Pinault sous les verrous à la Conciergerie
Posted in Le billet d’Emmanuel Perrault
Afin de vous rendre compte de l’étendue et de la richesse de la collection de François Pinault, vous pouvez vous rendre à Venise depuis 2006 au Palazzo Grassi, pour voir sa première exposition Where are you going ?, suivi quelques années plus tard de l’inauguration de la Pointe de la Douane avec Mapping the studio ou celle présentée jusqu’à la fin de l’année 2014, Prima Materia.
Si vous n’avez pas eu la possibilité d’aller à Venise, vous pouviez toujours vous rattraper en 2007, avec la première exposition en France de sa collection, Passage du temps au Tri Postale à Lille ou encore Qui a peur des artistes ? en 2009 à Dinard et la même année au Garage Melnikov à Moscou, Un certain Etat du Monde ?
Damien Hirst, The fragile truth
Voici une séance de rattrapage à la Conciergerie, avec une exposition sur le thème de l’enfermement, en résonnance avec cette ancienne prison. A triple tour est la première présentation à Paris d’un ensemble important d’œuvres de la collection François Pinault et c’est d’autant plus intéressant que la plus grande partie des œuvres sélectionnées n’a jamais été présentée au public. Dans ce même lieu, il y a deux ans, Claude d’Anthenaise nous proposait une très belle exposition d’art contemporain sur la place et les rôles la figure de l’animal dans l’imaginaire et la pratique des artistes d’aujourd’hui.
Old persons home, Sun Yuan et Peng yu
A triple tour est une exposition particulièrement intéressante avec des stars du marché comme une très grande armoire de médicaments de Damien Hirst, The fragile truth (photo), sur l’enferment chimique, la phobie de la maladie et de la décadence, mais aussi beaucoup d’autres artistes moins connus du grand public. Au milieu de l’exposition vous tombez sur 13 sculptures de dictateurs, vieux impotents en fauteuil roulant, grandeur nature, vous poursuivant dans les allées, le Old persons home de Sun Yuan et Peng yu (photo) toujours sur l’enfermement dû à l’âge, à l’impossibilité de se déplacer seul. Ils ont beau avoir eu l’argent et le pouvoir, il arrive toujours un temps où l’on dépend des autres et où l’on est à sa merci.
Plus politique sur les sociétés sclérosées par la dictature, les 38 photographies colorisées par l’artiste russe de Sots Art Boris Mikhaïlov datant d’entre 1971 et 1986. Toujours en Europe de l’Est, Diana Thater nous plonge dans son installation vidéo monumentale, Chernobyl (photo). Le mythe de la caverne de Platon revu et corrigé sur la zone de confinement autour de la centrale ukrainienne. Prométhée est-il allé trop loin après avoir volé le feu sacré de l’Olympe ?
Autoportrait dans l’installation vidéo de Diana Thater, Chernobyl
Très graphique et photogénique la toile de Raphaëlle Ricol, Malgré la différence (photo), représentent le KKK et l’intégrisme musulman rassemblés et enfermés dans des dogmes idéologiques. Les 50 œuvres des 22 artistes rassemblées dans cet espace de 1500m2 sont à découvrir jusqu’au 6 janvier 2014 à la Conciergerie de Paris.
Raphaëlle Ricol, Malgré la différence