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Jours tranquilles à Paris
10 mars 2015

"David Bowie is" à la Philharmonie de Paris : une exposition riche et fidèle à l'artiste

Après avoir conquis Londres en 2013 - 300.000 entrées - la rétrospective "David Bowie is" a ouvert ses portes à la Philharmonie de Paris, le nouveau lieu dédié à la musique. Depuis le 3 mars dernier, les visiteurs y découvrent les détails de la vie de l'artiste et posent leurs yeux sur 300 de ses objets d'archive. 

Bowie, une figure majeure de l'art moderne

Rien de bien sensationnel, pourrait-on dire. La Cité de la Musique a déjà proposé par le passé des expositions sur des artistes de la musique populaire : Serge Gainsbourg, Pink Floyd, Jimmy Hendrix, Bob Dylan...

Sauf qu'ici l'événement suscite un engouement médiatique et institutionnel rare – notamment en France– qui fait écho à celui de 2013, année où cette exposition a été montrée pour la première fois à Londres, et où Bowie, sortant d'une période de silence de dix ans, offrait un nouveau disque assez réussi : "The Next Day". On informe, on retrace l'histoire, on rend hommage. On considère Bowie, pour aller vite, comme une des figures majeures de l'art moderne, liant le populaire et l'avant-gardiste, le vulgaire et l'aristocratique. Bowie est bien, désormais, reconnu comme un phénomène dépassant largement le strict territoire de la musique pop-rock. Il a effectivement travaillé dans le domaine des arts scéniques, du travestissement et de la mode vestimentaire, du cinéma, de la peinture ; il s'est révélé un promoteur avisé et rusé de ses activités... Il a établi des ponts entre les arts, entre les pratiques sociales, entre les cultures.

Un généraliste de l'art

Intellectuellement ambitieux et vivace, il a multiplié les relations intertextuelles, les références – souvent façon "name dropping" – les représentations réflexives et méta-musicales au sein de ses chansons et disques. Bowie s'est présenté lui-même comme un "généraliste"... Il a marché sur les traces d'un Andy Warhol, avec un atout supplémentaire : il fut et reste un artiste non pas froid comme le gourou de la Factory, mais extrêmement sensible – ainsi qu'en témoignent ses albums "Hunky Dory" ou "Diamond Dogs", ses reprises de Jacques Brel, ses prestations dans les "The Man Who Fell To Earth" et "Merry Christmas Mister Lawrence" (Furyo). "David Bowie is" est une exposition riche d'objets – documents manuscrits, dessins et costumes, vidéos ou extraits de films... – témoignant de la créativité foisonnante du natif de Brixton et de son implication personnelle totale dans un art qui a parfois une dimension collective : disques, concerts, tournages de clips...

Une rétrospective complète

Le visiteur apprendra beaucoup de choses sur Bowie, sur les nombreux auteurs et œuvres qui l'ont influencé, qui vont de Tristan Tzara, le poète dadaïste, au peintre Victor Vasarely, en passant par le cinéaste Stanley Kubrick. Il pourra aussi, le casque sur les oreilles, déambuler au gré de son envie dans les différents espaces structurant le parcours muséographique, et entendre voix et chansons se succéder, se mélanger de façon kaléidoscopique et très euphonique. Le cocktail concocté par les Commissaires anglais de l'exposition est réussi. On retrouve bien le goût pour la variété, le changement, le mouvement permanent, la subversion des codes, qui ont présidé à la démarche artistique et à la philosophie de Bowie. David Robert Jones, un personnage contradictoire. Timide et extraverti. Commun et lointain. Jouant les stars et intimant chacun à entrer dans la danse. Creusant en lui pour révéler ce qui le transcende. Cherchant l'autre, le divin en son humble humanité. Travaillant avec méthode et laissant le hasard présider à l’élaboration de certaines de ses compositions. Trouvant sa touche très personnelle dans le refus – apparent – de la figure répétitive. Critiquant ce qui le fascine.

70.000 archives

Trois cents objets sont montrés ici, sur les quelques 70.000 que compteraient les archives de Bowie. Bowie, depuis sa prime jeunesse, a tout gardé. Lui qui semble avoir été un progressiste, un jouisseur dispendieux, quelqu'un qui a parfois renié certaines périodes de son passé, se révèle être aussi un conservateur, un économe et un fétichiste, un humain soucieux de laisser des traces de son passage sur Terre, un véritable syllogomane. Certaines personnalités, certains artistes ont cette dimension étonnante et fascinante, dans des domaines, des époques, des cultures tout à fait différents les uns des autres. Au moment où la Cinémathèque Française a proposé son exposition en hommage à François Truffaut, il y a quelques mois, c'est mutatis mutandis de cette façon qu'ont été évoquées l'idiosyncrasie, les méthodes de travail de l'auteur de "Fahrenheit 451".

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