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Jours tranquilles à Paris
27 juillet 2019

Edito de Laurent Joffrin

boris23

Ce sera, sauf immense surprise, le troisième dingue de la scène internationale. Après Donald Trump et Jair Bolsonaro, Boris Johnson s’apprête à prendre en main les destinées d’un vieux et grand pays. Spécialiste du mensonge burlesque, de l’autodérision calculée, plus cultivé que ses alter ego mais tout aussi cynique, l’ancien maire de Londres devrait entrer bientôt au 10 Downing Street, un peu comme Groucho Marx devient chef d’Etat dans la Soupe au canard. L’homme a une plume, qu’il monnaie à prix d’or dans le Daily Telegraph, et qu’il a utilisée avec un certain bonheur dans sa biographie de Churchill. Le vieux Winston est son idole, personnage lui aussi excentrique, mais travailleur acharné et paladin de la lutte contre le nazisme. Comme l’écrivait Marx - l’autre, Karl -, l’histoire bégaie, «la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce». Son Troisième Reich à lui, en effet, c’est l’Union européenne, ce qui donne une idée de son sens de la nuance et des proportions. Boris Johnson a promis que le Royaume-Uni sortirait de l’UE, perinde ac cadaver, avant le 31 octobre. Il est donc prêt à courir le risque d’un «hard Brexit», un Brexit sans accord, quitte à contourner la prévisible opposition du Parlement britannique. Seulement voilà, quel que soit le talent d’illusioniste de «magic BoJo», les réalités n’auront guère changé après son élection à la tête du Parti conservateur et son accession au poste de Premier ministre : casse-tête de la frontière irlandaise, front uni des Européens qui en tiennent toujours pour l’accord patiemment négocié avec Theresa May, dangers d’une rupture pour l’économie britannique. Le Premier ministre risque alors de se retrouver dans la posture qui l’a rendu célèbre : suspendu à un fil dans un rôle ridicule. Laurent Joffrin Directeur de la publication de Libération

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