expérimentations électroniques. Plombée par la double menace de la crise économique et de la guerre froide qui plane sur cette fin de décennie, l'époque n'est globalement pas à l’optimisme ni à la joie, mais incite plutôt a la désillusion et au constat lucide d'une impasse générationnelle inévitable à court terme.DSC01432

Cependant, malgré la froideur et le cynisme de rigueur, on décèle aussi dans ces années-là une forme d'espoir et un dynamisme forcené, tous deux alimentés par une sorte d'utopie moderniste - parfois volontiers ironique - fondée pour une grande part sur une certaine fascination pour le progrès technique, et par extension, sur une croyance teintée de méfiance dans les perspectives infinies que semblent désormais offrir les nouvelles technologies. Sur le plan musical, ce phénomène se manifeste notamment par l'usage d'instruments nouveaux ou jusque-là peu utilisés dans le registre pop.

Ainsi les synthétiseurs, boîtes à rythme et les premiers modèles de séquenceurs, souvent associés à des formations rock plus traditionnelles, vont-Ils façonner le son de la décennie à venir.

Confrontée aux contradictions de son temps, écartelée entre la sensation de se trouver au bord du gouffre et l'espérance dans l'avènement d'un monde nouveau, dépourvue de repères idéologiques tangibles et réfractaire aux utopies post hippies de la génération précédente, toute une partie de la jeunesse française en quête d'identité se reconnaît alors dans les textes sombres, la musique synthétique froide et l’attitude désinvolte des nouveaux groupes qui éclosent un peu partout sur le territoire, tant à Paris qu’en province.

Avec une trentaine d'années de recul, « Des Jeunes Gens Mödernes » réactive cette scène post punk / novo disko / new & cold wave hexagonale, dont l'existence fut brève mais fulgurante, à travers une exposition collective à la galerie du Jour agnès b, un catalogue et une double compilation CD coédités par Naïve et agnès b, une compilation vinyle en coédition Born Bad/agnès b, ainsi qu'un documentaire réalisé par Emmanuel Bovet et Jean-François Sanz, produit par Love Streams Productions.DSC01433

Le titre Des Jeunes Gens Modernes fait référence à un article de Patrick Zerblb paru dans le numéro 4 de la nouvelle formule du magazine Actuel en 1980. Ce papier, qui s'attache à décrire quelques figures incontournables de cette scène émergente, constitue plus ou moins un bidonnage mais révèle néanmoins un certain nombre d'évolutions significatives des mentalités et du paysage rock français. Les membres du groupe, Marquis de Sade, cravatés pour la plupart, posent sagement avec leurs mères respectives en couverture du magazine Ils sont décrits, de même que Jean Ternisien d'Artefact et Jacno, ex leader du groupe punk Stinky Toys, comme des yuppies de l'underground, des sortes d'ado attardés mais doués, un peu dandy sur les bords, esthètes, curieux, opportunistes et surtout réalistes, à mille lieux du mode de vie « Sex, Drugs And Rock'n'roll » des rockers, du « No Future » des punks ou du « Peace And Love » des babas. Bien que l'article ne les mentionne pas on pourrait inclure dans cette mouvance musicale éclectique, pas très clairement identifiée (si ce n'est par le fait que ses représentants appartiennent tous à la même génération) des groupes comme Taxi Girl, Marie et els Garçons Electric Callas, Elli et Jacno, Mathématiques Modernes, Rita Mitsouko, Suicide Roméo, Octobre, Casino Music, Modern Guy, Tokow Boys, Edith Nylon, Kas Product Starshooter, ou des artistes tels que Lio, Lizzy Mercier Descloux et Etienne Daho.

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Commentaires
K
J'ai retrouvé chez Agnès B toute ma jeunesse d'ado parisien branché sur la scène rock créative ...Une expo dans un lieu peut-être un peu trop chic mais qui permet 30 ans + tard de témoigner de la créativité brute et foisonnante de cette époque.
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