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Jours tranquilles à Paris
8 février 2018

Happy Birthday Jules Verne !

« Jules Verne avait un quotidien très routinier »

Livres. Il y a tout juste 190 ans, le 8 février 1828, naissait Jules Verne, à Nantes. Son arrière-petit-fils, Jean Verne, évoque un homme « plein de paradoxes », en décalage avec son œuvre.

Entretien Jean Verne, inspecteur- conseiller pour la musique à la Drac de Strasbourg, arrière-petit-fils de Jules (ci-dessous).

Dans la préface d’une récente biographie de Jules Verne (1), vous évoquez un sentiment « entre rejet et admiration » à son égard. Comment vit-on avec un héritage familial aussi riche ?

Quand j’étais petit, c’était pesant dans la vie quotidienne. Entre la biographie que mon père a écrite sur lui et les conférences qu’il tenait, Jules Verne occupait toute notre vie familiale, tout tournait autour de lui. Et puis, il y avait le regard jaloux de certains, celui admiratif d’autres. On attendait de moi que je connaisse son œuvre par cœur, alors que je refusais de lire ses livres.

Ce n’était pas un héros pour vous ?

Enfant, c’est mon grand-père, Michel, qui était mon héros absolu. Jules, mon arrière-grand-père, était le méchant. Michel a eu une vie à l’opposé de ce que son père attendait de lui. D’une certaine manière, c’était un héros vernien. Il menait une vie de voyages et d’aventures. Les deux hommes avaient des rapports très compliqués. Michel a beaucoup souffert de la célébrité de Jules.

Comment avez-vous appréhendé son œuvre ?

Un jour, alors que je partais en voyage, je me suis dit : « Prends deux de ses livres, les plus gros et les moins connus, si tu n’aimes pas tant pis. » Et ça m’a beaucoup plu…

Mais je ne me sens pas héritier de quoique ce soit quand je lis Jules Verne, je me sens lecteur, parmi tant d’autres. Quand j’ai un coup de blues, ses livres me remontent le moral.

Son inspiration débordante trouve sa source à Nantes. Qu’est-ce qui a pu susciter cet imaginaire, selon vous ?

Comment, et pourquoi, je ne sais pas. Mais Nantes est bien le berceau de l’imaginaire de Jules Verne. C’est la source de son œuvre. La ville était au XIXe siècle un vrai port commerçant, ça l’a émerveillé. Sa fibre littéraire lui vient aussi de sa mère, qui était Nantaise, et l’a beaucoup encouragé.

Vous décrivez Jules Verne comme un « tranquille bourgeois de province ». Comment expliquer ce contraste entre l’homme et son œuvre ?

Beaucoup de personnes aimeraient qu’il ait eu une vie en relation avec ses livres. Une sorte de double vie farfelue. Mais, mon arrière-grand-père avait un quotidien très routinier. Il travaillait beaucoup, effectuait beaucoup de recherches. Il n’avait pas le temps d’avoir une vie romanesque, comme Balzac ou Victor Hugo. Les mondanités l’ennuyaient, il voyageait dans son imaginaire.

Il ne s’engageait pas ?

Il y avait aussi un paradoxe entre ses idées et ses romans. Dans sa vie, il n’était pas un homme engagé. Pourtant, dans ses histoires, il y avait de vrais engagements et des principes moraux.

Recueilli par Manon SIRET.

(1) Jules Verne, testament d’un excentrique, préface de Jean Verne. Édition Michel Lafon, paru en novembre 2017, 192 pages. 34,95 €.

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