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Jours tranquilles à Paris
18 novembre 2015

Le Charles-de-Gaulle se prépare à frapper Daech

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Les attentats de Paris sont « un acte de guerre », a déclaré François Hollande. La riposte de la France ne se fait pas attendre. Le porte-avions Charles de Gaulle appareille ce mercredi de Toulon. Direction le golfe Persique d’où les 18 Rafale et les 8 Super Étendard devraient frapper les troupes de Daech. Notre reporter Yannick Guérin était à bord vendredi. Il raconte.

Au large de Toulon

« Vendredi 13 novembre. Briefing Daesh. » L’inscription marquée au feutre barre le tableau blanc du local météo. Nous sommes à bord du Charles-de-Gaulle . L’horreur ne s’est pas encore abattue sur Paris. Mais l’ambiance est fiévreuse. Mercredi, le porte-avions appareille avec 18 Rafale , 8 Super Étendard,2 Hawkeye et 4 hélicoptères. Cap sur le nord du golfe Persique. C’est la deuxième fois que le navire amiral de la flotte française part soutenir la coalition internationale qui lutte contre Daech. 8 h 45. La première « pontée » de la journée (les avions qui doivent être catapultés) est rangée sur l’arrière du navire. Les deux catapultes, celle de la piste droite et celle de la piste oblique, ont été testées. Ce matin, ce seront 10 Rafale, 4Super-Étendard modernisé (SEM) et un Hawkeye, un gros aéronef à hélices, bourré d’électronique et surmonté d’un grand dôme radar. Depuis dix jours, le porte-avions accueille des stagiaires de l’École de l’Aviation embarquée. « Nous avons dix-huit pilotes qui doivent se qualifier. Certains à l’appontage de jour et de nuit, d’autres qui changent de machines. Ils passent du Super Étendard au Rafale », explique le capitaine de frégate « Youri ». Sécurité oblige, sa véritable identité est tenue secrète. Les pilotes utilisent leur call sign, l’indicatif radio qu’ils gardent toute leur carrière. Des jeunes pilotes font connaissance avec le porte-avions pour la première fois. « Gwadal », 25 ans, et « Brech », 26 ans, volent sur Rafale depuis un an et demi. Ils ont déjà subi cinq ans de sélection, puis de formation. Ils ont déjà apponté sur un porte-avions. Mais aux États-Unis, sur un navire de l’US Navy « une fois et demi plus gros que le Charlesde-Gaulle ». Et aux commandes d’un « petit » avion à réaction, un T 45. Ils se sont aussi entraînés sur les bases de l’aéronavale de Landivisiau (Finistère) et d’Istres (Bouches-du-Rhône).

« Comme franchir un péage à 250 km/h »

Voilà dix jours, ils ont connu leur premier catapultage. « Le premier coup de pied aux fesses, comme le dit « Gwadal ». C’est violent ! Le Rafale est d’une puissance impressionnante. On est écrasé sur le siège. On est comme « vomi » par le porte-avions ! L’impression d’être satellisé. » Mais la vraie difficulté, c’est bien sûr l’appontage. Une manœuvre qui ne tolère pas les approximations. Et encore moins la nuit. L’avion doit se présenter selon « une pente » très précise dans l’axe de la piste oblique d’une longueur de 203 m. Il doit accrocher un des trois « brins » d’arrêt disposés en travers de la piste pour pouvoir s’arrêter. Au moment où l’avion est à l’aplomb de « l’arrondi », le début de la piste, la hauteur sous les roues doit être de seulement 3,50 m. « C’est une marge très faible, commente le commandant « Youri ». Si le porteavions tangue de un degré, l’arrière monte de 1,70 m, soit la moitié de la marge. » Une difficulté que le directeur résume d’une image saisissante : « Apponter, c’est comme franchir en voiture une barrière de péage d’autoroute à 250 km/h ! » Avant, tous les pilotes ont répété à terre, inlassablement, l’arrivée sur une piste semblable à celle du Charles de Gaulle dessinée sur le sol. L’arrêt est d’une brutalité phénoménale. L’avion, stoppé par le brin, passe de 250 à 0 km/h en 1,5 seconde et sur 91 m ! Laissant derrière lui un souffle brûlant de kérosène et de pneus brûlés. Jeudi soir, le capitaine de vaisseau Éric Malbrunot, le pacha du porte-avions, félicitait tous les 1 900 marins du bord en annonçant que les 18 pilotes accueillis durant le stage de l’EAE s’étaient « tous qualifiés en dix jours ». « Gwadal » et « Brech » peuvent désormais se dire pilotes de chasse embarqués. Ils ont réussi leurs six appontages de jour dans les règles, sous les regards « très exigeants » des officiers d’appontage qui les ont « notés ». « Un pilote qui nous fait peur une fois parce qu’il prend des risques, on ne le laisse pas nous faire peur trois fois », prévient « Youri ». C’est l’élimination définitive du stage. Les jeunes pilotes doivent désormais obtenir leur « confirmation » pour participer à des missions opérationnelles. Il leur faudra se qualifier à l’appontage de nuit. « Puis, on devra apponter avec des machines plus lourdes avec leur armement et dans des conditions météo de plus en plus difficiles. » Dans quatre ans, ils peuvent espérer être chefs de patrouille. Un parcours de près de dix ans, soit la moitié d’une carrière de pilote. Vendredi, « Gwadal » et « Brech » ne savaient pas encore s’ils seraient retenus pour rester sur le porte-avions pour la mission Chammal contre Daech. Article de Yannick GUÉRIN.

 

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