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Jours tranquilles à Paris
11 août 2019

Président Trump, an III : balles dans le pied

Par Gilles Paris, Washington, correspondant

Au lieu d’endosser le rôle de consolateur en chef, le locataire de la Maison Blanche a suscité le malaise lors de ses déplacements dans l’Ohio et au Texas, deux Etats endeuillés par des fusillades meurtrières.

Donald Trump était en mission, mercredi 7 août. Il lui fallait contenir la peine de deux villes endeuillées quelques jours plus tôt par des fusillades de masse. Dans de telles circonstances, le président des Etats-Unis endosse ordinairement le rôle de consolateur en chef. Il apporte avec lui la compassion du pays et l’empathie qu’il répand alors autour de lui est celle de la nation tout entière.

Cette dernière a pu se sentir flouée au terme d’une journée gâchée par ce que les plus indulgents considéreront comme une maladresse crasse, et tous les autres comme la nouvelle manifestation d’un égocentrisme totalement désinhibé.

La presse avait été tenue à distance pendant le déplacement pour que la Maison Blanche mette en scène à sa façon les visites à l’hôpital de Dayton, dans l’Ohio, puis quelques heures plus tard à celui d’El Paso, au Texas. A en juger par le résultat, l’équipe du président aurait sans doute beaucoup gagné à n’en rien faire.

Un accueil digne d’une « rock star »

Le responsable des réseaux sociaux du président, Dan Scavino, son ancien caddie, a tiré le premier en déplorant sur Twitter, après l’étape de l’Ohio et alors que l’avion présidentiel volait vers le Texas, que les deux élus démocrates qui avaient accompagné Donald Trump aient selon lui livré un récit inexact de sa visite dans une conférence de presse.

Il n’en était rien, les élus en question s’étant au contraire montrés élogieux à propos de l’attitude du président sur place, tout en déplorant par ailleurs son inaction à propos des armes à feu. L’éloge ayant été jugé trop court, Dan Scavino a assuré que Donald Trump avait reçu à l’hôpital un accueil digne d’une « rock star ».

Il ne s’agissait plus de deuil, ni de la douleur des blessés, mais de Donald Trump, posant souvent tout sourire, les pouces levés comme après un bon résultat sportif, avec des policiers ou du personnel soignant en arrière-plan.

La Maison Blanche a diffusé après ces visites de courtes vidéos dans lesquelles le président est omniprésent (pendant 95 des 135 secondes que totalise leur durée).

Une photo qui suscite le malaise

Le compte Twitter de la First lady a pris le relais en publiant notamment une photo qui a vite suscité le malaise. Sur celle-ci, prise à El Paso, un Donald Trump souriant, le pouce de la main droite une nouvelle fois levé, pose à ses côtés alors qu’elle tient dans ses bras un bébé de deux mois. Il n’est pas le fils de l’homme et de la femme qui encadrent le couple présidentiel. Ses parents à lui ont été tués dans la fusillade de samedi. Il est orphelin.

Aucun des blessés encore hospitalisés dans cette ville située à la frontière avec le Mexique n’avait voulu recevoir le président mercredi. Heureusement pour lui, deux autres qui étaient déjà rentrés chez eux avaient accepté de revenir à l’hôpital pour le rencontrer. Le père disparu, comme l’a raconté son frère – l’homme qui apparaît sur la photo – était au contraire un fervent supporteur du républicain. C’est donc en sa mémoire qu’il a fait la démarche de rencontrer Donald Trump, mais le cliché n’en est pas moins dévastateur.

Il est accompagné deux jours plus tard par la publication d’une vidéo privée réalisée à l’intérieur de l’hôpital d’El Paso dans laquelle on voit le président vanter ex abrupto la foule qui était venue l’applaudir à un meeting électoral organisé dans cette ville au début de l’année. Le débat sur la prévention de ces tragédies pouvait attendre.

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