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Jours tranquilles à Paris
8 janvier 2019

Carlos Ghosn, en audience publique pour la première fois, se dit « faussement accusé »

carlos333

Le PDG de Renault, arrêté pour des malversations financières présumées mi-novembre 2018, a comparu mardi, à sa demande, devant un juge de Tokyo.

L’ancien président du constructeur automobile japonais Nissan – et toujours PDG de Renault – Carlos Ghosn, a comparu, mardi 8 janvier, devant un tribunal de Tokyo, prêt à livrer sa version des faits sur les accusations de malversations financières dont il fait l’objet.

Le magnat de l’automobile de 64 ans, qui connaît une chute brutale après être devenu un personnage tout-puissant, s’est défendu d’une voie claire et forte, sans montrer d’émotion, au cours d’une audience qui a attiré les médias du monde entier et de nombreux curieux.

Vêtu d’un costume sombre, l’homme d’affaires a semblé amaigri. Il est arrivé menotté avec une corde nouée autour de la taille. L’audience, convoquée à la demande du prévenu, a débuté à 10 h 30 locales (2 h 30, heure de Paris). Elle a duré quasiment deux heures.

La procédure est rare, seuls 0,6 % des détenus ont fait une telle requête en 2017. Elle n’avait quasiment aucune chance de changer le cours des choses, mais la portée symbolique est forte pour M. Ghosn, qui avait là une occasion de rompre le silence médiatique dans lequel il est muré depuis plusieurs semaines.

Risques de fuite à l’étranger

« J’ai été faussement accusé et placé en détention sur la base d’accusations sans fondement », a-t-il déclaré lors de l’audience, selon une allocution préparée à l’avance que l’agence Reuters a pu consulter.

S’exprimant en anglais, M. Ghosn a rappelé avoir dédié « deux décennies de sa vie à relever Nissan et bâtir l’alliance », une entreprise qu’il dit aimer. Le dirigeant franco-libano-brésilien affirme « avoir agi avec honneur, légalement et avec la connaissance et l’approbation des dirigeants de la compagnie ».

Il a assuré n’avoir nullement fait couvrir des pertes personnelles à Nissan et a détaillé les transactions pour lesquelles il est accusé d’abus de confiance, assurant que les sommes versées par une filiale du groupe automobile à un homme d’affaires saoudien l’ont été en rétribution de services rendus pour aider le groupe dans la région du Golfe.

Le juge a justifié de son côté son maintien en détention par un risque de fuite à l’étranger « où il a des bases » et d’altération de preuves. « Il y a suffisamment d’éléments pour estimer que le suspect pourrait inciter des personnes concernées à dissimuler des infractions », a argué le magistrat Yuichi Tada.

Première apparition publique

Dès les premières heures de la matinée, une longue queue s’était formée devant le tribunal. Plus d’un millier de personnes ont patienté dans le froid pour tenter de décrocher une des rares places : seulement quatorze tickets ont été alloués par tirage au sort à des membres du public, pour assister à la comparution du célèbre accusé.

L’ambassadeur de France au Japon, Laurent Pic, était présent « dans le cadre de la protection consulaire », selon un porte-parole de l’ambassade. Tout comme celui du Liban et le consul du Brésil, d’après la chaîne de télévision publique NHK.

Carlos Ghosn, qui est toujours PDG de Renault et de l’alliance Renault-Nissan, effectuait sa première apparition publique depuis son incarcération, le 19 novembre 2018, pour des accusations de malversations financières chez Nissan.

Le tribunal du district de Tokyo avait décidé, le 31 décembre, de prolonger de dix jours la détention de l’homme d’affaires, également accusé d’abus de confiance aggravé. Après des espoirs déçus de libération en décembre, M. Ghosn arrive vendredi au bout de sa troisième garde à vue, mais il peut rester en prison dans l’attente de son procès ou même être arrêté sur de nouvelles charges.

Son équipe d’avocats, menée par un ancien procureur, Motonari Otsuru a prévu de tenir une conférence de presse mardi après-midi. Ils sont arrivés un peu plus d’une heure avant le début de l’audience, en taxi.

De son côté, Nissan a déclaré, mardi, qu’une enquête interne avait permis de mettre au jour des preuves substantielles et convaincantes de fautes commises par son ancien président. Le constructeur automobile japonais a fait cette annonce dans la foulée de la première apparition publique de M. Ghosn.

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