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Jours tranquilles à Paris
27 avril 2018

François Hollande de plus en plus présent dans le débat public

Par Astrid de Villaines - Le Monde

Profitant de la sortie de son livre « Les leçons du pouvoir », paru chez Stock, l’ancien chef de l’Etat s’oppose désormais frontalement à la politique de son successeur.

« J’espère qu’on ne va pas passer un mois à commenter son livre. » Le député (PS) des Landes Boris Vallaud ne savait pas ce qui l’attendait quand il prononça cette phrase, à la fin mars, avant la sortie de l’ouvrage de François Hollande Les leçons du pouvoir (Stock, 288 pages, 22 euros). Car ce n’est pas un mois, mais plusieurs, que l’ancien chef de l’Etat a prévus pour en faire la promotion.

Au fil des dédicaces annoncées jusqu’en juin un peu partout en France, M. Hollande entend « retrouver le contact » avec les Français et il en profite pour multiplier les passages dans les médias. Jusqu’à mercredi soir, où, invité de l’émission « Quotidien » sur TMC, l’ex-premier secrétaire du PS a franchi un autre cap. Il s’est placé en opposant direct à la politique de son ancien ministre de l’économie. « Emmanuel Macron est-il le président des riches ? », interroge le présentateur Yann Barthès. « Non, ce n’est pas vrai. [silence] Il est le président des très riches », a répondu M. Hollande.

Soupesée, la formule a fait mouche. A tel point que le premier ministre lui-même a été sommé de réagir, le lendemain, sur Europe 1 : « Je pense que François Hollande est amer (…) Je trouve ça très triste », a lancé Edouard Philippe. Le même jour, elle a été reprise par la porte-parole des Républicains, Laurence Saillet, sur le plateau de Public Sénat : « Dire cela est une réalité », faisant de l’ex-chef d’Etat un opposant politique comme les autres. Sans parler des très nombreuses reprises dans tous les médias.

« Il se remet au centre du jeu »

Progressivement, M. Hollande ne serait-il pas en train de prendre la place de son ancien collaborateur rue de Solférino, Olivier Faure, discret nouveau premier secrétaire du PS ? « C’est un acte politique. il se remet au centre du jeu. Je pense qu’il essaie d’installer un match avec Macron », analyse François Kalfon, membre du bureau national du PS.

« Il veut exister dans le débat public », confirme Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat, qui a « rencontré » l’ancien président quelques jours plus tôt. « Il s’intéresse à la réforme constitutionnelle, il m’a parlé du Sénat et de ce qu’il se passe pour moi à Lille », précise-t-il. Un véritable premier secrétaire.

Du côté de la rue de Rivoli, où le jeune retraité a désormais ses bureaux, on balaie toute volonté de nuire : « Il ne se substitue pas au Pari socialiste. Le PS a une voix qui porte. En tant qu’ancien président, il a un devoir de restitution de son action et le droit de dire ce qu’il pense », juge son entourage.

« ON A RETROUVÉ LE HOLLANDE QU’ON CONNAISSAIT AVANT QU’IL SOIT PRÉSIDENT »

PIERRE JOUVET

Sa voix porte tellement qu’elle a coupé celle du nouveau porte-parole du PS, Boris Vallaud. « Je ne m’exprime pas sur le sujet », a évacué ce dernier, visiblement gêné d’avoir à se positionner sur la résurgence de son ancien patron à l’Elysée.

Plusieurs parlementaires socialistes, sous couvert d’anonymat, n’hésitent pas à critiquer une intervention « minable quand on a partagé la même politique », selon un député ou « un calendrier malvenu alors que la nouvelle direction doit percer et prendre la lumière », pour un sénateur. Seul le proche conseiller de M. Faure, Pierre Jouvet, s’est réjoui : « Je l’ai trouvé excellent, il m’a beaucoup fait rire. On a retrouvé le Hollande qu’on connaissait avant qu’il soit président » et d’ajouter :

« C’est un atout, il démontre qu’on est clairement dans l’opposition. »

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