Prune Nourry au CENT QUATRE - exposition : Terracotta Daughters (2013)
" Terracotta daughters ", les 116 filles de Prune Nourry
Dans la continuation de son projet Holy Daughters en Inde, Prune Nourry s’intéresse aujourd’hui sur la sélection du sexe en Chine. Elle infiltre la culture locale et s’inspire des fameux Soldats de Terracotta, si symboliques, pour créer une armée de 116 Terracotta Daughters, grandeur nature.
La plasticienne dénonce avec cette œuvre troublante les avortements sélectifs
La Chine compte désormais 116 habitants de plus, mais ils n’apparaissent pas dans les statistiques officielles : 116 filles exactement. Elles sont l’œuvre de l’artiste Prune Nourry, et le monde les découvrira peut-être dans un millénaire ou deux, comme l’empereur Qin et son armée des 8 000 soldats en terre cuite enfouis il y a 2 200 ans. Prune Nourry s’est inspirée de ces guerriers pour imaginer une œuvre qui parle d’un phénomène particulièrement aigu en Inde et en Chine : la sélection des enfants. Dans ces deux pays qui représentent 30 % de la population mondiale, les couples choisissent souvent d’avorter si la femme est enceinte d’une fille. Car encore plus qu’ailleurs les filles, considérées comme une charge, sont moins désirables que les garçons. Le démographe Christophe Guilmoto estime que plus de 163 millions de filles manquent en Asie à cause de ces infanticides.
« Je me suis demandé comment montrer de manière artistique ce problème de la disparition des filles, explique Prune Nourry. Je suis allée sur place rencontrer des démographes, des ONG, des groupes de femmes. Il fallait que mon projet parle de manière universelle. » Elle imagine donc une armée de jeunes adolescentes en terre cuite, à l’image des 8 000 soldats de l’empereur Qin, réalisées à partir de huit modèles de soldats. L’artiste part du chiffre 8 auquel les Chinois attribuent des qualités de porte-bonheur. Pour son projet, elle demande l’aide d’une association, Les Enfants de Madaifu, qui sélectionne huit orphelines nées à la campagne, car le problème de l’infanticide des filles y est le plus important. Elle a photographié ces petites filles au court de ses visites dans leur villages respectifs en aout 2012, et utilisa leur portrait comme modèles de ses sculptures.
Avec en tête l’idée d’une communauté, Prune travaille main dans la main avec l'asscoiation, afin de supporter l’éducation de ces 8 petites filles durant un minimum de 3 ans grâce à la vente des 8 sculptures originales.
De plus, chacune des petites filles sera invitée à l’exposition de Shanghai afin de rencontrer les Terracotta Daughters. Les petites filles ont aussi chacune reçu une épreuve d’artiste des mini Terracotta Daughter de 30 cm. Ainsi, chaque collectionneur ayant acquis l’une des 8 sculptures originales supporte le projet mais aussi les 3 ans d’éducation des petites filles représentées dans les œuvres.
Les TerraCotta daughters sont exposées à Paris exposées au Cent Quatre et à la Galerie Magda Danysz