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Jours tranquilles à Paris
21 mai 2019

Presse - Elections Européennes

parisienEuropéennes : Emmanuel Macron dénonce « une connivence entre les nationalistes et des intérêts étrangers »

Par Cédric Pietralunga

Dans un entretien à la presse régionale, publié mardi, le chef de l’Etat assume d’être un « acteur » de la campagne et met en garde contre l’abstention.

Pour Emmanuel Macron, la cause est entendue : pas question d’être « un spectateur » des élections européennes. Dans un entretien à la presse quotidienne régionale, accordé lundi 20 mai et publié mardi dans la quasi-totalité des titres du secteur, le chef de l’Etat estime qu’il n’a pas d’autre choix que de s’impliquer dans la campagne pour le scrutin du 26 mai. « Je ne peux (…) pas être un spectateur, mais un acteur de cette élection européenne qui est la plus importante depuis 1979, parce que l’Union est face à un risque existentiel », plaide-t-il, selon le texte que s’est procuré Le Monde.

S’il reconnaît qu’il n’est « pas un chef de parti », M. Macron estime avoir « une responsabilité devant l’histoire ». Surtout, il constate que « toutes les autres listes en font un référendum contre le président de la République et le gouvernement ». « Il ne s’agirait pas que je sois le seul à ne pas pouvoir prendre la parole », se défend le chef de l’Etat, accusé par l’opposition de sortir de son rôle, même si Nicolas Sarkozy s’était lui aussi fortement impliqué dans la campagne des élections européennes de 2009, allant même jusqu’à participer à un meeting à Nîmes avant le scrutin.

Dans la première partie de l’entretien, Emmanuel Macron s’attache d’abord à mobiliser l’électorat, alors que le taux d’abstention attendu par les instituts de sondages reste très élevé. « Quand il y a de l’abstention, c’est un échec pour la démocratie », estime le chef de l’Etat, pour qui « décider de ne pas aller voter, c’est décider de donner sa voix à ceux qui ne veulent que détruire ». « Pour exprimer son choix quel qu’il soit, c’est le 26 mai ou jamais ! », exhorte l’ancien ministre de l’économie.

La présence de Steve Bannon à Paris pas anodine

Mais très vite, le président de la République prend des accents de chef de parti pour attaquer celui qui était déjà son principal adversaire en 2017 : le Rassemblement national de Marine Le Pen. « Nous nous sommes assoupis, comme si l’on n’avait pas réalisé qu’il y a cinq ans le parti qui avait remporté les élections européennes, c’était le Front national, rappelle Emmanuel Macron. Est-ce qu’ils ont réussi au niveau européen ? Ils ont voté contre tout ce qui est dans l’intérêt de la France. Leur projet affaiblit la France et divise l’Europe. »

Pour le chef de l’Etat, la présence de Steve Bannon à Paris à quelques jours du scrutin n’a rien d’anodin. « Je vois pour la première fois une connivence entre les nationalistes et des intérêts étrangers, dont l’objectif est le démantèlement de l’Europe. Des lobbyistes comme M. Bannon, proches du pouvoir américain, le disent. Les Russes et quelques autres n’ont jamais été à ce point intrusifs pour financer, aider les partis extrêmes », s’inquiète M. Macron. « On ne peut être que troublé. Il ne faut pas être naïf », ajoute l’hôte de l’Elysée, même s’il assure diplomatiquement ne pas confondre « les Etats et certains individus ».

Pour autant, Emmanuel Macron ne se contente pas d’incantations. Désireux de montrer que l’Europe peut apporter des avancées concrètes, le chef de l’Etat défend plusieurs propositions. En matière d’écologie, il voudrait ainsi « que l’on avance sur la taxation commune du kérosène en Europe et que l’on ait une vraie négociation internationale ». « Il faut taxer en Europe les entreprises les plus polluantes et mettre une taxe carbone aux frontières », ajoute-t-il. Le quadragénaire se dit aussi opposé au projet de réforme de la politique agricole commune actuellement discuté à Bruxelles. Les agriculteurs « peuvent compter sur mon soutien », promet-il.

Des signaux à l’électorat conservateur

Surtout, le président de la République se dit une nouvelle fois prêt à des « changements de traités », comme il l’avait déjà fait dans son discours de la Sorbonne en 2017 et dans sa lettre aux Européens publiée le 4 mars. « Je veux une Convention fondatrice européenne après les élections. Que les chefs d’Etats et de gouvernement, avec le nouvel exécutif et les responsables du Parlement, avec les citoyens, prennent le temps de définir la stratégie de l’Europe pour les cinq années à venir », plaide-t-il.

Persuadé que son réservoir de voix se trouve à droite, Emmanuel Macron n’oublie pas d’envoyer quelques signaux à l’électorat conservateur. « On ne protège pas suffisamment nos frontières communes. Il n’y a plus de solidarité et trop de différences entre nos droits d’asile », estime ainsi le chef de l’Etat, pour qui il faut « refonder complètement Schengen, avec un espace plus petit, une meilleure protection des frontières communes, une harmonisation des droits d’asile et un pilotage par un conseil des ministres de l’Intérieur ». Il se dit également « favorable » à l’instauration de quotas en France en matière d’immigration légale, qu’elle soit « économique ou étudiante ».

Le président refuse d’ailleurs d’envisager la défaite, alors que la plupart des sondages placent désormais la liste du Rassemblement national devant celle de la majorité. « Je ne me pose pas dans un tel cas de figure, explique-t-il. Je n’ai pas l’esprit de défaite, j’ai l’esprit de conquête. La France sera d’autant plus forte que nous ferons un bon score. » D’ailleurs, il n’est pas question pour lui d’envisager un changement de premier ministre. « Je n’ai jamais fait de politique fiction. J’ai toute confiance en Edouard Philippe qui s’engage sans compter auprès des proeuropéens », assure M. Macron. Il reste quatre jours à l’exécutif pour en convaincre une majorité de Français.

 

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