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Jours tranquilles à Paris
17 mai 2019

L’Anses met en garde contre les risques de la lumière bleue sur la santé

bleu22

Dans un avis rendu public le 14 mai, l’agence s’inquiète des effets des LED bleues sur la rétine et sur le rythme biologique des enfants et des adolescents.

Ecologiques, peu gourmandes en énergie, faciles à fabriquer… Les diodes électroluminescentes (LED) ont a priori tout pour plaire. Mais, quand elles sont riches en lumière bleue, les LED peuvent aussi être dangereuses pour la santé, relève l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un avis rendu public mardi 14 mai. Rédigé par un comité d’experts qui a épluché toute la littérature scientifique sur la question, le document met en garde sur les effets de la lumière bleue sur la santé, notamment chez les plus jeunes.

En 2010 déjà, l’Anses avait publié un rapport mettant en évidence les risques des LED riches en lumière bleue pour la rétine. Une toxicité confirmée par les nouvelles données scientifiques, qui « montrent des effets phototoxiques à court terme liés à une exposition aiguë à la lumière bleue des LED et des effets à long terme liés à une exposition chronique, qui augmentent le risque de survenue d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ».

Découverte en 1992, la LED bleue a révolutionné l’éclairage et valu à ses inventeurs le prix Nobel de physique en 2014. Très rentable, elle permet, couplée avec une couche de phosphore jaune, de créer de la lumière blanche. A partir des années 2000, les LED arrivent massivement sur le marché alors qu’en parallèle, l’Union européenne limite l’utilisation des lampes à incandescence et halogènes, trop énergivores, jusqu’à l’interdiction totale de leur production en 2013 et en 2018.

« Le switch est très récent, explique Francine Behar-Cohen, ophtalmologue et présidente du groupe d’experts réunis par l’Anses. Nous, ce que nous recommandons, c’est que tous les objets qui contiennent des LED soient réglementés pour que seules les LED qui présentent un faible risque soient autorisées. »

Aujourd’hui, les risques photobiologiques des LED sont partiellement pris en compte dans les normes européennes. En se référant aux valeurs limites d’exposition (VLE) à la lumière bleue établies par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) en 1997, les éclairages LED sont classés dans des groupes de risque allant de 0 à 3 selon qu’ils sont sans-risque (groupe 0) ou qu’ils présentent un risque faible (groupe 1), modéré (groupe 2) ou élevé (groupe 3). Depuis 2015, les lampes à usage domestique doivent obligatoirement faire partie des groupes de risque 0 ou 1.

Des valeurs inchangées depuis plus de vingt ans

Mais, selon l’Anses, ces valeurs limites d’exposition sont surévaluées. « Pour les déterminer, ils ont fait des tests sur des singes et ont regardé, à l’échelle macroscopique, à partir de quand il y avait des brûlures sur la rétine », résume Françine Behar-Cohen, qui regrette que les valeurs limites d’exposition soient inchangées depuis plus de vingt ans.

Autre insuffisance de la réglementation européenne : elle ne s’applique qu’aux éclairages domestiques. Les lampes torches, les phares des voitures, les jouets pour enfants n’en font donc pas partie. « On retrouve sur le marché des lampes frontales pour les cyclistes par exemple, très riches en lumière bleue, qui présentent de réels risques », explique Olivier Merckel, chef de l’unité agents physiques à l’Anses.

Outre les risques pour la rétine, le deuxième volet des conclusions de l’Anses concerne les risques liés à l’exposition chronique à la lumière bleue. L’« exposition, même très faible, à la lumière riche en bleu le soir ou la nuit, perturbe les rythmes biologiques et donc le sommeil », résume l’Agence, qui précise que les enfants et adolescents sont particulièrement vulnérables puisque leur cristallin, qui protège la rétine, est transparent, perméable à la lumière bleue.

« La lumière bleue régule notre cycle biologique. Naturellement, elle est plus présente le matin et c’est la lumière rouge qui domine le soir. L’exposition à la lumière bleue le soir perturbe donc complètement notre rythme biologique », détaille Olivier Merckel. Cette perturbation du rythme biologique agit dans les troubles du sommeil, mais est aussi associée à d’autres effets sanitaires comme les troubles métaboliques (à l’origine de certaines maladies comme l’obésité ou le diabète) ou les pathologies cardiovasculaires.

Privilégier un éclairage « blanc chaud »

L’agence recommande donc de privilégier un éclairage domestique « blanc chaud », moins riche en lumière bleu, et de limiter l’exposition, en particulier celle des enfants, à la lumière riche en bleu des ordinateurs, des télévisions ou des téléphones portables en fin de journée.

Dans son avis, l’Anses observe enfin que les lampes LED présentent « des variations plus ou moins rapides de l’intensité de lumière qu’elles émettent » en fonction de la qualité de leur système électronique. Visible à l’œil nu ou pas, cette « modulation temporelle de la lumière » est à l’origine de phénomènes visuels tels que le papillotement (l’impression de scintillement), l’effet de stroboscopie (ralentissement ou immobilité apparent d’un objet en mouvement) ou l’effet de réseau (rémanence d’une image lors d’un bref mouvement oculaire). Ces effets peuvent être à l’origine chez certaines personnes de maux de tête, de fatigues visuelles ou de crise d’épilepsie.

« On aurait les moyens technologiques de produire des LED moins riches en lumière bleue, et donc moins agressives, mais c’est plus difficile, ça coûte plus cher », constate Olivier Merckel. Les industriels du secteur, eux, se défendent de nuire à la santé des usagers. Dans un communiqué publié lundi 6 mai, le Syndicat de l’énergie rappelle que « les niveaux d’exposition sont souvent plus bas que ceux auxquels on est confronté à l’extérieur lorsqu’on regarde un ciel bleu ». Or il est difficile de comparer la lumière naturelle d’un ciel bleu en pleine journée à celle, artificielle, des LED en soirée. « Plus que l’intensité de l’exposition, c’est le moment de l’exposition qui est primordial », résume Olivier Merckel.

Valentine Graveleau

bleu23

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