Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
7 février 2017

Line Renaud, l’adorable grincheuse

THÉÂTRE Vingt-six ans après, Line Renaud reprend son rôle dans « Pleins Feux », comédie grinçante diffusée en direct ce soir sur France 2.

Star des planches insupportable, Alice Margaux s’accroche aux feux de la rampe comme une moule à son rocher. Elle a son public, son théâtre et son auteur qui n’écrit que pour elle. Mais l’irruption dans sa loge d’une inconnue va tout chambouler… Ce soir à 20 h 55 sur France 2, en direct du Théâtre Hébertot, à Paris (XVII  e), Line Renaud, 88 ans, se glisse dans la peau de cette irrésistible peste pour la dernière de « Pleins Feux », comédie grinçante qu’elle joue depuis le 23 janvier. Remarquablement entourée, elle retrouve un rôle qu’elle a déjà interprété en 1991.

Sortie furibonde de scène à cause d’une nouvelle partenaire — « Elle est nulle cette pouffiasse ! » — Alice siffle des whiskys en alignant les clopes quand son auteur favori (Lionel Abelanski) introduit avec sarcasme la nouvelle venue (Fanny Cottençon). « Elle aime le théâtre et les monuments historiques, je lui ai proposé de vous visiter. » Ça cingle sec dans l’adaptation de cette pièce américaine de Mary Orr signée Didier Kaminka à la demande… de Line Renaud. C’était il y a un quart de siècle.

Pour la monter à nouveau, l’artiste a fait appel au talentueux Ladislas Chollat, qui l’avait mise en scène dans ses deux précédentes pièces, « Très Chère Mathilde » (2009) et « Harold et Maude » (2012). Il en a fait une revêche de première. « C’est un rôle de composition, je ne sais pas être comme ça, glisse-t-elle. Lad m’a fait vraiment méchante, il voulait que je sois dure. » « Quand on est une épave, les seuls poissons qui vous tournent autour ce sont des maquereaux », lâchera le personnage…

Rien à voir, malgré l’évidente coïncidence, avec le livre qu’elle vient de publier, « Une drôle d’histoire* », coécrit avec Bernard Stora, sorte de polar autobiographique dans lequel elle raconte comment il y a quelques années une jeune fan mythomane — elle l’avait rencontrée dans sa loge — s’est introduite dans sa vie, gagnant en influence à la faveur d’un énorme mensonge… « Les sujets sont proches, mais c’est plus vicieux dans la pièce, elle vient pour tout lui prendre, l’autre voulait éclipser tout le monde autour et m’avoir pour elle », poursuit Line Renaud.

Elle reçoit dans sa loge au lendemain d’une bonne première. Une pièce aux murs nus. D’habitude, elle la fait tapisser d’affiches et de photos de sa vie, « mais quatorze dates, c’est un peu court ». Une seule photo est placée devant le miroir. « C’est toujours la même, Loulou (NDLR : Gasté, son mari disparu en 1995), maman et moi dans les coulisses de  Folle Amanda. » Son tout premier rôle au théâtre, en 1981.

Le deuxième fut celui d’Alice Margaux. Elle est allée le chercher aux Etats-Unis. Après « Folle Amanda », elle n’a qu’une chose en tête : « All About Eve », de Joseph L. Mankiewicz, le film culte de ses 20 ans tiré, apprendra-t-elle, d’une pièce pour la radio écrite dans les années 1930. Elle mettra neuf ans à en retrouver l’auteur, en acquérir les droits, la faire adapter par Kaminka et la monter avec succès, en 1991. Elle ne l’a plus quittée.

« Je me suis dit que je la rejouerai un jour, elle est si forte et intemporelle. » Quand France Télévisions la sollicite pour un direct, elle y pense aussitôt. Banco. Cinq ans après « Harold et Maude », elle remonte sur scène avec une joie immense. « C’est ce que je préfère dans notre métier, me retrouver face au public, ressentir ses réactions, quelle émotion ! » Une joie qui s’achève ce soir  : « On aura tous un goût de trop peu bien sûr, mais ce direct, ça va faire une très grande salle ! On va se payer une de ces montées d’adrénaline ! »

  • « Une drôle d’histoire », de Line Renaud, avec Bernard Stora. Ed. Robert Laffont, 240 p., 18,50 euros.
Publicité
Commentaires
Publicité