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Jours tranquilles à Paris
17 février 2019

Berlinale : l’Ours d’or remis à Nadav Lapid pour « Synonymes »

Par Thomas Sotinel, Berlin, envoyé spécial - Le Monde

Le film est inspiré de la vie du cinéaste à Paris au début des années 2000. Le grand prix du jury a été remis à « Grâce à Dieu » de François Ozon.

En attribuant l’Ours d’or à Synonymes, le film que le cinéaste israélien Nadav Lapid a tourné à Paris, le Grand prix du jury à Grâce à Dieu, de François Ozon, qui relate les efforts des victimes d’un prêtre pédophile du diocèse de Lyon pour obtenir justice, et l’Ours d’argent de la mise en scène à l’Allemande Angela Schanelec pour Ich war zu Hause, aber (J’étais chez moi, mais…) le jury de la 69e Berlinale, présidé par Juliette Binoche a tiré le meilleur parti d’une sélection qui avait suscité de vives critiques.

C’est la première fois qu’un film israélien obtient la plus haute récompense dans le festival allemand. Synonymes met en scène les tribulations de Yoav, jeune ancien combattant de Tsahal, qui arrive a Paris en ayant juré de ne plus prononcer un mot d’hébreu. La cruauté burlesque du film, sa narration elliptique le placent du côté d’un cinéma qui demande beaucoup à son public pour lui donner encore plus, domaine auquel appartient aussi le film d’Angela Schanelec, essai autobiographique qui fait un détour par le théâtre (de l’absurde, et celui de Shakespeare).

Intangibilité de la liberté de création

C’est à François Ozon, et à la narration claire, accablante, de Grâce à Dieu qu’il a échu de représenter une forme plus classique de cinéma. Cette fois l’histoire vraie a réellement inspiré le film, qui brûle de colère sans jamais renoncer à la lucidité. Les prix d’interprétation sont allés à Yong Mei et Wang Jinchun, le couple d’acteurs de Di jiu tiang chang (Adieu, mon fils) de Wan Xiaoshuai. Le film accompagne une famille à travers le dernier demi-siècle de l’histoire chinoise. Au moins est-il arrivé jusqu’à Berlin. Avant que ne commence la distribution des Ours, Juliette Binoche a – au nom du jury – regretté l’absence inattendue d’Une seconde, le long-métrage de Zhang Yimou qui devait concourir pour l’Ours d’or.

Le 11 février, quatre jours avant la date de projection prévue, les producteurs d’Une seconde ont annoncé le retrait du film « pour des raisons techniques ». Le ton du texte lu par Juliette Binoche, qui rappelait l’intangibilité de la liberté de création, laissait comprendre que le jury ne croyait pas tout à fait à la technicité des problèmes auxquels fait face le film du réalisateur d’Epouses et concubines, qui, ces dernières années, a été à plusieurs reprises en délicatesse avec les autorités culturelles et politiques de son pays.

Hommages à Dieter Kosslick

Une autre réalisatrice allemande, Nora Fingscheidt qui présentait son premier long-métrage, Systemsprenger, portrait d’une enfance violente, a reçu le prix Alfred Bauer qui récompense l’innovation. Le prix du scénario est allé à l’écrivain Roberto Saviano, au scénariste Maurizio Braucci et au réalisateur Claudio Giovannesi pour leur adaptation de Piranhas, le premier roman de Roberto Saviano, qui raconte l’ascension d’un gang d’enfants dans un quartier de Naples.

Attribués par des jurys indépendants, les prix récompensant les meilleurs documentaires et premier film sont allés respectivement au Soudanais Suhain Gasmelbari pour Talking about Trees et à l’Allemand Mehmet Buyukalatay pour Oray.

Une bonne partie de la cérémonie a été consacrée aux hommages qu’ont rendus gens de cinéma et officiels à Dieter Kosslick, le directeur de la Berlinale qui quitte ses fonctions au bout de dix-huit éditions. Il sera remplacé pour la 70e Berlinale par un tandem composé du directeur artistique Carlo Chatrian et de la directrice générale Mariette Rissenbeek. La première décision de ce couple italo-néerlandais a déjà été annoncée : le festival abandonne le début du mois de février pour sa dernière semaine, du 20 février au 1er mars. Il s’agit de ne pas subir de plein fouet la concurrence des Oscars dont la date a été avancée au 9 février pour 2020, dans l’espoir de faire revenir à Berlin des Américains qui ont brillé cette année par leur absence.

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