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Jours tranquilles à Paris
7 mars 2019

La grande angoisse des acheteurs devant la voiture du futur

voiture22

Par Éric Béziat - Le Monde

Alors que le salon automobile de Genève ouvre ses portes, mardi 5 mars, avec des modèles de plus en plus électriques et connectés, une enquête de Deloitte révèle l’indécision des consommateurs européens face à des choix nouveaux pour eux.

Avant, les choses étaient plutôt simples pour l’acheteur d’automobile. Quel prix ? Quelle puissance ? Quelle ligne ? Quelle énergie, essence ou diesel ? Telles étaient les questions à se poser avant de signer son chèque. Mais ça, c’était avant : avant le « dieselgate » et la complexification fiscale ; avant l’autopartage et le bannissement programmé de certaines voitures des villes ; avant la superconnectivité automobile ; avant l’arrivée massive des modèles électriques, avec leurs multiples variantes (à batteries, hybride, hybride rechargeable, hybride léger, à hydrogène).

Le salon de Genève, grande foire annuelle des nouveautés automobiles, qui ouvre ses portes à la presse et aux professionnels, mardi 5 mars, illustre cette intrication de l’offre. A côté des bolides sportifs et des véhicules haut de gamme, qui font la tradition du rendez-vous genevois, les marques multiplient les motorisations alternatives et toutes les variations du véhicule électrifié destiné à la mobilité de demain.

Des marques aussi diverses qu’Aston Martin, Kia, Mercedes, Citroën, Skoda, Toyota, Volkswagen s’apprêtent à présenter des concepts ou des nouveautés mettant en avant cette électrification généralisée. Même les Peugeot 208 et Renault Clio – les deux modèles les plus vendus en France, dont les nouvelles versions seront des vedettes du salon – auront une déclinaison à batteries. Signe des temps, les organisateurs ont élargi cette année les catégories autorisées à exposer aux « fournisseurs en relation avec la mobilité routière » et aux « prestataires de mobilité connectée issus de l’électronique ».

Comment le consommateur européen envisage-t-il de s’approprier ce nouvel univers automobile ? Le géant mondial du conseil aux entreprises, Deloitte, publiait, lundi 4 mars, une étude sur l’acceptation de la voiture du futur. L’enquête a été menée en Europe de l’Ouest auprès de 10 000 personnes interrogées dans sept pays représentant 72 % du marché européen : Allemagne, Autriche, Belgique, France, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni.

Intérêt grandissant et vraie méfiance

On y découvre que l’acheteur potentiel aborde cette modernité avec un intérêt grandissant et une vraie méfiance. En ce qui concerne le choix de la motorisation, la tradition perdure. La prochaine voiture sera, pour la majorité des Européens, une essence ou une diesel classique, à l’exception des Italiens, qui sont prêts, à 58 %, à opter pour des motorisations alternatives. Les Allemands sont les plus conservateurs, avec 63 % des personnes interrogées qui veulent rester dans l’ancien monde de la belle mécanique ronronnante.

Et les Français ? D’après l’étude, 54 % d’entre eux envisagent d’acquérir un véhicule à essence ou diesel traditionnel. Mais les lignes bougent vite. L’an dernier, dans un baromètre équivalent, ils étaient encore 62 % à ne pas vouloir franchir le pas de l’électrification. Pour ce qui est des autres aspects de la voiture du futur, le scepticisme prévaut.

LE CLIENT POTENTIEL EST PERDU DANS UNE JUNGLE DE QUESTIONS QUI, POUR S’Y ORIENTER, NÉCESSITENT DE GRANDES COMPÉTENCES TECHNIQUES

Les Européens restent méfiants quant à la sécurité des voitures autonomes et demandent une forte surveillance des Etats en la matière (entre 59 % et 73 % des sondés, selon les pays). Hormis les Italiens, ils ne sont pas convaincus que la connectivité leur apportera des bénéfices (c’est le cas de 64 % des Français et de 65 % des Allemands).

Conclusion : le consommateur a surtout l’air de nager dans le flou. Cela n’a rien d’étonnant : il est perdu dans une jungle de questions qui, pour s’y orienter, nécessitent de grandes compétences techniques, une maîtrise des problématiques environnementales et une vision panoramique des politiques publiques en cours et à venir.

« L’électrique, est-ce si bien que ça ? »

Florilège de questionnements du moment : « Je voudrais savoir si une voiture électrique est vraiment intéressante pour moi, ou si je continue avec l’essence en 2019 », se demande un internaute sur un forum de discussion automobile. « Avec l’engouement pour l’électrique, je me pose de plus en plus de questions, ajoute un autre candidat à l’achat. Je réfléchis sérieusement à passer à l’électrique en 2019. Je pense gagner sur les frais d’entretien. Enfin, je pense ! D’où ma question : l’électrique, est-ce si bien que ça ? »

Carole, quinquagénaire francilienne, sort d’une concession auto : « Je viens de faire faire trois devis pour changer ma voiture diesel. Mais je ne sais toujours pas ce qui sera le mieux pour moi. Probablement pas l’électrique… Je crois que je vais encore garder mon véhicule quelques mois. »

« Autant les acheteurs n’hésitent pas dans les choix de carrosserie – le SUV est prédominant –, autant ils peuvent être perdus, sceptiques ou attentistes en matière de motorisation », confirme Flavien Neuvy, économiste et directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile. Pour l’heure, en France, les acheteurs choisissent l’essence, qui représente 58 % des immatriculations sur les deux premiers mois de 2019 (contre 53 % il y a un an), le diesel comptant désormais pour 35 %, et l’ensemble des modèles électrifiés (hybrides et 100 % électriques) pour 7 %. « Mais l’histoire n’est peut-être pas finie, poursuit M. Neuvy. Les vendeurs de voitures voient en ce moment revenir des clients mécontents d’avoir quitté le diesel pour l’essence qui leur coûte beaucoup plus cher à l’usage. »

« Le client est passé d’un véhicule couteau suisse, capable de tout faire, à une multiplicité de choix qui peut se révéler anxiogène, note François Roudier, directeur de la communication du Comité des constructeurs français d’automobiles. Aujourd’hui, on compte 5 000 modèles différents disponibles sur le marché français ! » « Il y a un travail de pédagogie à accomplir auprès des candidats à l’achat en partant de leur usage, souligne Lionel French Keogh, directeur général pour la France de Hyundai, seul constructeur à proposer toutes les motorisations possibles, de l’électrique à batteries jusqu’à l’hydrogène. Une hybride peut être un mauvais choix si vous ne faites que de l’autoroute. Un diesel peut être la bonne option si vous roulez plus de 30 000 kilomètres par an. »

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