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Faire du bondage avec un poulet, tout en rendant hommage à Araki, c'est plutôt culotté comme démarche.
Benjamin
Deroche, l'auteur de ces photographies, semble l'assumer. De toute
façon, Araki n'est pas un de ses photographes préférés.
Avec cette série intitulée Tribute to Araki,
le jeune photographe bretois s'est visiblement amusé à triturer la
matière : chair de poulet ligotée, distordue, crochetée dans le vide.
«Pour
la petite histoire, les poses du poulet sont exactement les mêmes que
les poses exécutées par les modèles d'Araki lors de ses séances de
bondage. Je me suis appliqué à respecter à peu près la hauteur et
l'écartement des cordes à l'échelle de la composition du corps ce qui
donne un aspect assez ridicule et amusant à la bête... »
Découvert sur le blog Vite Vu il y a quelques semaines, Benjamin Deroche est un jeune photographe cru, cynique, drôle, et vraiment sympathique.
Voici ses propos sur sa série :
Comment t'est venue cette idée ?
Je
réfléchissais depuis longtemps à une mise en scène avec ce genre de
bête, mais c'est en regardant un bouquin d'Araki que j'ai eu l'idée de
remplacer ses modèles asiatiques par des poulets de batterie à 5 euros.
Comment as-tu procédé ensuite ?
J'ai procédé très simplement. Après achat de la magnifique bête, je me
suis dépêché de regagner mon studio où j'avais préparé la scène. Le
poulet était accroché à une barre avec de la ficelle de ménage et je
reproduisais des poses empruntées à Araki au fur et à mesure de la
prise de vue (en m'essuyant bien les mains à chaque fois puisque le
poulet mort, ça colle).
Quelle est la place de cette série dans ton travail ?
Je n'accorde pas plus de place à cette série qu'a une autre, c'est
simplement qu'elle a tendance à interpeller les gens puisque l'on y
reconnaît le nom d'un grand maître de la photographie et que l'on y
voit des poulets en action, ce qui je pense est assez rare dans une
démarche d'art contemporain, car ce n'est pas un matériau noble. Cette
série avait été longuement réfléchie, elle a l'air d'avoir son effet
(en bien et en mal) sur le public, c'est tout ce qui compte pour moi.
Propos recueillis par L.T.
Benjamin Deroche expose actuellement chez Artwist à Paris.
Tribute to Araki sera visible en août 2008 dans la Galerie Rouge à Pont l'Abbé (Finistère).