Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
8 mars 2017

Quand les œuvres d’art cachent des ravalements

L’idée est ingénieuse : les fondations d’art mettent en avant une œuvre sur les échafaudages et financent en échange une partie du chantier.

Par   Marie-Anne Gairaud

Alors que très souvent la rénovation des bâtiments classés donne lieu à des affichages de publicité géante suscitant parfois la polémique, Rive gauche, dans le quartier Saint-Germain (V  e), on transforme actuellement une opération de ravalement en « exposition artistique ». Place Jean-Paul Sartre-et-Simone-de-Beauvoir, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale a pu financer une partie du ravalement de son immeuble grâce à une fondation de soutien et de promotion artistique.

« C’est en faisant mon jogging un matin et en voyant la Conciergerie recouverte d’une canette de soda que j’ai réfléchi au sujet », se souvient David-Hervé Boutin de l’agence de conseil en communication BB +.  « A moins d’être classé et de faire financer l’opération par la publicité, le ravalement d’un immeuble obligatoire tous les dix ans est extrêmement coûteux », note le producteur.

Des lieux de passage

Comment alors financer ces opérations pour une copropriété ? « De nombreux groupes ont des fondations qui aident et soutiennent les artistes, rappelle David-Hervé Boutin. Et les artistes, eux, galèrent souvent pour trouver des lieux d’exposition ». Ce féru d’art décide donc de mettre en relation ces fondations avec les copropriétaires pour financer une partie du ravalement et, en échange, utiliser l’espace des échafaudages pour y exposer l’œuvre d’un artiste qu’elles suivent. « Et on transforme ainsi la ville en musée ouvert tout en l’embellissant ! » s’enthousiasme le concepteur.

Au final l’idée aura mis un an à se concrétiser. Depuis une dizaine de jours, une œuvre de l’artiste anglaise Quentin Jones, coup de cœur de la fondation Sisley/D’Ornano, trône donc en face de l’église Saint-Germain et masquera le chantier de ravalement jusqu’à la fin avril. « Ça nous a semblé très original de faire d’un truc moche, un échafaudage, quelque chose de beau. Et cela permet de faire découvrir une jeune artiste londonienne en devenir » se félicite Simon Dufeigneux, chez Sisley.

Évidemment, toutes les copropriétés ne peuvent pas prétendre à ce nouveau genre de partenariat. « Il faut que l’immeuble soit visible, sur un lieu de passage : l’œuvre doit être mise en valeur. Mais sur une tour de HLM… Pourquoi pas ? Ce serait en plus une façon de faire rentrer l’art dans des quartiers populaires », imagine déjà David-Hervé Boutin.

Publicité
Commentaires
Publicité