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Jours tranquilles à Paris
31 octobre 2015

Raïf et Samar Badawi, enfants terribles de Djeddah

Le Parlement européen a décerné son prestigieux prix Sakharov au blogueur saoudien, fouetté et emprisonné pour « insulte à l’islam ». Derrière, ou plutôt devant, se tient sa sœur Samar…

Profils

Le dissident cubain Guillermo Farinas, la jeune pakistanaise Malala, Nelson Mandela… Le prix Sakharov honore, depuis 1988, ceux qui défendent les libertés fondamentales. C’est sans grande surprise qu’il a été attribué, jeudi, à Raïf Badawi, le blogueur saoudien de 31 ans, condamné, en 2014, à dix ans de prison et mille coups de fouet, pour « insulte à l’Islam ». Son « crime » : avoir fondé le site Saudi Liberal Network, plateforme de discussions et de remise en cause des théologiens wahhabites, piliers du régime saoudien. Si les flagellations sont « suspendues » (après une première série de cinquante coups de fouet administrée publiquement en janvier), Raïf Badawi croupit toujours en prison. Raïf Badawi a de qui tenir… Sa sœur aînée, Samar, 34 ans, refuse la culture de l’obéissance et l’exil. Adolescente, elle a fugué, cherchant à s’émanciper d’un père violent, qui finit par la faire jeter en prison. Elle y séjournera sept mois, en 2008. C’est le même homme, qui, un an plus tard, dénoncera aux autorités les activités de son fils…

Émanciper les femmes

S’émanciper du père, figure tutélaire par excellence en Arabie Saoudite, revient à s’attaquer aux fondations d’un régime ultra-conservateur, où les femmes, statutairement mineures, ne peuvent ni étudier, ni conduire, ni travailler, sans l’accord d’un homme de leur famille. Aux côtés d’autres femmes déterminées, Samar brave les interdictions, s’installe au volant, milite pour le droit de vote. En 2013, l’épouse de Raïf Badawi, Ensaf Haidar, s’est réfugiée à Sherbrooke, au Québec, avec leurs trois enfants. Elle y poursuit le combat pour faire libérer son mari. Elle s’est félicitée du « message d’espoir et de courage » que véhicule le prix Sakharov.

Le beau-frère avocat

Quant au mari de Samar Badawi, Waleed Abu al-Khair, il n’est autre que l’avocat de Raïf Badawi. En janvier, la cour d’appel saoudienne l’a condamné à quinze ans d’emprisonnement, pour « désobéissance au souverain ».

Marion GONIDEC.

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