Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
10 février 2015

L’Ukraine suspendue aux visées de Poutine

L’initiative diplomatique franco-allemande pour obtenir un cessez-le-feu se poursuit. Berlin, Paris, Kiev et Moscou pourraient se retrouver demain, mercredi, à Minsk, en Biélorussie. Sous certaines conditions.

Quel calendrier ?

À Paris, on l’appelle le« format Normandie » . Celui qui, le 6 juin dernier, permit de dialoguer à quatre sur le sort de l’Ukraine. Porochenko, Poutine, Merkel et Hollande. Entre les quatre leaders, le contact est permanent depuis quelques jours. Les dirigeants allemand et français sont allés à Kiev, puis à Moscou samedi. Hier, les négociations ont continué par téléphone. Aujourd’hui, les hauts fonctionnaires prendront le relais à Berlin. Avec comme objectif la tenue d’un sommet, mercredi à Minsk. L’objectif est d’arracher un accord de cessez-le-feu et mettre un terme aux combats qui, depuis dix mois, ont fait plus de 5 300 morts dans l’est de l’Ukraine. Un premier accord avait déjà été trouvé à Minsk, en septembre, mais il est resté lettre morte. Le forcing diplomatique en cours aura-t-il plus de succès ? Les espoirs sont minces, car c’est une bataille beaucoup plus vaste qui est en cours. Entre Moscou et Washington.

Que veut Poutine ?

Si les conditions posées par Poutine à la tenue du sommet de mercredi restent confidentielles, ses visées géopolitiques ne sont pas un mystère. Que dit le président russe ? Que son pays ne veut pas la guerre, mais qu’il n’accepte plus l’ordre américain. Il l’a redit à Sotchi, samedi, en niant à Washington le rôle de« leader incontestable » . Moscou veut retrouver son rang international et le clame. Traduit concrètement, ce désir de restaurer la puissance russe passe par la revendication de zones d’influence bien déterminées. L’Ukraine est une pièce maîtresse de ce jeu, pour mille raisons. Historiques, culturelles, religieuses, militaires, linguistiques et surtout, symboliques. Voir Kiev se rapprocher de l’Union européenne, et y voir se déployer les armes de l’Otan, est vécu au Kremlin comme une menace majeure.

Que veut l’Occident ?

Écartons un instant les visées russes et demandons-nous ce que recherche l’Occident. L’Union européenne est-elle prête à intégrer l’Ukraine ? Pas le moins du monde. L’Otan veut-elle de Kiev en son sein ? Berlin et Paris sont contre, et ce serait un casus belli pour Moscou. Alors, profitant de cet entre-deux, Poutine exploite toutes les divisions du camp occidental. En jouant l’Europe contre les États-Unis, en soutenant les populismes nationalistes contre l’Europe. Prêt à souffler sur les braises en Moldavie, voire en Estonie. À soutenir Budapest, Belgrade et pourquoi pas, Athènes. Certes, l’économie russe souffre beaucoup. Sanctions, chute des cours du pétrole et du rouble. L’Occident mise beaucoup sur cet essoufflement. Mais Moscou mise sur les ambiguïtés de l’Occident vis-à-vis de l’Ukraine. Et ce bras de fer en trompe l’œil risque, hélas pour les civils, de durer encore longtemps. Article de Laurent MARCHAND.

poutine

Publicité
Commentaires
Publicité