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Jours tranquilles à Paris
27 mai 2019

La dénucléarisation en Corée du Nord au cœur de la visite de Donald Trump au Japon

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance

Encouragé par le président américain, en visite au Japon, le premier ministre japonais souhaite désormais rencontrer le dirigeant nord-coréen.

Après un dimanche consacré au golf et à la remise d’une « Coupe du président des Etats-Unis » au vainqueur du tournoi d’été de sumo à Tokyo, Donald Trump devait être, lundi 27 mai, le premier dirigeant étranger à rencontrer le nouvel empereur du Japon, Naruhito. La visite d’Etat du président américain, arrivé samedi, ne devait entrer dans le vif du sujet que lundi, lors d’un sommet avec le premier ministre japonais, Shinzo Abe. Au menu : le commerce, la Chine, le G20, prévu à Osaka fin juin, et bien sûr l’Iran et la Corée du Nord. Tout est fait pour souligner la proximité entre les deux dirigeants et la solidité de l’alliance militaire nippo-américaine.

M. Abe soigne aussi sa popularité à l’approche des élections sénatoriales de juillet. Donald Trump a choisi de ne pas embarrasser sa campagne électorale avec les questions commerciales, sur l’agriculture et l’automobile notamment, qui font l’objet d’âpres négociations. « L’essentiel attendra l’issue des élections de juillet », a-t-il tweeté après la partie de golf. Le 25 mai, le ministre japonais du commerce, Toshimitsu Motegi, avait admis qu’un accord commercial ne serait pas pour cette fois.

Les deux dirigeants devaient donc se concentrer sur l’Iran et surtout la Corée du Nord. Les tensions entre Américains et Iraniens embarrassent Tokyo. M. Abe propose de se rendre à Téhéran en juin pour jouer les intermédiaires et attend le feu vert de Washington.

Baisse des tensions

Réticent dans un premier temps, M. Abe se démène pour rencontrer le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un. Début mai, il parlait de « briser la défiance actuelle » et se disait prêt à une entrevue « sans conditions préalables ». Cette position marquait une rupture. La baisse des tensions amorcée début 2018 dans la péninsule coréenne n’avait pas convaincu Tokyo de sortir de la « pression maximale » imposée au régime de Pyongyang pour le contraindre à renoncer au nucléaire et à ses missiles, et à résoudre la question des Japonais enlevés.

Or Kim Jong-un a, depuis, rencontré tous les dirigeants des pays impliqués dans les pourparlers à six (Corées, Etats-Unis, Chine, Russie et Japon) – cadre de négociations sur le nucléaire nord-coréen entre 2003 et 2009 organisées par Pékin – sauf le premier ministre nippon.

Conscient de son isolement, Shinzo Abe a modéré ses positions, s’ouvrant au dialogue. Depuis juillet 2018, plusieurs rencontres informelles nippo-nord-coréennes ont eu lieu au Vietnam et en Mongolie, entre autres. En 2019, le Japon a refusé de s’associer à l’Union européenne pour présenter à l’ONU une motion sur les droits humains en Corée du Nord. La référence aux « pressions maximales » a disparu de son livre bleu sur la diplomatie, publié en avril.

Shinzo Abe cherche à rencontrer le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, pour résoudre la question des Japonais enlevés dans les années 1970-1980 par des agents de Pyongyang, sujet essentiel pour lui. Il a le soutien de Donald Trump qui devait rencontrer à Tokyo des proches de ces kidnappés. Le 25 mai, le conseiller de la Maison Blanche à la sécurité nationale, John Bolton, voyait dans un sommet Abe-Kim « une aide potentiellement importante » à la dénucléarisation de la Corée du Nord. Pour lui, une telle rencontre « serait certainement dans l’intérêt de la Corée du Nord ».

Impasse des négociations américano-nord-coréennes

Le renoncement à conditionner un sommet Abe-Kim à des avancées sur la question des enlèvements, semble-t-il sur le conseil de Washington, sera-t-il suffisant pour convaincre M. Kim ? En mars, après l’échec du deuxième sommet américano-nord-coréen d’Hanoï (Vietnam), Pyongyang avait reproché à Tokyo de passer par le président américain pour soulever la question des enlèvements.

Le quotidien officiel Rodong Sinmun écrivait que Tokyo « ne devait pas rêver de traiter avec » la Corée du Nord avant d’avoir « payé intégralement pour ses crimes passés », à savoir l’occupation de la péninsule coréenne entre 1910 et 1945. Au cours des négociations informelles, la partie nord-coréenne aurait exigé des dédommagements du Japon.

L’autre difficulté pour M. Abe pourrait être l’impasse actuelle des négociations américano-nord-coréennes et le regain de tension provoqué par les essais de missiles nord-coréens des 4 et 9 mai. John Bolton a, pour la première fois samedi, parlé de ces essais comme d’une « violation des résolutions du Conseil de sécurité ».

Donald Trump, de son côté, continue de tabler sur le dialogue et de minimiser la portée de ces tirs : « La Corée du Nord a utilisé des armes légères qui ont perturbé certains membres de mon équipe et d’autres, mais pas moi. J’ai confiance que le dirigeant Kim tiendra sa promesse envers moi », a-t-il tweeté le 26 mai.

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