Ce soir sur ARTE : La vie d'Adèle : Chapitres 1 et 2
Encore lycéenne, Adèle découvre le désir et le plaisir auprès d'Emma... Porté par les étonnantes Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, l'enivrant film d'amour et d'apprentissage d'Abdellatif Kechiche, chef-d'œuvre sensuel qui suscita passions et controverses.
En première L, Adèle se passionne pour la littérature, et esquive comme elle peut les questions intrusives des "copines". Elle cède aux avances délicates de Thomas, une expérience malheureuse qui la laisse rongée de chagrin et de culpabilité. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, étudiante aux Beaux-Arts, qui l'initie à l'amour, au désir et à l'affirmation de soi. Après le bac, Adèle s'installe chez elle et entame des études pour devenir institutrice. Elle aime son futur métier, et prend plaisir à s'occuper d'Emma, mais elle sent que celle-ci lui reproche son manque d'ambition artistique et s'éloigne peu à peu d'elle…
Influx de vie
Difficile d'oublier la bouche ourlée d'Adèle savourant les nouilles bolognaises, comme le goût salé des larmes, et l'influx de la vie, captés sur son visage sensuel, traversé par toutes les émotions, marqué par tous les états : rougeur adolescente, sueur, éclat des premières fois… Cinq ans après sa sortie, ce film d'amour et d'apprentissage, tourné principalement en gros plans, encensé et plusieurs fois controversé, suscite la même ivresse cinématographique. L'engagement exceptionnel des deux actrices, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, a été justement salué par le jury de Cannes, qui leur a attribué la Palme d'or au même titre qu'au film. D'une formidable justesse, grâce, entre autres, à un montage virtuose, La vie d'Adèle concentre de multiples identités. Magnifique portrait de femme façon La vie de Marianne, roman inachevé de Marivaux auquel le film se réfère, exaltation de la vocation, celle d'institutrice qu'Adèle empoigne avec passion et désintéressement, dissection des différences sociales insidieuses qui séparent les êtres, ce film boulimique contribue aussi à banaliser l'homosexualité – même si Abdellatif Kechiche s'est défendu de tout discours militant sur la question – en filmant cette passion physique, crue, entre deux femmes, "comme n'importe quelle histoire d'amour".