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Jours tranquilles à Paris
31 janvier 2018

Lors de son premier discours sur l’état de l’Union, Trump s’essaie à nouveau à l’unité

trump55

Par Gilles Paris, Washington, correspondant Le Monde

Tout en conservant une rhétorique anti-immigration, le président américain a paru, mardi, faire des gestes en direction des démocrates, qui lui sont indispensables pour faire avancer ses priorités.

Le président-prompteur a éclipsé une nouvelle fois le président-Twitter, mardi 30 janvier, à l’occasion de son premier discours sur l’état de l’Union. En s’en tenant fidèlement à son texte, quitte à se montrer économe en passion, mais en évitant les provocations, Donald Trump a en effet renoué avec le ton posé adopté le 28 février 2017 devant les deux chambres du Congrès. Cette intervention avait alors fait brièvement espérer une normalisation après des débuts tumultueux à la Maison Blanche.

Après avoir excellé, une campagne présidentielle durant, dans la description apocalyptique d’une Amérique au bord du gouffre, le président s’était déjà appuyé il y a près d’un an sur ses invités présents en tribune pour donner de la chair à un discours volontariste. Il a renoué avec talent, mardi, avec cette source d’inspiration, en s’attardant longuement sur des vies de héros ordinaires ou d’exception, celles d’un soudeur, d’une secouriste, d’un pompier, d’un soldat, ou d’un dissident nord-coréen, pour nourrir une vision optimiste des Etats-Unis.

Volonté fédératrice

Donald Trump a surtout pu mettre en avant la santé éclatante de l’économie américaine dont il a revendiqué l’entière et unique paternité, sans un mot envers son prédécesseur. Sans craindre l’exagération, lorsqu’il a qualifié sa réforme fiscale de plus importante de l’histoire du pays, le président a assuré qu’elle constituait le socle d’un meilleur avenir à portée de main. « Ensemble, nous construisons une Amérique sûre, forte et fière », a-t-il assuré dans un appel à l’unité rompant avec des dizaines de messages insultants à l’égard de ses adversaires démocrates publiés sur son compte Twitter depuis plus d’un an.

Cette volonté fédératrice tient en bonne partie à des considérations politiques. Après avoir pu se passer des votes démocrates pour sa réforme fiscale en usant d’une disposition législative, Donald Trump sait qu’il ne peut en faire désormais l’économie pour voter le budget, refondre l’immigration ou lancer un programme de modernisation d’infrastructures vieillissantes évoqué brièvement mardi, compte tenu d’une trop faible majorité au Sénat.

Les ouvertures du président, cependant, ont été mesurées. Donald Trump a certes dit vouloir tendre la main « aux élus des deux partis, démocrates comme républicains, pour protéger nos citoyens, quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau ou leur religion ». Sa proposition de régulariser 1,8 million de sans-papiers arrivés enfants aux Etats-Unis en échange d’un durcissement sans précédent depuis près d’un siècle de la politique migratoire a laissé les démocrates de marbre.

Pour une surpuissance militaire dissuasive

En rendant hommage aux parents présents en tribune de deux victimes présumées d’un gang d’origine salvadorienne, M. Trump a renoué par ailleurs avec les accents de sa campagne, assimilant l’immigration irrégulière à la criminalité. Les frontières « laissées ouvertes ont coûté la perte de nombreuses vies innocentes ».

A l’opposé, la perspective d’une régularisation risque d’autant moins de séduire les républicains que la saison des primaires va bientôt débuter pour les élections de mi-mandat prévues en novembre. Elles s’annoncent délicates pour le Grand Old Party (GOP). L’aile droite républicaine n’a d’ailleurs cessé de dénoncer d’éventuelles régularisations comme autant d’« amnisties ».

Dans la partie consacrée à la politique étrangère, M. Trump a assuré avoir restauré « la force et le standing » des Etats-Unis, passant sous silence l’isolement provoqué par de nombreuses initiatives comme le départ d’un projet de traité de libre-échange, celui de l’accord de Paris contre le réchauffement climatique (non mentionné dans son discours), ou bien les menaces agitées contre l’accord sur le nucléaire iranien. Face aux rivaux chinois et russe pointés dans sa vision stratégique publiée en décembre 2017 et qui menacent « nos intérêts, notre économie et nos valeurs », le président a plaidé pour une surpuissance militaire dissuasive.

« Beaucoup reste à faire »

Donald Trump a tempéré l’enthousiasme né des victoires enchaînées contre l’organisation Etat islamique en Irak et en Syrie, là aussi dans la continuité de son prédécesseur, en assurant que « beaucoup reste à faire ».

Seule annonce de la soirée, le président a d’ailleurs symboliquement déclaré qu’il avait signé, avant de se rendre au Congrès, un décret annulant celui de Barack Obama en faveur de la fermeture de la prison de Guantanamo. Les républicains du Congrès qui avaient empêché le président démocrate de tenir sa promesse, l’ont vigoureusement applaudi.

Une ovation tout aussi monolithique a salué la fin de l’intervention de Donald Trump. En 2017, quatre jours avaient passé avant que le président-Twitter reprenne le dessus en accusant sans la moindre preuve son prédécesseur de l’avoir mis sur écoutes. Le décompte pour 2018 est désormais enclenché.

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