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Jours tranquilles à Paris
4 mai 2016

Le calvaire du médecin qui aida la CIA à traquer Ben Laden

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Shakeel Afridi (au centre), qui permit de débusquer l'ancien chef d'Al-Qaïda, Ben Laden, il y a cinq ans. Cinq ans après son arrestation, le médecin pakistanais Shakeel Afridi, qui aida la CIA à localiser Oussama Ben Laden, languit, oublié en prison. Victime, selon ses proches, de manœuvres diplomatiques entre Washington et Islamabad. « Je n'ai aucun espoir de le voir, je n'attends plus rien de la justice », se lamente Jamil Afridi, le frère aîné du Dr Shakeel Afridi. Âgé d'une cinquantaine d'années, ce dernier avait organisé une fausse campagne de vaccination contre l'hépatite C qui avait servi de couverture pour retrouver la trace de Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda. Une fois localisé, le cerveau des attentats du 11 septembre 2001 avait été abattu, le 2 mai 2011, par les forces spéciales américaines, lors d'un raid à son domicile d'Abbottabad, une petite ville de garnison pakistanaise qui abrite l'académie militaire du pays. Cette spectaculaire intervention étrangère fut vécue comme une humiliation au Pakistan, laissant des traces profondes dans ses relations avec les États-Unis et compliquant d'autant le cas du docteur. Les détails de la manière dont la CIA a contacté Afridi sont flous. La presse pakistanaise a affirmé que des responsables de l'ONG avec laquelle il travaillait, Save the Children, ont servi d'intermédiaires. L'ONG a démenti. Le Dr Afridi lui-même a reconnu son implication, dans une interview à la chaîne américaine Fox News en 2012. Le médecin avait été chargé d'organiser une campagne de vaccination dans le but de recueillir un échantillon ADN dans le complexe habité par Ben Laden. Il a affirmé, par la suite, ne pas avoir été informé du but de l'opération et avoir refusé de fuir le pays quand cela lui a été demandé. Arrêté, peu après le raid, par les autorités pakistanaises, le médecin a été jugé pour liens avec des extrémistes - un chef d'accusation largement considéré comme fantaisiste - et condamné à une peine de 33 ans de prison, réduite par la suite à 23 ans. « Un bouc émissaire » Depuis, la procédure est enlisée. Un procès en appel a été ajourné des dizaines de fois. Plusieurs groupes de défense des droits de l'Homme ont tiré la sonnette d'alarme, exigeant un procès transparent. « Shakeel est devenu un bouc émissaire », estime un militant des droits de l'Homme, Zar Ali Khan Afridi, sans lien de parenté avec le médecin. Selon son avocat, Qamar Nadeem, le docteur est détenu à l'isolement dans une petite pièce. Malgré cette précaution, sa vie resterait menacée. Me Nadeem, qui, lui-même, n'a plus accès à son client depuis deux ans, est son second conseil, le premier ayant fui le Pakistan en raison de menaces des talibans, avant d'être finalement tué lors d'une visite au pays, en 2015.

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