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Jours tranquilles à Paris
13 juillet 2018

Ce vendredi 13 juillet, la reine Elizabeth II doit recevoir le président des États-Unis Donald Trump...

reine

Ce vendredi 13 juillet, la reine Elizabeth II doit recevoir le président des États-Unis Donald Trump, et son épouse Melania, au château de Windsor. Dans le cadre de leur visite officielle au Royaume-Uni, l'hôte de la Maison-Blanche et la première dame sont invités à un « full tea » royal. Il s'agit d'un thé complet avec sandwiches salés au concombre, à l'œuf et au saumon, scones et petits gâteaux préparés par le maître queux de la résidence de campagne de Sa Majesté. Le thé provient du vénérable fournisseur de la Cour, Twining, tandis que le nuage de lait est originaire des propres vaches « jersey » de son élevage de Windsor.

Le choix de la cérémonie du thé est symbolique. Provoquée par l'autorisation donnée par Londres à la Compagnie des Indes occidentales de vendre du thé aux treize colonies d'Amérique sans payer les taxes, la rébellion de la Boston Tea Party, le 16 décembre 1773, avait débouché sur la proclamation, trois ans plus tard, de l'indépendance des États-Unis.

Au douzième chef de l'exécutif américain que la souveraine a connu depuis son accession au trône, en 1951, la reine dispensera le même charmant sourire, la même aimable bienvenue, les mêmes propos routiniers. Elle fera son devoir, quels que soient ses sentiments vis-à-vis d'un président qui a déclaré avant son départ : « J'ai l'Otan. J'ai aussi le Royaume-Uni, ce qui est en quelque sorte un problème. Et j'ai Poutine. Franchement, Poutine pourrait être le plus facile parmi eux. »

« D'une certaine façon, les Américains considèrent Elizabeth II comme leur reine, surtout sur la côte Est. Les plus âgés se souviennent bien sûr de la guerre. Elizabeth II est sans doute la célébrité numéro un après le président, cela va de soi », indique le sondeur Robert Worcester, qui préside la Pilgrim's Society, la société de concorde transatlantique, dont la souveraine est présidente d'honneur.

Thatcher jalouse de Reagan

La reine est très attachée à la « relation spéciale » entre le Royaume-Uni et les États-Unis. La cheffe des armées est atlantiste dans l'âme. Reste que ses rapports avec les différents présidents américains n'ont pas toujours été faciles.

Eisenhower, artisan aux côtés de son père, de Churchill, de Montgomery et de De Gaulle de la victoire sur le nazisme, a toujours tenu une place particulière. Preuve de cette estime, lors de sa visite officielle en 1959, « Ike » a été invité à loger, à titre exceptionnel, dans le château royal privé de Balmoral, en Écosse. En 1961, la cheffe de l'État accueille avec éclat John Kennedy et son épouse, beaux, jeunes et au magnétisme hors du commun. La reine, en revanche, se méfie de Lyndon Johnson, qui voulait que les soldats britanniques se joignent aux GIs dans sa guerre vietnamienne. La descendante de George III, le souverain qui perdit l'Amérique, ne garde pas non plus un très bon souvenir de Richard Nixon, qui rêvait, l'impudent, de marier sa fille Tricia au prince Charles.

Jimmy Carter a défrayé la chronique lors de sa venue en 1977 en embrassant la reine-mère Elizabeth sur la bouche. La veuve de George VI, décédé en 1951, avait déclaré, pince-sans-rire, « personne ne m'a fait cela depuis la mort de mon mari ». Horrifiée, sa fille avait détourné pudiquement les yeux. Ronald Reagan a été visiblement l'un de ses présidents favoris, comme l'atteste leur promenade à cheval dans le parc du château de Windsor, point culminant de la visite officielle du chef de l'exécutif américain et de sa femme Nancy en juin 1982. Le courant passait entre l'ancien acteur hollywoodien et la reine. La Première ministre, Margaret Thatcher, en avait même été un peu jalouse. L'intervention militaire unilatérale des États-Unis, en 1983, à la Grenade (Antilles) n'avait pas gâché cette amitié, malgré la remontrance peu amène de Maggie à Ronnie : « Après tout, ce sont les îles de Sa Majesté. »

Fossé de générations

Son successeur, le patricien George Bush, soulève l'enthousiasme de la cour d'Angleterre. C'est un WASP (white anglo-saxon protestant) grand chic, dont la fortune date de quelques générations déjà, sorti de Yale et héros de la guerre du Pacifique. Bref, le prototype même de l'Américain fortuné de la côte Est, dont les Windsor se sentent naturellement proches. Les deux pays sont alliés lors de la première guerre du Golfe contre l'Irak, en 1991. Mais lorsque Bill Clinton devient l'hôte de la Maison-Blanche, le fossé de générations se creuse. Ainsi, Elizabeth II doit-elle forcer sa nature pour poliment sourire aux blagues que lui raconte le président américain. Mais elle lui sera reconnaissante du rôle crucial qu'il a joué dans l'accord intervenu en 1998 en Irlande du Nord.

Elizabeth II trouve à Bush Junior, allié de la Grande-Bretagne en Irak et en Afghanistan, des vertus d'homme d'État. Après le 11 septembre 2001, le Royaume-Uni s'est rangé résolument aux côtés de l'Amérique meurtrie. Trois jours après les attentats de New York et de Washington, dans lesquels ont péri une centaine de Britanniques, un orchestre militaire a interprété pour la première fois dans l'histoire du royaume l'hymne américain lors de la traditionnelle relève de la garde.

Elle a apprécié l'humour, la courtoisie et les manières délicates de Barack Obama. Elle a pardonné à Michelle Obama de l'avoir prise par la taille lors de la photo officielle. Comme l'avait dit François Mitterrand, « c'est une vraie reine »…

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