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Jours tranquilles à Paris
2 février 2017

Le MoMA de New York présente The Ballad of Sexual Dependency de l’artiste Nan Goldin

Le MoMA de New York présente The Ballad of Sexual Dependency de l’artiste Nan Goldin dans une version de 2005 retravaillée et enrichie (la première version date de 1985). Cette installation très célèbre montre plus de 700 diapositives sous la forme d’un diaporama accompagné d’extraits musicaux. Le commissaire s’est senti obligé d’ajouter à la projection une sélection de photographies de Nan Goldin issues des collections du musée. Le geste semble anodin mais le diaporama est long (il dure plus de 40 minutes), l’espace n’est pas si grand et l’affluence importante : on a l’impression que le musée a sorti ces tirages pour faire patienter le public avant la projection.

Nan Goldin fait partie de la génération de photographes qui, à partir de la toute fin des années 1970, a fait des images prises de son quotidien l’essence de sa démarche artistique. Elle présente The Ballad of Sexual Dependency comme son journal intime et l’œuvre n’a pas cessé d’évoluer au grès de la vie de l’artiste (qui s’est beaucoup assagie) et de ses nécessités pécuniaires. Les discours de la critique, l’engouement actuel pour le “subversif” et le discours galvaudé de l’artiste elle-même auraient pu enlever à la Ballad tout son intérêt, on est surpris de constater qu’elle garde une belle mélancolie.

Pourtant, à force d’évoluer sans cesse, l’œuvre a perdu de sa spontanéité (si on peut parler de “spontanéité” pour une œuvre aussi maîtrisée) et elle n’a plus rien à voir avec un journal intime : la chronologie est rompue et la narration n’a plus d’importance. Nan Goldin présente un agencement qui rappelle ce qu’elle avait fait au Musée du Louvre en 2010 où elle avait rapproché ses propres images des thèmes de la peinture classique. L’enjeu de l’œuvre n’est plus le même : il ne s’agit plus simplement de montrer sa vie, mais bien plutôt de la classer et de l’organiser rétrospectivement. Les diapositives sont rangées par catégories (le deuil, la drogue, le bain, le nu masculin, etc.) et chaque morceau de musique souligne la cohérence des photographies entre elles, comme si Nan Goldin voulait rendre son œuvre plus didactique et plus universelle. La Ballad n’est plus le récit d’une vie dissolue et violente, elle est la recréation d’une femme qui a vieilli, qui fouille dans ses boîtes d’archive et qui classe perpétuellement ses souvenirs.

En plus de la projection et des photographies de Nan Goldin issues de la collection du MoMA, le musée présente des posters de l’époque des premières projections à New York, avant que l’œuvre ne soit véritablement connue. L’intention est louable, quoique curieuse, parce que l’effet de mise à distance est immédiat : c’est comme s’il fallait tout replacer dans son contexte et sa fraîcheur d’origine. C’est bien le signe que The Ballad of Sexual Dependency n’est – déjà – plus tout à fait une œuvre comme les autres. Article de Hugo Fortin

Hugo Fortin est un auteur spécialisé en photographie basé à New York.

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Nan Goldin : The Ballad of Sexual Dependency

Jusqu’au 16 avril 2017

Museum of Modern Art

11 West 53rd Street

New York, NY 10019

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