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Jours tranquilles à Paris
9 juin 2019

A Rouen, l’Armada entre en Seine

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Par Gilles Triolier, Rouen, correspondance

Jusqu’au 16 juin, trois-mâts, gréements et autres goélettes se laissent admirer gratuitement sur les quais de la cité normande. Une 7e édition qui marque aussi les 30 ans de la manifestation, et devrait attirer des millions de visiteurs.

A cause de la tempête Miguel, elle est arrivée avec un jour d’avance. L’Hermione, la fameuse réplique de la frégate de La Fayette, est en effet l’invité d’honneur de la septième édition de l’Armada de Rouen, un des plus grands rassemblements de voiliers et navires militaires au monde. Tous les jours jusqu’au dimanche 16 juin, de 10 heures à 2 heures du matin, ces monstres des mers se laissent admirer et arpenter gratuitement. « Les visiteurs pourront découvrir trente-quatre voiliers et onze bateaux de guerre, les “gris”. Entre le 75e anniversaire du Débarquement et les 30 ans de l’événement, c’est une édition qui doit être exceptionnelle », s’enthousiasme Patrick Herr, le président de l’Armada depuis la première mouture en 1989, née de la volonté de Jean Lecanuet, sénateur et maire de Rouen à l’époque.

Pendant une semaine, la cathédrale et l’abbatiale Saint-Ouen ne dominent plus seules la ville aux cent clochers ; la cité de Gustave Flaubert troque son costume traditionnel pour ne parler que trois-mâts, gréements et autres goélettes. Et si l’auteur de Madame Bovary reste d’actualité, c’est que le pont qui porte son nom lève ses lourds tabliers afin de laisser les bateaux pénétrer au cœur du port normand.

Il faut les voir, ces gigantesques oiseaux des mers, amarrés le long des sept kilomètres de quais, après une lente remontée de la Seine, trajet qu’ils effectueront en sens inverse jusqu’à Honfleur dimanche 16 juin, lors d’une grande parade de la Seine toutes voiles dehors, toujours plébiscitée. Comme tous les quatre à six ans, ils drainent dans leur sillage des millions de visiteurs. « Entre 6 et 7 millions », chiffre Patrick Herr. Cette fois, l’estimation sera plus précise. Menace terroriste oblige, et c’est une première, l’ensemble du site est ceinturé de barrières : les entrées sont contrôlées et les spectateurs comptés.

Le plus grand navire-école du monde

Impossible ici d’énumérer la longue liste des navires. Certains méritent une attention particulière. La splendide Hermione, donc, qui jette l’ancre pour la première fois à Rouen. « C’est le gros coup de cette édition », savoure Patrick Herr. Mais aussi le plus grand navire-école du monde, le russe Sedov (118 mètres de coque), auquel il a fallu raboter un brin les mâts pour qu’il se faufile sous les ponts de Normandie et de Tancarville. Côté sud-américain, citons le mexicain Cuauhtemoc et le brésilien Cisne-Branco, dont les bouillants équipages mettent l’ambiance en vieux habitués du raout maritime rouennais.

Feux d’artifice, villages thématiques, ponton de baignade et paddle, croisières sur la Seine, concerts gratuits (Calypso Rose, Magic System ou encore Benabar)… Les festivités nautiques ne se limitent pas aux visites des bateaux et aux rencontres avec les marins. La fête prend place aussi à terre, sur des quais rouennais totalement transformés depuis la précédente Armada, en 2013. Rive gauche notamment, où l’ancien « no man’s land » a laissé place à un espace de verdure et de détente, d’ailleurs salué par le Grand Prix national du paysage, en 2018. Une reconquête des friches industrielles et hangars portuaires matérialisée par le nouveau siège de la Métropole Rouen Normandie, le 108, dont la forme originale en forme de paquebot a été dessinée par l’architecte Jacques Ferrier et qui préfigure le futur écoquartier Flaubert. « Nous espérons créer un effet “waouh” pour les millions de touristes, car la ville a changé », pointe la directrice de l’office du tourisme, Delphine Crocq.

Ils seront sans doute nombreux cette année à franchir les quelques centaines de mètres séparant les quais du centre-ville historique, merveille médiévale aux rues pavées et aux maisons à colombages. Lui aussi s’est refait une beauté. A deux pas du célèbre Gros-Horloge, les travaux de rénovation des places du Vieux-Marché, de la cathédrale et du quartier des musées (tous gratuits) touchent à leur fin. Longtemps fermé, « l’aître Saint-Maclou [ancien cimetière charnier] vient juste de rouvrir en partie au public dans le quartier des antiquaires », annonce l’adjoint au maire de Rouen en charge de l’Armada, Bruno Bertheuil. Ne pas rater, également, les spectacles son et lumière projetés chaque soir sur les façades gothiques de la cathédrale Notre-Dame de Rouen. Début 2018, un sondage IFOP révélait que Rouen souffrait d’un déficit d’image et de notoriété. Un tiers des sondés ne situait même pas la ville en Normandie. L’Armada pourrait permettre de corriger un peu le tir.

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