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Jours tranquilles à Paris
27 mars 2019

L'ex-président chinois d'Interpol poursuivi pour corruption

Meng Hongwei

Par   Journaliste Figaro Cyrille Pluyette  

Les autorités chinoises ont clos leur enquête visant Meng Hongwei, qui avait disparu de façon rocambolesque fin septembre. Il sera traduit en justice pour avoir touché des pots de vin.

Après des mois de silence, les autorités chinoises ont fini par livrer les conclusions de leur enquête sur Meng Hongwei, l'ex-président d'Interpol, dont la disparition fin septembre avait stupéfait la planète. Comme attendu, le verdict est implacable. L'ancien dirigeant a été exclu du Parti communiste chinois (PCC) et de toute fonction publique, et il sera poursuivi en justice pour avoir touché des pots-de-vin et bafoué l'autorité du régime, ont annoncé mercredi les services d'inspection de la formation au pouvoir.

Meng Hongwei s'était «volatilisé» à l'automne dernier peu après avoir quitté la France - où est basé Interpol - et atterri en Chine. Pékin ne s'était manifesté qu'après plus d'une semaine, en indiquant qu'une enquête pour corruption avait été ouverte à l'encontre du haut fonctionnaire. Il avait démissionné par courrier le 7 octobre de la tête de l'organisation policière.

Les faits qui lui sont reprochés apparaissent en partie politiques. «Meng Hongwei n'a pas respecté les principes du Parti (…), il n'a pas communiqué des informations personnelles comme il aurait dû le faire et s'est refusé à mettre en œuvre les décisions du comité central du Parti», a déclaré la Commission d'inspection disciplinaire du PCC.

Ce haut dignitaire a également abusé de son pouvoir pour obtenir des gains privés et «gaspillé sans compter» les fonds de l'Etat «pour satisfaire le train de vie extravagant» de sa famille, a précisé cet organe du régime. L'accusé a aussi accepté illégalement «d'énormes quantités» d'argent et de biens, selon la même source. Autant de dérive qui valent à celui qui était aussi vice-ministre du ministère de la Sécurité publique, d'être accusé de ternir l'image du Parti et de nuire gravement aux intérêts du pays.

Vaste campagne anti-corruption

Restée en France, l'épouse de Meng Hongwei, laissée sans informations sur le sort de son mari depuis son arrestation, avait demandé au président français d'évoquer son cas avec son homologue chinois Xi Jinping lors de sa de trois jours visite en France (qui s'est achevée mardi). Dans le courrier qu'elle a adressé la semaine dernière à Emmanuel Macron, cette femme craignant pour sa sécurité et qui a déposé plainte en février pour une mystérieuse tentative d'enlèvement, demande à savoir où se trouve le père de ses deux jeunes enfants et «comment il se porte». Elle insiste pour que ce dernier puisse recevoir la visite de ses avocats. La commission nationale de supervision chinoise, qui a investigué sur Meng Hongwei, peut garder des suspects au secret pendant six mois sans prévenir leur famille ni leur donner accès à un avocat.

L'ancien numéro un d'Interpol est désormais quasiment certain d'être jugé coupable à l'issue de son procès. Les tribunaux, contrôlés par le Parti, ne devraient en effet pas remettre en cause ses accusations. Meng Hongwei est loin d'être le premier officiel à être victime de la vaste campagne anti-corruption lancée par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir, fin 2012. Cette croisade a entraîné la chute de plus de plus de 170 hauts dirigeants du PCC. Selon ses détracteurs, le numéro un chinois l'utilise également pour écarter des rivaux ou des responsables qui ne lui sont pas assez fidèles.

Meng Hongwei, avait été nommé en 2016 à la tête d'Interpol, ce qui avait constitué une victoire pour Pékin, désireux de renforcer sa présence dans les organisations internationales. Il a été remplacé par le Sud-Coréen Kim Jong-yang en novembre.

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