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Jours tranquilles à Paris
12 décembre 2017

Klaxoon veut réinventer la réunion

Par Vincent Fagot - Le Monde

La start-up française, qui compte Disney parmi ses clients, développe des outils numériques destinés à rendre les séances de travail moins ennuyeuses.

C’est un mal couramment répandu en entreprise. Si répandu qu’on lui a attribué un nom : la « réunionite », voire « réunionite aiguë ». Sa définition sur le dictionnaire Cordial en ligne : « “Maladie” de la réunion, qui touche ceux qui ont la manie de faire des réunions à tout propos, voyant dans chaque réunion le moyen de se faire valoir hors du train-train quotidien ou une pause agréable préférable au travail nécessaire ».

Ce mal est quantifié : selon une étude d’OpinionWay menée en juin, un salarié sur deux juge improductives les réunions auxquelles il participe, qui ne donnent lieu dans trois quarts des cas à aucune décision. La moitié des sondés dit ainsi déclarer profiter de ces moments pour, au choix, avancer sur d’autres tâches, regarder leurs mails ou surfer sur Internet…

C’est à ce problème qu’entend s’attaquer la start-up rennaise Klaxoon, qui a ouvert, jeudi 7 décembre, sa première boutique à Paris. Sa solution : une trousse à outils numériques destinés à rendre la réunion moins ennuyeuse et à retenir plus efficacement l’attention de l’auditoire. Et, cette fois, les smartphones sont les bienvenus autour de la table puisque c’est grâce à eux (ou tout autre terminal : PC, tablette, écran connecté) que les participants sont appelés à apporter leur contribution, en postant des messages. Ces derniers prennent la forme de petites notes qui apparaissent sur un tableau virtuel, que l’animateur de la réunion peut à son gré déplacer ou réorganiser.

« Des idées plus originales »

Ce mode d’intervention écrit a, selon Matthieu Beucher, le fondateur de Klaxoon, l’avantage de libérer la parole de ceux, nombreux, qui n’osent pas la prendre, notamment dans des séances de remue-méninges. « Certains sont plus à l’aise à l’écrit parce qu’ils estiment n’avoir pas les capacités d’éloquence. Et puis, à l’écrit, on a plus de temps pour formuler ses idées », avance le patron de la start-up.

A l’heure où l’intelligence collective est louée dans les entreprises, il s’agit donc de laisser aussi s’exprimer « la majorité silencieuse ». Pour rendre l’application plus ludique, des sondages peuvent être organisés pour tester des idées, de même que des quiz pour mesurer la compréhension de l’auditoire sur tel ou tel sujet.

Autre avantage de cette solution, elle peut être utilisée par des participants à distance : elle leur permet de suivre la réunion en téléconférence, ou d’intervenir en décalé s’ils n’ont pu y participer. Certains l’utilisent d’ailleurs aussi pour effectuer du suivi de projet au long cours.

C’est notamment le cas chez Sopra Steria. Marie-Christine Vuong, qui a introduit le logiciel dans l’entreprise, témoigne qu’il permet de gagner du temps et de « faire remonter des idées plus originales ». Mais il ne fait pas non plus de miracles : avec ou sans Klaxoon, « il faut préparer ses réunions et venir avec des idées ».

A la conquête des Etats-Unis

Lancée en mars 2015, Klaxoon a déjà réussi à convaincre 2 000 clients, soit 500 000 utilisateurs, dans 120 pays. Si la start-up ne précise pas son chiffre d’affaires – elle communique seulement sur une croissance de 15 000 % en trois ans –, elle précise qu’elle a toujours été rentable.

Elle a déjà effectué deux levées de fonds, l’une de 5 millions d’euros en 2016, l’autre d’un montant non précisé en 2017. L’un de ses principaux investisseurs est le fonds américain White Star Capital. Ce qui n’a rien d’anodin, alors que l’entreprise a ouvert en début d’année un bureau à New York pour partir à la conquête des Etats-Unis, où Klaxoon compte notamment comme clients Verizon et Disney.

Même si la percée sur le marché américain constitue aujourd’hui une priorité pour Klaxoon – « c’est LE pays du logiciel », explique Matthieu Beucher –, la start-up n’en délaisse pas pour autant son marché national. En témoigne l’ouverture de son magasin parisien, où elle présente ses solutions, propose des sessions de formation et, bien sûr, vend ses produits, dont la Box Klaxoon, qui permet d’utiliser la « solution » sans connexion Internet, ou des écrans tactiles équipés de son logiciel. Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat chargé du numérique, s’est laissé convaincre d’en installer un dans son bureau.

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