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Jours tranquilles à Paris
21 août 2018

Les banques françaises finissent par céder à Apple Pay

Par Véronique Chocron - Le Monde

Après BPCE et Société générale, BNP Paribas et la banque mobile de La Poste devraient proposer le service d’Apple dans les prochains mois.

Bon gré mal gré, les banques françaises acceptent finalement d’ouvrir leurs portes à Apple Pay, la solution de paiement disponible sur les iPhone de dernière génération. D’abord très hostiles à l’idée de mettre en contact leurs clients avec le service du géant américain, pour ne pas se laisser manger la laine sur le dos, les grandes institutions rendent les armes les unes après les autres.

Le groupe BPCE (Banque populaire Caisse d’épargne) est celui par qui Apple Pay a pu débarquer en France, en juillet 2016. Premier à signer avec la multinationale, l’établissement mutualiste a pris une longueur d’avance sur ses concurrents en permettant à ses clients de régler leurs achats en apposant leur smartphone équipé du système d’exploitation iOS sur le terminal de paiement d’un commerçant. Il a fallu attendre la fin de l’année 2017 pour que le Crédit mutuel Arkéa et sa banque en ligne Fortuneo lui emboîtent le pas. La Société générale et sa filiale Boursorama ont suivi au premier trimestre de cette année. Appartenant au même groupe, le Crédit du Nord a annoncé en juillet que l’enseigne et ses huit banques régionales proposeront « prochainement » le service.

Quant à BNP Paribas, une source interne a confirmé au Monde qu’il devrait distribuer Apple Pay « dans les prochains mois ». Enfin, La Poste lancera au printemps 2019 sa nouvelle banque mobile Ma French Bank, qui, selon nos informations, devrait proposer la solution de paiement mobile.

La pression des consommateurs explique en grande partie ce virage stratégique. Le propriétaire d’un iPhone (ou d’une Apple Watch) ne peut en effet pas utiliser Apple Pay si sa banque n’a pas conclu un accord avec la firme à la pomme. Proposer ce service permet donc d’attirer ces précieux clients, qu’un banquier qualifie de « geeks, haut de gamme et consommant beaucoup ».

Les banques mobiles et les néobanques, comme Orange Bank, N26, Max ou Lydia, bien que non rentables, ont ainsi accepté de payer le prix fort pour intégrer Apple Pay à leur offre. Le service devenant un standard, les banques récalcitrantes, comme le Crédit agricole, auront de plus en plus de mal à tenir leur position.

Conditions revues à la baisse

Dans le même temps, Apple aurait accepté de revoir ses conditions à la baisse. Le groupe américain se rémunère en prélevant une commission sur tous les paiements réalisés avec Apple Pay, amputant ainsi la commission d’interchange versée par la banque du commerçant à celle du consommateur.

Mais pour permettre à leur clientèle de payer avec leur iPhone, les banques doivent également s’engager par contrat à consacrer d’importants budgets publicitaires à Apple Pay. Un cabinet d’expertise, analysant dans un document interne les comptes de BPCE SA, a ainsi noté que 19 millions d’euros avaient été inscrits en charges exceptionnelles au titre du partenariat avec Apple pour 2016. « Le prix de l’engagement publicitaire exigé par Apple n’a cessé de baisser au fil des mois », indique au Monde le patron d’un grand groupe bancaire, ajoutant avec malice que BPCE avait « payé beaucoup trop cher ».

Apple ne s’est pas imposé aussi facilement qu’il l’avait espéré dans l’univers des paiements, comme l’a reconnu Tim Cook, devant l’assemblée des actionnaires du groupe, le 13 février dernier. Regrettant que les solutions de paiement mobile comme Apple Pay n’aient pas remplacé les espèces aussi vite qu’escompté, le patron de la firme avait alors déclaré qu’il « espérait assister de son vivant à la disparition de l’argent ».

La firme a toutefois constaté une montée en puissance au printemps. Lors de la publication de ses comptes, le 31 juillet, elle a révélé que le nombre de transactions effectuées avec Apple Pay avait dépassé le milliard au cours du deuxième trimestre 2018, soit un triplement sur un an. Le groupe a désormais signé des accords de distribution avec plus de 4 900 banques partenaires.

Selon une note du cabinet de recherche Loup Ventures publiée début août, Apple Pay compterait désormais plus de 252 millions d’utilisateurs, soit 31 % des détenteurs d’iPhone (contre 25 % l’an dernier).

Pour accélérer cette dynamique, la multinationale a annoncé, en marge de ses résultats trimestriels, deux nouvelles initiatives. A l’international, elle développera Apple Pay sur un vingt-cinquième marché, l’Allemagne, avant la fin de l’année. Et aux Etats-Unis, où le réflexe de payer en « sans contact » avec un iPhone peine à s’installer, de nouvelles grandes enseignes de la distribution vont accepter la solution : eBay, les pharmacies CVS et les supérettes 7-Eleven.

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