Le nucléaire, entre tabou et grand flou

Une enquête pointe le manque d’information des Français sur le sujet. Chacun dit se sentir plutôt à l’abri. Pas si simple.

« En cas d’accident nucléaire, quelle est, selon vous, la distance de sécurité à observer pour préserver la population de toute conséquence ? » À cette question d’un sondage récemment réalisé pour l’Association des comités et commissions locales d’information (Anccli), les Français répondent : 330 km en moyenne. Sans se douter qu’en réalité, assure l’association, le périmètre de sécurité instauré par le préfet dans le cadre d’un plan particulier d’intervention (PPI) se situe à 10 km de l’accident.« En matière de nucléaire, les Français ont tendance à faire confiance aux autorités. Ils ne sont pas informés », regrette le président, Jean-Claude Delalonde. Et, ajoute son association, ils n’ont« certainement pas conscience que la plupart d’entre eux habite à moins de 200 km d’un site nucléaire » . L’association, fondée en 2000, demande que les zones de sécurité soient élargies à 30 ou 40 km autour des centrales.« Nous devons aller vers une culture du risque. Il faut ratisser plus large que les 10 km prévus des PPI, distribuer des pastilles d’iode à tous les Français, diffuser des spots à la télévision. Nous le faisons déjà dans d’autres domaines, comme la sécurité routière, par exemple. Pourquoi faudrait-il traiter différemment le nucléaire ? » s’interroge le président de l’ANCCLI. En 2014, avec 74 % d’électricité d’origine nucléaire, la France se trouve au premier rang mondial. Le nucléaire reste pourtant considéré par deux Français sur trois comme un sujet tabou.« C’est tout simplement parce qu’on n’en parle pas ! s’emporte Jean-Claude Delalonde.Ce n’est qu’après l’accident de Tchernobyl que les commissions locales ont commencé à informer les populations. Avant, le nucléaire, c’était secret défense. » Interrogés sur les mots qu’ils associent en priorité au nucléaire, les Français citent d’abord« électricité » (à 48 %),« centrale » (à 41 %), puis viennent les mots« déchet » (32 %),« accident » (15 %) et, enfin,« progrès » (9 %). Article de Clémence de BLASI.

Voir mes précédents billets sur le nucléaire : 01/10/2012 et 14/09/2012.

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