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Jours tranquilles à Paris
8 juin 2019

Critique - Mylène Farmer en sa résidence de La Défense Arena

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Par Sylvain Siclier

La chanteuse a donné vendredi soir son premier concert après six ans d’absence. Elle présente, jusqu’au 22 juin, un spectacle visuellement sophistiqué et plutôt réussi.

Du 13 au 29 janvier 2006, Mylène Farmer avait présenté à treize reprises au Palais omnisports de Paris-Bercy – devenu depuis octobre 2015 l’AccorHotels Arena – un spectacle créé spécifiquement pour la salle. Imposant rideau constitué de filaments d’eau, porte géante, scène centrale en forme de croix de Malte… Autant d’éléments parmi d’autres qui ne pouvaient être adaptés à d’autres lieux.

Il n’y eut donc pas d’autre présentation en dehors de Paris de cette fantasmagorie qui se révéla une parfaite illustration de la nature souvent rêveuse, parfois allègre, de l’album Avant que l’ombre… qui y avait trouvé une traduction scénique.

Treize ans plus tard et après deux tournées, en 2009 (salles et stades) et 2013, la chanteuse – qui n’était pas montée sur scène depuis six ans – s’installe à nouveau dans un seul lieu, lui aussi choisi pour ses capacités techniques, ses dimensions, ses possibilités d’accroches dans les hauteurs, la profondeur et la largeur de la scène qui peut y être installée. Et c’est à La Défense Arena, à Nanterre (inaugurée sous le nom d’U Arena en octobre 2017), à quelques encablures de La Grande Arche, que le public de Mylène Farmer va se rendre, du 7 au 22 juin, pour une série de neuf concerts.

La Défense Arena, qui revendique d’être la « plus grande salle fermée et modulable d’Europe » pour les spectacles et est le stade résident de l’équipe de rugby Racing 92, a déjà accueilli les Rolling Stones, Roger Waters, Booba, Paul McCartney ou Kassav. Sa capacité d’accueil, en formule fosse et gradins, peut aller jusqu’à 40 000 spectateurs. Pour Mylène Farmer, ils peuvent être 28 000, la superficie de la scène principale et du podium qui avance dans la fosse, ne permettant pas qu’une partie des gradins et du parterre soient occupés.

Un rideau noir s’ouvre

Il est 21 heures quand une vibration sourde, qui va enfler, résonne dans la salle. Disséminées au-dessus du public des structures accueillent des écrans par trois, des visages de femmes apparaissent, s’échappent en poussières.

Puis, dans des zébrures de lumières blanches, un rideau noir s’ouvre, révélant l’immense écran en fond de scène. Trois cercles de projecteurs descendent des hauteurs, bientôt traversés par un cylindre où se tient Mylène Farmer accompagnée par la clameur jusqu’à son arrivée sur la scène.

C’est avec Interstellaires, de l’album du même nom, sorti en 2015, que débute la soirée et non avec une chanson de Désobéissance, dernier en date, publié en 2018.

Il y en aura quatre toutefois, avec deux autres d’Interstellaires pour les titres les plus récents, venant s’intercaler dans un répertoire qui fait la part belle aux chansons de quatre albums depuis Ainsi soit je (1988) – dont Sans logique, superbe surprise, jouée en concert seulement lors de la première tournée en 1989 –, jusqu’à Innamoramento (1999). Avec des arrangements parfois différents des originaux, tendant ici à une approche rock, là à une présence moins marquée des effets de claviers.

Un décor façon vaisseau spatial

Conçu par la chanteuse et Laurent Boutonnat, par ailleurs à la mise en scène, le spectacle combine les possibilités d’un stade et celles d’une salle. Stade par son plateau, avec des estrades pour les musiciens (deux claviers, deux guitares, basse et batterie, direction musicale d’Olivier Schulteiss), les évolutions des danseuses et danseurs, jusqu’à seize à occuper l’espace, le grand écran et un décor façon vaisseau spatial dont les pièces peuvent se déplacer verticalement et horizontalement, à la fois écrans et supports de jeux de lumières. Salle par son dispositif de lumières dans l’ensemble du volume, jouant sur des variations d’intensité, des effets de courbes, des illuminations jusqu’au toit qui dessinent des reliefs, des profondeurs, des superpositions.

Comme en 2013, l’imagerie religieuse et celle du désir érotique, thèmes chers à Mylène Farmer, n’ont pas été convoquées. Les projections montrent l’air, l’espace d’une nuit étoilée à laquelle ont répondu les lumières des téléphones portables des spectateurs durant Rêver, des paysages de glace et de neige qui vont se transformer en un bouillonnement sanglant durant Désenchantée, le feu dans lequel la chanteuse va disparaître. Et aussi des visions plus sombres, celles, à plusieurs reprises, de gratte-ciel sans présence humaine ou d’une ville et ses habitants couverts de cendres durant M’effondre, l’un des moments les plus saisissants.

Un spectacle qui évite la surenchère

Et puis il y a quelques rituels. Celui des mouvements de Mylène Farmer pour la chorégraphie de Sans contrefaçon, qui se doit d’être fidèle à l’original. Celui du passage intime voix et piano, cette fois avec Ainsi soit je et Innamoramento qui mènent vers l’émotion, le tremblement vocal. Celui où Désenchantée s’arrête et que le public prolonge en chantant le refrain avant que l’orchestre ne reprenne la main.

Cela vient au cœur d’un spectacle plutôt réussi, encore un peu en rodage ce premier soir, qui évite la surenchère de séquences systématiquement spectaculaires et de chorégraphies permanentes que le lieu pouvait appeler, au profit d’une sophistication des animations visuelles et des recherches lumineuses. Même le son, point noir de la salle, a fini, après quelques morceaux, par être dompté.

Mylène Farmer à La Défense Arena, 99 Jardins de l’Arche, Nanterre. Des places sont encore disponibles pour les concerts des 11, 12, 14, 18, 19 et 22 juin, à 20 heures. De 65 € à 205 € selon les catégories et les jours. Mylenefarmer2019.com

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